Se rendre dans les gares

Des efforts colossaux sont déployés pour rendre les gares inaccessibles.

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Garde du Nord à Paris (Crédits Grégory Bastien, licence Creative Commons)

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Se rendre dans les gares

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 janvier 2014
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Par Jean-Baptiste Noé.

gare

La géographie urbaine et l’aménagement des villes se caractérisent depuis une décennie par la réalisation d’efforts colossaux pour rendre les gares inaccessibles. Alors qu’il était autrefois assez facile de se rendre dans une gare, grâce aux panneaux indicatifs clairs, aux grands axes qui y menaient, aux aires de dépose à proximité des portes d’entrée, nombreuses sont les mairies qui ont engagé des travaux coûteux pour empêcher l’accès aux gares. L’objectif est de compliquer la vie des automobilistes, voire de rendre impossible l’accès aux trains par les voitures. Visiblement, il ne vient pas à l’esprit de ces édiles que l’on puisse ne pas habiter à côté de la gare et que l’on ait besoin de s’y rendre en voiture. Il ne semble pas non plus évoquée l’idée que l’on puisse prendre le train avec des bagages, parfois volumineux, ou bien que l’on vienne chercher des personnes dont la mobilité est limitée, souvent à cause de l’âge. Si les gares sont désormais équipées en rampe d’accès et en ascenseurs pour les chariots roulants, en revanche, ledit chariot ne pourra jamais accéder à la gare, car les voitures ne peuvent pas s’en approcher.

Le nec plus ultra de ces efforts pour chasser les voyageurs des gares est atteint à Paris. Atteindre une gare en voiture relève du défi d’Hercule. Les voies alentours ont été réduites, ce qui engendre des bouchons, nombreuses sont les rues qui ont été placées à sens unique, afin de compliquer la circulation et de sanctionner lourdement toute erreur d’orientation, les déposes rapides ont soit disparu, soit été rendues inaccessibles. Il faut rejoindre les gares en métro, il est vrai assez bien reliées aux transports en commun. À condition d’habiter à Paris, ce qui n’est pas le cas des 10 millions de Franciliens qui peuvent, malgré tout, avoir besoin d’emprunter une gare parisienne pour se rendre à Londres, Lille, Lyon ou Marseille. De toute façon, il est impossible de se mouvoir en valise dans les couloirs du métro : les escaliers sont si nombreux qu’il faut sans cesse les porter, ce qui est très éreintant pour quiconque n’est pas un sportif de haut niveau. Essayez donc de vous rendre à la montagne en allant à la gare en métro : vous aurez beaucoup de mal avec votre valise et vos skis.

Ce qui est valable à Paris se retrouve en province. La mode des tramways, coûteux, souvent inefficaces, voire inutiles, fait que les gares ont été enserrées dans les voies de tram, ce qui complique fortement l’accès des passagers. Le train est fait pour des voyageurs d’un jour, qui n’ont qu’une sacoche ou un sac léger à transporter. D’autant que la liaison ne se fait que de gare à gare, et qu’il faut ensuite se rendre sur un autre lieu. À ces difficultés d’accès aux gares, le voyage devient compliqué par l’ergonomie des rames. Le jour des grands départs en vacances, les places disponibles pour mettre les valises sont presque inexistantes. Le train, cette belle invention, est rendu compliqué dans son usage par des problèmes d’ergonomie et de gestion des passagers.

Je ne m’explique pas non plus les difficultés du transport de voiture en train. Lorsque l’on utilise le tunnel sous la Manche, il est facile de se présenter avec sa voiture à l’entrée du tunnel, d’y monter, et d’attendre la fin du voyage. La voiture est ainsi disponible à l’arrivée, avec la possibilité de l’utiliser pendant le séjour. Pourquoi ce qui est si facile pour aller en Angleterre, est-il si difficile sur les lignes intérieures ? Pour transporter sa voiture, il faut la déposer la veille, souvent dans une autre gare que la gare des passagers. Il faut ensuite venir la récupérer, ce qui suppose d’avoir un autre véhicule sur place pour aller à la gare. Le développement du train routier serait pourtant une piste intéressante d’amélioration des transports : cela permet d’avoir une voiture sur son lieu de villégiature, tout en évitant les longues heures d’autoroute, parfois fatigantes. À avoir privilégié le TGV et le transport de passagers, la SNCF semble ne pas avoir envisagé d’autres modes de transport avec le train.


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  • Bonjour
    La solution le scooter.
    Il faut suivre l’exemple de not’president normal.

  • Pour ce qui est de la question : « Pourquoi ce qui est si facile pour aller en Angleterre, est-il si difficile sur les lignes intérieures ? « , c’est un problème de gabarit. http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabarit_ferroviaire

    Les infrastructures ferroviaires, dont un grand nombre de tunnels et de ponts datant d’il y a un siècle ou plus, ont hauteur et une largeur assez limitée (plus encore en France qu’en Allemagne, l’ICE allemand ne pouvant emprunter toutes les voies françaises). Il faut donc des wagons des taille plutôt réduites pour un chargement de voitures sur le train, ce qui prends beaucoup de temps (et nécessite du personnel, c’était un de mes jobs d’été quand j’étais étudiant).

    A l’inverse, le tunnel sous la Manche a été construit avec un gabarit permettant d’utiliser des wagons plus grand, et donc, dont le chargement de la voiture est facile.

    Voilà pour le problème technique, qui mène au problème politique suivant : « Faut-il agrandir le gabarit des chemins de fer français pour faciliter le feroutage ? ». La réponse revient à débattre du financement, ce qui dans une optique libérale risque de mener à un débat sur la privatisation du chemin de fer.

  • Ce qui est plus bizarre, est que les électeurs votent pour eux malgré tout, c’est surtout cela le plus surprenant.

  • Je vais même aller plus loin que l’auteur avec lequel je partage le constat que les gares parisiennes sont inaccessibles en voiture. Je vais aussi régulièrement en banlieue et parfois en Seine St Denis et à chaque je suis effaré par l’urbanisme local. Des travaux énormes sont en cours qui réduisent les voies de circulation et multiplient les temps de parcours, les feux rouges, les ralentisseurs, des ronds points avec feux, des bordures assassines pour les motards, des carrefours ultra complexes, … J’ai à chaque fois l’impression qu’on fait tout pour que ces gens restent chez eux, loin des élites bien pensantes.

    • Mais en réalité quand des villes s’enrichissent en France elle ferment souvent leurs portes. Les voyageurs ne sont pas des électeurs et les étrangers sont toujours défini comme une nuisances. Si vous allez dans le 92, vous pouvez facilement vous rendre à St Cloud en transport en commun, par contre si vous n’avez pas votre voiture, vous pouvez pas vous déplacer dans la ville(et ses collines)! Alors qu’un réseau de bus performant est à leur porter.

  • Sans doute les maires ont-ils des comptes a règler avec la SNCF. Ils essaient de tarir sa clientèle?

  • Cet article est de mauvaise foi : il suffit d’être élu et d’avoir une cocarde sur son pare-brise. On a même vu récemment des voitures officielles venir chercher tel ou telle ministre jusque sur le quai de la gare pour lui éviter la vue de manifestants trop bruyants. Ce n’est quand même pas la faute des politiciens si vous vous débrouillez mal et appartenez à la France qui n’en croque pas !

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