Une blonde peut-elle faire trébucher la théorie de la concurrence ?

La théorie des jeux ou le dilemne du prisonnier sont-ils vraiment une réfutation de l’optimalité de la concurrence ?

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Une blonde peut-elle faire trébucher la théorie de la concurrence ?

Publié le 20 juin 2012
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La théorie des jeux ou le dilemme du prisonnier sont-ils vraiment une réfutation de l’optimalité de la concurrence ?

Par Acrithène.

Non, cet article ne parle pas de Paris Hilton

Peut-être avez vous déjà vu cet excellent film qu’est A Beautiful Mind (Un homme d’exception, 2001), une biographie du mathématicien, théoricien des jeux et prix Nobel d’économie John Nash. On y trouve une scène d’introduction à la théorie des jeux présentée comme une réfutation de l’efficacité du marché.

Quelques commentaires sur cette scène (à visionner sur Youtube)…

Confondre les acteurs d’un problème avec la société

Le sophisme le plus notable de la scène repose sur la notion de « groupe » et de « communauté ». On ne compare deux raisonnements que lorsqu’ils cherchent à résoudre un même problème, ici le bien-être de la communauté. Mais la scène cache habillement la divergence de définition de la communauté, qui est l’ensemble de la société (Filles + Garçons) chez Adam Smith, et seulement une moitié (Garçons) dans la bouche de Russell Crowe.

Ce sophisme est souvent utilisé par ceux qui voient dans le « dilemme du prisonnier » une réfutation de l’optimalité de la concurrence. Le dilemme du prisonnier est une vulgarisation intéressante de la théorie des jeux, présentant une situation dans laquelle deux complices sont arrêtés par la police qui les interroge dans des pièces séparées. A chaque criminel, la police propose l’accord suivant :

  • En cas de dénonciation mutuelle, vous prendrez chacun 5 ans.
  • Si tu le dénonces et que ton complice ne te trahit pas, il prendra seul 10 ans de prison et tu repartiras libre. Et inversement.
  • Enfin, en l’absence de dénonciation, chacun rentrera libre chez lui.

En de telles circonstances, la dénonciation est ce que les théoriciens des jeux appellent une « stratégie dominante », c’est-à-dire une action qui est, d’un point de vue égoïste, préférable à toutes les autres quelle que soit la décision de l’autre joueur. En effet, si mon complice me dénonce, j’échapperai à 5 ans en le dénonçant aussi. Et s’il ne me dénonce pas, je suis indifférent à l’avoir ou non dénoncé. Chacun ignorant le choix de l’autre, il semble alors clair que chaque prisonnier rationnel et égoïste dénoncera son complice. Or cette issue n’est pas la meilleure pour les prisonniers, il eut mieux valu pour les deux que chacun se taise.

Peut-on faire de cet exemple une réfutation de l’optimalité de la concurrence ? Arrêtez-moi si je m’égare, mais à ma connaissance, l’intérêt de la société ne se confond pas avec celui des criminels, et son intérêt est bien opposé au leur. L’absurdité de l’exemple est telle qu’on ne discerne plus l’aspect abusif de l’interprétation qui en est parfois donnée. Les prisonniers ne sont pas les seuls concernés par l’issue du jeu !

Le sophisme qui consiste à confondre les intérêts des acteurs saillants d’un problème avec l’intérêt général est un des plus grands soucis du débat public. Il ne serait pas intrus dans les sophismes économiques que dénonçait Frédéric Bastiat dans Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas (1850).

Peut-être un cynique hédoniste objectera-t-il que dans la démonstration de Russell Crowe, les quatre brunes sont plus heureuses quand les garçons se liguent et qu’elles ignorent être des pis-aller. Mais cet hédonisme fait fi du libre-arbitre et de la vérité.

Soulignons au passage une autre confusion. L’égoïsme n’est pas synonyme d’autisme, et l’altruisme n’est pas nécessaire à la coopération. Au fond, si dans la scène les garçons venaient à coopérer ce serait paradoxalement par pur égoïsme. Ainsi la solution préconisée par le personnage de Nash est en vérité comprise dans le système de pensée qu’il prétend dénoncer : il suffit que chacun se préoccupe de son seul intérêt pour que tous acceptent la proposition de coopération, vu que chacun y gagne, et ce même dans l’indifférence la plus totale aux intérêts du groupe.

Ce qu’apporte vraiment la théorie des jeux

En fait, ce qu’explique le personnage de Nash dans cette scène est d’une grande banalité. On sait depuis des siècles, voire davantage, que des concurrents ont toujours intérêt à se coaliser et à agir de concert. D’ailleurs Adam Smith lui-même en parlait beaucoup (voir la deuxième partie du billet lié à ce sujet). Rassurez-vous, on ne distribue pas les prix Nobel pour si peu.

La théorie des jeux ne réfute pas la théorie économique jusqu’alors traditionnelle mais la complète. La théorie des jeux permet de comprendre des situations où des individus peuvent avoir, tout seul, un effet sur la situation des autres, et donc sur leurs décisions. L’exemple typique, ce sont les jeux (au sens commun : les échecs, le poker…).

Dans la théorie économique traditionnelle, la concurrence la plus parfaite implique que les agents économiques soient trop petits ou trop nombreux pour que leur choix impacte celui de leurs concurrents. Les travaux mathématiques sur le sujet, parfaitement contemporains de ceux de John Nash d’ailleurs, montrent qu’en ces circonstances, la concurrence aboutit à un résultat optimal.

Ce résultat était pressenti depuis au moins le XVIIIème siècle. Son corollaire était que lorsque la concurrence s’éloignait de cette circonstance parfaite, elle perdait en efficacité. Or, dans la société réelle, la situation de concurrence parfaite, si elle peut constituer un idéal à poursuivre, n’est jamais observée. Par exemple, dans le film, on est loin d’une situation de concurrence saine vu que des concurrents en nombre limité discutent d’une éventuelle entente. Cependant, il n’existait pas avant la théorie des jeux un outil mathématique systématique permettant d’appréhender les effets de cet éloignement de la concurrence parfaite. La théorie des jeux, qui en tant que branche des mathématiques n’a pas d’avis idéologique, répondait à cette absence.

Nash n’a donc pas découvert que la concurrence était parfois imparfaite. Il a contribué à l’outil qui permet d’analyser les dysfonctionnements causés par l’atténuation de la concurrence, et en particulier par la réduction du nombre des « joueurs ». Un sujet qui occupait les économistes depuis déjà longtemps.

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  • Pas bon.
    D’abord on ne sait pas trop ce que vous voulez dire.
    Cherchez-vous à réfuter l’évidence (qu’il y a des situation où la coopération même forcée est supérieur à la concurrence, du point de vue des concurrents, au point qu’ils cherchent souvent à s’organiser — librement ! — en cartel, voire en structure avec un coordonnateur spécialisé doté de pouvoirs de contrainte qu’on appelle un « chef ») ? Ou simplement à que la coopération peut s’obtenir sans contrainte extérieure, librement, les joueurs acceptant d’adhérer à un cartel voire à une structure plus organisée avec un coordonnateur doté de pouvoirs forts (une entreprise, un chef) ?

    BTW il n’existe pas de travaux mathématiques, ni contemporain de Nash ni antérieur ni ultérieur, capable de démontrer l’optimalité de la concurrence lorsque les acteurs sont assez petits pour ne pas influencer leur concurrents. Parce qu’il est assez facile de construire théoriquement et même de voir concrètement dans la vie réelle des contre-exemples (problème de file d’attente, de bouchons routiers et franchissement de carrefour, etc.). Coire qu’on peut attendre le meilleur de la concurrence en toute circonstance est aussi vicieux que croire que cette déficience justifie des organisations étatiques.

    Certains croient qu’il faut mettre des flics, ou à défaut des feu rouges et des panneaux, à tous les carrefour ; vous, vous êtes en train de dire qu’il n’en faut jamais et qu’en aucune circonstance ils ne peuvent faire le moindre bien. Les positions sont aussi stupide l’une que l’autre (même si la votre est probablement moins nuisible quand même).

    • Je cherche juste à illustrer l’absurdité de la vidéo, pas davantage.

      Je parle ici de concurrence que j’appelle « la plus parfaite », et je précise plus loin qu’elle n’est « jamais observée ». Donc il ne s’agit en rien de la caricature dont vous parlez. Le résultat mathématique dans ces conditions existe bel et bien, il a été établi par Arrow, Debreu puis Allais et sa seule condition est la non satiété (on trouve toujours quelque chose à encore désirer) et la concurrence que j’ai appelé « la plus parfaite » et qui, comme je le précise, n’existe jamais vraiment.

      On ne peut trouver aucun contre-exemple dans la vie réelle pour deux raisons : primo la concurrence la plus parfaite n’existe pas, et secondo la vie réelle ne contredit jamais les mathématiques.

      Comme vous êtes si sûrs de vous, voici une démonstration mathématique : http://www.math.uchicago.edu/~may/VIGRE/VIGRE2008/REUPapers/Tan.pdf

      Il s’agit d’un des résultats les plus centraux de la théorie néo-classique, pour ne pas dire le plus central. En ignorer l’existence et parler de stupidité c’est être ignorant.

      • Pfff, ce qu’il ne faut pas lire … Vous ne comprenez manifestement pas ce dont vous parlez et accessoirement vous avez des leçon de logique à prendre (parce que affirmer d’un coté que certaines conditions donne certain résultat, et de l’autre que ces conditions ne sont jamais réalisées… pourquoi ne pas nous parler de la licorne rose invisible, tant que que vous y êtes ?).
        Va falloir bosser un peu plus que ça. Mais bon, au moins vous avez cherché, et trouvé, des références ; il ne vous reste plus que de les lire et comprendre, et plus précisément comprendre ce qu’elle Ne disent PAS (parce que là vous les sur-interprétez).

        • « parce que affirmer d’un coté que certaines conditions donne certain résultat, et de l’autre que ces conditions ne sont jamais réalisées…  »

          C’est ce que font toutes les sciences, naturelles et humaines, ainsi que tout esprit qui sait raisonner : isoler les phénomènes de la complexité du monde.

          Merci pour vos encouragements

        • @ P :

          manifestement, vous insultez, dénigrez, mais des arguments, des raisonnements de votre part, point.
          Alors que l’auteur de l’article expose un raisonnement qui, me semble-t-il, tient intellectuellement la route.

          Mais vous allez bientôt me traiter d’idiot et me refuser le droit d’argumenter sous le prétexte de vos arguments d’autorité, provenant de votre intelligence supérieure dont nous attendons les preuves tangibles par l’exemple.

          A vous lire, Maître.

  • en fait cette vidéo est l’explication la plus simple du communisme. Les 4 copains se font les second choix, égalitairement, chacun une. Et le premier secretaire se fait la blonde que tout le monde convoitait. Ce que dit d’ailleurs le copain en chemise rouge. C’est sûr qu’à se titre Smith se trompe, ses principes empêchent le chef d’avoir tous les privilèges. Salaud de libéraux !!

  • @p. On ne comprends pas bie nce que vous voulez dire. Pour le principe de prtits concurrents, c’est très souvent vérifié. Quand j’ai du faire du carrelage dans ma maison, j’ai fais de nombreux devis auprès de nombreux carreleurs. Egalement quand j’ai du imprimer des flyers pour ma boite. A chaque fois il y a eu au moins un qui m’a proposé une offre très spécifique qui me convenait mieux que les offres standards des autres prestataires. Une promo, une fin de stock, un produit d’appel ou une offre de lancement … Bref, 30% moins cher!!

    • C’est une chose de constater, comme vous le faites, que la concurrence donne de bons résultats une fois ou le plus souvent ou presque toujours.
      C’en est une autre que d’affirmer, comme le fait l’auteur, qu’elle ne donne toujours et ne peut « mathématiquement » donner que des bons résultats.
      Non seulement cette affirmation est fausse, mais elle est parfaitement inutile : la position libérale se contente d’un résultat bien plus faible, qui est l’absence de preuve d’une supériorité de l’organisation économique par l’état (qu’elle cherche à restreindre la concurrence ou même inversement à en organiser une artificielle là où elle n’existe pas naturellement) par rapport à la situation naturelle libre. Pourquoi se faire chier à cherche une preuve impossible, quand on peut se contenter de constater une absence de preuve (éventuellement réfuter les fausses preuves fréquemment énoncer par les étatistes)

      • Vous agitez un homme de paille, personne n’a jamais dit qu’il y avait une preuve mathématique que la concurrence était en toutes circonstances supérieure à tout.

        Ce n’est pas parce qu’il existe partout des angles non rectangles que le théorème de Pythagore est faux ou inutile.

        • Ah bon ? et qui a écrit
          « Les travaux mathématiques […] montrent qu’en ces circonstances, la concurrence aboutit à un résultat optimal.  » ?

          Le théorème de Pythagore serait inutile (mais pas faux) si il n’existait aucun triangle rectangle. homme de paille, homme de paille … qui a parler d’homme de paille ?

          • Et à ajouter deux lignes plus bas ? « Or, dans la société réelle, la situation de concurrence parfaite, si elle peut constituer un idéal à poursuivre, n’est jamais observée. »

            Dans la nature les figures géométriques parfaites n’existent pas, il n’y a que des situations qui s’en approchent plus ou moins. Si vous avez un angle presque droit, le théorème de Pythagore vous donne des bonnes approximations de la longueur des segments, le rendant donc absolument par inutile.

          • Choisissez, une bonne fois pour toute, quelle chemin de démonstration vous voulez suivre.
            Si vous pensez que le postulat de la forme pure et parfaite de la concurrence nous apprend des choses et permet de démontrer l’optimalité de la concurrence, ne venez pas ensuite nous dire que ce truc n’existe pas en vrai.
            Si vous pensez que ce truc n’existe pas, ne venez pas vous en servir.
            Choisissez, ne sauter pas d’un argument à son contraire au fil vos ennuis avec vos essais de démonstration…
            Moi je m’en fous, je connais assez le sujet pour savoir que vous n’irez de toute façon nulle part.
            En plus, je le répète, la concurrence n’est pas un dieu qui aurait besoin d’une preuve d’efficacité pour se justifie. C’est la régulation forcée (non volontaire, ce qui n’a rien à voir avec une entente volontaire entre chasseurs … de filles ou de mammouth, peu importe) qui est un dieu qui a besoin d’une telle preuve.

          • à P: Jusqu’à preuve du contraire, un résultat optimal ne signifie pas un résultat parfait mais bien un résultat « le plus favorable/le meilleur ».
            De plus l’auteur exprime clairement plus loin dans le texte que la situation de concurrence parfaite n’existe pas.

            J’ai l’impression que vous cherchez vraiment la p’tite bête là.

          • @rey64
            Vous avez parfaitement raison. Et c’est bien ce qui pose problème par rapport à l’article. Comment faites vous pour définir l’optimalité de la concurrence par rapport à l’entente ? Vous ne pouvez pas, parce que vous n’avez pas de critère, et qu’il en faut un parce que l’optimalité n’existe pas dans l’absolu ! L’optimalité des chasseurs est opposée à celle des proies (jeu à somme nulle) ; l’optimalité du groupe des garçons est différente de celle du groupe des filles (mais pas opposée a priori : jeu à somme possiblement positive), etc.

            Cet article ne tiens pas la route et on ne sait pas où il veut aller.
            D’où probablement les digressions sans fins que vous dénoncez à juste titre, et qui ne sont pas de mon fait.
            La CPP n’existe pas « en vrai » ? Bien sur, mais alors pourquoi en parler ? Les « autrichiens » s’en foutent et tiennent cette hypothèse pour à la fois foireuse et inutile ; et ils ont bien raison, AMHA !

      • Une absence de preuves de la supériorité de la concurrence ?
        Mais l’échec de l’URSS et de son économie de monopole n’est-elle pas suffisante ?

        • Je suis pris d’un doute… est-ce que vous avez lu, au moins ? Je me re-cite :
          « la position libérale se contente d[e …] l’absence de preuve d’une supériorité de l’organisation économique par l’état […] par rapport à la situation naturelle libre.  »
          Ca signifie, au cas où vous auriez lu sans comprendre, que c’est à l’étatiste de faire la preuve de la supériorité de son système, et que manifestement cette preuve il ne peut pas l’apporter ; donc son système on le met à la poubelle.
          Lu et compris, cette fois ?
          laissez tomber l’URSS, c’est hors sujet. De toute façon a posteriori chacun a assez de mauvaise foi pour y voir la preuve de ce qu’il veut (quelle n’était pas assez / trop : communiste, internationaliste, nationaliste, écolo, « démocratique », libre, etc.)

  • Article de haute volée! Merci

  • @ Acrithene

    Ce n’est pas la vie réelle qui contredit les mathématiques, mais les mathématiques qui contredisent la vie réelle. Les mathématiques appartiennent au domaine de l’imaginaire, ils sont une convention purement humaine qui est définie de sorte à modéliser au mieux la vie réelle. Or cette modélisation n’est pas parfaite, et pour qui a un peu étudié les mathématiques, il connaîtra déjà bien le décalage qui existe entre les deux.

    Ce qui est faux tant dans la vidéo, que dans le dilemme du prisonnier, et même dans ce que je comprends de l’article, c’est le postulat de départ qui considère que l’Homme ne correspond qu’à un schéma mathématique. Alors, certes l’Homme est doué de raison, et la raison peut s’analyser par la logique qui elle-même peut parfois être modélisée par les mathématiques, cependant l’Homme est aussi doué de sentiments, et ses sentiments interviennent tant dans ses motivations que dans ses choix que dans sa perception.

    Par exemple, il suffirait que dans la vidéo, un des gars ait un sentiment dominant envers la blonde, pour que son seul intérêt soit d’essayer de la conquérir. Et il sera alors plus avantageux de son point de vue d’échouer dans cette conquête, au risque de perdre également l’estime des brunes, que de renoncer purement et simplement à cette conquête…

    De même dans le dilemme du prisonnier, si les deux complices ont un sentiment de confiance élevé l’un envers l’autre, ils trouveront bien moins risqué de ne rien dire, que de dénoncer leur complice.

    Ce dilemme peut être mis aussi en défaut sur la peine: si mathématiquement on pourrait se dire que 10 ans est deux fois pire que 5 ans, dans la réalité la perception temporelle humaine n’est pas linéaire, et 10 ans ne seront pas forcément ressentis comme plus terribles que 5 ans… 

    Voilà aussi pourquoi l’égalitarisme est un non-sens et que ce n’est pas au nom du profit qu’il faut permettre la concurrence, mais au nom de la réalisation de soi… 

    • Je suis à 100% d’accord avec vous, les hommes ne sont pas réductibles aux mathématiques et il ne faut jamais le perdre de vue.

      • Juste pour compléter ce que vous dîtes et parce que cela pourrait vous intéresser, dans l’essentiel de la théorie néo-classiques les hypothèses sur la logique des agents sont très très faibles. Par exemple, pour le théorème que j’évoque, la logique humaine est décrite par deux conditions seulement :

        – Entre deux choix A et B, vous êtes capable de dire si pour vous A>B, B>A ou A=B
        – Si pour vous A>B, et B>C, alors A>C

        Il n’y a strictement rien d’autre comme présupposé sur le raisonnement humain. Alors évidemment, ce n’est pas toujours vérifié et il y a de nombreux paradoxes à ce propos, mais ça illustre le fait qu’on peut raisonner sur des hypothèses somme toute assez simples et acceptables. Ces conditions laissent de la place pour les sentiments, la psychologie et même une grande partie de la connerie !

    • Les sentiments, çà peut se modéliser aussi. Comme la plupart de ceux qui critiquent les mathématiques, vous me semblez confondre raisonnement et mathématiques. Les mathématiques ne sont que l’expression du raisonnement (au passage, la logique est une des branches des maths!). Donc, le problème, c’est la qualité du raisonnement non la façon dont on l’exprime, littéraire ou mathématique. Les critiques de l’usage des mathématiques font flop car elles considèrent que les mathématiques font le raisonnement alors qu’elles ne font que l’exprimer. Il vaudrait mieux dire que le raisonnement et nos modèles de pensée (sous formes mathématiques ou litteraires) ne sont qu’une représentation plus ou moins imparfaite de la réalité plutôt que de s’en prendre au langage utilisé pour les exprimer. En outre, ce n’est pas non plus parce que le raisonnement ou le modèle est partiel et imparfait qu’il n’est pas utile dans certaines circonstances. Pour résumé : Si vous vous tapez avec un marteau sur le doigt, ce n’est pas la faute du marteau et si vous utilisez ce même marteau pour vous brosser les dents cela ne veut pas dire que le marteau est inutile.

      • @ Acrithene

        Je n’ai pas l’impression que ma logique repose sur des comparaisons. Je dirais plutôt qu’elle repose sur mes perceptions… 

        @ Lio

        On ne peut modéliser que ce qui est rationnel. Or, les sentiments sont irrationnels… Cela n’a donc aucun sens d’essayer d’utiliser un outil de modélisation, comme les mathématiques, pour étudier des sentiments.

        C’est d’ailleurs tout le côté stupide de la vidéo: le mathématicien qui s’est essayé à modéliser des sentiments s’est bel et bien retrouvé seul dans sa chambre, sans blonde, ni brune… 

        • @Aloyagah

          Il faut distinguer deux choses quand on parle de sentiments et de modélisation :

          – le fait de créer un modèle qui prétend être capable de prévoir et d’expliquer vos sentiments, ce qui existe dans d’autres champs des sciences humaines comme la psychologie, la sociologie… etcetera
          – le fait de créer un modèle qui utilise vos sentiments comme variables explicatives d’autre chose, ce qui est pratiqué en économie. Dans ce dernier cas, vos sentiments peuvent être totalement inexplicables et franchement irrationnels, mais ce n’est pas ce qui intéresse l’économiste qui les prends tels qu’ils sont pour prévoir vos décisions.

          Ainsi lorsque vous préférez aller faire des maths que de draguer la blonde, l’économiste note juste Maths<Blonde dans son modèle sans chercher à comprendre la raison de cette préférence qu'il ne prétend pas expliquer.

          L'idée fondamentale est que vos goûts et désirs sont irrationnels et non modélisations (quoique d'autres sciences s'y essayent) mais que la manière dont vous vous organisez pour les satisfaire est quant à elle peut-être plus rationnelle.

          • @ Acrithene

            – La psychologie et la sociologie sont des sciences contestées, d’ailleurs le fait qu’elles soient principalement utilisées (et donc financées) par le secteur public en dit long sur elles…

            -Noter Maths < Blonde, cela revient à transformer un cas particulier en une généralité, ce qui est un faux raisonnement.

  • Un jour un type a démontré mathématiquement que le mouvement est impossible ; c’était une vraie démonstration, irréfutée sur le plan mathématique.
    Bien entendu on lui a infligé une réfutation tout aussi imparable : un simple pas en avant.
    Une autre fois, un physicien a constaté (pas « démontré ») que la géométrie euclidienne ne rendait pas compte de la physique.
    Qu’est-ce que ces histoires signifient ?
    Qu’un choix de postulat mathématiques a priori légitimes mais inappropriées conduit à des démonstrations parfaites mais qui ne disent rien du monde réel. Dommage, parce que c’est quand même le monde réel qui nous intéresse le plus, spécialement quand on parle d’économie…

    • @ P :

      mais il me semble que l’auteur de l’article démontre par le raisonnement votre affirmatino dernière que vous mettez en avant.

      Avez vous les idées bien claires ???

      • ben, là, j’avoue que comme je ne vois ni de laquelle de mes dernières affirmations vous parlez, ni la moindre démonstration ni raisonnement solide de la part de l’auteur, et donc, question clarté, va falloir y mettre du votre…

    • @P

      Absurde. A vous entendre les mathématiciens sont de parfaits idiots! Je crois que vous ne connaissez pas bien le processus par lequel la pensée progresse. On part d’hypothèses simples, on modèlise, on teste on réfute, on affine les hypothèses et on recommence incéssamment, sans jamais se dire que tout est finit qu’on a tout résolu car ce n’est pas et ce ne sera jamais le cas. C’est ce que font tous les chercheurs pendant que d’autres, en marge, les regardent se lamentent et regrettent, toujours et encore, à longueur de temps, l’imperfection de nos modèles.

      • C’est votre lecture de ma prose qui est absurde ; à part votre premier mot et les deux phrase qui suivent immédiatement, j’aurais pu écrire la même chose que vous.
        Mais il faut ajouter la rigueur dans le raisonnement. Et là , désolé, mais je vous défie de sortir une conclusion valable de l’article.

  • P : « Cherchez-vous à réfuter l’évidence (qu’il y a des situation où la coopération même forcée est supérieur à la concurrence, du point de vue des concurrents, au point qu’ils cherchent souvent à s’organiser — librement ! — en cartel, voire en structure avec un coordonnateur spécialisé doté de pouvoirs de contrainte qu’on appelle un « chef ») ? »
    —————————–
    Quand on parle de « concurrence parfaite » ici (ie supérieure aux autres situations), on parle de « parfaite » pour le consommateur, pas pour les producteurs !
    Dire que la concurrence parfaite entre producteurs est moins bien pour les ***producteurs*** que l’entente entre producteurs, c’est un truisme, tellement un truisme que cette entente est d’ailleurs légalement interdite, en théorie du moins.

    Donc votre objection (contre quoi d’ailleurs, on se demande) est basé sur un homme de paille.

    • Normal que vous ne compreniez pas contre quoi j’objectais, parce que … je n’objectais pas. Je posais une question : que cherche donc l’auteur ? Pourquoi s’étend-il en long en large et en travers sur une évidence, un truisme comme vous dites vous même et que vous avez parfaitement résumé en une douzaine de mots ?

      Cela dit, quand on parle d’un marché en CPP, alors l’atomicité s’applique aux consommateurs autant qu’aux producteurs. C’est parfaitement symétrique. Et donc on peut on peut faire l’économie des participant du camps d’en face : en pratique quand on parle de concurrence parfaite, on parle des concurrents, pas de quelqu’un d’autre. Les consommateurs ne servent strictement à rien dans l’analyse si on s’intéresse aux producteurs, et réciproquement. Mais bon, c’est hors sujet…

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