L’optimisme libéral, par Bertrand Russell

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Bertrand Russell credits Aldo C. Benedetti (licence creative commons)

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L’optimisme libéral, par Bertrand Russell

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 19 août 2014
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Bertrand Russell credits Aldo C. Benedetti (licence creative commons)Bertrand Russell (1872-1970) fut à la fois un grand mathématicien et un grand logicien. Il était également libéral au sens qu’on donnait à ce mot au début du 20e siècle : les progrès de la science et la rationalisation de la politique devaient nécessairement aboutir à l’amélioration globale du bien-être de l’Humanité. Son Histoire de la philosophie occidentale témoigne de cet optimisme, qui prend sa source dans la tradition intellectuelle de la fin du Moyen âge et ne s’effacera qu’avec l’expérience traumatisante des deux guerres mondiales :

Le libéralisme primitif était optimiste, énergique et philosophique parce qu’il représentait les forces grandissantes qui paraissaient devoir être victorieuses sans grandes difficultés et apporter par leur victoire de grands bienfaits à l’Humanité. Il était opposé à tout ce qui était médiéval, en philosophie comme en politique, parce que les théories du Moyen âge avaient été utilisées pour sanctionner le pouvoir de l’Église et du roi, pour justifier la persécution et faire obstacle aux progrès de la science mais il était aussi opposé aux fanatismes, alors modernes, des calvinistes et des anabaptistes.

Il voulait la fin des luttes politiques et théologiques afin de libérer les énergies pour les entreprises plus vivantes du commerce et de la science, pour la théorie de la gravitation et la découverte de la circulation du sang. Dans tout le monde occidental, la bigoterie faisait place à la lumière, la crainte de la puissance espagnole prenait fin, toutes les classes de la société s’enrichissaient et les plus grands espoirs paraissaient devoir être sanctionnés par les esprits les plus sobres. Durant un siècle, rien ne vint obscurcir ces espoirs. Puis enfin, ils engendrèrent eux-mêmes la Révolution française qui conduisit directement à Napoléon et la Sainte Alliance. Après ces événements, le libéralisme dut reprendre des forces avant que la nouvelle vague optimiste du XIXe siècle devienne possible.

Source : Bertrand Russell, Histoire de la philosophie occidentale, Les Belles Lettres, vol. 2, p. 684 (trad. H. Kern).

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  • Misère, j’ai été voir sa fiche wikipédia point effair où il est écrit dans l’intro « Il […] défendit des idées proches du socialisme de tendance libertaire »…

    J’ai regardé dans la discussion, j’adore la tentative de récupération idéologique et la démonstration d’autoritarisme des petits ministres wikipédiens de la vérité
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Bertrand_Russell#absence_d.E2.80.99adh.C3.A9sion

    Sur wiki anglais, ça donne : « At various points in his life he considered himself a liberal, a socialist, and a pacifist, but he also admitted that he had never been any of these in any profound sense. »
    Ce qui est tout de même plus impartial…

  • quelques citations de B. Russell : http://uplib.fr/wiki/Russell

  • Cela sent le déterminisme qui mène au socialisme.

    Je lis actuellement « Knowledge and power », de George Gilder:
    En fait l’économie n’est pas déterministe, et la prospérité exige un cadre stable permettant à l’innovation de se propager (et donc à la Communauté, au sens de Bastiat, de croître).

    La théorie de l’information valide donc le principe moyenâgeux de distinction entre le spirituel et le temporel (là c’est moi qui le dis), qu’on peut aussi justifier par le principe d’incomplétude de Gödel (aucune construction logique ne peut démontrer ses propres prémisses) et le préjugé déterministe s’avère une superstition.

    Le constat empirique de la stupidité du socialisme, ou celui historique de l’incomparable prospérité de l’Occident depuis mille ans, trouve ici sa démonstration théorique.

  • Je ne suis pas un grand connaisseur des idées profondes de B. Russell, mais le peu que j’en sais me le faisait plutôt passer pour un socialiste « tendance anglaise », donc plus modéré en apparence.

    Il y a assez de grands penseurs authentiquement libéraux pour ne pas chercher à faire adhérer tout le monde au club.

    C’est assez irritant cette tendance à vouloir faire entrer les célébrités dans nos chapelles (quelles qu’elles soient) sauf bien sûr s’il s’en sont revendiqué clairement et que cela est clair. Sinon je suis sûr qu’on peut trouver quelque part des gens qui à coup de citations tronquées ou sorties de tout contexte feront de M. Rothbard un émule de Marx et Lénine. Ou soutiendront que Jésus était musulman.

    • « dans nos chapelles ». No comment.
      A part cela, vous avez totalement raison. Bertand Russell n’a rien à faire ici : ça le déshonore.

    • Je suis assez d’accord avec votre point de vue.

      Je trouve que B.Russel est très mal connu en France à tort. Il jouit aussi de l’ostracisme dont fait preuve intelligentsia française envers les penseurs anglo-saxons et états-uniens.

      Libéral au sens moderne ( libertarien par exemple ) surement pas. Mais ce qui vaut sont rejet en france c’est justement qu’il n’incarne pas une tradition Rousseauiste, contrat social et autre foutaise…

      De là a en faire un pur libéral, je ne suis pas sur de ça.

  • Les commentaires sont fermés.

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