Aubry part en Chine !

Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, court-circuite Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, et nomme des missions commerciales dépendant directement du Quai d’Orsay. Parmi les premières, Martine Aubry sur la Chine…

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Aubry Chine (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence CC-BY 2.0)

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Aubry part en Chine !

Publié le 31 août 2012
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Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, court-circuite Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, et nomme des missions commerciales dépendant directement du Quai d’Orsay. Parmi les premières, Martine Aubry sur la Chine…

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius vient de confier à Martine Aubry une mission sur la Chine. À Jean-Pierre Raffarin une mission sur l’Algérie. À Louis Schweitzer, ancien patron de Renault et de la défunte Halde, une mission sur le Japon. Au secrétaire général du Quai d’Osay une mission sur les Émirats Arabes Unis. Ces nominations interviennent dans le cadre de la nouvelle « diplomatie économique » souhaitée par Laurent Fabius. L’annonce en a été faite le 28 août lors de la conférence des ambassadeurs.

Deux observations concernant cette annonce. Tout d’abord, le ministre dans ce même discours [1] énonce avec justesse ce qu’il appelle « l’affirmation spectaculaire des BRICS (Chine, Brésil, Inde, Russie, Afrique du Sud), désormais porteurs de la moitié de la croissance mondiale, et par le développement de nouveaux émergents. », marchés sur lesquels la France n’est pas assez présente.

Des pays cités et concernés, seule la Chine fait l’objet d’une mission ! La Chine où déjà 850 entreprises françaises sont présentes. Et les autres pays ? Aucun autre pays cité ne bénéficie d’une commission. Une mission au Japon, c’est sympa, mais le pays est en pleine crise récessionniste, pire qu’en Europe, et à part re-placer un ancien grand patron socialiste actuellement inoccupé, je ne vois pas bien l’intérêt. L’Algérie, pourquoi pas, mais sincèrement, les circuits économiques du pays sont tenus par la mafia politico militaire du FLN, y a-t-il besoin de nommer une mission pour négocier avec eux ? J’ai l’impression qu’il suffit d’arroser les comptes off-shores des dirigeants! de toute manière, cela finira comme cela. Non, sincèrement, je pense qu’il y avait plus urgent. Le Brésil, un marché fabuleux avec un gouvernement qui ne demande qu’à voir venir d’autres investisseurs que les Américains. L’Inde, la Russie sont de vrais potentiels de marchés en peine explosion et sur lesquels il serait judicieux d’imaginer une politique coordonnée de conquête commerciale. Probablement n’y a-t-il pas de gens compétents proches du PS pour de telles destinations.

D’ailleurs, et c’est l’objet de ma seconde réflexion, à qui est confiée cette mission sur la Chine ? À un industriel ? À Frank Riboud dont la société, Danone, est une des mieux implantées en Chine ? Ou à un des patrons ou des cadres export des 850 entreprises françaises implantées en Chine ? Que nenni, la mission est confiée au Maire de Lille, future ancienne première secrétaire du PS. Si la compétence de Louis Schweitzer concernant le Japon, lui qui a négocié le rapprochement Nissan/Renault, peut être reconnue, celle de « Madame 35 heures » concernant la Chine, n’est probablement pas au niveau de celle des personnes que nous avons citées et qui travaillent sur ce marché depuis des années.

Alors, que pouvons-nous dire ? Que l’intention est bonne, même si ce n’est probablement pas par le Quai (qui, soit dit en passant reconnait de facto son manque de compétence puisqu’il ressent le besoin d’aller en chercher à l’extérieur de la maison) que quelque chose d’efficace verra le jour. Que ce n’est pas en nommant des politiques que nous ferons avancer les choses (tiens, d’ailleurs, connaissez-vous les avantages du statut des fonctionnaires internationaux dont ils vont bénéficier ? Joli de la part de ceux qui prêchent la « normalité » et pourfendent les vilains citoyens qui veulent se mettre à l’abri du fisc français en émigrant). Nous avons déjà des représentations permanentes dans ces pays par le biais des chambres de commerce. Elles ne font rien, à part collecter des infos et créer des bases de documentation.

Faisons comme l’Italie dans les années 70-80, qui est allée à l’assaut de la Chine par le biais de missions mises en place dans les différents États de la Chine, payées par les entreprises. Ça, au moins c’est efficace. Libérons les énergies, redonnons aux instances professionnelles un vrai rôle d’acteurs. Mais en France, nous raisonnons toujours de manière centralisée, administrative et lourde (et aussi, hélas, en termes de copinages et d’avantages aux uns et autres). Notons enfin que Madame le ministre du commerce extérieur, Nicole Bricq, non seulement ne semblait pas au courant de la création de ces missions dont le pilotage lui échappe complètement, mais n’en fait nulle part mention et ne semble en rien associée à leur activité. Après ses déboires à l’écologie où elle n’a fait qu’un aller-retour avant d’être débarquée pour une sombre histoire de permis de forage en Guyane, voilà qu’elle avale maintenant la couleuvre Fabius au commerce extérieur ! Nicole Bricq a beau avoir la réputation d’être un bon petit soldat bien discipliné, elle risque tout de même d’en avoir un peu marre…

Enfin, tout cela ne résoudra pas notre déficit commercial (35Md€ au premier semestre 2012 !) quand nos voisins germains prévoient un excédent record de 210Md€ sur l’année 2012 (plus que la Chine !)…

—-
Sur le web.

Note :

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  • 1) Au moins, là-bas Aubry ne devra pas s’affubler d’une burqa !
    2) De la part d’une sectaire, obsédée des idées de gauche, peut-être se croira-t-elle en parfaite symbiose avec le régime communiste chinois (or que depuis Deng Xiaoping l’économie chinoise se veut d’emprunter aux théories LIBERALES ) !!!
    Quant à ses « compétences » en matière d’entreprises, que ne les déploient-elles pas au travers du PS pour un réel « service de la France », plutôt que de se substituer à des entrepreneurs qui savent mieux qu’elle comment s’y prendre et « manager » autrement qu’en la politique où elle et ses congénères pataugent si pitoyablement ?

  • Le dernier passage de Martine Aubry en entreprise et son activité de Directeur adjoint chez Pechiney s’est soldé par l’absorption de cette grosse entreprise par le petit ALCAN.

  • Qui paye son voyage ? Elle ou nous ?

  • bref : on lui alloue un « fromage de la République » pour qu’elle dégage la voie à la direction du Parti.
    copinage.

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