Nous sommes étouffés par la société du spectacle, fille de la « démocratisation » de la culture, voilà le regard que le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa porte sur la société contemporaine.
Un article de l’Aleps.
Au cours du récent meeting de la Société du Mont Pèlerin, qui s’est déroulé du 21 au 24 avril à Fès au Maroc, Mario Vargas Llosa s’est interrogé sur les faux enthousiasmes et les faux prophètes qui sont nés avec les printemps arabes. Il n’y a là que symptômes de la « société de spectacle » dans laquelle nous vivons. Le paraître a supplanté l’être. La forme fait oublier le contenu.
L’origine de cette société est la démocratisation de la culture. Au prétexte de s’adresser au plus grand nombre, on a abaissé le niveau culturel. Alors que la culture est l’héritage profond d’une communauté, on l’a travestie en succession d’événements spectaculaires. La nouvelle culture a ses stars, les vedettes de la télévision, de la scène, du sport et de la politique. Loin d’enraciner les êtres humains, la culture les désespère aujourd’hui et le nombre de drogués, surtout chez les jeunes, en est l’un des signes les plus inquiétants. Au lieu d’être libérés, ils deviennent des esclaves. Le sens de la responsabilité personnelle disparaît rapidement.
Cette période est aussi celle du laïcisme, que l’on veut substituer à la religion, mais qui constitue une religion en soi. Jamais les sectes n’ont été aussi nombreuses. Le sexe est devenu un sport ou un passe-temps, c’est un sexe animalier, dépouillé de tout amour.
La presse est l’instrument de cette pseudo culture. Les journalistes se complaisent dans le vil et le vice. Un magazine comme Olla fait sa réputation sur les histoires de divorces, de « familles » recomposées, la violation de la vie privée est payante. Tout comme est payant le catastrophisme, le sensationnel qui fait froid dans le dos.
Peut-on se prémunir contre la société de spectacle ? Là encore, c’est affaire d’éducation, mais les systèmes scolaires publics ne remplissent pas cette mission. La vraie culture sera remise en honneur par des hommes libres, qui témoigneront de l’éthique et de l’esthétique et sauront les faire partager aux jeunes.
Lire aussi : le compte rendu de la réunion de la Société du Mont Pélerin sur le thème Islamisme et croissance économique.
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Paradoxalement nous sommes en pleins acte libéral, les gens sont libre de choisir ce qu’ils achètent, lisent ou regardent. S’ils demandaient de la culture, les chaînes et magasines leurs en serviraient.
Il est plus facile et plus lucratif de servir les plus bas instincts du cerveau reptilien. Je suis persuadé que, toute éthique mise à part, un show télévisé avec des gladiateurs ou affilié aurait un succès inouï; malheureusement.
Vous connaissez Battle Royale ? Le film résume a peu près votre commentaire. (Du pain et des jeux, plus hardcore)
Je pense que vous avez raison. La gauche, dans ses plus beaux élans de générosité, entend éduquer les masses (et la formule n’est pas de moi) … on sait avec le recul qu’aucun régime de gauche n’a jamais réussi, durablement, à éduquer les masses qui retournent invariablement vers ce qu’il y a de plus bas comme spectacle.
Seules l’instruction (l’école) et l’éducation (les parents) peuvent changer quelque chose à cela, mais avec l’un comme avec l’autre on est mal barrés …
Maintenant, j’ajoute que chacun est libre de choisir ses spectacles et ses plaisirs, même les plus débiles et les plus abrutissants. J’irai toujours voir jouer les classiques avec plaisir même si nous ne sommes qu’une poignée dans la salle, mais de quel droit interdire à la masse de préférer les jeux du cirque?
Comment éviter la culture de masse médiocre quand chaque adolescent a internet et la TV dans sa chambre????
Je ne regarde plus la TV depuis 2006 personnellement. J’ai 25ans.
« Le sexe est devenu un sport ou un passe-temps, c’est un sexe animalier, dépouillé de tout amour. » Ca n’a pas toujours existé?
Nous irons, tous et toujours, vers plus de connaissance, plus ou moins lentement. Les ouvriers étaient plus instruits et cultivés de l’autre coté du rideau de fer, mais ce n’était pas très rentable… Démocratie, et donc libéralisme, ne peut pas imposer la sagesse, la culture ou le bon goût. Heureusement, la croissance dépend (de plus en plus) des choses de l’esprit. Reste qu’on définit généralement le con comme étant intellectuellement inférieure à la moyenne ; une bonne part de l’humanité entrera donc toujours dans cette catégorie. Le défi consiste alors à limité son influence sur le système tout en préservant la démocratie ; populisme aidant, le suffrage universel n’est peut-être pas la plus efficace des méthodes démocratiques…
Sagesse n’est pas facilité mais elle est seule source de Liberté ; petite liberté que la seule absence de contrainte !
(qui est peut-être même contre-productive…)
Le « avant c’était mieux » ne sera jamais la base d’une réflexion enrichissante. Juste un témoignage de la sclérose de son auteur.
Le conservatisme aigri de cet article n’est sauvé que par la dernière phrase :
« La vraie culture sera remise en honneur par des hommes libres, qui témoigneront de l’éthique et de l’esthétique et sauront les faire partager aux jeunes. »
Si passer du communisme au libéralisme m’apparait comme une ouverture au monde réel, passer du libéralisme au conservatisme le plus rigide est le signe de repliement sur soi.
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