Par Swaminathan S. Anklesaria Aiyar, depuis l’Inde.
Un article du Cato Institute

Les Dalits, nommés auparavant les Intouchables, constituent un sixième de la population de l’Inde. Ils occupaient traditionnellement le bas de la hiérarchie du système des castes, les logements les plus insalubres, s’occupaient du nettoyage des toilettes, de la crémation des morts et de la manipulation des cadavres d’animaux. Ces métiers généraient des maladies très répandues et une mortalité précoce. Toucher les Dalits était tabou pour les personnes des castes supérieures.
À l’indépendance de l’Inde, en 1947, sa constitution libérale a interdit les discriminations par castes, et a réservé des sièges aux Dalits dans les institutions politiques, les services de l’État, et certains organismes d’éducation. Ces quotas ont apporté en surface une faible visibilité des Dalits en politique et au sein de l’État. Mais la discrimination par caste est demeurée répandue et violente, particulièrement dans les campagnes.
Cependant, des changements majeurs ont été initiés par les réformes économiques de 1991, ouvrant ainsi une économie jusque-là fermée. Les Dalits sont parvenus progressivement à s’extraire de leurs métiers historiques pour en adopter de nouveaux. Une étude dans un district de l’État d’Uttar Pradesh montre qu’ils étaient plus nombreux à : posséder une maison en briques, de 38% à 94% ; être entrepreneurs, de 6% à 36,7% ; être équipés d’un téléphone portable, de 0 à un tiers. La Chambre indienne de Commerce et d’Industrie Dalit compte maintenant plus de 3000 membres millionnaires. Les serfs du passé sont aujourd’hui des patrons qui recrutent des salariés parmi les castes supérieures.
L’arrivée du marché concurrentiel, et de sa destruction créatrice, a rompu les vieux liens de caste, et facilité le transfert des Dalits vers de nouveaux métiers. Pendant des décennies, les politiques socialistes de l’Inde avaient permis d’atteindre seulement 3,5% de croissance annuelle ; des licences et permis étaient exigés pour toutes les activités marchandes. Leur attribution étant monopolisée par les élites, les Dalits en étaient exclus. Mais les réformes économiques de 1991 ont démantelé les contrôles, accélérant ainsi la croissance et la concurrence. Une compétition féroce a vite permis de convaincre que le prix proposé par un fournisseur importait davantage que son appartenance de caste. Cette compétition a permis des opportunités pour les entrepreneurs Dalits, capables de briser les monopoles traditionnels des hautes castes. La révolution Dalit en est toujours à ses balbutiements, mais elle est irréversible.
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Sur le web. Traduction : Contrepoints.
un indien dit à un autre :” ta fille va épouser ce gars ? mais il ne sont pas de la même caste ”
l’autre répond :” elle travaille pour Goldman Sachs et lui il travaille pour JP Morgan … même caste ” 🙂
Il ne leur reste plus qu’à apprendre à ne plus s’entretuer (on rappellera que l’Inde est un des pays les plus violents au monde) et à ne pas laisser les femmes se faire violer et assassiner en pleine rue….
“La caste est le centre de la démocratie indienne : sa cohésion est assurée par la violence”(Arundhati Roy).
Les castes ont encore de beaux jours devant elles, hein.
Bien avant les réformes de 1991, il y avait déjà des Dalits qui, n’attendant rien de leur statut social, avaient pu se prendre en main et parvenir à une situation matérielle quelquefois très confortable.