L’Inde va-t-elle être ruinée par son propre gouvernement ?

Le gouvernement indien a décidé de faire la guerre au cash pour lutter contre la corruption. Face au refuge de la population dans l’or, il envisagerait aussi d’interdire les importations de ce métal.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Indian Prime Minister Narendra Modi By: Foreign and Commonwealth Office - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’Inde va-t-elle être ruinée par son propre gouvernement ?

Publié le 27 novembre 2016
- A +

Par Simone Wapler.

Inde
Indian Prime Minister Narendra Modi By: Foreign and Commonwealth OfficeCC BY 2.0

Ce qui se passe en Inde est important. Le gouvernement indien a décidé de faire la guerre au cash pour lutter contre la corruption. Face au refuge de la population dans l’or, il envisagerait aussi d’interdire les importations de ce métal. Un cas d’école de la Parasitocratie.

Mais la corruption n’a rien à voir avec les moyens de paiement

La corruption existe et a toujours existé. La monnaie, le cash existe et a toujours existé. La corruption utilise la monnaie mais a aussi besoin de réseaux, de téléphones, d’informatique, de papier, etc.

La corruption est un des dommages collatéraux des gouvernements et non pas une conséquence de l’existence de la monnaie. Plus les gouvernements sont gros, plus il y a de bureaucrates, plus les points d’entrée de corruption sont nombreux. Cela n’a rien avoir avec les moyens de paiements.

Et les activités légales qui souhaitent échapper à l’impôt en utilisant le cash, les espèces, me direz-vous ? Les gouvernements devraient voir «le noir» comme un indicateur fiable de l’efficacité de leur politique fiscale. Si de plus en plus de gens souhaitent échapper à l’impôt, n’est-ce pas parce que la pression deviendrait trop forte par rapport aux services rendus par le gouvernement ?

S’attaquer à la monnaie : une fausse solution

Un moyen simple de lutter contre la corruption est, pour un gouvernement, de se limiter à promulguer des lois prévoyant l’égalité stricte des individus en droit, des lois s’adressant à tout individu et non à des groupes, des collectivités, etc. Ainsi, pas de passe-droit, de rente, d’achat de privilèges, de lobbies. Un autre moyen simple est de limiter la bureaucratie, ce qui est d’autant plus facile que les lois et règlements sont simples.

Ce n’est pas cette méthode de lutte contre la corruption qu’a choisi le gouvernement indien mais celle de s’attaquer aux espèces, à la monnaie, et de façon brutale, en démonétisant les coupures les plus utilisées.

L’économie en est déstabilisée. La roupie s’effondre. L’or s’envole et se paye deux fois le cours officiel en dollar.

Mais le gouvernement a la solution à la catastrophe qu’il a lui-même provoquée : interdire les importations d’or, selon une information de l’Indian Bullion & Jewellers Association.

L’Inde va-t-elle interdire les importations d’or ?

En moyenne, l’Inde importe 700 tonnes d’or par an. D’où, en dehors des frontières de l’Inde, le recul de l’or sous 1 200 dollars l’once, le marché anticipant une baisse de la demande.

Mais en Inde, l’or se négocie toujours avec une énorme prime par rapport à son cours officiel en dollar.

Voici l’évolution du dollar contre la roupie depuis trois mois.

swLorsque votre pays pratique la dévaluation sauvage (10% en trois jours), brade votre travail à l’export et renchérit les biens importés, il est normal que votre réflexe soit d’acheter quelque chose qui conserve sa valeur pour vous défendre.

Les Indiens ont choisi l’or et le gouvernement songe à interdire les importations d’or.

Conséquence immédiate : l’or va augmenter

Il est probable que cette mesure ne fera qu’accélérer la hausse de l’or sur le marché noir et rendre la contrebande florissante.

Les gouvernements haïssent l’or et l’idée qu’une monnaie alternative puisse subsister sans eux.

C’est exactement pour cette raison que nous pensons que l’or a un rôle à jouer, du fait de la mauvaise gestion des finances publiques dans les démocraties des pays avancés où la corruption règne aussi.

Nous achetons de l’or dans des occasions comme celles-ci, lorsqu’il est bas. Ce n’est pas dans l’esprit d’une spéculation sur sa hausse en dollar ou en quelque monnaie étatique que ce soit. Nous le voyons comme une assurance contre l’impéritie de la Parasitocratie.

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici et c’est gratuit.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Excellent article de Simone Wapler, comme très souvent. Si cette opération de spoliation organisée par le gouvernement indien – qui a ruiné les économies de toute une vie de quantité de pauvres gens – pouvait avoir au moins une valeur pédagogique, ce serait déjà quelque chose. Elle permet de rappeler au détenteur d’un quelconque titre de créance d’un Etat ou de ses soubrettes bancaires – et un billet de la monnaie monopolistique légale en est un – qu’il a en mains un « bon pour du vent » – le vent des actifs au bilan de l’émetteur – dont la valeur de marché au temps T est liée, non à l’illusion que l’émetteur est solvable et que le titre sera un jour remboursé autrement qu’en autres titres du même acabit, mais à l’opinion du marché qu’au temps T + 1 minute, le détenteur du billet trouvera encore un pigeon qui acceptera ce titre en échange de quelque chose de plus utile qu’un papier coloré avec des zéros écrits dessus. Même si le gouvernement indien interdit la détention d’or et déploie des milices de fonctionnaires pour effectuer des razzias appelées « contrôles », il suffira aux Indiens d’enterrer leur or pour quelques mois ou quelques années, le temps que le gouvernement soit renversé et ses apparatchiks pendus, puis de le déterrer une fois le beau temps revenu.

  • Si vous pouviez éviter d’utiliser le mot « propre » lorsqu’il n’est pas du tout nécessaire, vous éviteriez de suivre cette mode qui place ce mot à tout bout de champs. « son PROPRE gouvernement » ! Si c’est le sien (son), inutile de rajouter propre, ce n’est pas son gouvernement d’un autre pays.
    Merci
    Raz le bol de cette utilisation abusive, ouvrez les yeux et les oreilles et vous verrez que ce mot est tout le temps utilisé en ce moment.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Alors qu’une collaboration stratégique a été annoncée le 7 janvier 2024 entre la NASA et les Émirats arabes unis, pour participer à la construction d’une station orbitale au-dessus de la Lune dans le cadre du programme Artemis, les Émirats arabes unis semblent plus que jamais déterminés à promouvoir leur leadership spatial.

Déjà les 5 et 6 décembre 2022 Abou Dhabi accueillait le Abu Dhabi Space Debate qui regroupe les leaders mondiaux du secteur privé et public aérospatial. Organisé par l’Agence spatiale des EAU, ce débat a offert une ... Poursuivre la lecture

L'auteur, Paco Milhiet, est Visiting fellow au sein de la Rajaratnam School of International Studies  (NTU-Singapour) et chercheur associé à l'Institut catholique de Paris (ICP)

 

« L’Inde aura un rôle déterminant pour notre avenir ; c’est aussi un partenaire stratégique et un pays ami », déclarait Emmanuel Macron quelques minutes après avoir décerné la grande croix de la Légion d’honneur au Premier ministre Narendra Modi le 14 juillet 2023, invité à assister au traditionnel défilé sur les Champs-Élysées.

Il est vrai... Poursuivre la lecture

Ce 23 août, à l’heure prévue, 14 h 34 (heure suisse), l’atterrisseur Vikram de la mission Chandrayaan 3 s’est posé en douceur et sans problème sur la Lune. Il porte un rover, Pragyan.

Ces deux équipements sont assistés par un orbiteur (également module de propulsion pour la dernière partie du vol Terre-Lune) qui leur sert de relai de télécommunication. La masse totale de la mission est de 3,9 tonnes, dont 2,15 tonnes pour le module de propulsion/orbiteur et 1,75 tonne pour l’atterrisseur et le rover (avec les ergols nécessaires aux équ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles