« Si c’est rond c’est point carré »

Une tribune de deux avocats candidats au Bâtonnat de Paris, Frédéric Sicard et Dominique Attias.

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« Si c’est rond c’est point carré »

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 mai 2015
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L’image de la rondeur en politique s’acoquine généralement assez mal avec celle de la rigueur. Si la rondeur de la promesse, celle des courbettes et des compromis, embarrasse parfois la discipline de parti, elle embrasse souvent trop les électeurs. Mais elle étreint mal, hélas.

Par Frédéric Sicard et Dominique Attias, candidats au Bâtonnat de Paris.

Manifestation des professions judiciaires credits ML Nguyen  (CC BY 2.0)
Manifestation des professions judiciaires credits ML Nguyen CC BY 2.0

Elle étreint mal ceux qui, à l’heure du bilan, escomptaient, par trop, le fameux « changement ». Or sur ce point précis, force est de constater que depuis bien longtemps, rien n’a changé. En 63 avant J.C., Cicéron se présente, à Rome, aux élections. Les conseils prodigués par son frère Quintus lui vaudront d’être Consul. Parmi ceux-ci, trône alors un principe-roi qui règne déjà sur la république antique : celui de la promesse politique. Curieux concept. Doux oxymore. Quintus Tullius Cicéron n’en démord pourtant pas, il faut tout promettre à tout le monde. Pourquoi ? Car les électeurs sont bien plus en colère si l’on refuse de leur promettre quelque chose que si l’on s’excuse plus tard de n’avoir pu respecter une promesse. Lorsqu’on aime l’histoire, lorsqu’on suit l’actualité, pas un jour ne passe sans que ce concept ne nous frappe par sa récurrence et par son acuité. Quand vient l’heure de briguer la magistrature suprême, quand vient l’heure d’affronter les suffrages, il est vrai que le candidat politique, éperdu d’ambition, y recourt toujours plus que de raison.

Une crise de confiance

Cicéron c’est Poincaré, c’est Mitterrand, c’est Chirac et puis les autres. Ce sont tous ceux qui, pour exister, vous font espérer, vous font voyager, sous les lambris dorés de notre Vème république, de Gaulle jusqu’en Hollande, de Mostaganem jusqu’à Fessenheim. De façon inquiétante, les manquements à leurs promesses semblent davantage faire ricaner que désoler. Ils semblent faire les choux gras d’une presse toujours plus partisane qui se gargarise à compter les points : Sarkozy n’avait-il pas promis le versement pour tous des allocations familiales dès le premier enfant ; 5% de chômeurs à la fin de son quinquennat ; une cinquième branche de la sécurité sociale pour les personnes âgées ?… Hollande ne s’était-il pas engagé à réduire le déficit public à 3% du produit intérieur brut en 2013 ; à créer des euro-obligations ; à fixer un taux d’imposition à 75% ?… Les cyniques objecteront avec Gide que « la promesse de la chenille n’engage pas le papillon ». Mais qui songe exactement au désastre démocratique susceptible de causer dans le monde politique le simple battement d’aile d’un seul de ces papillons ? La crise de confiance politique que nous vivons en est une parfaite illustration. Et il est bien difficile d’endiguer pareille contagion jusqu’au sein même de certaines professions. Car oui disons-le sans fard, la quadrature du cercle de la promesse politique n’épargne guère la chrysalide avocassière, à tout le moins à Paris où la campagne au Bâtonnat bat son plein.

Le retour de la promesse fondatrice

Pour en juger, il suffit de nous remémorer certaines de ces si belles promesses qui brillèrent surtout par leur abandon : depuis 10 ans est annoncée la mise en place d’un référendum, depuis 8 ans la généralisation du Système du RPVA, depuis 6 ans un examen national d’entrée à l’école du barreau, une école dont la durée aurait dû déjà être réduite à un an. Plus inquiétant encore est le constat suivant lequel certaines promesses non tenues le sont parce que celui qui les annonce ne dispose pas du pouvoir de les tenir. Sans prétendre à une quelconque exhaustivité en ce domaine, nous songeons à la réforme de notre régime de retraite qui évince de son bénéfice tout avocat ayant cotisé moins de 5 années, une réforme qui ne relève en rien du pouvoir du Bâtonnier de Paris mais plutôt de celui du ministère des affaires sociales. Les cyniques objecteront à nouveau qu’« on ne promet jamais que l’impossible » et qu’« à l’impossible, nul n’est tenu. » Ils tenteront ainsi, sous couvert d’inéluctabilité, de dédouaner une approche destructrice. Il en existe une autre, fondatrice. Cette campagne et la réflexion qui l’entoure sont pour nous une occasion unique de rejoindre Paul Ricoeur dans son étude de la permanence du sujet. Une permanence que seule la promesse peut garantir. Nous pensons en effet, tout comme lui, que la promesse est fondatrice de l’identité. C’est ainsi que la promesse revêt tout son sens, c’est en ce sens qu’elle mérite d’être respectée. En exposant depuis des mois notre vision, en exprimant depuis des semaines nos idées, nous formons une promesse. Celle d’un ordre véritablement au service de ses avocats qui, sans rien perdre de sa dignité, saura notamment réduire son train de vie. Une promesse que nous entendons tenir. Car nous savons qui nous sommes. Nous savons ce que nous voulons pour notre barreau. C’est un défi. Un défi que nous entendons relever.

  • Frédéric Sicard, avocat spécialisé en Droit Social et Dominique Attias, figure emblématique du Droit des Enfants, candidats au Bâtonnat de Paris, ont travaillé ensemble pendant 5 ans au sein des institutions professionnelles. En qualité de candidats, ils sont porteurs d’une ambition commune : que l’Ordre parisien soit reconnu comme une institution de services exemplaires. Un bâtonnat des libertés, telle est la vocation première de leur projet : liberté d’entreprendre, liberté de défendre, liberté d’accéder au droit… Ces libertés qui sont l’essence même de la profession.

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