Le marché de l’art contemporain est biaisé par des professionnels qui en maîtrisent et la distribution et la communication. A éviter.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Vous voyez régulièrement fleurir des articles vous vantant les performances de l’art contemporain. Lu par exemple ici
« Une vente d’art contemporain a battu tous les records mercredi soir chez Christie’s à New York, confirmant l’engouement des super-riches pour cette période de l’art. La vente a rapporté un montant total de 495 M$ (385 M€), commissions incluses, et les œuvres de Jackson Pollock, Roy Lichtenstein ou Jean-Michel Basquiat ont atteint de nouveaux sommets. Seuls quatre des 70 lots à la vente, ou 6 % du total, n’ont pas trouvé preneur. « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère du marché de l’art », a commenté, enthousiaste, le président de Christie’s Europe Jussi Pylkkanen, attribuant notamment le phénomène à l’intérêt croissant manifesté par les riches pour l’art. « Il y a une concurrence mondiale qui ne s’était jamais vue auparavant dans le monde de l’art. » La vente record de la soirée a été obtenue par « Number 19, 1948 », de Jackson Pollock, pour un montant de 58,4 M$, près de deux fois l’estimation initiale. « Woman with Flowered Hat » de Roy Lichtenstein, estimé au-dessus de 30 M$, est parti à 56,1 M$ et « Dustheads » de Basquiat a été adjugé 48,8 M$. Au total, quinze des quarante artistes représentés ont établi de nouveaux records de vente, dont Piero Manzoni, Richard Serra, Philip Guston ou encore Joseph Cornell. »
Extrêmement spéculatif, l’art contemporain attire effectivement bon nombre de milliardaires, en particulier chinois. Nous l’évoquions déjà il y a un an. Néanmoins, pour ce qui nous concerne, nous ne recommandons absolument pas ce type d’investissement à nos clients et lecteurs. Ces artistes sont l’objet de bulles créées artificiellement par un certain nombre de professionnels qui maîtrisent les canaux de distributions et de communication. Celui qui plonge dans ce circuit et n’en maîtrise pas les rouages est forcément le dindon de la farce.
Le marché de l’art, le vrai, celui qui concerne des objets dont la valeur croît régulièrement sans pour autant faire la culbute tous les ans jusqu’au pigeon final existe, mais il nécessite un petit peu de patience. Son rapport, d’autant plus si vous tenez compte de la défiscalisation particulièrement favorable en France, est probablement ce qui se fait de mieux actuellement.
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Bien d’accord, ce marché est fait de bulles gonflées artificiellement.
Premier conseil : n’achetez pas un nom, mais uniquement ce qui vous plait. Même si l’achat ne prend pas de valeur, vous en aurez au moins le plaisir.
Puis, orientez-vous vers l’ancien de qualité, relativement bon marché pour l’instant. Les modes changent, votre petit maître du XIXème siècle ne pourra que prendre de la valeur, parce qu’il n’a aucune concurrence et ne peut se multiplier. Patience.
Les intérieurs surgelés, minimalistes, ornés d’un seul tableau blanc avec deux lignes de couleur et des placards en guise de meubles n’auront qu’un temps : le réchauffement est bien plus probable en décoration qu’en termes climatiques …
Commentaire plein de bon sens !
Achetez d’abord ce qui vous plait. J’ai plusieurs photos d’artistes réputés, quelques tableaux et sculpture, toutes ont vu leur valeur augmenter significativement. Mais je m’en moque totalement car tout ceci n’a été acheté que dans deux buts: défiscaliser (je suis libéral) et surtout, prendre du plaisir à regarder les oeuvres, tous les jours. La plus-value n’est que la cerise sur le gâteau (mais peut-on parler de plus-value pour des oeuvres que je n’ai de toute façon aucune intention de revendre ?
Un commentaire parallèle récent de Drieu Godefridi :
http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/810173/recto.html
auquel j’adhère totalement…
et si on cassait la croute ?
Pollock, Lichtenstein, Basquiat, est-ce encore de l’art contemporain ?
Je pense que votre analyse peut être pertinente pour des artistes jeunes, qui produisent toujours et dont la côte atteint aussi quelques sommets.
C’est vrai qu’un Basquiat au prix d’un Picasso, ça peut faire réfléchir, même si sa peinture est fantastique et que c’est un des grands peintre de la fin du 20ème siècle.
Je ne comprends pas cependant le message que vous cherchez à faire passer, qui achète des tableaux à plusieurs de dizaine de millions de dollars pour investir ? Personne !
A ce niveau il n’y a pas de gogo, il n’y a que des amoureux.
Mais je répète pour des peintres plus récents et des prix qui se comptent en millions et pas en dizaines de millions, il y a surement des gogos.
Mon message (par trop subliminal dirait on 🙂 ) est de dire : « Vous lisez dans la grande presse (ce ne sont pas les lecteurs de OF, de 20mn, du Parisien etc… qui achètent des tableaux à plusieurs millions d’€, vous petes d’accord avec moi?) que l’art contemporain explose, pulverise chaque années se records… Si vous lisez cela, c’est qu’il a des organismes (en huit lettre, ça commence par « art », par exemple) qui organisent ce genre de campagne de RP pour venir derrière vous proposer telle ou telle « oeuvre » d’art « contemporain » pour des montants qui vous sont accessibles. C’est bidon, vous allez vous faire avoir… » Voilà, c’est plus mieux clair comme ça?
Oui je comprends votre point de vue et j’approuve, Pollock Lichtenstein et surtout Basquiat (à mon goût) sont de grands peintres….
Moi je trouve Basquiat absolument hideux, et je n’en voudrais pas pour décorer mes toilettes. Lichtenstein (ou Warhol) c’est ludique et Pollock c’est (parfois) joli, mais appeler cela de l’art… Quand je passe à Pompidou après avoir fait un tour à Orsay ça remet vraiment en cause ma foi dans le progrès.
Enfin bon les goûts et les couleurs…
Basquiat, c’est la prévalence de la médiocrité mise en avant par des déconstructeurs idéologues de la société bourgeoise.
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