La force cachée du Bitcoin

Le bitcoin a fait souvent la une pour diverses raisons plus ou moins anecdotiques, mais peu expliquent son intérêt profond.

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La force cachée du Bitcoin

Publié le 15 février 2014
- A +

Par Stanislas Marion.

Bitcoin (Crédits : Antanacoins, licence Creative Commons)On peut parler de Bitcoin, avec un grand B, comme Internet avec un grand I, et son potentiel faramineux d’innovation, de croissance et de création d’entreprises et d’emplois.

Qu’est-ce que Bitcoin ?

Avant tout, Bitcoin est un réseau au même titre qu’Internet est un réseau. Comme Internet, Bitcoin est l’implémentation du protocole éponyme. Ce protocole représente un grand livre de comptes sur lequel sont inscrites toutes les transactions entre les adresses Bitcoin. Une adresse Bitcoin est comme une adresse e-mail. Chacun peut en avoir autant qu’il veut. Les transactions sont effectuées en bitcoins (avec un petit b), l’unité de compte du protocole. Il est impossible (ou du moins le coût en est prohibitif) de contrefaire une transaction. Le protocole Bitcoin permet donc de savoir exactement quelle somme appartient à chaque adresse, à une date donnée, et de transacter d’une adresse à l’autre, tout cela de manière infaillible.

Quel intérêt par rapport à un réseau comme Paypal me rétorquerez-vous ? Et pourquoi tant d’engouement ? C’est ce que je me propose d’expliquer ci-après.

Internet et les téléphones

En 1995 peu imaginaient que la grande majorité de leurs communications passerait un jour par Internet. Et en 2014, peu envisagent que la vaste majorité de leurs transactions et de leurs services financiers passeront un jour par le réseau Bitcoin. Et pourtant la comparaison est pertinente. Mais qu’est-ce qu’Internet au fond et qu’est-ce qui le différencie d’autres réseaux de communication comme le téléphone ? Pourquoi les appels vidéo sont-ils d’abord apparus sur Internet et pas sur les téléphones ?

Internet est un réseau qui comporte deux propriétés essentielles : c’est un réseau naïf et un réseau décentralisé. Un réseau naïf signifie que le réseau se moque de savoir ce qu’il transporte. Exactement comme les conteneurs ne se préoccupent pas de savoir s’ils transportent des meubles, des vêtements ou des potirons. Ce qui importe, c’est que la marchandise arrive en temps et en heure à l’endroit voulu. Internet est pareil : sa seule prérogative est de transporter des données d’une machine à une autre en un temps le plus court possible. Que ces données soient du texte, une image, de l’audio, de la vidéo, peu importe. Le rôle de savoir ce que sont ces données et ce qu’il faut en faire est relégué aux bords du réseau : ce sont les navigateurs web, les boîtes mail, et autres applications qui déterminent l’usage de ces données. La couche de transport est indépendante de la couche applicative. Il n’est pas nécessaire de modifier le fonctionnement ou l’infrastructure du réseau pour créer une nouvelle application sur Internet et la commercialiser.

Un réseau décentralisé n’est pas contrôlé par une autorité centrale. Il est possible pour deux participants de communiquer directement sans intermédiaire de confiance. Une telle architecture permet donc à n’importe quel noeud du réseau de créer une nouvelle application qui utilise le réseau, sans être inquiété par une interdiction potentielle de l’autorité qui contrôlerait le réseau.

Sans autorité il n’y a pas d’autorisation à obtenir ni de censure potentielle. En revanche si l’on crée une application sur Facebook, ou sur PayPal, on doit respecter leurs termes, et on risque même qu’ils les modifient a posteriori pour interdire l’application si elle apparaît comme un danger (stratégique ou financier) au réseau central. C’est pour cette raison qu’Internet a donné vie à de nombreuses applications prospères qui sont devenues des mastodontes (Google, Facebook, Twitter, LinkedIn, Ebay), tandis que les applications construites sur ces plateformes sont souvent rachetées ou tuées avant qu’elles ne grossissent trop.

La combinaison de ces deux propriétés (naïveté et décentralisation) est cruciale. Elle laisse libre cours à la créativité et démocratise la création. Tout le monde peut créer et innover, au lieu d’un petit nombre de gens lorsque le réseau est contrôlé par une autorité centrale.

Comparons maintenant aux réseaux de téléphonie mobile propriétaires qui ne sont ni naïfs ni décentralisés. À chaque fois que l’on veut propager une innovation sur ces réseaux, toute l’infrastructure doit être mise à jour. Passer du GPRS à l’EDGE, puis à la 3G, et maintenant à la 4G est lent et coûteux pour les opérateurs. La couche de transport n’est pas indépendante de la couche applicative : le réseau n’est pas naïf. D’autre part, seuls les opérateurs sont à même d’innover ou d’accepter une proposition d’innovation car ce sont des réseaux propriétaires donc centralisés. Si quelqu’un veut construire par-dessus, il doit d’abord obtenir la permission. Voilà donc brièvement pourquoi Internet a révolutionné nos vies bien plus en profondeur que la téléphonie.

Bitcoin et les services financiers actuels

Revenons donc à nos bitcoins. Bitcoin est un réseau naïf et décentralisé, tout comme Internet. Seulement au lieu de faciliter la communication numérique, Bitcoin facilite la transaction numérique.

Bitcoin est décentralisé. Personne ne contrôle Bitcoin. Personne ne peut vous dire que votre application ne respecte pas les termes et conditions de Bitcoin et vous obliger à fermer votre application et arrêter votre service.

L’absence d’autorité centrale du réseau Bitcoin est capitale : cela signifie qu’il est désormais possible de « transacter » sans intermédiaire de confiance. On peut donc réinventer tous les services financiers qui jusqu’à présent ne pouvaient exister qu’en payant très cher un intermédiaire de confiance. Virements, paiements, assurances, paris, contrats, bourses, etc. On peut tout refaire. Et cela ne s’arrête pas là.

Bitcoin est en effet naïf : Bitcoin ne s’intéresse pas à la valeur de la transaction ou à la finalité de la transaction. Il s’occupe juste de transférer un certain nombre de bitcoins d’une adresse Bitcoin à une autre, tout comme Internet transporte des données d’une adresse IP (Internet Protocol) à une autre.

De cette façon, l’innovation dans les services financiers est repoussée aux bords du réseau au lieu d’être concentrée entre les mains d’un petit nombre. La créativité du plus grand nombre est libre de s’exprimer. Tout comme n’importe qui pouvait lancer un service d’email, un réseau social ou un moteur de recherche sur Internet, sur Bitcoin n’importe qui peut lancer une assurance, un service de notariat, un service d’arbitrage de contrats, une bourse, un instrument financier.

Comparons cela aux réseaux centralisés existant que sont SWIFT, ACH et SEPA qui peinent à envoyer de l’argent d’un point A à un point B sur la planète en moins de quelques jours et avec les limitations et les coûts que l’on connait. L’autre grande innovation visible des clients des banques semble être la customisation du design de sa carte bancaire. En attendant on se balade toujours avec des bouts de métal et de papier dans les poches, comme il ya 2000 ans. Quelle alternative vous anime le plus ? Cela fait cinquante ans que l’innovation des services financiers est au point mort. Plus maintenant, grâce à Bitcoin.

Le futur

Bitcoin a le même potentiel d’innovation qu’Internet il y a vingt ans. C’est un moment passionnant pour le monde. De la même façon qu’Internet, Bitcoin va apporter beaucoup de bonnes choses. Les premières étant des coûts de transactions presque nuls, quels que soient le montant ou les parties prenantes à la transaction.

Envoyer de l’argent gagné dans un pays développé à sa famille qui vit dans un pays en voie de développement n’aura plus un coût usurier. Vendre un article de journal sur Internet pour quelques centimes devient possible. Dans mon prochain article, je détaillerai certains services d’assurances, de contrats et de propriétés intelligents qui peuvent être développés sur Bitcoin et qui n’auraient jamais été possibles avec des tulipes.


Sur le web

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  • Article à faire circuler,évidemment.
    A comparer avec le rapport Théry datant de 1994 qui ne voyait aucun avenir commercial d’Internet par rapport au Minitel.

  • Essayez d’élargir votre réflexion et sortir de ce carcan technophile.

    Car le Bitcoin, comme « monnaie », est avant tout politique.

    Il suffit de regarder la formidable répression (depuis quelques mois) qui se déroule au niveau mondial.

    Une campagne rondement menée :

    -D’abord on en parle dans les médias (2013)

    -dans le même temps, on pousse la volatilité (les cours devenant délirant, avec des mouvements monstrueux). C’est pour secouer les mains faibles et leur faire comprendre que le Bitcoin est… dangereux.

    -ensuite on tape là où ça fait mal : les plateformes d’échange

    -ensuite, on multiplie même les actions criminelles (hacking, attaques DOS etc.)

    … Le Bitcoin est mort.

    Car il est politique.

    En touchant à la « monnaie », et malgré vos étoiles dans vos yeux d’enfants, la fascination technologique, et la fascination intellectuelle… vous avez osé toucher au Veau d’or Ultime, le coeur ontologique du pouvoir.

    Portant ainsi un coup ouvert, direct à la Mafia

    Celle-ci donc ne reculera devant AUCUNE méthode, la légalité devant un vague hochet verbal pour amuser les mamies, afin de détruire ces systèmes, de les tuer littéralement.

    Je l’avais déjà écrit ici il y a quelques mois.

    C’est aujourd’hui une évidence.

    Vous êtes naïfs.

    • A la limite,peu importe que les étatistes gagnent.Le Bitcoin les emmerde,et c’est toujours ça de pris.

      • Bien sûr. Moi aussi, je supporte le Bitcoin, et plus largement tout ce qui « emmerde » l’état, les mafieux…. TOUT est bon à prendre.
        😉

        Mais j’essaye simplement de ne pas prendre mes désirs pour des réalités et de comprendre la nature profondément mafieuse mais surtout profondément violente du Système.

        La répression en cours (qui ne fait que commencer), qui est globale (USA, Chine, Russie, l’Europe est toujours plus lente)… est la preuve.

        Ils ne reculeront devant rien.

        Ce facteur est systématiquement ignoré par ceux que j’appelle les « libéraux de salon ».

        Ce facteur (l’usage de la violence, sans limite) donne une grille de lecture à de nombreux problèmes politiques et économiques.

        Mais surtout appliqué à la « monnaie », qui est répétons-le le coeur du pouvoir.

        Cela permet de comprendre que les « gentilles » banques centrales par exemple (qui ont achevé / mené un véritable coup d’état depuis 2008) ne jouent pas, et joueront de moins en moins selon les « règles », la politesse, la bienséance et le… droit.

        FED, BCE, BOJ, BOE sont la face apparente du Système. Ils se cachent de moins en moins.

        Et continuer de penser que Monsieur Draghi et ses complices quitteront la table, bien poliment, un jour en reconnaissant un échec et mat (en raison par exemple d’une hausse des taux sur les dettes souveraines)… est une erreur.

        Mais je disgresse.

        Donc pour résumer : le Bitcoin est fascinant, mais n’ignorez pas le fait qu’il sera détruit, explosé façon puzzle, car sa nature, profondément politique et disruptive, est tout simplement intolérable pour le Système qui s’appuie sur la « monnaie ».

        • Il sont même pas foutus d’empêcher le trafic de drogue, alors le bitcoin…

        • @Christophe : Je comprend tout à fait votre point de vue car comme vous le dites très bien, la monnaie est le Veau d’Or ultime.

          Cependant, je crois à ce protocole et suis convaincu que les acteurs du bitcoin sont assez compétents pour gagner ou en tout cas ouvrir une brèche importante.

          La mafia étatique fait dans sont froc et cela aura au moins le mérite de faire ouvrir les yeux à certains sur le rôle fondamental de la monnaie.

    • Bitcoin,n’est pas politique,c’est pourquoi elle gene les politiques qui tente de creer la panique ou de l’interdire,comme les cours de l’or sont manipules…

  • Si nous étions taquins, au vu de la chute de plus des trois quarts de la valeur du bitcoin entre ses cours extrêmes en moins de 3 mois (une panique d’une rapidité et d’une intensité inédites pour une monnaie), on pourrait dire qu’il n’y a pas que le réseau bitcoin à devoir être qualifié de naïf. On attend les premières plaintes pour tromperie, mais les enquêtes seront difficiles car l’émetteur du bitcoin demeure opportunément dissimulé.

    Mais nous ne sommes pas taquins, alors on ne le dira pas.

    • Tout le monde sait que le marché du bitcoin est ultra-volatil, croyez-vous réinventer la poudre?

      « une panique d’une rapidité et d’une intensité inédites pour une monnaie »

      Vous voulez qu’on reparle du Mark sous Weimar?

      Le marché du bitcoin à des propriétés qui sont connues, entre autre une grande volatilité. Si vous ne voulez pas vous exposer à celle-ci, libre à vous d’acheter autre chose. Mais il n’y a pas eu tromperie. Les créateurs de bitcoins n’ont jamais promis de profits à qui que ce soit, juste une monnaie.

      Perso, j’envisage très sérieusement d’acheter des bitcoins au cours des prochains jours, et je sais pertinemment, comme tout le monde, quels sont les risques, bien plus qu’avec n’importe quelle autre monnaie.

      • « Tout le monde sait que le marché du bitcoin est ultra-volatil » : mais oui !

        Le fameux total de 21 millions de bitcoins, la monnaie structurellement déflationniste qui conserve la valeur, la production décentralisée et toussa, c’était la promesse de l’ultra-volatilité ? Après le déni, on relativise le phénomène. Demain, on expliquera gentiment mais fermement au pigeon que c’est entièrement de sa faute s’il s’est fait avoir.

        Tout ceci est tellement prévisible !

        • Vous avez bien compris ce qui provoque le crash actuel (auquel d’ailleurs sont moins soumises les autres bourses d’échange) ? Le déni de quoi ? Comment pouvez affirmer que c’est prévisible ?

          • Ce n’est pas tant la volatilité record du bitcoin que l’argumentation destinée à relativiser cette volatilité qui est banale, déjà entendue 1000 fois.

            • Vous posez la même question 1000 fois et vous voudriez des réponses différentes? Amusant.

            • La volatilité du bitcoin est la conséquence de l’impossibilité actuelle d’effectuer des arbitrages. Cette impossibilité devrait se réduire si et quand les plates-formes d’échange fonctionneront normalement. Toute valeur qui ne peut être arbitrée, faute de places, volumes, contreparties, liberté de transaction, est volatile. Prenez un penny stock, prenez une valeur dont les échanges sont fortement taxés, prenez un truc à faibles volumes, c’est volatile, tout le monde sait pourquoi, et ça ne veut rien dire d’autre que le fait que c’est un penny stock, que les volumes sont faibles, ou les échanges fortement taxés. Pourquoi vouloir à tout prix en déduire autre chose, qu’on nous cacherait et à vous aussi, mais vous seriez seul à savoir qu’on nous cache quelque chose ?

            • « La volatilité du bitcoin est la conséquence de l’impossibilité actuelle d’effectuer des arbitrages. » Ah bon ? … Ok !

              « Pourquoi vouloir à tout prix en déduire autre chose » : mais qui, ici, déduit quoi que ce soit ? Nous nous sommes contentés de constater ensemble l’évolution du cours, ni plus ni moins, soit de 1241$ à 302$ en moins de trois mois, ce qui est une performance remarquable pour une monnaie.

            • Mais c’est normal. Comme dans n’importe quel marché, les BC sont accumulés au prix de gros et revendu au détail jusqu’au climax par les traders avisés. Puis on repart pour un cycle. C’est même une réaction plutôt saine qui m’ont que c’est un marché comme un autre.

            • Pas « qui m’ont » mais « qui montre »

        • « Le fameux total de 21 millions de bitcoins, la monnaie structurellement déflationniste qui conserve la valeur, la production décentralisée et toussa, c’était la promesse de l’ultra-volatilité ? »

          Dans un second temps, seulement. Tout cela était connu, y compris le processus de création monétaire. Bitcoin est soumis aux lois de l’offre et de la demande comme n’importe quel autre actif financier.

      • « Vous voulez qu’on reparle du Mark sous Weimar » : oui, je veux bien. La chute du mark a demandé 3 ans, pas 3 mois. indubitablement, le bitcoin innove.

        • Le bitcoin s’est crashé ? Où ça ? Il tourne toujours à 475€ chez BTC-E.
          Maintenant, c’est un actif financier comme un autre, quoique technologiquement nouveau, et donc contient des risques et des inconnues, que ce soient les diverses failles, faiblesses technologiques ou encore la réaction des gouvernements.
          Pourquoi ce dénigrement ?

        • N’importe quoi. Le cours du dollar en mark augmentait d’un ordre de grandeur en moins de 20 jours. Si vous n’êtes pas à l’aise avec les maths, c’est beaucoup plus qu’une perte de 3/4 de valeur en 3 mois.

  • Pourquoi on trouve des distributeurs de Bitcoin en Suisse, aux USA, en Chine, au Canada… et pas en France?

    • La seule bourse d’échange française (Bitcoin Central) n’est même pas présente sur les principaux sites de suivi du cours, est-ce un début d’explication ?

  • L’aspect le plus intéressant du Bitcoin pour un français, c’est aussi son statut juridique.

    Clairement le Bitcoin n’est pas une monnaie numérique, c’est une monnaie virtuelle. Et en tant que monnaie virtuelle, ça n’est rien de plus qu’un logiciel du point de vue juridique.

    Imaginez le potentiel: pas de réglementation bancaire, pas de réglementation monétaire…

  • D’accord avec Stanislas Marion : bitcoin doit être analysé d’abord comme un réseau de paiement avant d’être une monnaie. D’accord aussi sur son énorme potentiel : d’un côté devenir un registre infalsifiable pour toutes sortes d’évènements, financiers ou non, et d’autre part être extensible à de nombreuses autres applications et services financiers.
    Par exemple, dans le système bitcoin, les banques de dépôt disparaissent puisqu’il n’y a plus rien à déposer, et avec elles leur rôle de création de monnaie via le crédit avec réserves fractionnaires. Une sacrée révolution si bitcoin venait à se généraliser…

    D’un autre côté, le volume des transactions sur bitcoin est encore infime par rapport aux autres systèmes de paiement, et le système présente par sa nature même des problèmes techniques sérieux de « scalability » (croissance en volume).
    Et comme le dit christophe, il faut s’attendre à de violentes réactions des Etats au fur et à mesure qu’ils comprendront la nature de la menace.
    A mon avis, en effet jamais bitcoin ne remplacera les autres monnaies. J’espère que les jeux ne sont pas faits et que bitcoin et ses successeurs survivront et tiendront une place croissante, ce qui instaurera un bienheureux régime de concurrence entre monnaies. mais je comprends les pessimistes.

    En revanche, je ne comprends pas du tout Cavaignac.

    Regardez bien la courbe du cours du bitcoin depuis novembre 2013 : elle est homothétique à celle de mars à mai 2013, mais entre 200 et 600$ en passant par 1200, au lieu de 40 à 150 en passant par 300. Déjà en mai 2013 le bitcoin avait perdu la moitié de sa valeur (et non les trois quarts) par rapport à son cours maximum d’avril , ce qui ne l’a pas empêché de remonter à 200 $ six mois plus tard, avant sa bulle de janvier, pour probablement se stabiliser maintenant à un nouveau palier autour de 600$, en attendant la prochaine bulle

    Pareil pour son obsession sur « l’émetteur du bitcoin ». Il n’est pas le moins du monde caché, au contraire il est en pleine lumière ; mais ce n’est pas une personne, c’est le code informatique.

    • J’utilise ceci pour suivre le cours du bitcoin : http://fr.investing.com/currencies/btc-usd. Mais peut-être la source est inexacte ? Auquel cas, je suis preneur d’un lien plus fiable.

      Quant à « l’émetteur » du bitcoin, pas le code mais bien le ou les gus en chair et en os, nous en avons déjà débattu. Une émission purement décentralisé est impossible : il existe nécessairement un lieu de centralisation pour uniformiser le code, sinon chaque nouvelle émission fondée sur un code différent produira une autre version du bitcoin, indépendante de la première. La question est simple : qui possède ce lieu de centralisation ?

      D’un autre côté, si le bitcoin était miraculeusement indépendant de son créateur, pourquoi se cache-t-il puisque plus personne ne peut interrompre le processus ? A la rigueur, une explication simple et rationnelle (menaces de certains gouvernements qui n’aiment pas la concurrence…) suffirait à justifier cette attitude. Pour un utilisateur potentiel du bitcoin subissant les fluctuations des cours, je ne vois pas en quoi la question serait illégitime.

      Pour ce même utilisateur du bitcoin, une autre question se pose. Si vous achetez une voiture et que ses freins ne fonctionnent pas, vous savez contre quel constructeur vous pouvez vous retourner. Si le bitcoin ne fonctionne pas conformément à ses promesses, à qui pourrez-vous demander réparation ?

      Pour terminer, penser, à juste titre, que l’interventionnisme étatique est néfaste ne permet pas de conclure que tout ce qui existe hors de l’Etat est nécessairement bon. Tout au plus s’agit-il d’un commencement de preuve et c’est en cela que le bitcoin est intéressant. Mais on ne peut aller au delà car démontrer que les monnaies monopoles des Etats obèses sont des arnaques ne prouve pas que le bitcoin n’en est pas une également. En outre, comme le prévoit Christophe plus haut, les étatistes monopoleurs vont très certainement profiter du bitcoin pour saper l’idée de concurrence monétaire et prolonger ainsi leur monopole. Pour les défenseurs de la véritable concurrence monétaire, c’est-à-dire une concurrence institutionnalisée, reconnue et acceptée par tous, imposée aux banques pour éviter qu’elles profitent de la solidarité forcée induite par le monopole monétaire, le bitcoin paraît plus un problème qu’une solution.

      • La référence est http://bitcoincharts.com/.

        L’émission de btc est un automatisme programmé et peu importe ce qu’est devenu son auteur. Il est toujours possible de proposer un mécanisme différent, mais la structure même du système (c’est-à-dire les protocoles de construction du registre central – la « blockchain ») en fait une monnaie différente qui entre en concurrence avec le btc proprement dit. Ça a d’ailleurs déjà été fait plusieurs fois sans entamer la domination du btc parmi les « crypto-monnaies ».

      • —————-
        Cavaignac : Une émission purement décentralisé est impossible : il existe nécessairement un lieu de centralisation pour uniformiser le code, sinon chaque nouvelle émission fondée sur un code différent produira une autre version du bitcoin, indépendante de la première…
        —————-

        Vous avez tout à fait raison… sauf que le code source du Bitcoin est disponible sur Git-Hub, les correctifs proposés et testés, puis après une version « RC » (Release Candidate) finissent en version stable pour être enfin accessible au public. Je peux vous assurer que dans les forums techniques animés par des centaines de développeurs, la moindre modification, même mineure, peut se finir par des discussions sans fin… un peu comme ici d’ailleurs 😉

        https://en.bitcoin.it/wiki/Development_process

        Donc si un changement majeur se produit, non désiré par les acteurs du bitcoins et imposé par les développeurs, un « fork » de la blockchain va être provoqué… Et cette nouvelle « branche », appuyée sur des règles imposées, va être ignorée par le réseau comme si elle n’existait pas, se développant sur un « mutant » du bitcoin qui n’est reconnu par personne. A ne pas confondre avec les autres crypto-monnaies (Litecoin, Dogecoin, etc.) qui reposent sur le même code que Bitcoin mais avec une blockchain spécifique, reconnue par les utilisateurs du réseau.

        Je rappelle que la blockchain se comporte comme un « ledger », un grand livre comptable de l’ensemble des transactions depuis l’origine (2009).

        —————-
        Cavaignac : La question est simple : qui possède ce lieu de centralisation ?
        —————-

        Il est ici :
        https://blockchain.info/fr/nodes-globe?series=48hrs

        Vous noterez que ce nombre de noeuds varie car il correspond aux « processeurs de paiement » actifs du réseau, les fameux « mineurs »… et donc derrière chacun de ces noeuds il y a des machines qui valident les transactions.

        Alors effectivement c’est très centralisé, mais sur la planète Terre… 😉

        • Petite inexactitude : le globe vers lequel pointe le lien montre les noeuds du réseau qui ont été vus en action dans les dernières 48 heures. Ce sont ceux qui tiennent à jour une blockchain complète, par opposition à ceux (non montrés) qui utilisent un protocole SPV (simple payment verification).
          Pour voir les « mineurs » actifs, beaucoup poins nombreux, il faut cliquer sur « mineurs » en haut à droite.

  • «[…]transacter d’une adresse à l’autre[…]». Ouch! TRANSIGER d’un adresse à l’autre.

  • Je veux acheter 10000 euros de bitcoins.
    Qui échange l’argent, qui ramasse mes euros ?

  • Contrairement a Christophe le pesismiste-réaliste, moi je crois en l’experience Btc qui est la première remise en question du système monnaire depuis la renaissance et la preuve (comme wikipedia , fondé par un objectiviste l’a été ) qu’on a pas besoin des états et des banques centrales.

    De mon coté, je suis prete a mettre mes compétence de graphiste / DA / mineur a disposition de Stanislas si il le souhaite (contacté contrepoint pour avoir mon mail ). L’etat compte sur notre pessimisme et notre inertie (a leur image) , faisons les mentir ; )

    • En effet, les états croient qu’ils leur faut discréditer le bitcoin auprès du public, et pendant qu’ils s’activent, le réseau croit et va sous peu s’intéresser à tout un tas d’autres applications que monétaires. Ca n’est pas le public qui empêchera les nouveaux paradigmes de s’implanter, les états prendront ses réticences pour leur victoire, jusqu’au jour où il sera trop tard.

      • Il existe déjà un service notarial qui permet de conserver dans la blockchain la preuve de propriété, d’antériorité et d’intégrité d’un document.

        http://www.proofofexistence.com

        Maintenant, avant que cette « preuve » soit reconnue devant une autorité judiciaire quelconque il risque de se passer un certain temps 😉

        Une fois de plus l’aphorisme : « Avant la loi était le code, maintenant le code est devenu la loi » se vérifie.

        Il est probable que les mathématiciens à la base de la cryptographie moderne (clé publique / clé privée) n’aient pas du tout envisagé de telles applications, les états encore moins !

        • Quand les policiers ont appâté un trafiquant de drogue avec des bitcoins, ils ont ensuite fait valoir qu’il ne pouvait pas nier les avoir reçus, puisque la transaction était enregistrée dans le système. La validité devant les tribunaux pourrait être plus proche qu’on ne le croit.

  • On nous habitue à la future monnaie virtuelle mondiale reposant sur rien, jouez, ce n’est qu’un jeu ……………… pour l’instant.

    • Au contraire, la monnaie repose depuis longtemps sur la confiance plutôt que sur la vérité des contre-valeurs comme dans l’Antiquité. On est en train de formaliser ce que peut être la confiance.

  • La farce cachée du Bitcoin…

    Tient, une citation pour vous : « L’or est le Bitcoin de la Nature ».

  • Le BTC sera intéressant pour la finance quand son taux de change BTC/USD s’approchera de 1$.
    Le système est effectivement novateur, riche de perspectives dans sa partie système de paiement.
    Et c’est très important.
    Mais l’intermédiation actuelle du BTC est une catastrophe.
    En monnaie et finance, l’intermédiation est le coeur du système. Elle assure la liquidité, c’est à dire l’abondance et la stabilité. On peut d’ailleurs affirmer que l’intermédiation est le coeur du système monétaire mondial.
    Quand le taux de change BTC/USD sera stabilisé autour de sa valeur intrinsèque (celle suffisante à sa commercialisation), tous les produits pourront être libellés en BTC sans risque de change. Ce sera alors le départ de l’essor mondial du BTC.

  • Les commentaires sont fermés.

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