Les caractères, de Bastien Roubaty

Avec beaucoup d’allant et d’impertinence, Bastien Roubaty raconte une histoire de lutte des classes caricaturale, où les patrons comme les ouvriers sont assez bruts de décoffrage.

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Les caractères, de Bastien Roubaty

Publié le 3 décembre 2016
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Par Francis Richard.

Les Imprimeries Gordy s’élevaient entre deux réverbères au bout de la rue Nuancier. C’était un bâtiment imposant, une ancienne fabrique de bonbons dans les tons orangés, pourvu de trois tours qui déchiraient le brouillard automnal.

Anis Sallymara y travaille, au Département de correction et de contrôle de tout ce bazar, en qualité de vérificateur. Un jour la secrétaire de Monsieur Gordy, Mlle Verde, aussi charmante qu’un nénuphar, vient le trouver pour lui dire que le patron l’attend dans son bureau, dans quatre minutes cinquante-cinq.

Un peu moins de cinq minutes plus tard, Monsieur Gordy demande à ce fidèle employé de l’accompagner au mariage de sa fille Mescaline. Monsieur Gordy le considère en effet comme un ami depuis qu’il lui a appris à danser, fait découvrir le cinéma espagnol ou encore le saké. Ils partiront tôt jeudi matin.

Ensemble au théâtre

bastien-roubaty-les-caracteresLe mercredi soir, Monsieur Gordy et Anis Sallymara vont ensemble au théâtre, puis Chez Elvire. Monsieur Gordy annonce alors à son commensal qu’il lui présentera une demoiselle d’honneur, Marie, sa nièce, avec laquelle il sera forcé de danser : la plus gracieuse fille que jamais vous ne rencontrerez, lui dit-il.

En fait, si Monsieur Gordy a fait venir Sallymara, c’est pour une autre raison. Une grippe austro-hongroise lui a été diagnostiquée et il lui demande d’assurer l’intérim de la direction pendant qu’il sera soigné au sanatorium de Mont-Voilé, le village où les noces ont lieu. Il sera secondé par Mlle Verde, qui a été engagée pour ça.

La direction ad interim des Imprimeries Gordy ne va pas s’avérer une sinécure pour Sallymara. La ville est peu de temps après sa nomination en proie à des insurrections révolutionnaires conduites par les rêvriers, qui invitent au réveil et à l’ouverture des yeux. Un matin, il découvre que l’immeuble Gordy a été vandalisé.

Adresse aux ouvriers

Pour que les ouvriers du sous-sol de l’imprimerie ne soient pas contaminés par ce mouvement, il faut trouver la parade. Sallymara convoque le conseil spécial d’administration, dont les membres (à qui Monsieur Gordy accorde sa confiance en cas d’affaire spécialement particulière) n’ont été réunis que deux fois :

Après l’incendie du stock de papier (pour décider d’imprimer les journaux sur des tranches de jambon) et après le vol du stock de jambon par une famille de renards (pour décider de réimprimer les nouvelles du jour sur papier, plus pratique et hygiénique en cas de grosse chaleur).

C’est Marie Gordy, qui, faisant irruption pendant la séance, va apporter la solution pour leur faire oublier leur vide et leur travail pénible et mal payé, sans plier à leurs revendications matérielles : Organisons un concert dans leurs ateliers, recouvrons leurs murs de tableaux : j’ai de nombreux artistes qui pourront nous aider.

Évidemment les choses ne se passent pas aussi facilement que ça et quand elles prennent bonne tournure, après des rebondissements improbables, la musique de Chloé Demiton et la peinture acquise au Martinet Bleu n’adouciront pas les mœurs de tous et la reconnaissance ne sera pas forcément au rendez-vous.

Avec beaucoup d’allant et d’impertinence, Bastien Roubaty raconte cette histoire de lutte des classes caricaturale, où les patrons comme les ouvriers sont assez bruts de décoffrage, des caractères d’imprimerie en quelque sorte, et où les noms de certains personnages ou de certains lieux sont de véritables clins d’œil.

Comment, soit dit en finissant, ne pas être amusé par des tournures de style telle que celle-ci : Elle héla son manteau kaki et enfila un taxi qui démarra en trombe sur la route froide ?

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