Portrait de Nick Bostrom, transhumaniste et philosophe

Portrait d’un Suédois transhumaniste, chantre de la simulation informatique.

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Nick Bostrom transhumaniste By: null0 - CC BY 2.0

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Portrait de Nick Bostrom, transhumaniste et philosophe

Publié le 8 août 2016
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Par Elisabeth de Castex.1

Nick Bostrom transhumaniste
Nick Bostrom transhumaniste By: null0CC BY 2.0

 

Nick Bostrom met en scène le futur de l’humanité, dans une savante maîtrise des oppositions :

• Professeur de philosophie à Oxford, mais leader d’un courant pas très académique, le transhumanisme,
• Théoricien de l’avenir de l’humanité, mais peu intéressé par la science-fiction (en raison de son aspect sensationnel),
• Figure engagée de l’amélioration des capacités humaines, mais lanceur d’alerte sur les dangers de l’intelligence artificielle…
Si complexité dans le raisonnement et finesse de la pensée vont de pair, reste quand même à démêler le côté pile du côté face de cet étrange professeur.

Un transhumaniste historique

Nick Bostrom a créé en 1998, avec David Pearce, la Charte Transhumaniste et la World Transhumanist Association (devenue Humanity +). Dans les statuts de cette dernière, figure la recherche de l’épanouissement humain, au-delà des limites biologiques : «redesigning the human condition». Il dénonce le biais du statu quo qui entrave cette quête. Un biais cognitif guiderait notre préférence irrationnelle pour le statu quo et affecterait fortement nos intuitions morales. Transhumaniste à fables, il raconte l’histoire du Dragon-tyran (comprenez la mort), pour signifier qu’aucun argument ne justifie de baisser les bras devant la souffrance et le vieillissement.

Si la dénonciation des biais intellectuels vis-à-vis du progrès scientifique et technique reste intemporelle, la pensée du courant transhumaniste s’est, depuis 1998, diluée dans une vaste galaxie :

  • Entre le courant ultra-libéral des origines et un courant social-démocrate, même si le spectre politique était déjà large au départ,
  • Dans la distinction entre un transhumanisme qui vise le dépassement par l’homme des souffrances liées à son enveloppe biologique et un transhumanisme plus radical, cybernétique, qui se réaliserait dans l’hybridation totale homme/machine.

Mais aussi un lanceur d’alerte

Depuis de nombreuses années, Nick Bostrom appelle à une éthique de la transformation humaine et à ne pas se voiler la face devant des risques déraisonnables que représentent l’intelligence artificielle et les nanotechnologies. Il estime que les risques encourus par l’humanité face au développement de l’intelligence artificielle ne sont pas suffisamment pris en compte. Il illustre ce propos avec une nouvelle fable, celle du moineau (l’être humain) et du hibou (comprenez l’intelligence artificielle). Chacun devine la (triste) fin de l’histoire.

Les alertes de Nick Bostrom sont très médiatisées mais relativisées par bon nombre de chercheurs. Ainsi lit-on dans le dossier spécial IA de The Economist en juin dernier que, si le spectre de la perte de contrôle ne peut être écarté, le problème n’en est pas pour autant immédiat. D’autres questions éthiques se posent pour le magazine britannique de manière plus urgente et doivent être considérées au premier chef, parmi lesquelles les décisions prises par les voitures autonomes, les armes létales autonomes ou encore le risque de contrôle social par la reconnaissance faciale. Le débat ne fait que commencer.

Sur le web

  1. Élisabeth de Castex est docteur en science politique (SciencesPo Paris 2015) et diplômée en droit public (Paris II).
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