La genèse d’un nouveau système monétaire

L’effondrement du système monétaire mondial pourrait arriver plus tôt que prévu et l’or redevenir la monnaie des transferts financiers internationaux

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Lingot d'or (Crédits Bullion Vault, licence Creative Commons)

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La genèse d’un nouveau système monétaire

Publié le 10 août 2011
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Il semble de plus en plus que l’effondrement du système monétaire mondial arrivera plus tôt que prévu. L’or pourrait donc redevenir la monnaie de choix pour assurer les transferts financiers internationaux.

Par Le Minarchiste, depuis Montréal, Québec

Tout a commencé lors d’une audience du Congrès, quand Bernanke a déclaré que « l’or n’est pas une monnaie ». Ron Paul lui a alors demandé pourquoi la Fed en détenait dans ses réserves? L’air perplexe, Bernanke a balbutié que c’était par tradition! Mais non voyons! Si la Fed conserve de l’or dans ses réserves, c’est parce qu’elle ne veut pas se retrouver sans métaux précieux dans un monde qui considère de plus en plus que l’or est LA monnaie de choix, l’ultime étalon de valeur.

L’or dépasse maintenant les $1.700 US. Il est clair que beaucoup de banques centrales en achètent de plus en plus pour se protéger de la perte éventuelle du statut de monnaie de réserve du dollar américain. Est-ce que l’or atteint des niveaux stratosphériques dignes d’une bulle spéculative? Pas vraiment! Ce sont plutôt les monnaies fiduciaires qui perdent leur valeur, détruite par l’irresponsabilité des gouvernements. Par exemple, observez le graphique suivant qui montre le prix de l’or en Francs Suisse (ligne bleue). Cette monnaie n’est certes pas parfaite, mais c’est l’une des meilleures car le gouvernement Suisse a un budget en équilibre, son endettement n’est que de 53% du PIB et sa banque centrale détient de l’or couvrant 84% de la monnaie en circulation. On observe donc que le prix de l’or en Francs Suisse a baissé au cours des 6 derniers mois! Il est donc évident que ce n’est pas vraiment le prix de l’or qui monte, mais plutôt la valeur des monnaies fiduciaires qui s’écroule. Pourquoi?

La semaine dernière, le gouvernement américain a encore une fois relevé le plafond de la dette, mais avec un déficit incontrôlable de plusieurs billions par an, le plafond devra être encore relevé dans quelques trimestres. Tout sera à recommencer. C’est justement pourquoi S&P a réduit la cote de crédit du gouvernement américain : parce que cette trajectoire fiscale est insoutenable. Observez l’image suivante. La pile de billet qui fait la hauteur de la Statue de la Liberté, soit $15 billions, c’est la dette actuelle des États-Unis. La grosse pile qui dépasse le défunt WTC, c’est la dette réelle, qui inclut les engagements sociaux non-financés : $115 billions. C’est un gouffre financier insurmontable. Pour financer ces engagements, il est évident que la Federal Reserve devra créer de la monnaie à profusion pour acheter des titres de dette : c’est-à-dire qu’elle devra monétiser les déficits du Trésor. Le pouvoir d’achat du dollar US va donc en prendre pour son rhume.

Néanmoins, les pays étrangers connaissent cette astuce vieille comme le monde et ne laisseront pas la valeur de leurs réserves s’amenuiser au profit du Trésor américain. C’est pourquoi ils diversifient leurs réserves en achetant de l’or, entre autres.

Pendant ce temps, la Banque Centrale Européenne (BCE) annonce qu’elle achètera des titres de dette des PIIGs directement sur les marchés secondaires avec de la monnaie créée ex nihilo. Les lignes de crédit d’urgence sont insuffisantes pour secourir un pays comme l’Italie. La Zone Euro est en train de s’écrouler. Une dangereuse crise financière est en train d’imploser en Europe; on parle déjà d’un autre « credit crunch », comme celui qui a frappé les États-Unis en 2008. La différence est que cette fois ce ne sont pas des titres hypothécaires « toxiques » qui coulent les banques, mais plutôt des obligations de gouvernements dépensiers.

Par ailleurs, depuis quelques semaines les nouvelles sont peu reluisantes concernant l’économie mondiale. Les indicateurs économiques sont en détérioration aux États-Unis et en Europe. La Chine voit son inflation continuer à progresser et devra continuer à resserrer sa politique monétaire. Les résultats des entreprises pour le second trimestre de l’année ont été plutôt décevants et les perspectives énoncées par les dirigeants des grandes entreprises sont moins reluisantes qu’elles ne l’étaient. Dans les circonstances, les spéculateurs ont retiré leurs billes (empruntées sur marge) du marché, ce qui a déclenché une violente correction boursière.

Pendant ce temps, les taux d’intérêt à long terme des bons du Trésor US ne cessent de baisser. N’est-ce pas contre-intuitif suite à une décote de l’emprunteur étatique? Les explications de ce paradoxe sont multiples : 1) les anticipations d’inflation sont à la baisse vu l’affaiblissement économique, 2) certains investisseurs anticipent un QE3, 3) les problèmes des gouvernements de la zone Euro rendent les bons du Trésors US plus attrayants comme refuge, 4) les banques américaines ne savent plus quoi faire de leurs excès de liquidités et n’ont rien d’autre à faire avec l’argent que d’acheter des obligations gouvernementales, et 5) les investisseurs qui vendent leurs actions transfèrent ces sommes en obligations gouvernementales.

Conclusion :

Il semble de plus en plus que l’effondrement du système monétaire mondial arrivera plus tôt que prévu. Si le dollar US perd son statut de monnaie de réserve, il ne sera certainement pas remplacé par la Livre, ni par l’Euro, ni par le Yuan. Il est fort probable que l’or redeviendra la monnaie de choix pour assurer les transferts financiers internationaux. Conséquemment, l’or n’a pas fini de monter…

En terminant, sur ce même thème voici un petit article que j’avais publié en octobre 2009. Vous constaterez que les événements vont dans le sens de mes prévisions!

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