Afrique : urgente nécessité de mise à niveau des ports

La vétusté des ports africains constitue un obstacle au développement du continent. Une analyse des raisons du blocage.

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Douala credits verni22lm (licence creative commons)

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Afrique : urgente nécessité de mise à niveau des ports

Publié le 5 septembre 2014
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Par Chofor Che, depuis le Cameroun.
Un article de Libre Afrique.

Douala credits verni22lm (licence creative commons)

La congestion dans les ports africains constitue un sérieux problème. La Banque mondiale reconnaît que l’Afrique sub-saharienne présente un déficit d’infrastructure grave estimé à environ 48 milliards de dollars par an, ce qui fait obstacle à la compétitivité du continent et donc à la croissance économique. À l’exception de Durban, le délai d’attente d’une cargaison (le nombre de jours qu’une cargaison passe dans les ports) est en moyenne de 20 jours dans les ports africains, contre 3 à 4 jours dans la plupart des autres ports internationaux. Aucune des tentatives antérieures pour résoudre ce problème n’a abouti.

En 2013, j’ai été invité par la Chambre de Commerce au Cameroun pour participer à une édition spéciale de La Chambre, une revue publiée par cette institution. L’un des thèmes saillants abordés dans cette 15ème édition (couvrant les mois de janvier, février et mars 2013) a été le dilemme de la congestion au port de Douala. J’ai soutenu dans mon article que la principale raison de ces retards est que certains acteurs publics et privés y trouvent leur intérêt. Les importateurs utilisent les ports pour stocker leurs marchandises. Les courtiers en douane sont peu incités à les déplacer, car ils peuvent répercuter les coûts de retard sur les importateurs. Et lorsque le marché intérieur est de type monopole, le producteur en aval a une incitation à allonger le délai de séjour de la cargaison comme un moyen de dissuader d’autres producteurs d’entrer sur ce marché.

Un autre obstacle que j’ai identifié au port de Douala, par exemple, est que la pression fiscale semble jouer un rôle dans le temps de passage des marchandises. La corrélation tend à être positive : une pression fiscale plus élevée conduit à l’augmentation du délai d’attente, à l’exception notable des produits détaxés qui ont un délai moyen relativement long malgré l’absence des taxes. Cela pourrait être lié au temps de la négociation entre le courtier en douane et l’agent de douane, une erreur de classification, ou tout simplement le temps de fournir des documents supplémentaires. Le résultat est : de longs délais, des interventions inefficaces, et des industries non compétitives à l’échelle mondiale dans les pays africains. Il semble que les arguments que j’ai avancés dans mon article soient tombés dans l’oreille d’un sourd, car au moment où j’écris ce texte, le problème de la congestion au port de Douala ainsi que plusieurs autres ports sur le continent est devenu chronique.

Dans l’éditorial d’un site kenyan, Daily Nation, le 26 août 2014, M. Danson Mungatana, président du Kenya Ports Authority appelle les pays africains à développer leurs ports. Selon lui, il est important de développer leurs ports afin qu’ils puissent bénéficier du commerce maritime mondial, qui est de plus en plus basé sur les plus gros navires. Il a ajouté que les grands postes d’amarrage sont nécessaires pour gérer les plus gros navires en cours de construction. Il appelle aussi à l’utilisation d’un maximum de la technologie et d’équipement afin de bénéficier de l’essor du commerce maritime. Selon M. Mungatana : « L’augmentation constante de la taille des navires, couplée avec des volumes de fret croissants, a mis la pression sur les infrastructures de fret et les capacités des terminaux d’accueil dans le monde entier, en particulier pour les ports africains, qui ont des contraintes de capacité et des infrastructures de transport insuffisantes ».

En effet, la question de la congestion des ports en Afrique étouffe le développement économique. Les États africains doivent repenser leur stratégie en matière de gestion. La solution pour diminuer le délai d’attente dans ces ports repose la rupture du monopole des acteurs étatiques et/ou privés. Il faut une collaboration et du dialogue entre les autorités publiques, les opérateurs logistiques, et certains expéditeurs plutôt que de se limiter au seul investissement dans les infrastructures qui bien sûr est important. Le soutien de la population aux réformes est nécessaire. Avant qu’il n’offre son soutien, le peuple doit être informé des enjeux et des défis d’autant qu’il est le plus touché par cette congestion. Ces mesures sont nécessaire à la décongestion des ports africains si le continent de veut pas rester en marge de la mondialisation.

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