La France, deuxième puissance agricole mondiale

Ce 25 février s’est ouvert le salon annuel de l’agriculture à Paris, une occasion de revenir sur la place de l’agriculture dans la France d’aujourd’hui.

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La France, deuxième puissance agricole mondiale

Publié le 26 février 2012
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Ce 25 février s’est ouvert le salon annuel de l’agriculture à Paris, une occasion de revenir sur la place de l’agriculture dans la France d’aujourd’hui.

Par Jean-Baptiste Noé.

Ce 25 février s’est ouvert le salon annuel de l’agriculture à Paris. Au-delà du moment convivial que représente ce salon, il est nécessaire de rappeler la place de l’agriculture dans la puissance française, et son rôle dans le développement humain et économique de notre pays.

« La France est si fertile en blé, si abondante en vins et si remplie de lin et de chanvres pour faire les toiles et cordages nécessaires à la navigation que l’Espagne, l’Angleterre et tous les autres voisins ont besoin d’y avoir recours et, pourvu que nous sachions nous bien aider des avantages que la nature nous a procuré, nous tirerons l’argent de ceux qui voudront avoir nos marchandises qui leur sont si nécessaires et nous ne nous chargerons point beaucoup de leurs denrées qui nous sont si peu utiles. » [1] Le blé, le vin, le lin ; déjà le cardinal de Richelieu constatait les richesses de la France en matières agricoles, des richesses fondement de sa puissance.

En 1967, Henri Mendras publiait son fameux livre La fin des paysans dans lequel il se désolait de la disparition du monde rural. Les chiffres semblent lui donner raison. En 1946, la population active agricole était de 36%, en 2011 elle n’est plus que de 4%. Il y a bien une certaine agriculture qui a disparu. Mais en 1946, la France agricole ne parvenait pas à nourrir toute sa population – 40 millions d’habitants – quand les 4% actuels [2] d’agriculteurs peuvent sustenter les besoins de 63 millions de Français, et en plus exporter de la nourriture à travers le monde. Aujourd’hui, la France est la deuxième puissance agricole mondiale, derrière les États-Unis.

L’agriculture est-elle utile ?

L’agriculture est-elle utile ? Cette question peut sembler bien provocante, surtout aux lecteurs qui sont en contact régulier avec le monde agricole. Pourtant, aux regards des chiffres nationaux, elle mérite d’être posée. Comme nous le rappelle l’Insee, l’agriculture représente 2,2% du PIB français. Autant dire des chiffres dérisoires, surtout quand on se souvient de ce qu’elle pesait en 1955 : 13,7% du PIB. Supprimer l’agriculture française ne porterait donc pas un coup très rude à notre économie, en apparence seulement.

Des chiffres tronqués

Oui l’agriculture représente 4% des actifs, mais ce chiffre ne s’obtient qu’en réduisant le champ agricole. L’Insee divise la population active — qui s’élève à 26,23 millions de personnes en 2008 — en 38 catégories. L’agriculture est l’une d’elle, et avec ses 227 000 emplois salariés elle se positionne au 23e rang, ce qui est tout de même honorable. Mais l’honnêteté nous oblige à y adjoindre les secteurs d’activité qui dépendent directement de l’agriculture, comme la fabrication des denrées alimentaires, le travail du bois ou la restauration, des activités que l’on classe soit dans le secteur secondaire, soit dans le secteur tertiaire, alors qu’ils dépendent pourtant directement du secteur agricole. Au total ces secteurs, plus les emplois agricoles non salariés, représentent 2,4 millions d’actifs, soit 9,1% de la population active de la France. N’est-ce pas là une position qui mérite davantage de considération [3] ?

Intéressons-nous maintenant à la part de l’agriculture dans le PIB. L’agriculture ce n’est pas que produire du lait ou des quintaux de viande, c’est aussi alimenter la chaîne de l’industrie agroalimentaire, c’est s’intégrer dans une proportion non négligeable dans le secteur de la chimie, ne serait-ce que pour les engrais, c’est aussi intervenir dans la production mécanique française, grâce à la construction, entre autre, des tracteurs [4]. Le monde agricole est donc bien plus multiple qu’il n’y paraît. Les dix premières entreprises françaises sont Danone, Carrefour, L’Oréal, LVMH, Renault, Sanofi Aventis, Total, Axa, BNP Paribas et la Société Générale. Sur ces dix entreprises, trois dépendent directement de l’agriculture : Danone, Carrefour et LVMH (Louis Vuitton pour les cuirs des sacs, Moët pour le champagne et Hennessy pour le cognac) ; c’est plus que l’industrie (Renault et Total).

L’agriculture est aussi au fondement de notre secteur touristique. Certes, les étrangers peuvent venir en France pour visiter les châteaux de la Loire, Versailles ou le Mont-Saint-Michel, mais ils viennent aussi pour la gastronomie de la France, c’est même une de leur première motivation. Et la gastronomie n’est-elle pas directement issue du monde agricole ? De même, que serait la France sans ses paysages : la Provence, les côtes bretonnes ou languedociennes, les montagnes… des paysages qui sont le fruit du travail des paysans. Imagine-t-on que des touristes viendraient sur les plages de Saint-Tropez s’ils ne pouvaient trouver dans cette cité varoise des marchés vendant du miel, de la lavande, du vin local et d’autres gourmandises ? Là aussi, bien qu’invisible, le monde agricole est omniprésent.

Dans notre performance économique, les exportations du secteur agricole remportent de très belles victoires. L’agriculture et le secteur agroalimentaire totalisent 50 milliards d’euros d’exportation en 2010, soit 12,8% de la valeur des exportations françaises. Ces chiffres sont-ils négligeables ? Rappelons qu’en 2010 les exportations de vins et de spiritueux ont réalisé un chiffre d’affaires de 9,09  milliards d’euros, soit l’équivalent de 129 Airbus, de 288 TGV ou de 92 satellites. C’est le deuxième poste excédentaire français pour les exportations, derrière l’aéronautique mais devant les parfums, la cosmétique et la chimie. D’après une enquête de la Revue du Vin de France [5], le vin représente 558 000 emplois directs et indirects, et environ 800 000 emplois directs, indirects et induits.

Belle victoire du monde rural sur la finance ; le blé et la vigne rapportent plus d’argent à la France que la bourse et la corbeille. Mais comme le faisait remarquer le maréchal de Lattre au sujet de l’Indochine, à quoi sert une victoire si on ne la connaît pas ?

Un monde méconnu

C’est là tout le drame du monde agricole : aux jeux olympiques de l’économie, il remporte de très belles médailles d’or, mais ces médailles sont gagnées dans l’indifférence générale. La ruralité et la paysannerie souffrent d’un problème de regard, ce qui fait considérer les physiocrates du XVIIIe siècle comme des arriérés parce qu’ils vantaient encore le monde agricole au moment où débutait la Révolution industrielle [6]. Et parce que le maréchal Pétain a eu le malheur de dire que la terre ne ment pas, et que tout ce qui vient de Vichy doit être honni et combattu, la terre semble suspecte.

Un exemple démontre aisément le mauvais regard porté sur le monde agricole. Dans les manuels de géographie, il est souvent expliqué que l’agriculture de montagne survit grâce aux sports d’hiver. C’est en effet parce que les paysans peuvent, l’hiver, donner des cours de ski ou tenir des remontés mécaniques, qu’ils peuvent ensuite, le reste de l’année, s’occuper de leurs vaches. On pourrait aussi changer de paradigme et dire exactement l’inverse : c’est parce qu’il y a l’agriculture que les sports d’hiver survivent : que feraient nos moniteurs de ski s’ils n’avaient un second emploi en dehors de la saison ? Et que feraient nos skieurs s’ils n’y avaient des éleveurs pour entretenir la montagne, et notamment les prairies qui servent, sous le manteau neigeux, de calme reposoir pour les pistes de ski ?

L’agriculture ne se contente pas d’alimenter l’économie, elle permet aussi d’éviter de nombreuses dépenses aux collectivités territoriales : quand les paysans se retirent c’est aux communes de prendre à leur charge l’entretien des friches, des digues ou des haies, un entretien qui, en raison du coût, est en dehors de leurs possibilités financières, d’où des drames naturels qui surgissent lors des fortes précipitations ou des intempéries violentes. Le monde agricole souffre de préconçus intellectuels. Dans le système de pensée des économistes influents et de certains politiques, la puissance agraire était bonne pour le Moyen Âge. Au xixe siècle, la puissance d’un pays se mesurait à son industrie, aujourd’hui ce sont les services qui font la différence. C’est ainsi que le ministre du Commerce extérieur français de 2005 a pu dire, lors d’un entretien au Miami Herald : « Je préférerais que vos lecteurs n’associent pas seulement la France au vin. Je préférerais qu’ils l’associent à Airbus. Nous avons de nombreuses entreprises technologiques, pharmaceutiques. Nous devons donner une image moderne. » [7] Le vin et le monde agricole ne sont pas modernes. Airbus et l’informatique, si. Tout est dit. Mais la modernité c’est aussi se tenir informé de la réalité de son pays.

Les médailles françaises

La France se classe parmi les premiers producteurs mondiaux dans les principales productions.

La place de la France dans les productions agricoles mondiales. Source : Agreste, 2009.

Production(en millions de tonnes ou d’hectolitres) Rang mondial Rang dans l’UE
Vin 43 2 2
Blé 39 5 1
Volailles 1.8 5 1
Lait 24 5 2
Viande porcine 2.3 6 3
Maïs 16 7 1
Sucre 4.5 8 1
Viande bovine 1.8 8 1

 

Pour un pays qui ne mesure que 550 000 km² et qui n’a qu’un million d’agriculteurs, c’est une performance encore plus remarquable. La France est devant le Brésil, l’Argentine et la Chine, puissance montantes mais encore en retrait par rapport à la France. Rouen est toujours le premier port européen de céréales, bénéficiant du vaste hinterland du Bassin parisien.

La France est aussi en train de réussir le passage à l’agriculture respectueuse de l’environnement. Le productivisme à tout crin fait place à la recherche de la qualité et du goût qui, n’en déplaise à ceux qui se font une fausse idée du passé, est en net amélioration. Dans le domaine du vin, il devient difficile de trouver de la piquette, la qualité gustative des régions viticoles est en progression constante depuis les années 1980.

Or manger, c’est aussi se soigner, selon l’adage d’Hippocrate : « Ton aliment est ton premier médicament. » Le professeur David Khayat rappelle ainsi qu’ « une bonne partie de nos cancers est liée à la façon dont nous nous alimentons. »

Certaines études dont on parle beaucoup en France et qui pointent le lien entre consommation de viande, charcuterie et cancer, sont américaines et ne sont pas transférables de la même façon dans notre pays. Pour une raison simple : l’alimentation n’est pas la même dans nos deux pays. Les études d’outre-Atlantique avancent qu’aux États-Unis, le risque de cancer colorectal est augmenté de 29% par la consommation de 100 grammes de viande par semaine et de 21% par la consommation hebdomadaire de 50 grammes de charcuterie. Or on ne constate pas de tels taux en France. Pourquoi ? Ces différences s’expliquent par le terroir et les modes de production. Lorsque nous faisons analyser le gras d’une viande américaine, 100 grammes de filet de bœuf contiennent 280 calories, contre 150 en France [8].

La qualité et la salubrité de l’alimentation est le grand défi de l’agriculture à venir. Il est impossible de se passer de nourriture, et pour notre santé physique il paraît assez discutable de défendre l’idée que l’on puisse faire produire ailleurs les aliments dont nous avons besoin, au risque d’importer une alimentation non saine, voire dangereuse. La différence de calories entre le gras de bœuf américain et le gras de bœuf français conduit à considérer les difficultés posées par nos outils de mesure.

Des problèmes de mesure

On ne peut laisser mourir un pan entier de l’économie française. Et le verbe mourir n’est pas employé de manière métaphorique. En 2009, ce sont plus de 800 agriculteurs français qui se sont suicidés, c’est bien plus que chez France Télécom. Des suicides qui restent pourtant silencieux [9].

Pour sortir de cette impasse, il est peut-être nécessaire de revoir les outils d’analyse de l’économie. Une telle demande a été formulée à propos de la crise financière qui sévit depuis 2008. Les outils de mesure jusqu’alors utilisés ne permettent pas de saisir la complexité d’un pays. Cela est valable aussi pour le monde agricole.

La partition artificielle et réductrice de l’économie en trois boîtes sectorielles, le secteur primaire, secondaire et tertiaire, est un découpage qui ne permet pas de comprendre la réalité économique d’un pays [10]. Dans quel secteur, par exemple, classer Total ? Son activité d’extraction relève du premier, le raffinage et la transformation du deuxième, et la vente du troisième. Si c’est la vente qui rapporte le plus d’argent à l’entreprise, faut-il en déduire que l’exploration-production est inutile ? Bien sûr que non, les trois sont liés et aucun ne peut se concevoir sans l’autre. En cloisonnant et en découpant, on empêche toute compréhension de l’économie et de la réalité vitale d’un pays.

Le même grief doit être apporté au PIB. Qu’est-ce donc que ce Produit Intérieur Brut qui aiguise autant l’attention ? Selon la définition même de l’Insee, c’est un « agrégat représentant le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes ». Le PIB ne mesure pas la richesse d’un pays, il mesure l’activité de production ainsi que « la somme des emplois des comptes d’exploitation des secteurs institutionnels : rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations, moins les subventions, excédent brut d’exploitation et revenu mixte ». Une excellente manière de faire augmenter le PIB d’un État est d’augmenter le nombre de fonctionnaires, le PIB augmentera de leur salaire respectif. Mais ce pays se sera-t-il plus enrichi ?

Nous le voyons, PIB et population active ne sont pas pertinents pour mesurer la place de l’agriculture dans l’économie française. Une place qui compte parmi les premières. Redisons-le, l’agriculture est le fondement de l’économie française, c’est elle qui en fait sa force et sa puissance. La laisser périr au prétexte qu’elle n’est pas moderne reviendrait à faire mourir un des aiguillons de notre économie.

—-
Cet article est la version revue et remaniée d’un article publié dans la revue Liberté politique de septembre 2010, intitulé, L’agriculture est-elle utile ?

Notes :

[1] Richelieu, Testament politique, Fayard, Paris, 2011, p. 295.

[2] Source : INSEE, 2011.

[3] D’autant que selon la Chambre d’agriculture, pour un emploi agricole direct, cinq emplois induits sont créés.

[4] Mais Renault, dernier fabricant français de tracteurs, a vendu sa division à l’Allemand Class.

[5] La RVF, mars 2012, p. 43.

[6] Rappelons que la révolution industrielle a débuté en France vers 1730, et non pas au XIXe siècle, comme veulent le faire croire les manuels scolaires. Du reste, cette révolution industrielle est d’abord une révolution agricole.

[7] The Miami Herald, 24 février 2005. Cité par Denis Saverot, In vino satanas, Albin Michel, 2008.

[8] Entretien avec le professeur David Khayat, chef du service oncologie de la Pitié Salpétrière, La Revue du Vin de France, mai 2010, p. 13-14.

[9] 800 suicides en 2009 selon l’Association des producteurs de lait indépendants. Les agriculteurs sont la catégorie socioprofessionnelle la plus touchée par les suicides.

[10] Ce découpage est dû à l’économiste anglais Colin Clark (1905-1989). Ceci dit, celui-ci avait placé au début le monde agricole dans le secteur secondaire, le primaire étant réservé pour la chasse et la cueillette.

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  • Très bon article.
    Je voudrais cependant attirer l’auteur sur le fait que l’agriculture bénéficie de subventions colossales (encourageant plus la quantité que la qualité) ainsi qu’une règlementation outrageusement complexe.
    Donc une solution consisterait également à supprimer progressivement la PAC et les règlementation agricoles.

  • S’enorgueillir de la production agricole française fait tristement penser à la gloriole soviétique concernant la conquête spatiale. L’agriculture française à été entièrement façonné par l’état à coup de subventions massives et de réglementations abusives. De ce fait, Elle est un poids pour la France au lieu d’être atout et si elle disparaissait demain (ce qui n’arrivera pas bien sur) aucune conséquence faucheuses ne subviendrait. En effet il un possible d’importer des produits identique moins cher et donc de faire tourner l’industrie agro alimentaire, la restauration et tout ce qui dépend de l’agriculture exactement de la même manière (voir mieux car il serait alors possible de supprimé les réglementations imposant des prix minimum d’achat comme le lait par exemple).
    Il est idiot de « valoriser » dans l’absolue un secteur marchand, toutes les activités humaines ont un valeur propre qui ne se mesure pas en rapport aux autre. Comment classer l’agriculture vis à vis de la sidérurgie, du secteur automobile, l’énergétique ou la santé? sans acier ni tracteurs ni électricité de pétrole et malade, comment les paysans poursuivraient leur activité??
    Non cette article est typiquement la base du discourt étatiste qui consiste à pointer du doigt un secteur en soulignant sont importance, d’expliquer ensuite que ce secteur est essentiel pour la Froance et donc qu’il faut absolument que l’état intervienne pour le « guérir » de tout les « maux » qu’il l’assaillent. Les français, ces sots, regarde le doigt au lieu de regarder la lune et acceptent sans broncher ces ineptes arguments. L’état passe alors joyeusement en mode bolchevique pour « organiser » la filière pour le plus grand bonheur de quelques uns et sur le dos de tout les autres.
    Le mieux qui puisse se produire pour les français c’est que l’état cesse ces interventions tout azimut et notamment dans le secteur agricoles. les agriculteurs ne sont pas plus bêtes que n’importe qui et j’ai toute confiance dans leur capacité à survivre sans l’état. En définitive peut importe leur nombre ou leur chiffre d’affaire, dans un marché libre on est certain qu’ils prendront la place que l’ensembles de leurs clients seront près à leur donner.

    • A LaurentJe pourrais être malveillant et pointer du doigt les quelques gigantesques fautes d’orthographe dont vous nous gratifiez (et qui laissent à penser que, effectivement, au moins en matière d’éducation, l’Etat ne fait pas ce qu’on lui demande).
      Certes l’agriculture est subventionnée, mais rappelons :
      -Les marges exorbitantes que s’octroie la grande distribution, ce qu’aucun des commentateurs n’évoque, alors que les subventions viennent précisément de ce qu’il faut payer malgré tout ces agriculteurs. Si la grande distribution payait les paysans correctement, il n’y aurait pas besoin de les subventionner. Diminuons ces marges de manière suffisante, et non seulement, les paysans seront correctement payés (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, y compris avec les subventions), mais en plus, les consommateurs verraient les prix diminuer. Pour rappel, seulement 7 centrales d’achat pour 500 000 exploitations.
      – Par ailleurs, l’Observatoire des prix et des marges, mis en place début 2008, ne relève que les prix en grandes surfaces. Pour l’instant, pour ce qui est des marges nettes, on ne sait pas trop à quoi s’en tenir vu la jeunesse de l’institution. En revanche, on sait déjà que par exemple, sur le lait UHT, le beurre en plaquette et l’emmental, la marge brute de la grande distribution a doublé en 10 ans, a encore souligné Philippe Chalmin. Et cette augmentation n’est pas non plus le fait des intermédiaires. Voici une conclusion du rapport mené par l’économiste Philippe Chalmin. « Le producteur perd du pouvoir. Parmi les exemples, citons la longe de porc: la part du distributeur est passée en 10 ans de 39 % à 55 %, celle de l’éleveur de 45 % à 36 %. Celle de l’abatteur a régressé de 11 % à 8,8 %. Concernant le lait ou le beurre, la part des producteurs a également baissé. ». Autre exemple pour le jambon, la moitié du prix vient des marges de la grande distribution. Donc il est à supposer que ces augmentations de marge brute correspondent bien à des augmentations indues des marges nettes de la grande distribution.
      -Et accessoirement des labels « d’origine française » pourquoi pas ? Il est après tout très possible que nombre de consommateurs soient prêts à payer leur viande relativement plus cher si un tel label était appliqué.
      -Réglementation ahurissante, je confirme : une mise aux normes européennes pour une petite exploitation est hors de prix.

      -« Et parce que le maréchal Pétain a eu le malheur de dire que la terre ne ment pas, et que tout ce qui vient de Vichy doit être honni et combattu, la terre semble suspecte. » c’est malheureusement très vrai

  • je crois que le passé à répondu à ces questions avec éloquence

  • Comme le rappelle Ginestou Bruno, l’agriculture bénéficie de subventions colossales. Elle n’est pas abandonnée. Par contre, la politique agricole est mauvaise. Comme vous le rappelez, la France dispose de ressources énormes. A la fois une agriculture de volume, en céréales par exemple, et à la fois de multiples spécialités agroalimentaires.
    Plutôt que des subventions, il faudrait rendre ce secteur à l’économie de marché. Libéraliser les remembrements, la propriété agricole, pour faciliter la grande exploitation là où c’est possible (avec cependant peut-être une réglementation en faveur de l’agriculture raisonnée, pour éviter des problèmes écologiques, mais c’est de toutes façons l’intérêt du secteur). Mais en même temps faire prendre conscience du potentiel de toutes les spécialités culinaires du pays, qui correspondent à des modes de productions, de même que touristiques.
    Cependant, cela suppose de l’initiative de la part d’un secteur qui est habitué à être aidé, et à qui on n’a pas laissé le choix d’ailleurs, et dont toutes les aides engendrent beaucoup de règlementations.
    Un autre problème est posé par le tropisme français pour les grosses entreprises. Même s’il y a des coopératives puissantes, le secteur agricole au sens large, en incluant les gites et les petits producteurs de spécialités (il en existe beaucoup, comme des éleveurs de canards qui font leurs propres conserves dans le Sud Ouest par exemple), est une myriades d’entrepreneurs, que notre conception étatiste de l’économie ne sait pas appréhender.

  • L’article est intéressant car il met en valeur l’importance du secteur agricole en France aujourd’hui.
    Mais c’est dommage qu’il n’aille pas plus loin en essayant d’apporter quelques pistes de solution aux nombreux enjeux que ce secteur affronte et va affronter dans le futur.

    Il aurait aussi (surtout) fallu revenir plus longuement sur le poids et l’impact des subventions étatiques et européennes sur l’agriculture AMHA.

    • Je suis tout à fait d’accord avec Rey64. Moi aussi j’aurais aimé un axe supplémentaire, un chapitre de plus, sur les politiques publiques et européennes par exemple.

      Mais, qu’est ce qu’il est bon, cet article !

  • Pour ceux qui n’en ont pas eu assez, j’avais lu dans le temps un excellent édito de Nicolas Baverez pour Le Point qui tapait fort sur les mauvais résultats de l’agriculture française par rapport à l’Allemagne et à ses politiques publiques plus libérales et mieux pensées sur l’agriculture…

  • L’agriculture française devancée aux exportations par l’Allemagne, c’est ça qui me met « les boules ». PAC et règlementation ahurissante, voilà quel sont ses deux maux, la seconde étant pire que la première.

  • « Labourage et Pâturage sont les 2 mamelles de la France » déclarait Sully , 400 ans plus tard c’est toujours vrai . . .

  • Lire ce genre d’article sur l’agriculture est un plaisir assez rare.
    Des exploitations encore à taille humaine, une agriculture productive et diversifiée, des paysages assez bien entretenus, un encadrement juridique plus favorable depuis que Jospin est retourné cultiver son jardin, espérons que le retour probable de la gauche aux manettes ne plonge le monde agricole dans le marasme des années 90.

  • L’agriculture française se porte bien au détriment du reste de nos activités à travers toutes les subventions. Et elle se porte bien au détriment du reste de l’agriculture européenne, la France étant le premier pays bénéficiaire de la PAC, nous finançons nos agriculteurs avec l’argent des contribuables européens au détriment aussi des agricultures de ces pays.
    La réalité c’est que le secteur agricole français est en train de se faire rattraper à grande vitesse vis-à-vis de ses concurrents mondiaux ( Brésil, Chine, Argentine, Australie etc…), les Etats-Unis nous distancent, l’Allemagne exporte davantage que nous etc… Le fait d’être persuadés d’avoir les meilleurs produits peu importe le prix nous empêche de voir l’émergence de produits par ailleurs, et donc de nous reconfigurer, je me réfère notamment au secteur du vin où nous sommes de moins en moins compétitifs.

    • @Tremendo
      Vous vous trompez. L’argent de la PAC est le nôtre et non celui des européens.
      Je m’explique: La France verse chaque année 21 milliards à l’UE et Bruxelles lui rend 7 milliards au titre de la PAC et 6 milliards pour d’autre secteurs ce qui fait au total 13 milliards en retour.
      Donc la France perd 21-13=8 milliards/an.
      Au final c’est la France qui aide les autres pays européens et non l’inverse!

  • Je crois qu’il faut distinguer deux catégories de produits agricoles : ceux à forte valeur ajoutée et ceux de consommation courante (bas prix et faible valeur ajoutée) :
    1 – Dans la première catégorie nous trouvons les bons produits français (fromages, vins, conserverie, charcuterie, viande et légumes/fruits de qualité, etc.) et dans la deuxième les produits banalisés et indifférenciés tels que les céréales, les fruits ou les légumes que nous pouvons acheter dans la grande consommation.
    2 – Les produits de qualité (ceux qui ont une forte valeur ajoutée) n’ont pas besoin d’être subventionnés pour être rentables et la France dispose toujours d’un grand savoir faire et d’un terroir adapté (la qualité des fromages français est unique).

    En ce qui concerne les produits à faible valeur ajoutée, il vaut mieux les importer des pays qui les produisent à coût plus bas. L’indépendance alimentaire est un slogan démagogique à usage politique car beaucoup de pays développés importent une bonne partie de leur nourriture (la Suisse ne pêche pas de poisson de mer, la Scandinavie ne produit pas beaucoup d’agrumes ou de bananes…).

    En France l’égalitarisme a été élevée au rang d’objectif national suprême, ce qui mine toute l’activité économique et notamment l’agriculture. Si l’agriculture/élevage n’étaient pas subventionnées et la France ne produisait que des produits rentables (à forte valeur ajoutée), les contribuables qui financent des entreprises agricoles qui vivotent grâce aux subventions seraient gagnants.

    • Pagerfi:  » En ce qui concerne les produits à faible valeur ajoutée, il vaut mieux les importer des pays qui les produisent à coût plus bas. »

      C’est ce qu’on fait depuis longtemps.
      Par exemple, on exporte quantités de blé panifiable et on importe quantités de blés fourragers.

      • c’est exactement le contraire: la france produit majoritairement des blés fourragers, et importe le panifiable du canada !

  • « La France est devant le Brésil, l’Argentine et la Chine, puissance montantes mais encore en retrait par rapport à la France »

    Euh…..

  •  » produire des quintaux de viande  »

    cette expression ne se dit pas, on dit des quintaux de blé, de mais, mais des kilos, ou des tonnes de viande. pas des quintaux de viande.

    a mon avis, l’auteur de cet article, n’a pas du souvent mettre ses petits petons dans une cour de ferme !

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