Trump et le pouvoir des « ultras »

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Trump et le pouvoir des « ultras »

Publié le 29 novembre 2016
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Par Marie-Cécile Naves.
Un article de The Conversation

By: Marc Nozell - CC BY 2.0
By: Marc NozellCC BY 2.0

C’est en janvier prochain que Donald Trump, Mike Pence, leur gouvernement et leur administration prendront leurs fonctions. Nous verrons alors si la rupture avec l’establishment se traduira en actes, si la promesse, formulée par Trump la veille du 8 novembre, « d’assécher le marigot de Washington » sera tenue. Néanmoins, les annonces des premières nominations des membres de l’équipe de transition, de conseillers ou de futurs ministres laissent penser qu’une vieille garde de politiciens ultra-conservateurs gouvernera bientôt le pays.

Le choix du général Michael T. Flynn comme conseiller à la sécurité intérieure du Président fait beaucoup parler. Il avait été congédié de la direction militaire du renseignement par Barack Obama pour ses positions extrémistes sur l’islam. Jeff Sessions, sénateur de l’Alabama, pourrait de son côté devenir ministre de la Justice. C’est un coup dur sur les questions d’immigration.

Un autre hard liner, le représentant du Texas Mike Pompeo, prendrait la tête de la CIA. Le plus radical est sans nul doute Steve Bannon, qui a bâti le succès de son site Breitbart News sur des positions extrémistes de droite – racisme, antisémitisme, suprémacisme blanc, misogynie, mais aussi volonté… de renverser le système politique. Il est nommé conseiller stratégique du Président, l’un des postes les plus en vue parce que l’un des plus influents.

Rien que des old white men

Reince Priebus, le responsable national du parti républicain, devient « chief of staff » – un poste qui se situe entre le chef de cabinet et le secrétaire général de la présidence. Trump a également rencontré Mitt Romney, le candidat malheureux face à Barack Obama en 2012. Les deux hommes s’étaient beaucoup opposés pendant la campagne. Romney figure, avec Rudolph Giuliani, l’ancien maire de New York, et Nikki Haley, gouverneure de Caroline du Sud, sur la short list pour devenir secrétaire d’État (ministre des Affaires étrangères). Qu’en sera-t-il ?

Les noms de Newt Gingrinch, de John R. Bolton – un néoconservateur partisan de la guerre en Irak et ambassadeur à l’ONU durant le mandat de George W. Bush –, de Chris Christie et d’un ex-banquier de Goldman Sachs, Steve Mnuchin, continuent de circuler. Il en va de même de Myron Ebell, un lobbyiste climato-sceptique, pour prendre la tête de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) – ce qui fait frissonner les défenseurs de l’écologie.

L’évitement des élites politiques et économiques traditionnelles ne semble donc pas à l’ordre du jour chez Trump. Pour l’instant, rien que des old white men… La nouveauté viendra peut-être de Michelle A. Rhee, dont le nom circule pour le poste de ministre de l’Éducation. Cette démocrate d’origine coréenne, ancienne responsable de l’enseignement public à Washington D.C., est partisane d’une réforme de l’éducation visant à augmenter le niveau des écoles jugées sous-performantes par une politique incitative à l’égard des enseignants et par des bourses pour les élèves défavorisés. Cette possible nomination est déjà vivement critiquée par… Breitbart News.

Blocages institutionnels en vue

Les divisions internes de l’équipe Trump ne manqueront pas, ce qui n’a rien d’inédit dans le sérail de Washington. Cependant, on ne sait pas comment le nouveau président gouvernera : prendra-t-il goût aux affaires publiques, dont la gestion quotidienne ne se limite pas, loin s’en faut, à polémiquer ou à communiquer sur les réseaux sociaux – pratique avec laquelle il n’a pas rompu ? Ou confiera-t-il les rênes du pouvoir à ses plus proches collaborateurs, au risque de laisser les divergences grossir et de perdre en crédibilité ? D’autant que Trump sera confronté à d’autres difficultés.

En effet, bien que le Congrès reste aux mains des républicains, leur domination s’est étiolée à la Chambre des représentants et surtout au Sénat, où ils ne comptent plus qu’une majorité d’un siège. Cela signifie que la minorité démocrate a la possibilité de faire entendre sa voix jusque dans le processus de filibuster, qui peut conduire à des blocages institutionnels par des stratégies dilatoires ou d’obstruction.

À moins que la culture du compromis et du bipartisanisme ne retrouve le chemin du Congrès après six années d’absence – les républicains n’ont cessé de mettre des bâtons dans les roues aux réformes du Président Obama –, il y a fort à parier que certaines lois ou révisions de loi comme celle de l’Affordable Care Act (« Obamacare ») aient beaucoup de mal à être votées.

Des républicains divisés

Autre problème, celui des désaccords probables entre le nouveau président et les congressistes républicains sur certaines annonces faites par le candidat Trump pendant la campagne, comme le non-cumul des mandats ou la limitation de leur possibilité de devenir lobbyistes une fois qu’ils ont quitté la politique. D’autres promesses, comme le durcissement des relations commerciales avec la Chine et le lancement d’un vaste programme d’infrastructures financé sur fonds publics, occasionneront probablement de très vifs débats.

Enfin, le Parti républicain n’a pas résolu ses divisions internes, sur des sujets comme l’immigration ou le choix d’un soutien au big ou au small business. Sans parler du fait qu’il n’est pas à l’abri de voir réapparaître une frange extrémiste, sur les questions fiscales par exemple, comme du temps du Tea Party, dont les ravages sur les processus législatifs sont dans toutes les mémoires.

En somme, la partie s’annonce rude pour un président novice en politique qui devra aussi compter sur les mobilisations de la société civile sur des sujets comme la protection de l’environnement, les droits des femmes et bien sûr les violences « raciales ».

Sur le web
The Conversation

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  • Trump fera-t-il mentir la teneur principale du peu connu testament politique d’Ike Eisenhower quittant la présidence ?

    En résumé : c’est le lobby militaro-industriel qui commande … et, entre autres, s’enrichit de la guerre. Il vend les armes, les mercenaires … et les matériaux, voire les outils, pour reconstruire ce que ses/ces armes ont détruit.

    Et tout ça augmente cet insense pseudo-indicateur dénommé trompeusement PIB, l’objet de toutes les pseudo-croissances

  • Article plus que douteux. Assertions et approximations en veux-tu en voilà… décevant et orienté.
    Dire que le site se prétend « L’expertise universitaire, l’exigence journalistique »…

  • J’aime pas Trump mais c’est quoi cet article à charge ???
    « les républicains n’ont cessé de mettre des bâtons dans les roues aux réformes du Président Obama » un peu facile d’accuser les républicains. N’oublions pas qu’obama et les démocrates ont tout fait pour contourner le congrès en renforçant les pouvoirs du président. Pour moi tant Obama que les républicains ont une part de responsabilité dans le blocage institutionnel. Vouloir à tout prix contourner le congrès ne renforce pas les relations bipartisanes. De même les démocrates quand ils étaient majoritaires ont diminue le pouvoir de la minorité républicaine au sénat. Obama plus que tout autre président a fait de l’abus de pouvoir. Il a concentré le pouvoir dans ses mains en enlevant du pouvoir au congrès.

    Michael T. Flynn est un démocrate à la base. Donc difficile de l’accuser d’être ultra conservateur. Il a quitté ses fonctions non pas à cause de son soi disant extrémisme mais à cause de désaccords persistants dans l’administration Obama.
    Quand au nouveau directeur de la cia, sa nomination n’a pas fait polémique. Elle a même été salué par des démocrates car c’est quelqu’un avec qui on peut dialoguer.
    Quand au ministre de la justice, ça c’est la personne la plus controversée. C’est cette nomination qui a fait le plus de polémique. Cependant la plupart des reproches contre lui sont de vieilles accusations datant d’il y a 30 ans. C’est un peu faible.

  • Heuristique : lorsqu’il y a le mot ultra- dans un article de presse française, le lire est souvent une perte de temps.

  • C’est un article venant directement du Washington Post? Obama a catégoriquement refusé de compromettre quoi que ce soit avec la chambre et le sénat à majorité Républicaine, un peu facile de dire que ces derniers lui ont mis « des batons dans les roues ». Beaucoup ici aux USA se réjouissent de voir Trump mettre en place des gens compétents et avec une mentalité « pro-business » pragmatique qui faisait cruellement défaut à l’administration Obama (qui détenait le record du plus faible taux de fonctionnaire avec une expérience dans le privé). On verra dans les faits mais je suis près à parier que ce genre d’ analyse de journalisme mainstream se plante autant que les médias mainstream dans leur couverture des élections de Novembre. Article inutile et fort orienté, manifestement certains journalistes n’ont toujours pas compris que la pensée unique a vécu…

  • A lire: https://mises.org/blog/steve-mnuchin-just-another-wall-street-banker
    La nomination de Mnuchin n’a rien de surprenante. Il a préféré la loyauté à la compétence. Les idées du nouveau secrétaire d’état sont inquiétantes. Il a dit que le boulot de Yellen était bon. C’est pas avec Trump qu’il y aura des réformes

    • Il faut avoir lu « La banque. Comment Goldman Sachs dirige le Monde » de Marc Roche

      C’est clair.

      « Nous faisons le travail de Dieu » Blankfein se reproche beaucoup cet « aveu »

  • Les commentaires sont fermés.

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