Michel Rocard, l’homme de toutes les contradictions

Michel Rocard est décédé hier. Retour sur un homme plein de contradictions.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Michel Rocard By: jyc1 - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Michel Rocard, l’homme de toutes les contradictions

Publié le 3 juillet 2016
- A +

Par la rédaction de Contrepoints.

Michel Rocard By: jyc1CC BY 2.0

Michel Rocard s’est éteint hier et il laissera le souvenir d’un homme plein de contradictions, ce que soulignent bien involontairement les hommages qui lui sont rendus, aussi bien que la manière dont lui-même se définissait.

« Rêveur réaliste » pour Manuel Valls, « socialiste libéral » selon lui-même, Michel Rocard était une personnalité dont les saillies verbales resteront dans les mémoires. Mais ce sont surtout ses contradictions que nous soulignerons : instigateur du RMI et de la CSG, il estimait que le RMI serait temporaire. Quant à la CSG, elle ponctionnait les Français alors que les caisses de l’État étaient pleines et est devenue depuis le premier impôt français, devant l’impôt sur le revenu.

Michel Rocard avait tiré la sonnette d’alarme à propos de l’état catastrophique des retraites dès 1991, arguant même que la réforme de 2010 n’avait fait que donner un répit sans résoudre le problème. Mais il soutenait qu’il ne fallait pas augmenter l’âge de départ à la retraite.

Auteur de la célèbre phrase : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde »1, il était aussi un défenseur de l’Union Européenne, notamment de l’entrée de la Turquie dans l’Union.

Remplacé au poste de Premier ministre par Édith Cresson, il défendra l’idée que le Parti Socialiste devait être rénové (le fameux « big bang » du PS, autre célèbre saillie). Il soutiendra cette idée en allant jusqu’à critiquer le mouvement « Nouveau Parti Socialiste » d’Arnaud Montebourg ; très critique aussi vis-à-vis du mouvement ATTAC, il le qualifie de « monument de bêtise économique et politique ». Dans l’une de ses dernières interviews, il fustigeait la gauche française : « Dans toute l’Europe, la gauche française est celle qui a été la plus marquée par le marxisme (…) On peut admettre que la pensée politique marxiste, ou ce qu’il en reste, est rétrograde ».

Michel Rocard était un admirateur du système économique de la Yougoslavie dans les années 702, et avait pourtant impulsé dans les années 80 la traduction en français des ouvrages de… Hayek ! C’est dire à quel point l’homme était plein de contradictions.

  1. La phrase complète était : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part ».
  2. « La performance économique de la Yougoslavie autogestionnaire est en termes globaux une des plus remarquables du monde entier » écrit-il dans la préface de L’autogestion à l’épreuve, de Milojko Drulovic, en 1973.
Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • encore un géant de la politique qui disparait …dans 20 ans on dira la même chose de hollande l’inventeur de la pensée chewing-gum aprés avoir encensé le grand Charles et l’immense François…m’enfin , 2000 milliards de dettes en héritage et 10% de chômeurs et un avenir plus qu’incertain

  • Un vrai apparatchik…
    Un employé fictif de l’état est décédé.

    Ambassadeur rémunéré chargé des pingouins de l’Antarctique…
    Grabataire, malade il était encore chargé de mission et cachetonnait toujours à la gamelle du clientélisme…

    Vous croyez qu’il y a mis les pieds en Antarctique tous les mois ?
    Mais une chose est sure la gamelle tous les mois sans en exercer une seule activité pour, il l’a bien prise.

  • La (sa) célèbre « poêle à frire » est orpheline.
    Rappel : c’était sa manière d’expliquer le « Réchauffement climatique »… tout dans la nuance, comme on peut le constater. Même Nicolas Hul*** ou Marie-Ségolène Roy***, n’auraient pas osé ! (Corinne Lep***, peut être ?).
    Quant à la CSG/RDS, on est tous content qu’elle a supprimé le déficit de la Sécu… euh non ???

  • Sans prétendre connaitre dans ses tréfonds l’histoire du régime yougoslave de l’époque TITO + 1980 (*), il faut accepter la singularité positive qui caractérisa son influence dans la contrée (Balkans) en l’époque et plus largement les pressions internationales conflictuelles dont elle restait l’objet. Soit une « coalition de cultures » aussi discordantes que peuvent représenter l’U.E. actuelle !

    Vint malheureusement ensuite le choc de l’époque 80-90s des Milosevic & Co, révélatrice des dissensions cultures jamais résolues !
    Soit un présage d’analogie qui attend les apparatchiks des gauches européennes … et l’U.E. qui y emprunte largement ???

    (*) https://www.google.be/search?q=r%C3%A9gime+pauvre+en+r%C3%A9sidus&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b&gfe_rd=cr&ei=Kgl6V7DhMYGI8Qex9b7ABw#q=tito

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de l'Iref-Europe

 

Malgré les innombrables succès dont il est à l’origine (économiques, technologiques, sanitaires, etc.) depuis plus de deux siècles, le libéralisme semble être honni plus que jamais dans le monde en général, et en France en particulier.

Pourquoi ? Peut-on espérer réconcilier un jour nos concitoyens avec ce courant d’idées ?

 

Le libéralisme a toujours aussi mauvaise presse en France

Déjà malmené à la fin des années 1990 par les « anti » ou « altermondialistes », le lib... Poursuivre la lecture

Les opposants au recul de l’âge de la retraite proposée par la réforme mal ficelée portée par le gouvernement Macron ne s’embarrassent pas vraiment de nuances. Après avoir joué sur la corde du misérabilisme (les pauvres meurent avant la retraite), le complotisme (c’est Blackrock qui veut la réforme), voilà le « droit à la paresse » qui refait surface dans la comm des écolos et des radicaux.

Une jeune militante écolo l’a rappelé récemment, « on a le droit d'avoir envie de faire autre chose que travailler. »

L... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

John Maynard Keynes est un orphelin idéologique.

Il suffit de lire des passages de sa Théorie Générale, pour s’apercevoir que le grand homme, sentant que son texte renforçant les prérogatives de l’État s’éloignait grandement du libéralisme, prît soin de flatter la famille qu'il quittait autant que faire se pouvait sans trahir son propos, sans manquer d’attaquer le marxisme.

Orphelin idéologique, et mort à l’issue de la guerre, J.M. Keynes a été adopté post-mortem par les socialistes alors que lui-même s’en était explicitement dé... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles