1914 : la grande illusion

La France a couru derrière la paix, mais la désirait-elle vraiment ? Un nouvel essai de Georges-Henri Soutou.

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1914 : la grande illusion

Publié le 28 avril 2015
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La France a sa part de responsabilité dans le déclenchement de la guerre en 1914, et la France n’a pas su toujours défendre ses objectifs et ses intérêts, qui par ailleurs n’étaient pas toujours très clairs. Elle a couru derrière la paix, mais la désirait-elle vraiment ? La guerre fut longue, et la paix fut ratée : le traité de Versailles est un échec de la France, elle ne sut pas garantir la stabilité du continent.

Georges-Henri Soutou est un de nos meilleurs spécialistes des relations internationales, et notamment de la Première Guerre mondiale, à laquelle il a consacré sa thèse. Avec cet ouvrage, il élève réellement la réflexion intellectuelle. Finies les études sur les cas particuliers, sur les problèmes de conscience de tel ou tel soldat, sur les petites histoires et les petites affaires de la guerre. Ici, il analyse les rapports des puissances entre elles, les jeux de pouvoir diplomatiques, les volontés de puissance et les forces militaires. Cette guerre fut un conflit entre États, ayant des intérêts divergents, conduits par des hommes politiques dont les têtes et les objectifs ont évolué tout au long du conflit.

La France s’est illusionnée en pensant qu’elle pourrait établir une sphère d’influence sur le Rhin, que les traités garantiraient la paix à long terme, voire que l’unité allemande serait brisée. De tout cela, il n’en fut rien. Non seulement Paris n’a pas obtenu les buts recherchés, mais par son intransigeance et sa vision biaisée des événements, il a contribué à empêcher l’instauration d’un ordre international juste et assurant la sécurité. La France n’a pas gagné la guerre, et a en plus perdu la paix ; avec ses illusions.

Il faut saluer ce nouvel ouvrage de Georges-Henri Soutou, car parmi toute la production historique consacrée à la Grande Guerre, c’est une étude qui s’élève et qui propose une analyse percutante des événements et des imbrications internationales. On en revient aux fondamentaux de l’histoire des relations internationales et des conflits, et cela est de plus servi avec une intelligence rare des événements.


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  • Le traité de Versailles est un compromis entre alliés et n’a pas été rédigé par les français seulement…

    • chez les libéraux , la figure de clémenceau est généralement aussi haïe qu’elle est incomprise …

      quand on étudie l’histoire des années 20 et 30 , on s’aperçois , que c’est tout autant le pacifisme que le traité de versaille qui conduit à la deuxième guerre mondiale … or clémenceaux n’était pas à proprement parler un pacifiste ! et un homme politique de sa trempe a beaucoup manqué à la france des années 30 .

  • En 1916, c’est à dire en pleine guerre, la France était incapable de payer ses soldats et son armement. Elle demanda aux anglais et aux états-uniens de lui prêter de l’argent.
    J’espère que ce “détail”, qui signe la fin de la puissance française au niveau mondial, est indiqué dans le livre.

    • votre remarque me fait bien rigoler … la france a fini par gagner la guerre et donc, j’en déduis , que le demande de prêt et le prêt lui-même était bien fondé ! combien de tonne d’or la france avait-elle envoyé au USA pour gager ses emprunts ? si elle ne pouvait plus vendre la louisiane à son prêteur , elle avait en gage , des territoire immense en afrique , en amérique et en asie , que l’allemagne, elle, n’avait pas … si vous croyez qu’on gère ce genre de conflit comme une fabrique de parapluie .

      pour revenir sur le traité de versaille, il démembre l’empire autrichien , sans démembrer l’allemagne , logique de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes , toute wilsonienne . c’est évidemment la france qui devait protèger ces nouvelles nations : l’allemagne était vaincu, la russie venait de tomber sous le joug communiste, l’angleterre était une puissance maritime et pas continentale , quand aux USA , ils se dépècherent de rentrer chez eux … pourtant , le deal n’était pas si impossible que cela : quand on reprend le fil des événements entre la prise de pouvoir d’hitler et le début de la seconde guerre mondiale , la liberté qu’eurent les nazi d’attaquer tous leurs voisins tient plus de la pusillanimité de la france et aussi de la mauvaise foi de l’angleterre , que d’un réel déséquilibre des forces :
      en 36, l’armée française était bien supérieur à l’armée allemande
      en 38 , la tchécoslovaquie pouvait réellement se défendre si l’armée française avait attaqué à l’ouest
      il était parfaitement possible de constituer une coalition européenne contre l’allemagne nazi et le rapprochement franco-russe de herriot en 36 visait cet objectif , mais les polonais ( qui s’en mordrons les doigts ) refusaient tout passage de troupe russe en cas de guerre entre celle-ci et l’allemagne …
      lors de la crise de munich , la vermacht avait informé les britannique qu’en cas de conflit, elle tenterait un coup d’état contre hitler , en pure perte, puisque chemberlain signa un chèque en blanc …

      c’est sure que dans les années 30, il manqua à la tête de la france et de l’angleterre, des hommes politiques de la trempe de clémenceau , de de gaulle ou de churchill .

  • Imaginons que la position française de détruire politiquement l’Allemagne ait abouti en 1919. Retour aux états du Saint Empire.
    Une espèce de Suisse de 80 000 000 d’habitants, avec des dizaines d’états en concurrence fiscale. Imaginez la prospérité qui aurait pu émerger pour les allemands en premier et l’Europe ensuite…

    (Bon ok je n’ai pas d’invasion par l’Union Soviétique dans ce tableau idyllique.)

    • Une Confédération type Suisse telle que vous la présentez était souhaitable ! et possible jusqu’ en 1965 environ hélas les politiciens des 2 bords n’ ont pas eu la gnass pour entamer ce processus ! entamer parce que il aurait fallut 20 à 30 ans au moins pour une union , une bonne génération !

      • Le compromis du traité de Versailles sur l’Allemagne est tel qu’il est (indemnités aberrantes, pas trop de rectification de frontières, Allemagne politiquement intacte) autant de la faute des français que des autres alliés.
        Les français voulaient détruire l’Allemagne politiquement, qu’elle ne soit plus une menace simplement en n’existant plus. Les anglais ne voulaient pas laisser la France comme seule superpuissance européenne et ont empêché cette destruction politique.
        La prospérité des allemands n’était certes pas le but recherché, mais comment ne pas imaginer l’avenir de l’Europe si la vision française avait prévalu ? cf mon message précédent sur l’Allemagne comme super-Suisse.

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