Banques centrales, bulles et récessions

Toute ressemblance avec des événements récents ou à venir serait, bien entendu, purement fortuite

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Banques centrales, bulles et récessions

Publié le 22 juillet 2011
- A +

L’ordre de mission d’une banque centrale comporte plus ou moins officiellement deux volets : préserver la valeur de la monnaie – c’est-à-dire limiter la hausse des prix – et créer les conditions d’une croissance suffisante pour assurer le plein emploi. Dans la pratique, si la banque centrale estime que la croissance est trop faible, elle va faire baisser le niveau des taux d’intérêt [1] afin d’inciter les agents économiques à s’endetter pour investir et donc, relancer la croissance. A contrario, si la banque centrale détecte des tensions inflationnistes, elle va faire remonter les taux d’intérêt pour freiner l’expansion du crédit, l’investissement et donc la hausse des prix. C’est le principe même de la politique monétaire tel qu’il est défendu par les partisans du système des banques centrales et de la politique monétaire.

Imaginez un banquier central qui se trouve confronté à une crise économique. Il décide conséquemment de créer de grandes quantités de monnaie pour faire baisser les taux en espérant que cet argent fraichement imprimé [2] sera emprunté par les ménages et les entreprises pour investir. Si cette politique fonctionne, il est probable que les sociétés s’endettent pour financer de nouveaux projets d’investissement et que les particuliers fassent de même pour acquérir des biens immobiliers.

Bref, quelles que soient par ailleurs les difficultés de l’économie, les agents économiques s’endettent pour acheter des actifs et font monter leur prix. In fine, ils créent ce que l’on appelle volontiers dans le langage courant une « bulle spéculative », qui n’est jamais rien d’autre qu’une conséquence de l’inflation qui se manifeste sur autre chose que sur le panier de l’indice des prix à la consommation et ce « autre chose » est en général un secteur de l’économie particulièrement réglementé ou subventionné par les pouvoirs publics.

Risquons un exemple purement spéculatif et imaginons que les ménages et les entreprises décident d’investir massivement dans les énergies renouvelables. Il est très vraisemblable que les ventes et le prix des panneaux photovoltaïques et autres pompes à chaleurs grimpera en flèche. Comme, par ailleurs, les taux bas obligent les investisseurs institutionnels à chercher des placements plus rémunérateurs et donc plus risqués, il y a fort à parier que même les projets les plus hasardeux trouveront du financement à profusion.

On verra ainsi de très nombreuses entreprises, attirées par des prix élevés et un financement abondant, se créer et embaucher dans le secteur des énergies vertes. C’est-à-dire que les capacités productives de l’économie seront réorientées vers le secteur des énergies renouvelables. Très vite, les journaux parleront de « bulle verte » [3].

Seulement voilà, il arrivera fatalement un moment où le banquier central réalisera que sa politique incite ménages et entreprises à s’endetter de manière tout à fait déraisonnable et s’accompagne d’une hausse spectaculaire du prix des actions des entreprises éco-compatibles. Il décidera donc d’y mettre fin en faisant remonter les taux. Bien sûr, cette hausse de taux aura pour immédiate conséquence de réduire la demande pour des installations énergétiques durables. De nombreuses entreprises du secteur vont rapidement en faire les frais et licencier leur personnel.

Très vite, le problème va gagner les banques qui, sous l’impulsion bienveillante de la banque centrale, avaient gagné beaucoup d’argent en finançant la révolution verte. Avec pour tout résultat que les prix baissent, la bourse s’effondre, le chômage monte et une crise bancaire se profile à l’horizon.

Toute ressemblance avec des événements récents ou à venir serait, bien entendu, purement fortuite.


[1] Les banques centrales agissent sur le niveau des taux d’intérêt à court terme via le taux moyen du marché interbancaire (le taux auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles).
[2] C’est, bien sûr, une image : l’essentiel de la monnaie créée par une banque centrale est électronique.
[3] Je dépose le nom… juste au cas où.

Article publié sur 24hGold le 13 juillet 2011

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Très bon résumé des mécanismes de transmission d’une certaine politique monétaire à l’économie réelle et de ses risques potentiels (inflation, bulle, krach, récession). L’exemple donné (énergies renouvelables) peut s’appliquer à n’importe quel secteur. On en a eu l’illustration récente avec la crise de l’immobilier américain.

  • L’ordre de mission de la Fed est explicitement la stabilité monétaire et la croissance. Le président de la Fed étant nommé par le président fédéral, et devant rendre des comptes au Congrès, c’est la croissance qui l’emporte souvent.
    La BCE n’a qu’un objectif de stabilité. Cependant, elle a montré qu’elle était influençable, en rachetant de la dette souveraine, ce qui est contraire à son objet.

  • Bel article.

    Mais je pense qu’aujourd’hui le bulle n’était pas verte mais étatique. La dose massive de monnaies injectée par la FED s’est déversée dans les bonds du trésor des Etats censés nous sauver de la crise. Belle spéculation.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de Daniel Lacalle.

Le trou fiscal et monétaire monumental que les péronistes Sergio Massa et Alberto Fernández ont laissé à Javier Milei est difficile à reproduire. L'ex-président Mauricio Macri lui-même a expliqué que l'héritage reçu par Milei est "pire" que celui qu'il avait reçu de Cristina Fernández de Kirchner.

Le péronisme laisse un pays en ruine et une énorme bombe à retardement pour la prochaine administration.

 

Un pays en ruine et une situation économique désastreuse

Les énormes problèmes ... Poursuivre la lecture

Les innovations technologiques représentent un moteur pour le marché financier. Ce n’est pas seulement le métier de la banque qui se trouve de nos jours bousculé sur le plan technologique. C'est aussi tout le système qui est construit et organisé autour de la monnaie légale conventionnelle et qui est ancré sur un monopole monétaire tout-puissant.

Depuis leur apparition, les monnaies électroniques telles que le bitcoin ne cessent de provoquer étonnement et intérêt. En forte progression, ces monnaies issues de la technologie de la blockc... Poursuivre la lecture

À la hausse des taux d’intérêt directeurs par les banques centrales pour lutter contre l’inflation, a succédé la hausse des taux à long terme (à 10 ans) sur les marchés. Les taux à 10 ans atteignent maintenant (20 octobre 2023) 5 % aux États-Unis et 3,8 % seulement dans la zone euro.

Nous pensons qu’avec la fin de la politique du quantitative easing menée par les grandes banques centrales les marchés (les bond vigilantes) vont reprendre la main, et que la hausse des taux longs n’est pas terminée, d’autant plus qu'ils sont égaux aux tau... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles