Prise de risque socialiste ?

Le fiasco de l’entreprise d’énergie renouvelable Range Fuels démontre la perversité d’une gestion des risques « socialiste » : socialisation des pertes et privatisation des profits

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Prise de risque socialiste ?

Publié le 30 janvier 2012
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Le fiasco de l’entreprise de biocarburants Range Fuels démontre la perversité d’une gestion des risques « socialiste » : socialisation des pertes et privatisation des profits.

Par Robert Rapier (*)

Usine de Range Fuels à Soperton, Géorgie, États-Unis

Avec l’annonce récente de la saisie de l’entreprise de combustible Range Fuels de Vinod Khosla, suivie par la vente rapide des actifs de Range Fuels à LanzaTech, une entreprise qui appartient encore à Vinod Khosla, j’ai reçu énormément d’appels de journalistes qui souhaitent savoir ce qui ce passe exactement. Après tout, plus de $ 300 millions ont été investis dans la compagnie Range Fuels – y compris des dizaines de millions de dollars provenant des contribuables – ce qui s’est terminé par une vente des actifs finalement achetés par LanzaTech pour un montant d’environ $ 5 millions.

Deux articles ont été publiés au cours du week-end par des journalistes avec lesquels je me suis entretenu la semaine dernière :

La citation suivante, provenant d’un des articles, a attiré mon attention :

« Ces entrepreneurs en capital-risque sont fondamentalement des socialistes du risque », déclare Kenneth Green, chercheur à l’American Enterprise Institute, un think tank conservateur de Washington. « Ils obtiennent des fonds de recherche et des garanties de prêts en grandes quantités pour construire des usines pilotes et autres projets. Ils cherchent à socialiser les coûts de leurs efforts, mais veulent bien sûr garder les profits privés. »

Je suppose que c’est une belle manière de décrire la situation. Ces entrepreneurs en capital-risque ont découvert qu’ils peuvent couvrir leurs risques avec l’argent des impôts – en soumettant les contribuables aux risques de leurs projets – alors qu’ils récoltent toutes les récompenses potentielles. Comme s’en est vanté récemment Vinod Khosla, il a fait un milliard de dollars en rendant certains de ses projets publics, et les valorisations de ses sociétés sont au moins en partie faites sur la base des subventions gouvernementales et à partir de prêts qu’ils ont reçus du gouvernement. Mais comme je l’ai souligné dans l’un de ces articles, aucune de ces sociétés ne produit réellement de carburant à des fins commerciales. De mon point de vue, c’est à cela que l’on mesure le succès du projet. Dans les dix années qui viennent, personne ne se souciera vraiment de savoir, si Khosla a fait un milliard de dollars grâce à ses investisseurs quand aucune de ses sociétés n’ont réussi à produire du carburant concurrentiel avec l’essence actuelle.

Khosla croit vraiment qu’il devrait être célébré pour ce qu’il fait:

La formule originale de Range n’a peut-être pas été couronnée de succès, mais une telle prise de risque mérite des applaudissements, non pas la dérision » nous dit Khosla, lui qui aida Sun Microsystems à démarrer. Il ajoute « En fin de compte, le succès n’est jamais assuré. »

J’ajouterai que tout dépend de la nature des risques que l’on prend. Dans ce cas, les risques étaient considérables, et de mon point de vue, mal compris (et surtout ils manquaient d’articulation claire) par ceux qui ont soutenu ce projet. Si l’on ajoute le fait que vous risquez mon argent et que vous endommagez la crédibilité de l’industrie des carburants renouvelables, je crois bien que je vais retenir mes applaudissements. Personnellement, je pense que les contribuables méritent d’être remboursés avant que tout autre projet associé à l’un des bailleurs de fonds de Range Fuels soit éligible pour allouer des fonds fédéraux supplémentaires.

Bien sûr, comme je l’ai dit précédemment, je voudrais changer le système en place de façon à ce que les risques de ces projets retournent là où ils doivent être, c’est-à-dire dans le secteur privé. Si l’on commençait à offrir des récompenses à ceux qui tiennent leurs promesses plutôt qu’à ceux qui génèrent le plus de publicité autour de leurs promesses, ce type de fiascos ne serait après tout pas si dommageable. Beaucoup d’entreprises échouent. Mais si elles restent financées par des investisseurs privés, alors c’est le risque normal des affaires.

—-
Sur le web

(*) Chimiste, spécialiste des énergies renouvelables, Robert Rapier est l’auteur du blog R-Squared dont la mission est de favoriser des discussions ouvertes sur l’Énergie et l’Environnement.

Traduction : JATW pour Contrepoints.

Voir les commentaires (3)

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Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • « il a fait un milliard de dollars en rendant certains de ses projets publics, »
    —————-
    Une traduction qui éviterait un grave contresens serait « il a fait un milliard de $ en introduisant certaines de ses sociétés à capital-risque en bourse » (sous entendu, il a rincé des couillons… euh des actionnaires privées qui ont acheté des parts de coquilles vides).

  • Les commentaires sont fermés.

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