Pour les investisseurs, le ciel finira par s’éclaircir. Nous nous rapprochons du moment où nos États prédateurs seront mis en faillite ou devront se réformer.
Par Charles Gave
Je pars du principe que les lecteurs sont intéressés par ce que m’a enseigné une expérience déjà ancienne et, de temps en temps, je consacre donc l’une de ces chroniques à expliquer la façon dont j’aborde un marché avant d’y investir. C’est un peu mon coté « professeur » qui ressort dans ces moments-là. Cette chronique est à ranger parmi celles que l’on pourrait appeler (si l’on n’avait pas peur du ridicule) des chroniques « didactiques ».
Dans les marchés des actions, il faut considérer trois cercles qui se touchent mais qui ne se recouvrent pas complètement.
1. En premier, il faut partir des valorisations. Les actions sont-elles chères, à leur prix ou bon marché ?
2. En second, il faut analyser ce qu’il est convenu d’appeler la « liquidité », terme un peu abscons où l’investisseur doit déterminer si la banque centrale et/ou les banques commerciales sont volontaires pour prêter de l’argent au système économique, pour savoir si, comme le dit le proverbe boursier, il y a plus d’argent que de titres ou plus de titres que d’argent… ?
3. En troisième, il faut analyser les perspectives de la croissance à venir, en utilisant des outils du style « indicateurs économiques avancés (ZEW, IFO, Indicateurs de l’OCDE, etc.
Le meilleur scénario est celui de marchés « donnés dans la rue », avec la banque centrale remettant des liquidités dans le système, tandis que les indicateurs avancés retournent à la hausse (fin 2002, par exemple). Le pire des scénarios est bien sûr celui d’un marché très cher, avec des banques centrales restrictives tant le boom économique et les tensions inflationnistes sont fortes (début 2000) tandis que la croissance, trop forte, ne peut que baisser.
Si le lecteur accepte cette grille de lecture, il doit immédiatement vouloir me poser une question et une seule : où en sommes-nous aujourd’hui ? Je vais essayer de répondre à cette demande aussi simplement que possible.
Commençons par l’Asie. Les valorisations y sont très basses, les banques centrales arrivent à la fin d’une période de restrictions monétaires et la croissance est et restera satisfaisante. Il faut donc renforcer toutes les positions asiatiques dans les portefeuilles.
Passons aux USA. Les valorisations y sont anormalement basses, la banque centrale rajoute de la liquidité autant qu’elle le peut mais cette liquidité n’est pas utilisée par les banques commerciales, ce qui veut dire que la croissance va rester en dessous de son potentiel optimal, tant la politique de monsieur Obama a été désastreuse. Il faut donc acheter les valeurs à « cash flow » positif du style Apple, Google, Johnson and Johnson, IBM, etc. (noms fournis a titre d’exemples), qui ont toutes une caractéristique commune, ne pas avoir besoin des banques, et il faut le faire sans se presser mais avec beaucoup de discipline.
Venons enfin à l’Europe en général et à notre pays en particulier. Comme je n’ai cessé de l’écrire depuis des années, le vrai problème de la France n’a rien d’économique, mais est complètement politique, l’épargne Française étant siphonnée à perpétuité par ce vampire qu’est devenu notre État. Les valeurs ne sont pas chères, mais la liquidité y est inexistante tant les banques se retrouvent dans l’impossibilité de prêter, leurs bilans étant surchargés d’obligation étatique soi-disant sans risques et qui ne valent pas tripette, ce qui interdit bien sûr tout prêt et donc toute croissance, comme en Union Soviétique naguère. Comme je n’ai cessé de le dire et de l’écrire depuis 2007, dans ces pays plombés par leurs États, il ne faut avoir que des actions qui n’ont rien à voir avec l’Europe (plus de 50% du chiffre d’affaires en dehors d’Europe) et rien à voir non plus avec l’État (aucune part du chiffre d’affaires ne doit venir de l’État, et elles ne doivent être soumises à aucune dépendance à des réglementations étatiques). Ce qui veut dire qu’il fallait et qu’il faut encore éviter bien sûr tous les marchés obligataires en Europe, mais aussi toutes le financières locales dont le bilan est rempli de ces mêmes obligations d’État.
Le lecteur soucieux d’investir devrait donc concentrer ses avoirs en obligations des pays asiatiques, et en actions un peu partout ailleurs, favorisant les financières et la consommation en Asie et les valeurs de production partout ailleurs. Si le lecteur a suivi cette politique qui a été la mienne depuis des années, certes cette année n’a pas été glorieuse, mais rien d’irréparable ne s’est produit, les pertes ont été très limitées et ce lecteur peut attendre tranquillement que le ciel s’éclaircisse, ce qui finit TOUJOURS par arriver.
Nous nous rapprochons à vue d’œil du moment où nos États prédateurs vont en effet soit être mis en faillite (Grèce), soit devoir se réformer – enfin – pour redonner tout leur rôle aux entrepreneurs et à l’épargne et remettre les fonctionnaires sous le contrôle de politiques qui comprendront quelque chose à l’économie.
La France étant la matrice historique de tous les totalitarismes technocratiques, c’est bien sûr chez nous que cette Révolution aura lieu en dernier, mais je peux assurer le lecteur qu’elle aura lieu.
D’où mon optimisme actuel. Comme le mur communiste est tombé à Berlin. Il va tomber à Paris.
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