L’argent des autres

Le problème avec le socialisme c’est que, tôt ou tard vous êtes à court de l’argent des autres.

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L’argent des autres

Publié le 15 novembre 2011
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«Le problème avec le socialisme» , un mot resté célèbre de Margaret Thatcher, «c’est que, tôt ou tard vous êtes à court de l’argent des autres» . Cette observation est la clé pour comprendre la vague de faillites gouvernementales qui a déjà commencé à déferler sur nous.

Par Eric Raymond (article publié initialement en décembre 2010)

L’État de Californie était un indicateur de référence aux États-Unis, tellement à court de monnaie qu’il a commencé à émettre des reconnaissances de dettes à ses fournisseurs en lieu d’espèces. Les gouvernements des États de l’Illinois, de New York et du New Jersey sont dans une situation presque aussi désastreuse. Avant d’avoir vérifié cette information, je pensais que 39 des 50 États de l’Union étaient en déficit, mais en fonction de cette visualisation des estimations pour 2010, 46 Etats sont actuellement en déficit. Une vente massive d’obligations municipales et d’État américaines est en cours alors que les investisseurs se précipitent vers la sortie.

 

 

Dette des états aux USA
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De l’autre côté de l’Atlantique, nous entendons parler sans cesse de la menace pesant sur les dettes souveraines du Portugal, de l’Italie, de l’Irlande, de la Grèce et de l’Espagne – communément appelés PIIGS. Les pays financièrement puissants de l’Union Européenne (j’entends par là, essentiellement, l’Allemagne) ont organisé des opérations de sauvetage conçues pour envoyer le message suivant aux investisseurs obligataires : que les PIIGS ont simplement un problème temporaire de trésorerie, mais les marchés ne sont pas près de prendre pour argent comptant ce discours, la ruée pour se débarrasser des titres sur la dette de l’Irlande n’a même pas été ralentie par le prêt à l’Irlande. Les analystes se demandent maintenant si la Belgique pourrait être le prochain pays sur la liste.

Ce qui se passe réellement, c’est que les investisseurs obligataires sont en train de se rendre compte de la plus grande vérité politique de l’ère de l’après-guerre froide: les États sont en faillite. Ce n’est pas seulement différents gouvernements qui se dirigent vers l’effondrement financier, mais l’ensemble du modèle de l’étatisme en expansion constante qui a commencé avec Otto von Bismarck lorsqu’il a établi le système de pension en Prusse à la fin des années 1800.

Cette faillite était inévitable à partir du moment où les gouvernements ont mis le doigt dans l’engrenage, en achetant leur légitimité auprès des peuples grâce à la création de droits sociaux. Comme je l’ai observé dans l’article traitant de certaines lois d’airain de l’économie politique, dans toute démocratie la demande politique exige des transferts de revenu, des droits sociaux et des subventions dont le montant global s’élève toujours plus vite que ce que l’économie peut générer comme richesse pour l’entretenir, constat qui est soutenu par une étude récente montrant que chaque dollar supplémentaire de recettes fiscales collecté aux Etats-Unis a produit 1,17 dollar de dépenses publiques supplémentaires.

Ainsi, l’augmentation d’impôts n’est jamais vertueuse. Elle ne fait qu’augmenter le taux d’accélération du système vers sa chute, et l’appétit des gouvernements en direction d’emprunts nouveaux destinés à combler le fossé grandissant entre les revenus disponibles et les engagements politiques. C’est pourquoi les gouvernements de l’Union Européenne tentent de soutenir leurs membres les plus faibles – ce qu’ils redoutent le plus, c’est de perdre cette capacité d’avoir recours aux marchés obligataires pour continuer de combler ce fossé, jusqu’au point où tout l’édifice de l’Eurosocialisme s’effondrera irrémédiablement.

Les conservateurs américains qui considèrent comme de vilains petits canards les syndicats du public et du privé qui seraient à la source de la vague d’insolvabilité aux États-Unis, confondent l’arbre avec la forêt. Les syndicats ne font rien d’autres que de chercher rationnellement leur intérêt dans un système où le mécanisme des incitations est défectueux à un niveau beaucoup plus profond. Et ce n’est pas une coïncidence si les mêmes problèmes font surface et s’aiguisent simultanément dans le monde entier, parce que la cause sous-jacente transcende tous les détails historiques de toute démocratie individuelle, ou tout arrangement politique particulier.

Entre 1880 et 1943, commençant par Bismarck et s’achevant par le New Deal de Roosevelt, l’Occident moderne a abandonné le modèle classique et libéral d’un État minimal, un État “veilleur de nuit”. Mais le monstre redistributeur qui l’a remplacé n’était pas viable, et il est à présent à court de l’argent des autres. Nous vivons le début de sa fin.

MAJ: Une journée après cet article : les craintes sur la dette européenne atteignent des pays considérés comme plus sûrs. Mene, mene, tekel, upharsin!

[La dernière citation fait référence à un passage célèbre de la légende du Roi Balthazar, prince de Babylone, et se traduit de la manière suivante: "ce que ni les devins, ni les magiciens, ni les astrologues ne purent interpréter".]

[Eric S. Raymond est une des figures les plus célèbres du mouvement de l’Open Source. Et considéré comme l’un des grands « hackers » de notre époque – précision de terme : « hacker » ne veut pas dire pirate, le terme approprié pour pirate en anglais est « cracker. »
Concepteur de la « loi de Linus », il a aussi donné de son temps et de son expertise informatique pour que les opposants à de maints régimes sanglants, tel que celui de l’Iran, puissent s’exprimer de manière sécurisée sur le réseau TOR.
N’ayant pas vendu son âme à une société marchande tout en restant un pur libéral classique, comme savent l’être les libertariens, il nous livre ici le fond de sa pensée sur un des soucis actuels de l’Etat moderne occidental né à l’ère industrielle : l’endettement croissant.
L’article originel en anglais, sur son blog, est ici.]

 

 

Depuis Net & Sans détour, reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

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  • « Mene, mene, tekel, upharsin » , ne se traduit pas par « ce que ni les devins, ni les magiciens, ni les astrologues ne purent interpréter » », c’est la phrase qu’ils ne peuvent pas interpréter.
    Sauf Daniel qui le traduit comme un avertissement : [ton règne a été] compté, [son sort] est pesé (décidé), [et son destin (funeste) est d’être] divisé

  • Excellent article, Je connaissait beaucoup de chose faites par Eric Raymond, sans connaitre sa fibre liberale/libertarienne …

  • Les commentaires sont fermés.

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