Vous appelez ça l’austérité ?

Il n’y aura jamais de bon moment pour réaliser des coupes budgétaires

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Vous appelez ça l’austérité ?

Publié le 9 mars 2012
- A +

La levée de boucliers des partis d’opposition et de certains médias en dit long sur notre refus collectif de se serrer moindrement la ceinture. Si on est incapable de faire ça, on ne sera jamais capable de faire quoi que ce soit. Car détrompez-vous, il n’y aura jamais de bon moment pour réaliser des coupes budgétaires.

Par Davis Descôteaux, depuis Montréal, Québec.

L’annonce par le gouvernement Harper de coupures à venir dans les ministères énerve bien du monde. Pourtant, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.

On parle de couper quatre à huit milliards $, étalé sur trois ans. C’est 5 % à 10 % du budget d’opération des ministères. Vous allez me faire croire qu’il n’y a pas au moins 5 % de gaspillage, ou de gains d’efficacité à faire, dans les ministères?

Surtout qu’une bonne partie de ces coupures seront plutôt des réductions de la croissance des dépenses… Rassurez-vous, on va dépenser encore plus. Seulement, un peu moins vite qu’avant.

La levée de boucliers des partis d’opposition et de certains médias en dit long sur notre refus collectif de se serrer moindrement la ceinture. Si on est incapable de faire ça, on ne sera jamais capable de faire quoi que ce soit. Car détrompez-vous, il n’y aura jamais de bon moment pour couper.

Une p’tite vite

Le plus drôle (ou décourageant), c’est qu’on semble oublier que le gouvernement conservateur nous en a passé une petite vite.

Corrigées pour l’inflation, les dépenses du gouvernement ont augmenté de près de 30 % depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs. Ottawa dépensait 188 milliards $ en 2006, et il prévoyait dépenser 248 milliards $ en 2010-2011. Oh, c’est à cause des plans de relance qui se terminent bientôt, direz-vous. Oui, les mesures de relance vont se terminer. Mais le niveau de dépenses, lui, reste. Le gouvernement haussera ses dépenses d’environ 2 % pendant les cinq prochaines années… par rapport au niveau de dépenses actuel! Autrement dit, le gouvernement n’a aucunement l’intention de revenir à son niveau de dépense d’AVANT ses plans de relance. Les Canadiens, sans trop s’en rendre compte, ont accepté un accroissement permanent des dépenses de l’État. Austérité? Soyons sérieux…

Le gouvernement conservateur a aussi pelleté 100 milliards $ sur la dette publique depuis son arrivée au pouvoir. Mais ça, c’est normal, j’imagine…

La moindre des choses

Selon le directeur parlementaire du budget, le déficit structurel — celui qui n’est pas attribuable aux aléas économiques — est d’au moins 10 milliards $ de plus par année, en moyenne, que ce que disent les chiffres du gouvernement. Donc, comme j’ai écrit dans une chronique précédente, éliminer quatre milliards $ de dépenses n’aurait rien de radical. Ce serait la moindre des choses. Et ça nous laisserait quand même avec un gouvernement plus gros et plus dépensier qu’avant la crise.

Les Européens ne sont pas en chômage à cause des mesures d’austérité de leurs gouvernements. Ils le sont à cause de l’endettement de leurs gouvernements au fil des ans, qui les force aujourd’hui à subir l’austérité.

C’est justement pourquoi il est logique d’améliorer l’efficacité de l’appareil gouvernemental maintenant, à petite dose, avant que ça nous arrive à nous aussi.

—-
Sur le web

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Mercredi 2 avril 2025, l’IREF (Institut de Recherches Économiques et Fiscales) organise un colloque sur le sujet suivant : « Réduire les dépenses publiques, réduire le périmètre de l’État ».

Tout le monde connaît l’état inquiétant des finances publiques de la France ; d’autant plus inquiétant que la croissance est atone. Le poids colossal des dépenses publiques contribue sans doute largement à cette situation. Pour en sortir, il faut donc repenser les missions de l’État qui n’a eu de cesse ces dernières décennies de se substituer aux i... Poursuivre la lecture

Le vote récent de l'Assemblée nationale en faveur du repas à 1 euro pour tous les étudiants que j'évoquais dans mon précédent article est une excellente occasion de rappeler que non seulement "il n'existe pas de repas gratuit", mais que toute "gratuité" accordée avec un admirable volontarisme empreint de compassion sociale et solidaire par les pouvoirs publics se solde à plus ou moins long terme par une dégradation manifeste de la qualité du produit ou du service ainsi mis à la disposition du public.

Nos députés, du moins ceux de la ga... Poursuivre la lecture

 Certaines légendes urbaines ont la vie dure. Dans le champ de l'économie et de la politique, celle qui décrit la France comme un enfer ultralibéral dont tous les gouvernements récents sans exception, pour peu qu'ils soient issus de la droite, du centre et parfois même de la gauche social-démocrate, ont renforcé les caractéristiques d'austérité, de casse du service public, d'enrichissement des riches et d'appauvrissement des pauvres, tient incontestablement la corde.

Dans ce discours tenu aussi bien à l'extrême-gauche qu'à l'extrême-droite de... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles