Non, la GPA n’est pas une aliénation

La GPA est-elle contraire aux droits humains ? Une réponse à la tribune de Sylviane Agacinski parue dans Le Figaro.

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Non, la GPA n’est pas une aliénation

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 janvier 2017
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Par Edouard H.

Non, la GPA n’est pas une aliénation
By: sabianmaggyCC BY 2.0

Chère Madame Agacinski,

Dans une interview accordée au Figaro le mardi 10 janvier, vous vous faites l’avocate d’une critique dure contre la gestation pour autrui qui, selon vous, serait une pratique « contraire aux droits humains ». Plutôt qu’une formidable technologie de reproduction permettant à des couples infertiles d’avoir des enfants qui leur sont génétiquement liés, la GPA serait une inacceptable aliénation de la femme qui ne nécessiterait rien de moins qu’une « abolition universelle ».

Pourtant loin des fantasmes répétés à tort et à travers par ceux qui tâchent d’inciter la peur, la GPA telle qu’elle est pratiquée dans des pays développés similaires au nôtre nous montre qu’elle ne mérite pas tous les maux qu’on veut lui faire porter.

GPA et aliénation du corps des femmes

Dans cette interview, Mme Agacinski, vous dénoncez la GPA car elle viserait à « demander à des femmes de louer leur corps ». Mais vous oubliez là que la GPA ne se fait que sur la base du volontariat : on ne force pas les femmes à porter des enfants pour autrui. Vous qui vous revendiquez féministe, ne serait-il donc pas temps de mettre fin à ce paternalisme qui voudrait que les femmes soient incapables de faire des choix éclairés quant à l’usage de leur propre corps ?

D’après vous, « celles qui acceptent [un contrat de GPA] disent toujours qu’elles le font pour des raisons économiques ». Vous faites ici preuve d’une grande méconnaissance de la recherche scientifique existante sur les motivations des gestatrices.

En effet dans une revue systématique des aspects psychologiques de la GPA faite en 20051, on apprend que « contrairement aux croyances populaires à propos de l’argent comme principale motivation, les gestatrices relatent de manière écrasante qu’elles choisissent de porter des enfants pour autrui principalement pour des raisons altruistes ». Les auteurs expliquent que « bien que les raisons monétaires puissent être présentes, seul un faible nombre de femmes mentionnent l’argent comme principale motivation ».

Dans une analyse des arguments féministes contre la gestation pour autrui, les auteurs d’une autre revue de la littérature publiée en 20102 rapportent de manière similaire que la réalité est bien loin des mythes auxquels on associe la GPA :

« Le profil des gestatrices qui émerge de la recherche empirique aux États-Unis et en Grande Bretagne ne soutient pas le stéréotype de femmes pauvres, célibataires, jeunes, de minorités ethniques qui subissent des pressions familiales, des difficultés financières, ou d’autres circonstances qui les pousseraient à faire quelque chose qu’elles ne voudraient pas faire. La recherche empirique n’appuie pas non plus la vue selon laquelle les gestatrices entreprennent une tâche de manière naïve, sans se rendre compte des risques émotionnels et physiques que cela peut entraîner. Plutôt, la recherche empirique établit que les gestatrices sont des non-conformistes matures, stables, conscientes d’elles mêmes, extraverties et avec de l’expérience, qui prennent la décision initiale que la GPA est quelque chose qu’elles veulent faire. (…) Il n’existe pas de recherche empirique qui soutienne l’assertion que les femmes deviennent gestatrices parce qu’elles font face à une détresse financière, et la plupart des femmes rapportent que l’argent est rarement le seul ou même le premier motif de participation. »

Quelles autres motivations les gestatrices pourraient-elles avoir, me demanderez-vous ? Loin des préjugés habituels sur la GPA, les gestatrices « ont de l’empathie pour les couples sans enfants et veulent aider les autres à faire l’expérience de l’immense joie de la parenté. De plus, certaines veulent faire une action spéciale et, ainsi, obtenir un sentiment d’accomplissement. Certaines gestatrices rapportent qu’un de leurs motifs est le plaisir d’être enceinte ».

Dans une revue du contenu de 22 blogs tenus par des gestatrices américaines3, Nicole Bromfield rapporte que « l’expression que la GPA est un travail incroyablement important et bouleversant pour lequel les bloggeuses sont très fières était un thème commun à travers tous les blogs ». Les gestatrices bloggeuses « ne se voyaient pas comme déshumanisées ; plutôt, dans certains cas, elles se voyaient comme super-humaines parce qu’elles avaient non seulement créé leur propre famille mais elles avaient aidé à créer des familles pour d’autres. »

En outre, quid de la GPA non rémunérée Mme Agacinski ? Comme la plupart des personnes qui s’opposent à la gestation pour autrui, vous feignez d’ignorer que chez nos voisins belges ou britanniques les seules formes de GPA autorisées sont celles qui n’incluent pas de rémunération. Ce sont alors souvent des membres de la famille ou des amies proches qui portent des enfants pour les couples infertiles. Comment les gestatrices britanniques pourraient-elles ne le faire que « pour des raisons économiques » quand elles ne sont pas payées pour le service qu’elles rendent ?

GPA et faux droit à l’enfant

Quelle déception ce fût, Mme Agacinski, de voir apparaître dans votre interview l’éternel épouvantail du « droit à l’enfant ». En effet personne n’a jamais revendiqué un tel droit. C’est une chimère qui semble n’exister que dans l’esprit des personnes opposées aux nouvelles technologies de reproduction. Ce que revendiquent les personnes qui militent pour la légalisation de la GPA ou de la PMA pour tous, c’est un simple droit de procréer librement à l’aide de technologies existantes, sans entraves étatiques. Le fameux « droit à l’enfant », qui impliquerait que l’État serait obligé de fournir des enfants aux couples infertiles, n’existe pas.

La GPA ne consiste pas, comme vous le prétendez dans votre interview, à considérer les enfants comme « des biens échangeables ». Lorsque la GPA implique une transaction (ce qui n’est pas toujours le cas comme on l’a rappelé), l’objet de la transaction est le service de gestation rendu par la gestatrice. Celle-ci est payée au fur et à mesure de la grossesse, peu importe que celle-ci arrive à terme ou non. Il semble incroyable de devoir rappeler cette évidence, mais l’achat d’êtres humains n’est plus possible depuis l’abolition de l’esclavage. Tous les enfants méritent les mêmes droits, peu importe la manière dont ils ont été conçus.

Quand vous expliquez que « le pire, dans ces errances, c’est l’oubli des droits de l’enfant », la malhonnêteté dont vous faites preuve atteint son comble. En effet les associations qui militent pour une légalisation de la GPA comme C.L.A.R.A ou l’AFDH se battent depuis des années pour que les droits des enfants nés par GPA à l’étranger soient reconnus en France, face à une administration française qui refuse de retranscrire leurs actes de naissance. Le 19 janvier dernier la France s’est d’ailleurs fait condamner par la CEDH pour la 4ème fois à cause d’un nouveau refus.

En fin de compte, Mme Agacinski, la GPA est bien une technologie de reproduction qui ne nuit à personne. Pour éviter que les couples infertiles aillent faire des GPA dans des pays en développement, légalisons cette pratique dans nos pays riches.

  1.  Ciccarelli, J. C., & Beckman, L. J. (2005). Navigating rough waters: an overview of psychological aspects of surrogacy. Journal of Social Issues, 61(1), 21-43.
  2.  Busby, K., & Vun, D. (2010). Revisiting The Handmaid’s Tale: Feminist theory meets empirical research on surrogate mothers. Can. J. Fam. L., 26, 13.
  3.  Bromfield, N. F. (2016). “Surrogacy Has Been One of the Most Rewarding Experiences in My Life”: A Content Analysis of Blogs by US Commercial Gestational Surrogates. IJFAB: International Journal of Feminist Approaches to Bioethics, 9(1), 192-217.
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  • Et bien voilà un article confondant de naïveté. En s’appuyant que quelques sentiments valorisants de quelques femmes ayant porté pour autrui – c’est une première naïveté de porter crédit à ce genre d’enquête – on arrive à trouver normal q’un enfant soit porté en vu d’être donné. Et on oublie au passage l’unanimité des recherches psycho et pédiatriques indiquant l’importance incontournable pour un enfant de garder et développer le lien charnel avec sa mère biologique. Ce genre d’article décrédibilise contrepoints. Il manifeste une nouvelle fois que beaucoup de personnes se présentant libérales sont incapable de faire la différence entre un libéralisme portant sur l’activité de fabrication, domaine où l’homme se donne à lui même les règles qu’il veut, et un sens éthique portant sur l’activité humaine dont les règles s’imposent à l’homme parce qu’il ne s’est pas fait lui même, et qu’au grand regret de certains idéologues, les chemins qui conduisent au bonheur sont en grande partie déjà gravée dans le cœur de l’homme.

    • je suis d’accord avec la décrédibilisation du liberalisme par le petit groupe sectaire lgbt qui se trouve sur le forum et sur contrepoint

    • « …l’unanimité des recherches psycho et pédiatriques indiquant l’importance incontournable pour un enfant de garder et développer le lien charnel avec sa mère biologique… »

      N’im
      por
      te
      quoi

      konrad

      Et c’est pas non plus comme si l’adoption n’existait pas depuis la nuit des temps.

      Quant au libéralisme, c’est très simple : l’État devrait être empêché de limiter l’action des individus qui ne portent aucune atteinte aux droits naturels d’autrui.

      • Comme j’ai la paresse de ne pas argumenter ni de renvoyer à quelques bibliographies, j’accepte votre réponse tout aussi pertinente ( i.e. « n’importe quoi »). Quant à l’adoption, on peut supposer que c’est suite à un malheur qu’elle se pratique. C’est une bonne idée de produire du malheur pour le traiter ensuite. La vraie question est bien celle que vous soulignez : le droit naturel d’autrui, par exemple le droit naturel de l’enfant à arriver dans ce monde de la meilleure manière possible. Pas sûr que la GPA en fasse partie.

        • « Comme j’ai la paresse de ne pas argumenter ni de renvoyer à quelques bibliographies… »

          Quelle surprise !

          Sinon, un enfant naît au terme d’une fécondation artificielle et vit dès sa naissance auprès de ses parents génétiques… pouvez-vous nous dire quel genre de dommages subirait cet enfant ?

          • le dommage qu’il pourrait subir c’est d’avoir été conçu par les géniteurs convaincus que se reproduire vaut brevet de parentalité. Et croyez moi, ces enfants sont nombreux – trop – à être victimes d’une parentalité biologique parfaitement incompétente, voire toxique.
            La remarque de José n’est que du bon sens.

        • Donc maintenant il existerait un « droit à naître » ? Je suppose que, en toute cohérence intellectuelle, vous militez pour la criminalisation de la masturbation (qui revient à nier le droit à naître de plusieurs millions d’enfants) et l’interdiction de toute forme de contraception (là encore, négation du droit à naître des enfants).

          • Vous parlez de cohérence intellectuelle Rambo ? Et vous étalez une bêtise crasse. Oui il existe un droit à naître pour l’enfant qui est déjà en gestation. Evidemment, vous faites sans doute partie des personnes qui pensent que l’enfant vivant dans le sein de sa mère n’a aucun droit. Alors je ne peux rien pour vous. Masturbez vous, c’est finalement mieux pour l’avenir de l’humanité…

            • Comprenez-vous seulement en quoi consiste la GPA ? Il n’y a aucun enfant « déjà en gestation » dans le cas de la GPA.
              Votre argument pourrait éventuellement s’appliquer à l’avortement, mais est complètement hors-sujet pour la GPA.

              « Et vous étalez une bêtise crasse »
              Paille, poutre… 😉

      • Franchement comparer des enfants humains à des oiseaux nidifuge, c’est absurde. Le mécanisme d’empreinte présent chez eux n’existe pas chez l’être humain. Je vous laisse lire cet article du Hunffington Post qui explique pourquoi l’Académie de Médecine est contre la GPA. http://www.huffingtonpost.fr/pierre-courbin/gpa-et-mere-biologique-pourquoi-lacademie-de-medecine-condam/

        • « …l’Académie de Médecine est contre la GPA… »

          Faux.

          Après avoir défini la gestation pour autrui et distingué les cas où la femme n’est que gestatrice et ceux où elle est à la fois gestatrice et génitrice et précisé les configurations familiales des couples homosexuels masculins, les auteurs font l’analyse de la législation française et des législations étrangères, puis la synthèse du contenu des auditions devant le groupe de travail et de la littérature. Les arguments en faveur d’une levée de la prohibition pour les couples homosexuels et les arguments contre sont exposés. Les arguments pour sont :(1) le souhait d’un couple homosexuel d’élever un enfant issu de leur propres gènes et de créer une famille,(2) la difficulté d’adopter dans les conditions actuelles, (3) la notion d’égalité et d’équité entre les couples hétérosexuels et homosexuels, (4) le recours très onéreux de la GPA à l’étranger laissant l’enfant dans une situation juridique aléatoire à son retour en France, (5) l’impossibilité de bénéficier de toute alternative thérapeutique. Parmi les arguments contre la levée de la prohibition, certains sont médicaux : (1) les risques physiques et psychiques que l’on fait courir à la femme (2) les échanges entre la mère et son fœtus au cours de la grossesse plus développés qu’on ne le pensait et qui ne sont jamais neutres (microchimérisme, épigénétique),(3) les risques physiques et psychiques que l’on fait courir à l’enfant. D’autres arguments sont d’ordre éthiques : (1) l’atteinte au statut de la maternité, (2) la profonde mutation bioéthique, l’indication de la GPA n’étant plus médicale mais sociétale,(3) la commercialisation accentuée du corps humain, (4) l’asservissement de la femme au désir des hommes, (5) les risques pour le couple de la gestatrice, pour sa fratrie et pour le couple d’accueil, (6) les aspects financiers qui ne peuvent être négligés, (7) les risques de dérive. Cette étude a pour objet d’apporter tous les éléments d’appréciation touchant aux conséquences médicales tant pour la mère que pour l’enfant que pourrait avoir une éventuelle reconnaissance législative de la GPA, notamment pour les couples homosexuels masculins. Il est clair que la GPA dans son ensemble déborde les missions de la médecine, interpelle avant tout la société et relève prioritairement de la responsabilité du législateur. Les risques physiques et psychiques à court et surtout à long terme, en particulier pour l’enfant, sont encore mal évalués et dans le cas où le législateur serait conduit à autoriser la GPA, celle-ci devrait être assortie d’une démarche d’évaluation des risques rigoureuse, objective, et strictement encadrée.

          Sinon, on attend avec impatience une étude médicale qui préconiserait l’interdiction du divorce, au vu des « risques psychiques » encourus par les enfants.

    • Le lien indispensable avec la mère biologique ? En 1780, le Lieutenant général de Paris chargé des naissances écrivait : « 21 000 enfants sont nés cette année. 1 000 resteront avec leur mère, les 20 000 autres croiseront son regard et seront confiés à des nourrices mercenaires » Le militantisme de l’église (Vierge à l’enfant) avait pour but en sacralisant cette fonction de pousser les femmes à être de « bonnes mères ». La psychanalyse avec son Œdipe Freudien idem. On va lui préférer la théorie actuelle qui est celle de l’attachement, nonobstant le droit de l’enfant à connaître sa filiation, y compris évidemment sa gestation.
      Génitalité n’a jamais valu parentalité.
      Sinon, je suis pour ectogenèse qui donnerait aux hommes le même pouvoir que celui détenu par les femmes, celui de concevoir, d’élever et d’éduquer un enfant sans dépendre de ce nouveau pouvoir abusif de la femme/mère – actuellement détenant tous les droits sur la conception – conduisant au maternalisme que nous connaissons – subissons- comprenant qu’il est la cause du repli sur soi de nos sociétés s’appuyant sur ces nouveaux dogmes que sont principe de précaution et risque zéro.
      Je terminerai par cette phrase de Jules Renard : « Tout le monde n’a pas la chance de naître orphelin »

      • Bonne référence à cette fin du 18 ème, dont on sait tous combien il fut heureux, et reste un modèle pour nous… Et puis, il s’agit du déjà petit microcosme parisien, pas de la campagne française.

        • Je ne suis pas certain que l’on pusse raisonner en terme de « bonheur » de façon anachronique – ne serait-ce que pour d’évidentes raisons économiques – d’autant qu’on nous parle sans arrêt aujourd’hui d’une France dépressive, comme cette étude de 2014 sur 210 000 jeunes dont il ressort qu’ils se définissent comme étant « désabusés, anxieux, perdus et sacrifiés »
          Notre pays comporte pourtant un million de « professionnels de la santé mentale » et est en même temps le plus gros consommateur d’anxiolytiques d’Europe. Au 18ème et même avant, pendant et après les grandes guerres du 20ème, nos aînés ne « bénéficiaient » pas de ces grandes avancées psycho-médicales (paraît-il) dont on peut constater les effets en terme d’épanouissement.

          Merci Maman ?

  • 1) Contrepoints est crédible lorsqu’il publie des articles d’opinion qui vont souvent à contre-courant de ce qui est publié ailleurs… Ils ont tout intérêt à publier sur des sujets qui prêtent au débat.
    2) Concernant la GAP, j’ai personnellement des réserves. Oui les femmes sont libres de disposer de leur corps. Leurs motivations n’ont pas à être jugées. Altruiste ou Vénale… qu’importe.
    3) Mais porter un enfant c’est une prestation de service de 9 mois, 7j/7j, 24h/24h. On nous présente les cas et témoignages où ça se passe bien. Tout le monde est heureux. Et quand il y a un souci ? Le risque existe que la grossesse se passe mal… Il y a la question des rapports entre les parents et la mère porteuse, peut-on s’assurer qu’ils sont sains ? Est ce que toutes les mères porteuses mesurent elles à quoi elles s’engagent ? 9 mois me paraît long. Beaucoup d’inquiétudes à ce sujet…
    4) GPA et PMA sont parfois liés à tort à la question de l’homo-parentalité, ouvert lui aussi à débat !

    • 3) Les femmes qui s’engagent dans la GPA sont des femmes qui ont déjà eu des enfants. Cela répond-il à vos inquiétudes ?

      • Entièrement d’accord avec vous Rambo.

      • Rambo, Merci de votre réponse. Je ne suis pas opposé par essence à la GPA. J’entends que cela doit être « réglementé », surveillé si on veut minimiser les risques. Oui, qu’on puisse sélectionner les mères-porteuses, apporter le maximum de garantie que les candidates prennent pleinement conscience de ce qu’elles font, Oui cela apaiseraient mes inquiétudes. Je ne suis pas en faveur d’une interdiction mais n’accepte pas non plus la banalisation. J’aimerais qu’on puisse en débattre plus souvent de ce sujet mais plus rationnellement.

  • Cette pratique me semble tellement contre-intuitive. Je ne sais qu’en penser.

    • À peine plus contre-intuitive que la fécondation in vitro.

    • Au pire, personne ne vous demande d’avoir un avis sur la question. Juste de laisser tranquilles les gens souhaitant utiliser cette technique.

    • Bien d’accord avec vous. Le bon sens réagit devant ces pratiques. Mais il est difficile d’argumenter. Pas seulement parce qu’il faudrait repartir de très loin, du sens même de la vie. Mais aussi parce nous avons tous été en gestation pendant des mois, et je doute que l’on puisse avoir un regard posé, absolument objectif, sur ces questions à titre individuel. La perception de ces questions dépend trop de ce que l’on a soi même vécu. D’où des évidences contradictoires chez des personnes sincères.

      • Ci dessus, comprendre Bien d’accord avec Phil

      • Le « bon sens » n’est en aucun cas un argument légitime pour l’évaluation d’une pratique. Seule compte l’analyse rationnelle. La GPA nuit-elle à quiconque ? La GPA nuit-elle aux parents qui en font ? Non. Nuit-elle à la gestatrice ? Non. Nuit-elle à l’enfant qui naît ? Non (la technique lui permet d’exister). Nuit-elle à la société ? Non. Donc il n’y a aucune raison de l’interdire, peu importe ce que notre bon sens nous dit. Point final.

        • Concernant la GPA, mes « inquiétudes » dont j’ai déjà fait part sont qu’on puisse et qu’on doive mesurer toutes les externalités négatives qui pourraient en découler afin soit de les écarter ou de les compenser. La GPA est possible si elle est réglementé en vue de protéger toutes les parties prenantes. La GPA ne nuira à personne, bien au contraire, si on est assez intelligent pour prendre les devants devant d’éventuelles complications et bien encadrer cette pratique. Autant je suis rebuté par les anti-GPA qui veulent imposer une morale à double-standard sur ce qu’une femme peut faire de son corps (Avorter c’est cool mais être enceinte pour autrui c’est de l’esclavage…) autant j’ose mettre en garde les Pro-GPA contre une vision « Angélique » de la chose, d’autres banalisent ou réduisent la GPA à une simple prestation de service, un acte marchand ordinaire.
          Sinon, c’est toujours agréable de lire un article traitant du sujet.

    • Contre intuitive ? Une pratique multimillénaire ???
      (Source : Agar, portant pour Saraï l’enfant d’Abraham)

      • Excusez moi mais il me semble bien qu’Agar portait son propre enfant avant que Sara se voit accorder ce privilège. D’ailleurs Sara jalouse de ce premier fils de son mari, le chassa avec sa mère. Aucune GPA…

    • Pour savoir quoi en penser, on peut se demander si ce progrès, cette technique sert l’intérêt de chacun sans externalité négative qu’on ne puisse mesurer et compenser.

  • D’accord avec l’essentiel de vos propos ! Mais là GPA est bien une allienation de notre pouvoir de reproduction … Cela aussi fait partie de l’évolution de notre société, et la GPA n’est qu’une triste tentative de réponse à la stérilité croissante des femmes et hommes d’aujourd’hui (Vous trouverez tous les chiffres dans la presse spécialisée) .Ce que je veux exprimer, c’est que l’on a tendance facilement à résoudre les conséquences des problèmes, pas les causes! Je vais faire une vilaine comparaison : La pollution est en forte expansion ; Vous pourrez toujours acheter un shampooing pour que vos cheveux graisses moins vite, mais vos bronches sont condamnées..C est Balot …Idem pour la fécondité qui ne va pas s’arranger a écrit la GPA

    • Permettre la GPA n’empêche aucunement à côté de cela de poursuivre la recherche sur les causes initiales d’infertilité chez les hétéro. Pour les couples gay homme, cela restera de toute façon pour le moment la seule méthode de reproduction qui leur permet d’avoir un enfant génétiquement lié.

  • Tous les arguments, scientifiques, féministes et autres me semblent dénués de tout intérêt. Pour moi, une seule position existe, c’est la morale et l’éthique. Le reste n’est que bavardage

    • Bien d’accord. Mais on la fonde sur quoi cette morale ou cette éthique ( pour moi les deux mots on le même sens, la différence venant juste de l’étymologie latine ou grecque). A l’époque des philosophes grecs, à celle aussi des cathédrales françaises, la morale était vue comme la quête du bonheur. Plus tard la morale a été vue pendant des siècles comme une observance de lois et règlements. Déracinés du but, le bonheur, ces règlements ne font plus sens et ont été balayés. Les opportunités techniques modernes reposent les bonnes question : on fait quoi de l’humain que chacun de nous partage et réalise à sa manière ?

  • J’adore toujours ces arguments foireux des anti-GPA !

    En voulant protéger un enfant de dommages totalement imaginaires (je vous laisse chercher ces liens dans les articles précédents de contrepoints concernant la GPA), ils nient à des enfants le droit de naître. Paradoxal non ? Enfin pas si paradoxal quand on comprend les principaux travers des dogmatiques liberticides.

    Et oui ! En voulant abolir la GPA, ils empêchent tous ces enfants de simplement exister, et peut-être bien de connaître le bonheur.

    Affligeant !

    • Il faudrait une petite étude des possibles. On empêche un enfant d’exister quand on lui a donné la vie et qu’on le tue ensuite, par exemple par avortement. On ne l’empêche pas d’exister quand on n’a pas fait ce qu’il faut pour que sa vie commence. Par contre on empêche un projet parental, et c’est là que ça fait mal pour les personnes qui veulent un enfant via GPA. A mon avis c’est de la rhétorique de mettre ces choses au même plan.

      • @hypothese

        C’est un raisonnement du même type que pas né pas mort !

        Vous aurez beau essayer de tordre la vérité (la réalité). L’abolition de la GPA niera le droit à l’existence d’enfant, qui auraient exister dans le cas contraire.

        • Je crois que le débat s’engage sur le sexe des anges. Dans la réalité l’enfant virtuel n’est pas partie à la prise de décision. Il s’agit bien d’une transaction entre un couple ou un individu et une gestatrice. dont les conséquences affectent la vie d’une troisième partie. Il est évident que des couple voudront recourir à la GPA, et que certains le feront de toute façon. La question est de savoir si et comment la loi doit reconnaître cette pratique et la codifier, condamner les parents et les intermédiaires ou l’assimiler à une adoption et se voiler la face.

          Deux catégories de personnes sont à privilégier dans le rapport à la GPA
          1. La gestatrice. un peu comme dans l’affaire du voile, la question est de savoir quelle part des femmes qui acceptent la gestation pour autrui le font sous pression sociale et religieuse, et comment les protéger. Les arguments blanc ou noir assénés sont absurdes. Je fais l’hypothèse que la seule motivation mercantile est illégitime (reste à savoir comment on l’exclut, et plus réalistement comment on contient son expansion inéluctable si la pratique devient légitime, et l’exemple belgo britannique est lamentable de fausse naïveté). Si la GPA génère 10% d’exploitées, est elle acceptable au vu du service rendu ? Je ne crois pas. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on a eu trois enfants qu’on a une idée de ce qu’est une grossesse qui se passe mal. Et j’ai l’impression que beaucoup des intervenants n’en ont aucune idée non plus: immuno dépresseurs, immobilisation. Je militerais dans tous les cas pour une condamnation pénale de toute entreprise de GPA par un couple français dans les pays (majoritaires dans le monde, de très loin) ou le statut de la femme n’est pas garanti.
          2. L’enfant: les échanges entre la gestatrice et l’embryon sont assez nombreux et franchement mal identifiés : quelles garanties les processus actuels donnent-ils pour la sauvegarde physique et psychologique de l’enfant ? Cette préoccupation vaut également en partie pour les FIV à donation d’ovocytes. Que se passe-t-il si l’enfant n’est pas conforme aux souhaits du couple contractant et qu’il souhaite se dédire ? dans la pratique? Par exemple si la gestatrice l’as mis en danger par son comportement ?

          L’adoption me paraît dans tous les cas une solution bien meilleure que la GPA, et seules certaines visions eugénistes assez irrecevables peuvent privilégier cette dernière. Si l’adoption ne suffit pas, la GPA devient une solution à envisager. Aujourd’hui elle semble l’être. Mais ça devient un problème de société si les mères porteuses sont marquées par l’expérience, si l’enfant ainsi obtenu devient statistiquement une charge pour la société, où si la proportion d’adultes perturbés qui résultent de ce processus est significativement supérieure à la moyenne. Les garanties de moyen (communément désignées sous le nom de « processus éthique ») sont une réponse assez faible à cette question.

          Il se pose donc de nombreuses questions, mais en particulier:
          Quel est le bénéfice pour la société d’une telle procédure? S’il est marginal, quelle garantie morale doit apporter la loi?
          Comment acquérir les connaissances pour limiter les dégâts? Quelles expérimentations, quel suivi? Les études mentionnées ci-dessus n’ont ni la qualité d’échantillonnage ni le recul pour être prises au sérieux. Mais il y a probablement suffisamment de matière pour une étude systématique.
          Quelles en sont les conséquences sur la législation, y compris celle sur les adoptions ou les FIV ?

          La séparation d’une femme et de l’enfant qu’elle a porté pendant neuf mois est une tragédie quand elle est provoquée par la détresse, mais on peut envisager que le destin de l’enfant et celui de la mère s’en trouvent améliorés dans la plupart des cas. Quand la raison est autre, la tragédie couve aussi : il faut prendre des garanties beaucoup plus importantes. Est-ce faisable et souhaitable dans le cadre de la loi ? Je n’en suis pas sûr. Contrairement à l’euthanasie (autre pratique polémique de traitement à l’étranger), les conséquences sont à porter 75 ans environ en moyenne, sans que le principal concerné aie pu à un moment quelconque donner son avis.

    • Un argument bien foireux, je suis d’accord. Mes inquiétudes ne portent pas sur l’enfant qui sera élevé par ses parents biologiques mais sur la mère-porteuse. Les anti-GPA se soucient peu de leurs cas dans leurs arguments, consternant…

  • Avez-vous seulement pris la peine de lire l’article, surtout la partie à propos des motivations des gestatrices ? L’argent n’est PAS une motivation principale. Donc votre argument « femmes dans la misère exploitées » ne tient pas, c’est factuel. D’ailleurs l’argument tient encore moins quand on parle de légaliser la GPA altruiste, sans rémunération.

  • Un seule chose est certaine: l’enfant né par GPA aura été ardemment désiré, et sera fort probablement très aimé, contrerairement à beaucoup d’enfants nés ‘naturellement’, non désirés et arrivant dans une famille qui n’en voulait pas.

  • La GPA pose des questions éthiques qui se trouvent aussi dans d’autres sujets polémiques.
    1. en premier lieu le débat sur « la location de ventre » qui serait contraire à la morale me semble similaire au débat relatif à la prostitution, où la femme (ou l’homme) loue son corps contre rémunération. J’ai l’impression que les opposants à la GPA sont également des opposants à la légalisation de la prostitution, parce que finalement l’argument moraliste (sans caractère péjoratif pour moi) est le même, grosso modo celui de la dignité, une certaine idée de l’humain. A cela le libéral objectera que ni la prostituée ni la mère porteuse ne font de mal à personne, et qu’il y a peu de différence au niveau de la dignité entre louer son corps, et louer son bras ou son cerveau pendant 8h par jour comme la plupart d’entre nous le font… La relation sexuelle est bien sûr beaucoup plus intime, mais n’est-ce pas justement un raison pour laisser le choix à la personne concernée?
    2. la question du dommage à l’enfant qui serait causé par la GPA me paraît également similaire à la problématique de l’arrêt « Perruche » rendu par la cour de cassation il y a quelques années; en l’occurence, la question était (notamment) de savoir si un enfant handicapé pouvait réclamer des dommages et intérêts au médecin qui, par incompétence, n’avait pas décelé le handicap du foetus et privé donc les parents de la possibilité d’avorter. Si les dommages aux parents font peu de doute (sans la faute du médecin, la femme aurait avorté et ils n’auraient pas subi les coûts liés au grave handicap de leur enfant), l’enfant lui-même n’a pas subi de dommage – car sans la faute du médecin il n’existerait pas. Pour la GPA également, il me semble dès lors que parler des dommages subi par l’enfant n’a pas de sens. Il vaut mieux en appeler à la responsabilité des parents sur les (éventuels) problèmes psychologiques que vivraient les enfants conçus par GPA.

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