Par Guillaume Nicoulaud.

Contrairement à ce que semblent penser ceux qui se réclament de lui, le président de Gaulle était tout sauf un partisan des dévaluations compétitives et des politiques inflationnistes. Il les avait même en horreur. Né en 1890, il faisait partie de cette génération qui avait vu la valeur du franc — le franc-or de la belle époque — dégringoler toute leur vie et ce n’est pas sans amertume qu’il évoquait ce « vieux franc » qui ne valait plus, quand il est revenu au pouvoir, que 18 milligrammes d’or. La réalité, c’est que de Gaulle ne jurait que par un « franc lourd », une monnaie forte, et c’est dans cet esprit qu’il a créé le nouveau franc.
Les partisans d’une vision alternative de l’histoire m’opposent trois dévaluations : les deux de 1958, alors que de Gaulle vient à peine de revenir au pouvoir et celle de 1969, alors qu’il vient de le quitter. Un point historique s’impose.
D’abord, il faut se souvenir qu’on est à l’époque en pleine ère de Bretton Woods. Depuis le 20 septembre 1949, le cours officiel du franc est fixé à 1 dollar pour 350 francs mais cette parité, à cause des politiques inflationnistes menées sous la IVè (7.8% en moyenne entre 1949 et 1958), ne correspond plus et depuis longtemps à la véritable valeur du franc ; elle ne tient que grâce au contrôle des changes et interdit d’assurer la convertibilité externe du franc. C’est dans ce contexte que Charles de Gaulle arrive au pouvoir.
La première dévaluation, celle du 23 juin 1958, n’est que la légalisation de « l’opération 20% » de Félix Gaillard. Ce dernier, alors ministre des Finances, avait imaginé un système fiscal qui permettait de dévaluer le franc de fait sans le reconnaître officiellement : l’idée, très simplement, consistait à taxer les achats de dollars destinés à payer des importations de 20% — le cours officiel de 350 frs pour un dollar plus 70 frs de taxe soit 420 frs (soit une dévaluation officieuse de 16.7%) — et, symétriquement, à subventionner les exportations de 20%. Ce système a été mis en place le 10 août 1957. Le 23 juin 1958, Antoine Pinay ne fait qu’officialiser l’existant.
La seconde, celle du 27 décembre 1958, est parfaitement concomitante avec la création du nouveau franc, ce « franc lourd » auquel de Gaulle tenait tant. Pour des raisons purement techniques, il est décidé d’introduire le nouveau franc à raison d’un pour 100 anciens francs. Seulement voilà, à ce prix-là, il est impossible d’assurer la convertibilité externe du nouveau franc et donc, d’abandonner le contrôle des changes : l’ancien franc ne vaut pas 21 milligrammes d’or mais plutôt 18. Raison pour laquelle on devra procéder à une nouvelle dévaluation — 493.71 anciens francs pour un dollar (-14.9%) — qui n’est donc qu’un rattrapage de l’inflation générée au cours de la décennie précédente.
Puis, pendant toute la présidence de de Gaulle, pas la moindre dévaluation.
Ce n’est qu’après les événements de mai 1968 et la hausse des salaires qui suit les accords de Grenelle, que les « milieux d’affaire » comme on disait à l’époque vont commencer à réclamer avec de plus en plus d’insistance une nouvelle dévaluation. Très clairement, de Gaulle va s’y opposer de toutes ses forces comme en témoigne, par exemple, son discours du 11 mars 1969 dans lequel il déclare qu’il entend défendre fermement « la monnaie, l’économie et la République ». Il faudra attendre le 8 août 1969, bien après la démission de de Gaulle pour que Chaban-Delmas — qui s’était pourtant prononcé contre en 1968 — procède à cette dévaluation ; la plus contestée qu’ait connu la Vè République.
Bref, les deux dévaluations de 1958 sont des héritages des errements de la IVè République et celle de 1969 s’est faite sans de Gaulle et contre son avis. Si le Grand Charles entendait les gaullistes modernes, je crois bien qu’il aurait une furieuse envie de leur botter le train.
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Les souverainistes ont choisi cette appellation en opposition à l’Europe. Mais ils oublient que pour de Gaulle, une France souveraine est une France forte, et qui fait des efforts pour l’être. Il aurait pris l’Allemagne en exemple aujourd’hui.
L’Allemagne comme exemple, lorsque ce n’est pas la Suisse… Gardez ceci de coté : on reparle de l’Allemagne dans 10 ans.
Par précaution, sachez que je ne cautionne rien de ce qui se fasse en France depuis quelques décennies, par contre, les modèles moins pire, j’en ai un peu marre et je ne suis pas seul. Je ne suis pas Allemand ni Anglais et encore moins Suisse.
Les gaullistes actuels ont renié tout ce qui les gênait dans l’héritage gaulliste :
– l’équilibre budgétaire “la politique française ne se fait pas à la corbeille” (à la Bourse) puisque l’Etat n’a pas besoin d’emprunter.
– une économie compétitive. Comparer l niveau des charges sociales dans les années 60 avec celles des années 90 et depuis.
Dupond gnan gnan soutient même la thèse anachronique suivant laquelle la dette de l’Etat est due à la loi de 1973 régissant les rapport de la BdF avec le Trésor !
Du gaullisme ne reste aujourd’hui chez nos politiciens que la mimique de ses actes (rôle de l’Etat, rôle de la France), sans sa signification : adapter le pays au temps présent.
Dans les années 1930 le Colonel de Cavalerie de Gaulle a cherché à adapter l’Armée française à la course aux armements. Ni l’Etat-major , ni le Gouvernement d’alors ne l’ont entendu, ceci nous a coûté cher en 1936-1940.
Après la geste de la France Libre et la Libération, revenant au pouvoir en 1958, il met le pays sur la voie de la décolonisation en Algérie, puis adapte la France à l’ouverture à la concurrence économique de l’Europe des Six.
Si la France des années 1960 était un des pays les plus prospère du monde, c’était aussi parce que c’était un des pays les plus libres au plan économique. Cette liberté économique ayant beaucoup progressé dans le monde, la France a suivi mais pris du retard par rapport à ses concurrents. Par rapport à ceux-ci notre pays est devenu moins libre, donc moins prospère, puisque les frontières économiques se sont abaissées. (frontières que ces pseudo-gaullistes veulent relever ! ce qui démontre leur niveau de compréhension)
J’ai acheté un peu de $. Excellente idée… Vivement que la monnaie chinoise soit plus accessible. On fera jouer la concurrence.
Aujourd’hui, les politocards préfèrent se payer de bon mots en lieu et place d’une économie saine et forte.
Un bon Gruyère suisse que l’on transforme en gruyère français, voilà ce qu’est devenu l’économie française.
Les petites bêtes ne sont plus dans la croûte, elles ont pris du poids et boulottent audacieusement l’intérieur, le nez n’est pas le seul à s’être allongé : la queue aussi…
En effet, souvenons-nous:
De Gaulle en politique était un pragmatique .
Pour lui la monnaie n’était qu’un instrument au service de la politique d’un pays, et puisque De Gaulle n’imaginait la France que forte, il lui fallait évidemment une monnaie forte.
Il peut se trouver qu’un pays à un moment donné ait besoin de dévaluer pour se relancer, parce que la politique menée jusque là avait asphyxié l’économie et mis à mal les finances publiques. C’est ce qui se produisit en 1958.
Mais ce qui relança l’économie en 1958, c’est d’abord la confiance. Avec De Gaulle, la France se remit à espérer, car elle savait que De Gaulle la sortirait de l’ornière, à commencer par celle de la crise algérienne, dont personne auparavant ne voyait l’issue.
La monnaie repose d’abord sur un contrat de confiance, d’où procède tout le reste.
Je me souviens avoir entendu Mendès France en octobre 1968 à la Fac de Droit de Grenoble (j’y étais jeune étudiant, PMF venait d’ être battu aux législatives d’après les évènements de mai ) critiquer vertement De Gaulle (il avait été son ministre des finances dans le GPRF) dont la politique monétaire, disait-il, était dictée par l’obsession de la ‘’grandeur de la France’’.
Pour pouvoir rayonner la France de De Gaulle avait besoin d’une monnaie forte, et moi je trouvais cela très bien.
Aujourd’hui, les vrais gaullistes sont les souverainistes, car on ne peut imaginer De Gaulle renonçant à la souveraineté monétaire. Comme en 1958, une démarche gaullienne, donc pragmatique, pourrait faire passer le redressement, dans un premier temps, par une dévaluation. L’appareil économique, fortement dégradé, a besoin de retrouver de l’élan et de la compétitivité, quitte faire cela par l’outil monétaire.
Mais l’abaissement monétaire ne peut être un principe de philosophie politique et économique.
Encore moins un dogme, voire une mystique. Ce qu’est devenue la monnaie actuelle, l’euro !