Populisme : quelle alternative au rejet des élites quand les élites sont médiocres ?

Quand on voit de quoi les élites sont (in)capables, faut-il avoir peur de leur rejet ?

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Populisme : quelle alternative au rejet des élites quand les élites sont médiocres ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 février 2017
- A +

Brexit, élection de Trump et montée des extrêmes : beaucoup s’inquiètent de la montée du populisme. Mais quand on voit de quoi les élites sont (in)capables, faut-il avoir peur de leur rejet ?

Le populisme ne fait pas le jeu des élites. Les actions parlent plus fort que les paroles : elles luttent.

Dernier exemple en date, Donald Trump, désormais président des États-Unis. Il a peut-être gagné l’élection, mais pas à la loyale : les Russes auraient manipulé l’élection. Ils détiendraient par ailleurs sur lui des vidéos compromettantes.

By: DonkeyHoteyCC BY 2.0

C’est ce qu’affirme un rapport du renseignement américain, non confirmé, fondé sur des soupçons. Pourtant, les médias l’ont repris en chœur, comme ils affirmaient hier que l’Iraq de Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive.

Les médias luttent eux aussi. L’élection de Donald Trump aurait été influencée par des fake news, alors qu’eux supportaient fièrement sa rivale Hillary Clinton. Ils auraient pu être objectifs, ils ont choisi d’être partisans. Et ont perdu au passage une bonne part de leur crédibilité.

La meilleure explication du rejet des élites, c’est leur échec. Si les médias avaient pu faire ce simple constat, nous n’en serions sans doute pas là aujourd’hui.

On ne peut pas se prétendre décodeur ou se réclamer d’une rigueur scientifique quand on est partisan. Ce qui vient avec le populisme n’est pas bien, mais ce qu’il y avait avant n’était pas mieux. Il y a un éléphant dans la pièce, et il faut volontairement fermer les yeux pour ne pas le voir.

Les États ont considérablement grossi – 57% du PIB en France. Ils se sont massivement endettés. Ils ont continué à dépenser, et ont créé une jungle réglementaire pour préserver un écosystème favorable à un modèle social dépassé. Il faut évoluer pour s’adapter. Ils ont préféré le protectionnisme et le « volontarisme », pour dire poliment qu’ils ont jeté l’argent par les fenêtres en espérant calmer le vent. Les inégalités ont augmenté, et on accuse le libéralisme !

Il faut trouver un nouveau modèle. Quand on parle de tout un pays, on peut comprendre que l’expérimentation soit difficile – mais rien n’empêche de réfléchir. Faire plus de la même chose, ce n’est pas réfléchir.

By: charlene mcbrideCC BY 2.0

Le terrorisme est une réalité : la surveillance aussi. Les inégalités sont toujours là : l’État-providence aussi. Les électeurs sont ignorants : les médias publient tous les jours, voire toutes les heures. Si c’est une expérience, elle n’est pas concluante.

On peut comprendre pourquoi les partisans du populisme succombent au populisme. Les uns disent ce qu’ils veulent croire, les autres écoutent ce qu’ils veulent entendre. Quitte à ce que ce soit souvent n’importe quoi. Mais au milieu de ce n’importe quoi, il y a l’idée que les élites les ont trahis, et ce n’est pas complètement faux.

Il y a l’idée qu’on leur a pris quelque chose, et ça non plus, ce n’est pas complètement faux. Mais ça s’arrête là.

Ce n’est pas la mondialisation qui leur a pris leur pouvoir d’achat, pas plus que l’immigration. Ce ne sont pas les Chinois qui empêchent notre industrie de réussir, pas plus qu’ils ne nous appauvrissent. Pour trouver les causes de nos problèmes, il faut regarder bien plus près de nous.

Le discours classique est que la mondialisation permet certes d’importer bon marché de pays à bas salaires, mais que les emplois se déplacent là-bas et avec eux, le pouvoir d’achat. Les emplois industriels occidentaux ne pourraient pas rivaliser avec la main-d’oeuvre chinoise bon marché ; il faut protéger nos frontières.

Si l’argumentaire précédent tient la route, alors le protectionnisme ne fonctionnera pas. Les emplois reviendront peut-être, mais les importations ne seront plus aussi bon marché. Et nous n’exporterons plus autant – pas vraiment gagnant-gagnant.

L’économie n’est pas un jeu à somme nulle. À l’échelle mondiale, la pauvreté recule. Et nous ne sommes pas condamnés à une croissance atone. Protéger le système actuel, c’est protéger les conditions qui ont mené à la situation actuelle.

À défaut de proposer mieux, le choix semble être entre les tenants du système actuel, qui veut protéger les gens, et les populistes, qui veulent protéger les frontières ; Sociale-démocratie ou nationale-démocratie.

By: Alistair YoungCC BY 2.0

Ce que nous faisons aujourd’hui fonctionne tellement mal que ce qui a le plus de chances de marcher, c’est encore de faire marche arrière. Tout simplement. Réduire la dépense publique, réduire la dette, simplifier la réglementation. En conservant ce qui marche : un monde ouvert, mais débarrassé des entraves de la bureaucratie et de l’appétit de l’État obèse.

Personne ne peut garantir que ça va marcher ; il ne suffit pas d’un bon système pour que tout aille bien. Le libéralisme a le mérite de reconnaître que son succès dépend de chacun de nous. Sa promesse, ce n’est pas de nous l’apporter, mais de nous permettre de l’atteindre. L’avantage, et la beauté du libéralisme, c’est que ce succès, c’est aussi à nous de le définir. Soyons créatifs ; au vu des autres options, il y a urgence.

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  • « il ne suffit pas d’un bon système pour que tout aille bien ».
    Oui, et même un bon système peut être perverti quand les hommes sont malhonnêtes.
    Quant au populisme, il est le résultat d’un matraquage médiatique qui exploite les émotions et les sentiments au lieu d’inciter à la réflexion.
    Ceux qui dénoncent le populisme n’ont-ils pas favorisé son expansion? Leur incompétence n’a pu tenir aussi longtemps que par l’appui de médias sous contrôle. Internet faut exploser tout cela et c’est tant mieux. Recoller les morceaux va être difficile.

  • « C’est ce qu’affirme un rapport du renseignement américain, non confirmé, fondé sur des soupçons. »
    L’article ne colporte pas des rumeurs, le passage critique le parti pris des principaux medias US.

    • Ce ne sont même pas des rumeurs, on sait qui a écrit cette calomnie: un ex espion britannique. Cela ne colle pas puisque Trump n’était pas au moment où il prétend que les faits ce sont passés.

  • Petite coquille. Il faut écrire « ont créé une jungle réglementaire ».

  • Le populisme n’est que le simple reflet de l’incapacité des dirigeants politiques établis à satisfaire l’intérêt du plus grand nombre de leurs concitoyens. En ce sens, il est péjoratif uniquement pour les partis établis. Ceux-ci ne font ainsi que récolter ce qu’ils ont semé, échouant lamentablement chacun à tour de rôle avec une parfaite constance depuis plus de 40 ans et se présentant à nouveau sans aucune honte les mains dans les poches pour l’élection de 2017. Dans les faits, les partis établis ont été et sont toujours par leur incompétence les recruteurs les plus zélés des populistes, leur envoyant chaque mois des centaines de milliers de nouveaux chômeurs et nouveaux deçus. Il est clair que le calibre totalement inadéquat des candidats actuels, l’absence totale de diagnostic fondé et le caractère à nouveau totalement creux et inopérant des programmes (pour ceux qui en ont…) ne va faire qu’élargir le boulevard orné d’un magnifique tapis rouge (ou brun…) ouvert aux populistes.

  • Eviter le populisme c’est surtout inviter les citoyens à s’intéresser de plus près à la politique, et à ses réalités. Pour cela, le système des votations régulières sur le modèle Suisse est l’un des bons outils. Un sujet clair. Un débat clair et argumenté rationnellement. Les citoyens tranchent. On n’y revient pas avant un long délai. Tout cela est apaisant.

    Ensuite la lutte contre la corruption passe notamment par le non cumul des mandats, beaucoup plus strict qu’aujourd’hui, (comme en Europe du Nord) et un plafonnement des renouvellements des mêmes mandats. C’est la seule façon de contrer le mandarinat corrompu.

    Enfin, il faut cesser de renoncer à nos idées.

    En politique nous recopions (mal) les Etats Unis. Nous avions l’UMP, le PS, le centre, le PC, les écolo et le FN. Telle est notre diversité. Nous avons aujourd’hui Les Républicains et demain les social libéraux qui se transformeront bien vite en démocrates. Tout est fait pour que le reste soit laminé, en particulier en raison du refus d’instiller une dose de proportionnelle. Ca ne marchera pas durablement. Nous ne sommes pas binaires.

    Le mandat du Président est passé à 5 ans. Hollande a envisagé la suppression du Premier Ministre, puisque tout passe par l’Elysée. C’est tout, sauf notre culture.

    Enfin en matière pénale, nous passons progressivement au système américain où on discute des amendes dans l’opacité du bureau d’un juge, (sans aucun risque de prison). Ca ne marchera pas, car nos juges dépendent du Premier ministre (décret de novembre 2016) alors que les juges US sont indépendants.En réalité, nos politiques mettent en place le système Roumain tant décrié par le peuple roumain, où les élites corrompues risquent de moins en moins d’ennuis. Les amendes seront minimes pour les copains (Voir le dossier du collaborateur d’UBS qui plaide coupable, et qui va donc négocier son amende). https://fr.news.yahoo.com/un-ex-dirigeant-dubs-france-plaid%C3%A9-coupable-141758928–sector.html.On y lit :

    « En ce qui concerne Patrick de Fayet, le PNF a requis sa comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), plaider-coupable à la française, indique une source proche du dossier.

    Cette comparution, qui implique une négociation en amont, notamment sur la peine à purger, doit être homologuée par un juge. Si elle était confirmée, Patrick de Fayet ne serait pas jugé devant le tribunal correctionnel.

    Les juges soupçonnent UBS d’avoir mis en place un système de blanchiment permettant à des résidents français de dissimuler leurs avoirs au fisc. Le blanchiment présumé aurait eu lieu de 2004 à 2012, une pratique aggravée par son « caractère habituel », selon les enquêteurs ».

    Autant il est normal que des juges collectivement tiennent compte du comportement positif d’un coupable pendant l’instruction et le procès, et soient relativement cléments, autant il est anormal que la Loi donne tant de pouvoir à un juge qui dépend du pouvoir politique.

    Dernier exemple : nous avons créé de très grandes régions, sur le modèle allemand; ce qui finira par faire disparaitre les Nations pour intégrer l’ensemble dans l’UE. Sauf qu’il y a 28 langues, et que cet obstacle linguistique rend ce projet irréaliste, même s’il faut aller un peu plus loin qu’aujourd’hui.

  • Les commentaires sont fermés.

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