Et si nous passions à l’ACT ?

Comment pourrions-nous aboutir à une philosophie centrée sur la libération ? Et pourquoi pas l’ACT, une nouvelle forme de thérapie pratiquée depuis une dizaine d’années aux États-Unis ?

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Médecin consultation ordonnance (Crédits : Life Mental Health, licence CC BY 2.0)

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Et si nous passions à l’ACT ?

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Publié le 7 juillet 2014
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Par Bénédicte Cart

Médecin consultation ordonnance (Crédits Life Mental Health, licence Creative Commons)Il n’est pas rare, en tant que lectrice, de trouver certains articles de Contrepoints défaitistes et tristes. La situation des libéraux semble désespérée : ils sont incompris, parfois pas écoutés et les querelles semblent régulières avec les libertariens. Mais alors que faire ?

Quand un individu perd son chemin, souffre psychiquement, vit un moment difficile, il peut se tourner vers un psychologue, censé lui apporter une écoute neutre et un cadre propice – c’est-à-dire bienveillant – pour rétablir un équilibre psychique. Oui mais alors, vers lequel des « psy » se tourner ? Et de quoi souffre la société ? Comment pourrions-nous aboutir à une philosophie centrée sur la libération ?

Et pourquoi pas l’ACT ? Une nouvelle forme de thérapie pratiquée depuis une dizaine d’années aux États-Unis, s’inscrivant dans le courant de la troisième vague des thérapies cognitives et comportementales (TCC).

Bref récapitulatif sur les TCC

En TCC, il y a un partage de la théorie avec le client. Car avoir du contrôle est un très bon modérateur du stress : cela permet de comprendre son problème. Le but de la thérapie est de désapprendre ou réduire la fréquence du comportement source de souffrance. Connaître et comprendre l’apparition de ce comportement n’est pas primordial mais la composante éducative prend de plus en plus d’importance au sein de la thérapie.

Nous apprenons de nouveaux comportements qui remplaceront en acte les anciens par de plus larges bénéfices, (vague comportementale).

On retrouve trois principes de bases :

  • Les comportements sont appris. Une pensée, une émotion, un comportement peuvent être observables. Nous apprenons les comportements adaptatifs la plupart du temps (par imitation ou conditionnement) et ils se maintiennent grâce à la présence de renforçateurs. Les schémas et comportements qui en découlent, auparavant opérants, peuvent devenir inadaptés.
  • Les TCC sont issues de la psychologie expérimentale : on quantifie, mesure et évalue. On part des travaux effectués en laboratoire et on retrouve cette démarche scientifique tout au long de la thérapie, il faut un accord entre patient et thérapeute sur le travail à effectuer.
  • Elles sont centrées sur l’ici et maintenant. Qu’est-ce qui fait que le Sujet est toujours là ? La construction passée des schémas et comportements permet de comprendre le présent, dans le but d’améliorer l’état actuel du patient.

L’évolution perpétuelle aboutit sur une troisième vague, dans les années 90, avec pour principes centraux la pleine conscience et l’acceptation. Ainsi, au lieu de lutter contre nos pensées ou sentiments de détresse, elle préconise l’acceptation neutre de tout une gamme d’expériences rencontrées.

Ce principe est issu de la philosophie ancestrale asiatique et peut être expliqué ainsi : tout élément source de plaisir temporel est aussi source de souffrance. La pleine conscience se différencie de l’auto-acception (en psychanalyse ou chez Carl Rogers) qui est l’acceptation de soi, de son passé. La pleine conscience est l’acception subjective de l’expérience présente (indépendamment de sa valeur émotionnelle).

Cette 3ème vague dépend de deux principes :

  • L’autorégulation attentionnelle : c’est-à-dire que nous décidons de fixer notre réseau attentionnel sur un stimulus et si notre attention est captée par un second stimulus (qui se trouve dans notre champ perceptif) alors nous l’engageons pour le déterminer. L’individu doit être capable de désengager son attention du « stimulus perturbateur » pour la réengager dans le premier stimulus.
  • La pleine conscience qui a pour but de modifier notre appréhension de nos émotions et cognitions. C’est l’activation sensorielle qui permet d’être pleinement connecté à l’expérience que nous sommes en train de vivre.

Cette nouvelle forme de thérapie est axée autour des schémas (structures cognitives stockées dans notre mémoire à long terme). C’est notre mémoire tant émotionnelle, comportementale que cognitive, et nos souvenirs. Ces schémas orientent la manière dont nous traitons l’information et nous guident ainsi quotidiennement.

Le travail en thérapie se concrétise par :

  • Une exposition en pleine conscience de ses émotions, c’est-à-dire être en rapport direct avec celles-ci, les accepter comme une pensée « ce qui est, est » pour s’en détacher. Le but n’est pas d’y répondre systématiquement (ne pas dramatiser une émotion mais l’accepter en tant que telle).
  • Une identification du schéma, et des hypothèses sur son histoire. La recherche d’attribution ou de causalité et d’hypothèses dans l’histoire du sujet pouvant expliquer le comportement actuel. L’objectif est aussi une distanciation de l’expérience, une évaluation des avantages/inconvénients de le conserver ou modifier.
  • Puis un jugement éclairé, c’est-à-dire la possibilité de voir différemment la situation. À cet instant, l’individu peut juger acceptable des hypothèses alternatives. Il formule un schéma plus souple et des règles de vie alternatives dans lesquels il se sent à l’aise et adaptés à sa vie.
  • Et enfin l’action juste. L’individu peut s’engager dans l’action indépendamment de ce qu’il ressent en fonction de la réalité, de ses besoins et valeurs personnelles (il est important de travailler en amont ce dernier point, pour être au plus près des valeurs de l’individu).

Cette approche est l’aboutissement des travaux pratiques et questionnements autour des thérapies cognitives et comportementales. Elle intègre l’approche analytique dans la connaissance de l’histoire de l’individu. La TCC classique remet au centre l’attention à l’expérience, son observation et description. Alors que la troisième vague ajoute la dimension émotionnelle, avec le concept de pleine conscience et l’action, car il s’agit d’agir avec conscience et de réduire « l’évitement expérientiel ». Ces deux approches sont compatibles, l’analyse cognitive en amont de l’acceptation émotionnelle et de l’action et vice versa.

Si chacun d’entre nous prenait quelques secondes pour se connecter à son expérience immédiate, celle de son environnement, agréable ou non, que se passerait-il ?

Et la France, pourquoi n’irait-elle pas consulter, il est peut-être temps d’assouplir ses schémas ? ACT ou pas Cap ?

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  • C’est peut-être intéressant…

    On dirait que ces « TCC » retrouvent des éléments de la scolastique du 13e siècle, c’est bon signe.

    En effet : les deux principes de la troisième vague semblent bien décrire ce qu’on appelle le recueillement. Quant aux 4 points du travail en thérapie, ils ressemblent fort au découpage de l’agir humain dans cette tradition philosophique.

    Ceci dit, pour évoquer ce genre de pratiques (je connais la CNV dans ce genre) mieux vaut évoquer des cas concrets que des principes théoriques à mon avis.

  • Trop compliqué, c’est bien un truc de psy ça. Une bonne discussion avec ses amis vaut mieux qu’une séance à 50 eur.

    • Non, pas forcément. Choisissez-mieux vos psys.

      • Parlons nous de thérapie, ou de bien être ?
        Parce que pour réconcilier libéraux et libertariens je penche aussi pour la discussion entre amis.
        En ce cas même un pugilat me semblerai plus constructif qu’une séance de psychoisisélabonneterminologie…

        • Ici je parle de thérapie, soit: résoudre un problème qui est source de souffrance.
          Avec les commentaires sur cet article, je me rend compte que c’est peut être moi qui est un problème d’opposition entre libéral et libertarien. En moi je ne vois aucune différence, c’est la même chose mais j’observe ici ou là des oppositions, des idées très différentes voire quasi contraires alors que cela devrait se compléter. Je vais assouplir mes schémas!

          • Remarquez, si vous avez réussi à diagnostiquer qui d’entre libéraux et libertariens est le malade, vous avez un sujet polémique pour un prochain article !

  • Je ne pense pas qu’il y ait un gouffre entre libertariens et libéraux car les libertariens savent que pour avoir le pays qu’ils souhaitent, il faut passer par l’étape libérale.

    CQFD

    Donc votre article, en commançant par un sophisme, n’est que de la pub pour le TCC.

    Ok –> [ ]

    • + 100

      Si les libéraux et les libertariens en arrivent à devoir consulter un psychologue pour pourvoir définir leur vision d’une société libre, il y a de quoi s’inquiéter…

      Personnellement, ne souffrant pas de troubles psychiatriques, je préfère consulter Milton Friedman (pour ne citer que lui) qui en donne une des meilleures définitions : « Une société dans laquelle les individus ont la liberté maximale pour poursuivre leurs objectifs personnels dans n’importe quelle direction qu’ils souhaitent, tant qu’ils n’interfèrent pas avec le droit des autres de faire la même chose. »

      Il faut reconnaître que les TCC sont un bon filon de nos jours… cela dit, libre à chacun de trouver son chemin.

    • Oui, tu as raison, c’est n’importe quoi ce truc du gouffre entre libertariens et libéraux.

      D’ailleurs pour moi c’est le même mot en fait. Je me dis « libéral » si je parle à un français ou « libertarian » si je parle à un américain.

    • PUB pour les TCC, je ne parle pas de toutes les autres formes de thérapie donc vous pouvez le comprendre comme cela, oui.

  • si on pouvait faire le décompte de toutes les pratiques sensées guérir les humains depuis 1970 qui a vu débarquer nombre de théoriciens New-âge pour la majeure partie en provenance des USA on verrait que rien n’a marché.Pour quelle raison ? c’est que la majeure partie de patients sont entrés en psychothérapie justement au moment ou ils étaient le plus affaiblis psychologiquement .Donc plus facilement manipulable par ce qu’il faut bien nommer charlatans la plupart de ces bonimenteurs et qui finalement se sont retrouvés en soins psychiatriques.Le mental de l’européen n’est pas le même que celui qui nait dans le nord du Canada et encore moins comme celui qui est né en Chine et toutes ces sciences dites transcendantales font perdre pied et tue la personnalité de base qui est personnelle et qui ne doit sous aucun prétexte servir d’appâts aux manipulateurs en tous genres pour qui le mot argent reste essentiel
    On l’a vu avec les aliments Vivez Nature soit disant excellents pour lutter contre les cancers de fait les plus accros à ce genre d’aliments ont tous développés des maux incurables et pas un n’a échappé à la chimiothérapie,faut jamais croire tout de go ce qui vient des USA et encore moins avaler toutes les couleuvres arrivées d’Orient voire d’Extrême-Orient car il suffit juste de comparer leurs modes de vie et le nôtre pour s’apercevoir que ce qui est prodigué à un Européen comme conseils venus d’autres continents la majeure partie d’entre eux seront incompatibles avec nos modes de vie
    Quand aux articles provoquant le stress il serait bon de connaitre leur origine sans doute qu’Américanisés pour beaucoup et de plus en plus stressants cherchons à qui profitera le crime plutôt que faire de la sophro ou autre menterie qui fera dépenser de l’argent mais avec résultats zéro sur le long terme et sommes dépensées inutilement
    On peut d’ailleurs se poser la question avec tout ce qui est proposé pour nous soigner comment se fait-il qu’aux USA il y ait autant de cancéreux et autant de gens atteints de graves troubles psychologiques voire de démences très souvent?

    • Je comprends votre méfiance? À l’égard de toutes les psychothérapies. Pour moi, les TCC ne modifient pas la personnalité de base comme vous dites, le but premier c’est de l’accepter et d’en prendre conscience. Si la théorie est bien partager avec le patient il y a moins de manipulation possible.
      Je ne peux répondre à votre dernière question, pleins de facteurs!

  • Les commentaires sont fermés.

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