La gouvernance politique et l’investissement étranger au Togo

Analyse approfondie des effets de la gouvernance politique au Togo sur le développement du secteur privé.

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Aide au développement en Afrique (Crédits : MAECD-DFATD, Jean-François Leblanc, licence CC-BY-NC-ND 2.0), via Flickr.

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La gouvernance politique et l’investissement étranger au Togo

Publié le 21 juin 2015
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Par Abdel-Hamid Biema.

Aide au développement en Afrique (Crédits : MAECD-DFATD, Jean-François Leblanc, licence CC-BY-NC-ND 2.0), via Flickr.
Aide au développement en Afrique (Crédits : MAECD-DFATD, Jean-François Leblanc, licence CC-BY-NC-ND 2.0), via Flickr.

 

À l’instar d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, à travers des mesures incitatives, des réformes institutionnelles et structurelles le Togo essaie d’offrir un cadre plus favorable aux investissements étrangers nécessaires au financement de ses programmes de développement. Outre ces mesures incitatives, la stabilité politique est un axe très important de la gouvernance et constitue un enjeu majeur du développement durable et un atout essentiel pour attirer l’investissement direct étranger (IDE).

Comment la gouvernance politique peut-elle influer et attirer significativement l’investissement étranger ?

Aperçu de la gouvernance politique au Togo

Avant 2005, pour cause de violations des droits de l’Homme par le régime Eyadema et de « déficit démocratique », bon nombre de partenaires traditionnels tels que l’Union européenne, le Fond monétaire international et la Banque mondiale suspendirent leur coopération avec le Togo (1993 à 2008). En réalité, le processus de démocratisation entamé au Togo depuis les années 1990 fut perturbé par de violentes agitations à répétition conduisant à des crises socio-politiques à différents moments de l’histoire du pays et dont la plus récente est celle de 2005. En effet, la situation socio-politique du Togo fut profondément marquée par de vives tensions et affrontements ayant par la suite conduit à la formation d’un gouvernement d’union nationale avec l’élection le 9 juin 2005 du Premier ministre Edem Kodjo pour apaiser la tension.

La recherche de paix et de stabilité via la concertation et le dialogue apparaissait donc comme un impératif pour le redressement politique et économique du pays. Un dialogue national regroupant les délégués des partis politiques s’est soldé le 20 août 2006 à Lomé par la signature d’un document appelé « accord politique global (APG) » pour mettre fin à la crise qui secouait le pays depuis près de quinze ans.

En 2012, le paysage politique a été marqué, d’une part, par la naissance le 4 avril d’une nouvelle coalition, le Collectif « sauvons le Togo », et, d’autre part, par l’auto dissolution le 14 avril du parti au pouvoir, le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), aussitôt suivies par la création de l’Union pour la République (Unir). Ce parti a obtenu la majorité absolue au Parlement après les législatives de juillet 2013, avec 62 sièges sur 91.

Évolution des flux d’investissements directs étrangers au Togo, de 2002 à 2012 

Les  Investissements Directs Étrangers (IDE) au Togo sur la période 2002 à 2012 sont caractérisés par des évolutions marquées, alternant périodes d’accélération et de contraction. On assiste à une forte baisse après la crise politique  de 2005-2006, puis à une nette remontée à compter de 2009 avec la stabilisation de la situation socio-politique et le retour des bailleurs de fonds (voir la figure ci-dessous).

Cela montre une claire corrélation entre la gouvernance politique, la stabilité  et l’investissement direct étranger. La  gouvernance politique par les réformes, a influé sur le flux des IDE, et la croissance économique du Togo.

  • Les différentes initiatives (la signature de l’APG, l’organisation des élections législatives) entreprises par le gouvernement ont contribué à renforcer la cohésion sociale et à créer un climat politique et social favorable à la mise en œuvre des politiques de développement. Les différentes réformes structurelles et institutionnelles comme la  création de la Cellule  de  concertation Gouvernement/Secteur privé, la réduction de l’impôt de 37 à 30% pour  les sociétés industrielles et de 40 à 33% pour les sociétés commerciales en 2009,  puis de 30 à 27%  pour  les sociétés industrielles, et de 33 à 30% pour les sociétés commerciales, le guichet unique, le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) et l’Office Togolais des Recettes (OTR), opérationnel depuis février 2014 sont autant d’efforts à louer dans le processus d’attraction des investisseurs. Nous pouvons noter à titre d’exemple la construction du 3éme quai et du Lomé Conteneur Terminal (LCT) du port autonome de Lomé, seul port en eau profonde de la sous-région (pouvant accueillir les navires de 3ème génération) et seul port sur la côte ouest africaine par lequel on peut atteindre plusieurs capitales en un seul jour grâce aux investissements directs étrangers des groupes comme Bolloré Africa Logistics pour ne citer que ceux-ci.

Les réformes ont permis au Togo de voir sa note s’accroître dans le classement Doing Business ces dernières années. En 2014, le Togo a été classé 149 sur 189 et a été cité comme le deuxième pays le plus performant de la zone UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest-Africain).

Pour un climat d’affaires plus performant 

  • Afin d’améliorer l’attractivité du Togo pour les investissements directs étrangers et augmenter la croissance, il faudra impérativement libéraliser le secteur de la téléphonie mobile en favorisant la concurrence afin de réduire les coûts de communication. Même si nous avons assisté ces dernières années (2010-2014) à une baisse d’environ 30% des coûts des communications, le prix à l’international (qui a le plus grand impact sur les entreprises) est élevé par rapport à d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Cette situation ne vaut pas seulement pour le trafic sortant, mais également pour le trafic entrant, où le Togo se situe parmi les pays les plus chers en Afrique. En effet, les coûts de communication internationale en heure pleine vers l’Union européenne et les pays de la CEDEAO et même vers le reste du monde pratiqués par le Togo étaient par exemple 2,7 fois plus élevés qu’au Sénégal. Pour l’accès à l’internet le coût de l’abonnement est trop prohibitif, ce qui ne favorise pas l’épanouissement des entreprises.
  • Améliorer le système judiciaire de fond en comble, lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance. Selon Transparency international le Togo occupait le 126/175 en 2014 et a chuté de trois places par rapport à 2013 ce qui voudrait dire que sur une période d’une année, la perception de la corruption dans les services publics au Togo a augmenté d’une part et le rôle de la justice dans l’équilibre des deux autres pouvoirs (législatif et exécutif) n’est pas encore perceptible malgré le Programme National de Modernisation de la Justice (PNMJ) d’autre part. Le système judiciaire présente toujours des carences et des défis liés à l’indépendance, la corruption et l’impartialité, or cette indépendance est un prérequis dans l’efficacité de la gouvernance politique comme économique pour un développement du secteur privé et l’attraction de l’investissement étranger.
  • Accroître le niveau des infrastructures et améliorer leur qualité en fournissant plus d’efforts dans le domaine de l’énergie. Améliorer l’ouverture commerciale, et surtout résoudre les revendications d’ordre social dans les différents secteurs permettront d’accroitre le flux des IDE vers le Togo.

Les réformes entreprises depuis une décennie (2005-2015) avec l’amélioration du climat des affaires ont permis d’accroître l’investissement au Togo. Bien que les flux des IDE demeurent faibles, ils ont connu un léger accroissement ces dernières années ; mais, au cours de la même période, l’extrême pauvreté a augmenté de 28.6 %  à 30.4 %. Elle est associée à une hausse des inégalités, comme l’a mesuré l’indice de Gini qui est passé de 0.361 à 0.393. Par ailleurs, la nécessité d’améliorer efficacement l’environnement global des affaires afin d’attirer davantage d’investisseurs et de poursuivre les réformes en cours devrait permettre non seulement un flux de capitaux plus stable, mais aussi apporter une meilleure expertise technologique, des emplois mieux rémunérés et de meilleures compétences professionnelles ainsi que de nouvelles opportunités d’exportation.

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