France, état critique : le diagnostic du docteur Peyrelevade

Recension de l’ouvrage de Jean Peyrelevade, publié chez Plon

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France état critique

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France, état critique : le diagnostic du docteur Peyrelevade

Publié le 24 octobre 2011
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Recension de l’ouvrage de Jean Peyrelevade.

Par Alain Dumait

Jean Peyrelevade est un polytechnicien, qui, après un début de carrière à la Direction de l’Aviation civile, s’est frotté à la politique (conseiller économique de Pierre Mauroy de 1981 à 1983) et à la banque (président de Suez puis du Crédit Lyonnais, sauvé par l’argent public, puis banquier d’affaires)

Il a publié le mois dernier, Chez Plon, collection Tribune Libre, un livre, France, état critique*, fruit d’un dialogue avec un journaliste du Monde, Pierre-Antoine Delhommais.

Les 170 premières pages sont remarquables.

Un chapitre sur le déclin de la France. Depuis 30 ans nos gouvernements prétendent soutenir la croissance par la consommation. L’investissement est cacochyme. On en voit le résultat…

Le chapitre 5, véritable ode à l’industrie : « nous avons mis sur nos champions industriels le handicap le plus lourd, au moment de les engager dans la compétition internationale. » Car un pays industriel, exportateur, offensif et créatif, aborde la compétition internationale sans complexe. La France, avec une industrie moribonde – plus proche de celle de la Grèce, loin derrière celles de l’Italie et même de l’Espagne… – n’a ni moral ni confiance…

Le chapitre 6, définitif, sur la dette publique, « qui n’a aucune justification d’aucune sorte ! »

Dommage que le dernier  chapitre, consacré au redressement soit si mou. On retrouve là la prudence de l’ex-conseiller du prince.

Sur la dette : « il faut qu’elle n’augmente pas en valeur plus que le taux d’inflation… »

Sur la protection sociale, « une partie croissante doit être prise en charge par les ménages eux-mêmes… »

« Augmenter les impôts », « remettre les Français au travail »… On cherche en vain  les réformes de structure qu’on s’attendait pourtant à trouver dans la partie finale de cet ouvrage.

Comme si la grande et principale question n’était pas de réduire de 20% les dépenses de la sphère publique, hôpitaux, caisses de sécu et collectivités locales compris.

Ces derniers temps, Jean Peyrelevade – qui souffle ses 72 bougies aujourd’hui, lundi 24 octobre – a sinué entre le Modem de François Bayrou (qu’il a soutenu en 2007) et l’aile modérée du PS. À la primaire socialiste, au premier tour, il a voté pour Manuel Vals.

Ce courant de centre gauche a le mérite, quand il s’exprime avec la clarté d’un Peyrelevade, de la franchise et de la lucidité. Mais il ne faut pas trop compter sur lui pour accomplir les réformes drastiques dont le pays a besoin. Urgemment.

Le diagnostic de l’état critique de la France est ici confirmé, s’il en était besoin. Reste à emmener le malade dans la salle d’opération. En espérant que le chirurgien saura faire…

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* 215 pages, 18€, acheter sur Amazon

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  • En France, on est souvent très malin sur les diagnostics, mais nettement plus faibles pour la pratique. Manque d’esprit pratique, manque d’énergie, manque de suite dans les idées. L’action est toujours inférieure à l’intelligence, concrètement stérile.

  • Est-ce ce monsieur qui a mis le feu au Crédit Lyonnais?

    • Non. Mais il a quand même continué l’affaire Adidas et diffamé Tapie.

      Ce sont ses propos qui ont conduit à l’humiliante conclusion de l’arbitrage.

      Arbitrage dont l’annulation pratique donne une bien belle image de la France.

      Et par ses commentaires sur l’arbitrage, Peyrelevade a démontré qu’il ne comprend pas jusqu’à quel point s’applique l’autorité de la chose jugée, ni même ce qu’est une partie et ce que recouvre le principe du contradictoire.

      Bref, c’est un gland.

  • Non.

    C’est Jean Yves Haberer qui a mis le feu au Crédit Lyonnais.

    Jean Peyrelevade l’a remplacé pour redresser la barre.
    Il avait proposé au gouvernement de l’époque de recapitaliser la banque de 20 Mds de f ( 3 Mds €) puis de laisser le CL faire son travail de banque.

    Fatalitas, E. Balladur préféra créer une bad bank – le CDR – qui finalement coûta bien plus cher.

    Cordialement

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