La citation du dimanche, par Han Ryner :
Le sage remarque que, pour exercer une action sociale, il faut agir sur les foules, et qu’on n’agit point sur les foules par la raison, mais par les passions. Il ne se croit pas le droit de soulever les passions des hommes. L’action sociale lui apparaît comme une tyrannie, et il s’abstient d’y prendre part.
Han Ryner, Le petit manuel individualiste, 1903.
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Jacques Élie Henri Ambroise Ner, dit Han Ryner est un écrivain anarchiste individualiste, pacifiste et anticlérical né à Nemours (département d’Oran, Algérie) le 7 décembre 1861 et mort à Paris le 6 janvier 1938.
Sa pensée allie la sagesse antique (Socrate, les Stoïciens) avec un individualisme éthique à la recherche d’une liberté intérieure.
Han Ryner est principalement influencé par les penseurs de l’antiquité, particulièrement les stoïciens. En ce sens, il prône une sagesse qui conduit à accepter l’inévitable, ce qui ne peut être changé ou vaincu. Puisque l’individu ne peut détruire certaines oppressions liées à la nature sociale de son humanité, il doit les accepter avec l’indifférence qu’il a face aux phénomènes physiques.
Il préconise une libération intérieure et non une révolution sociale, collective et violente. Selon lui, l’individu doit agir pour lui, en se délestant des conditionnements extérieurs, en écoutant ses propres pulsions et besoins et en n’obéissant que lorsque la préservation de son individualité est en jeu.
Pacifiste avant tout, Han Ryner valorise l’objection de conscience et les moyens d’action non violents. Il qualifie d’ailleurs son individualisme d’ “harmonique” pour le distinguer des individualismes “égoïstes” ou “doministes” qu’il rejetait au nom de son éthique et de son humanisme. Souvent surnommé le “Socrate contemporain”, Han Ryner fut ironiquement un penseur au sens pré-socratique du terme, c’est-à-dire un sage curieux de tout à la rhétorique raffinée et d’une rare délicatesse.
Lire aussi (texte intégral gratuit) Le petit manuel individualiste (1903) sur Catallaxia.org
Ah ! Merci pour cette citation de l’excellent Han Ryner, que le non moins excellent Eskoh m’avait fait découvrir il y a quelques années. Il représente une facette du libéralisme à mon sens largement sous-estimée voire dénigrée de nos jours qui, comme les libertariens par exemple, se situe dans un champ qu’il est difficile de localiser sur un axe classique droite-gauche. Cet auteur renvoie autant au libéralisme classique qu’à l’extrême-gauche, d’une certaine façon.