Crise européenne, dette américaine : la palpitante analyse de Papy Rocard

Michel Rocard nous gratifie d’une analyse purement keynésienne et étatiste de la crise de la dette.

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Crise européenne, dette américaine : la palpitante analyse de Papy Rocard

Publié le 3 août 2011
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Crise européenne, dette américaine : la palpitante analyse de Papy Rocard

C’est le mois d’août et, comme on peut s’y attendre, le farniente a gagné les esprits. La population, majoritairement en vacances, ne lit plus les blogs et pas plus la presse. C’est dommage, parce qu’on y trouve des pépites : comme les journalistes sont partis, les hommes politiques se déchaînent et pondent de truculents articles de « réflexion ». Et fin juillet, c’était Papy Rocard qui se lançait, une fois de plus, dans l’exercice périlleux. Analyse d’un désastre.

Pour l’occasion, Papy nous a gratifié d’un billet alarmiste : il nous avertit sans ambages que la tempête financière est pour bientôt et qu’on va morfler. À force de le dire, il finira par avoir raison.

Bon, pour le coup, je ne peux pas lui donner tort, puisque je partage son pronostic.

Cependant, ce que je partage avec lui s’arrête là. Si l’on oublie le titre et cette prédiction, le reste de l’article, lui, permet de s’en payer une bonne tranche.

Un Keynésien qui explique pourquoi les recettes keynésiennes ont lamentablement foiré, sans comprendre pourquoi et en collant le délit sur le mauvais coupable, ça ressemble à un épisode de Columbo qu’un auteur talentueux a déjà écrit.

En fait, Papy Rocard, la crise, il l’a toute comprise, alors il récidive et prend son petit clavier pour nous expliquer comment il aurait résolu tout le bazar et pourquoi le marché et le capitalisme, c’est mal et les États, c’est chouette.

Papy Rocard, en roue libre et sans sonotone

Pour arriver à cette conclusion, Michel va faire son autiste. C’est facile, il a pratiqué pendant 40 ans. Certains soupçonnent une origine génétique, mais je penche plutôt pour un caractère acquis pendant sa carrière politique.

Ainsi, il nous déclare tout pensif qu’on n’a rien fait pour empêcher …

(les) grandes banques, surtout la FED américaine, (d’)inonder le monde d’un volume hallucinant de liquidités créées pour la spéculation et totalement étrangères à toute orientation vers l’investissement.

Hum. Un peu de vérification factuelle s’impose : oui, effectivement, la FED imprime des petits billets verts comme une folle, et Ben Bernanke, son actuel patron, a même filé la méthode à Jean-Claude et Mario, l’actuel et le prochain président de la BCE, qui ont pris un peu d’avance sur le planning et ressorti les Xerox et les ramettes de papier fort.

Mais qui, au fait, dit à la FED de lancer les rotatives ? Eh oui, ce sont les politiciens. Certes, vous me ferez valoir que ces politiciens le font pour sauver des banques. Avec, donc, l’argent du contribuable qui, si on lui avait demandé son avis, aurait certainement trouvé mieux à faire de ses richesses.

Michel, en parfait politicien, s’exonère donc un peu vite de sa responsabilité. Et d’ailleurs, il continue un peu plus loin, sans vergogne :

Depuis plus de vingt ans en effet la dominance nouvelle du capitalisme financier sur les économies contemporaines a mis les États en situation de devoir emprunter massivement.

Déjà, on appréciera la notion de dominance nouvelle alors que cela fait 20 ans qu’elle existe d’après Papy. Mais ensuite, on se demandera comment ce capitalisme a pu obliger les hommes d’État à endetter le pays pendant 40 ans (soit le double de la nouvelle dominance de Michel) ; les budgets systématiquement, pathologiquement et automatiquement en déficit depuis les années 70 pointent absolument tous dans la même direction : les pignoufs, branleurs, crétins et démagogues qui nous gouvernent n’ont jamais eu l’once de courage pour expliquer aux Français qu’on ne pouvait pas endetter l’État, tous autant qu’ils furent et qu’ils sont encore maintenant.

Or — et c’est tout de même étonnant, ces coïncidences, non ? — dans ces branle-musards de première, on retrouve, accrochez-vous bien, notre ami Michel qui cajole sa dissonance cognitive à grands coups de phrases péremptoires :

Cette idée dangereuse avait pour objet de limiter la propension des économies capitalistes à pratiquer l’inflation dès qu’elles étaient en plein emploi. Mais elle eut surtout ce résultat terrifiant d’obliger les États à emprunter aux taux du marché de la monnaie émise par les banques privées pour assurer leur trésorerie.

Voilà mes petits amis, tout s’éclaire : comme les États ne se sont plus autorisés la possibilité de déféquer des billets de Monopoly par palettes entières afin d’éviter l’inflation, ils ont été forcés d’emprunter au taux du (vilain) marché.

Oui. Je vais vous l’illustrer, pour bien comprendre.

Tout commence par une séance de brainstorming de folye.

Comme on peut le constater, on est à la fois hype et fashion, au gouvernement et on aime les camaïeux de teints marrons et bistres. Les politiciens se mettent autour d’une table et réfléchissent :

Après, chacun présente son idée. Fulgurante parfois …

Et puis pourrie, parfois aussi. Ou trop avant-gardiste, peut-être :

Mais au final, on tombe toujours sur la bonne solution, celle qui satisfait tout le monde autour de la table.

Et les autres ? On leur pète la gueule.

Et voilà le travail.

Merci de vos explication, Papy Rocard, qui ont le mérite d’éclaircir votre position et vous permettre de botter en touche : encore une fois, responsable mais certainement pas coupable. Cela devient une habitude.

Et bien évidemment, vous vous surpassez lorsqu’il s’agit d’énoncer quelques solutions. Pour vous, comme aucune société d’économie de marché n’a défini la part d’un État dans son PIB, c’est open bar : une bonne grosse gouvernance monétaire au niveau européen, pour donner encore plus de pouvoir aux institutions lointaines, ce serait … de la bombe atomique politique ! Enfin une vraie « solidarité » européenne où, lorsque la Grèce s’endette à mort, les autres pays payent sans broncher (exactement comme lorsque les Bretons doivent éponger les ardoises des Provençaux ou l’inverse).

On se demande où est la logique de ce propos alors que, quelques paragraphes plus haut, la collectivisation des pertes entraînait des pleurnichements de notre thuriféraire étatique.

Encore une fois, on se surprend à constater qu’en renvoyant systématiquement les politiciens à leurs responsabilités, les citoyens aux leurs, et le marché aux siennes, les libéraux ont au moins la décence de proposer un discours bien plus cohérent que la purée proutogène de Rocard : si l’État était resté minimal, il ne serait pas intervenu dans les déconfitures des banques qui n’auraient de toute façon pas pris des risques aussi inconsidérés sachant que personne n’irait les repêcher en cas d’erreur.

Heureusement, Papy termine en apothéose avec du vrai, du solide, de l’opérationnel :

Les États-Unis devront renoncer à l’impérialisme du dollar, l’Allemagne doit renoncer au rêve de voir l’Euro géré comme si les 16 autres pays de la zone avaient la même histoire et la même culture qu’elle.

Voilà : comme c’est la fautoricains, ils vont devoir « renoncer à l’impérialisme du dollar » (dont on se demande ce que ça veut dire très concrètement) et comme les zallemands ne sont pas solidaires, ils vont prendre cher aussi, bien fait pour eux. Notez l’absence flagrante dans le tableau de la France, vertueuse et riche.

Bref : au concours de l’hypocrisie et de la lâcheté, les politiciens keynésiens auront toujours la victoire.
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