Que savez-vous de l’anarcho-capitalisme ?

Une philosophie individualiste du droit basée sur la non-agression

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Que savez-vous de l’anarcho-capitalisme ?

Publié le 18 juin 2011
- A +

L’anarcho-capitalisme est la combinaison du libéralisme ainsi que d’une philosophie individualiste : une philosophie individualiste du droit basée sur la non-agression.

L’anarcho-capitalisme est la combinaison du libéralisme ainsi que d’une philosophie individualiste : une philosophie individualiste du droit basée sur la non-agression. Sont légitimes toutes les interactions entre adultes consentants ; sont illégitimes toutes les atteintes à la propriété d’un tiers non consentant.

Les anarcho-capitalistes considèrent que nul ne peut déléguer à autrui que des droits qu’il possède individuellement, et que nul n’ayant le droit d’agresser autrui et de lui imposer ses valeurs, nul n’a a fortiori le droit d’investir un État de ce droit.

Un État ne saurait avoir de légitimité qu’auprès de ceux qui l’auraient individuellement accepté – c’est pourquoi les contributions obligatoires (impôts directs et indirects, etc.), les règlementations étatiques (législation, décrets, mesures administratives, etc.) sont illégitimes, à moins de ne s’appliquer qu’à ceux qui les acceptent volontairement, auquel cas elles perdent leur caractère obligatoire et étatique. Une autre façon de présenter leurs idées est donc la panarchie.

Origine du terme « anarcho-capitalisme »

Bien que la notion d’anarcho-capitalisme existe depuis le XIXe siècle (publication en 1849 de De la production de la sécurité par Gustave de Molinari dans le Journal des économistes, premier exposé de l’anarcho-capitalisme), le terme a été inventé par Murray Rothbard autour de 1950. A cette époque, Rothbard se rend compte, au cours de discussions avec des étudiants de gauche, de la contradiction qu’il y a à être partisan à la fois d’une économie de marché libre à tous points de vue et d’une police d’État :

«Ma position dans son ensemble était incohérente. Il n’y avait plus que deux possibilités logiques : le socialisme, ou l’anarchisme. Comme il était hors de question pour moi de devenir socialiste, une logique irrésistible m’a conduit à être un anarchiste de la propriété privée, ou comme je devais l’appeler plus tard, un anarcho-capitaliste. »
— Murray Rothbard

On devrait sans doute préférer le terme d’anarchisme de marché, car le terme de capitalisme garde un sens historique de capitalisme en complicité avec l’État.

Libéralisme

Les anarcho-capitalistes rejettent la vision selon laquelle il y aurait une sphère d’activité économique et une sphère d’activité politique.

C’est l’État qui, pour des raisons fiscales, appelle « économiques » les activités qu’il peut exploiter (taxer, règlementer à son profit), « politiques » les activités qu’il promeut aux dépens des exploités, et « personnelles » les activités qui lui échappent. Pour eux, il faut abolir l’agression des citoyens par l’État, et alors la sphère « politique » est réduite à néant, cependant que la distinction entre « personnel » et « économique » devient non pertinente, puisque tout échappe au parasitisme fiscal.

Pour eux, l’économie est une science, un point de vue sur l’ensemble de l’activité humaine.

Ils se réclament comme successeurs de l’école libérale classique (dont le meilleur représentant selon eux est Frédéric Bastiat), et de l’école autrichienne (dont le meilleur représentant est Ludwig von Mises).

Ils se réclament d’ailleurs de Gustave de Molinari, successeur de Bastiat, et de Murray Rothbard, successeur de Mises, qui sont allés jusqu’au bout du libéralisme, en refusant complètement toute légitimité à l’État.

Pour eux, l’économie qui a un sens est la praxéologie, l’étude de l’action humaine. Ils rejettent les points de vue étatistes sur l’économie, tels que développés par les néo-classiques, économétristes, statisticiens, keynésiens et marxistes.

Capitalisme

Les anarcho-capitalistes sont capitalistes dans le sens qu’ils revendiquent un système où chaque être humain est pleinement propriétaire de lui-même, des fruits de son travail, et de ce qu’il a obtenu de la coopération volontaire d’autrui, par échange ou par don.

Tout être humain est aussi comptable de ses actes, tenu par les engagements qu’il prend, responsable des pertes de son travail, et débiteur pour les torts qu’il a causé à des tiers non consentants.

Est un capital tout ce qui reste du travail et qui n’a pas été consommé immédiatement – le capital appartient donc à celui qui l’a créé. Toute propriété est un capital. Chacun est propriétaire du capital qu’il a créé. La mise en commun du capital, la répartition des tâches et des responsabilités, la spécialisation des compétences et l’échange des services sont des moyens complémentaires d’être plus productif, i.e. de produire davantage de satisfactions. Et la garantie que ces moyens bénéficient à tous est que chacun peut décider librement de participer ou de ne pas participer aux termes de l’accord – c’est le caractère volontaire d’un accord qui est garant tout à la fois et de sa légitimité et de son caractère bénéfique.

Une autre façon de comprendre l’anarcho-capitalisme est donc le volontarisme.

Individualisme

Leur ontologie est individualiste, et en cela ils sont proches des libéraux, y compris des minarchistes, et aux antipodes des socialistes, collectivistes, etc. Si les anarcho-capitalistes rejoignent les anarchistes socialistes quant à la critique de l’État, cependant ils rejettent le collectivisme libertaire qui est une des tendances de l’anarchisme, qui n’aboutit selon eux qu’à recréer l’État sous des noms nouveaux (syndicats, communautés…).

Individualisme et collectivisme sont donc plus essentiels qu’anarchisme et étatisme pour définir la façon de penser des gens. On peut donc aussi comprendre l’anarcho-capitalisme comme un individualisme radical.

La partie « capitalisme » de l’anarcho-« capitalisme » n’est évidemment pas un capitalisme d’État, mais un système d’échanges entre individus consentants ou entre organisations volontaires (une entreprise n’étant vue que comme un « ensemble de contrats »). Cela n’empêche aucunement l’existence de communautés pratiquant un socialisme volontaire avec propriété commune, tant que celui-ci n’est pas coercitif.

Anarchisme

L’État n’ayant aucune justification doit être aboli, l’ensemble de ses fonctions étant confié au secteur privé (éducation, santé, défense, justice, police, monnaie, etc). La Justice est alors rendu par des tribunaux arbitraux. La monnaie est créée par des monnayeurs. Ces monnayeurs peuvent être des banques libres.

L’anarchisme des anarcho-capitalistes diffère de celui des anarcho-communistes (ou -syndicalistes) qui prônent l’abolition de toute propriété privée, ce qui pour les anarcho-capitalistes est une absurdité. En effet, une société sans propriété privée serait caractérisée par l’interdiction systématique d’employer quelque ressource que ce soit sans l’accord de tout le monde, de sorte que, comme le dit Hans-Hermann Hoppe, « littéralement personne ne serait jamais autorisé à faire quoi que ce soit avec quoi que ce soit ».

Questions et objections fréquentes

Parce que l’anarcho-capitalisme constitue une rupture de paradigme par rapport au modèle d’organisation étatique, il suscite d’innombrables questions. Trouvez quelques réponses dans la FAQ anarcho-capitaliste.

Auteurs

  • Charles Dunoyer (1786-1862), précurseur, de par sa critique radicale de l’État.
  • Max Stirner (1806-1856), précurseur anarcho-individualiste, source d’inspiration anarcho-capitaliste malgré sa tendance à l’anomie.
  • Lysander Spooner (1808-1887), conteste les lois et la constitution des États-Unis au nom du Droit naturel.
  • Gustave de Molinari (1819-1912), premier théoricien de l’anarcho-capitalisme et disciple de Frédéric Bastiat.
  • Pierre Lemieux (1947), qui a notamment publié un Que sais-je? sur la question: L’Anarcho-capitalisme, Paris, Presses Universitaires de France, 1988.
  • Murray Rothbard, qui a relancé le mouvement dans les années 1950, et énoncé le principe de non-agression, axiome fondamental du libertarianisme.
  • David Friedman, économiste anarcho-capitaliste d’approche utilitariste.
  • Bertrand Lemennicier, économiste non conventionnel.

Parmi ces auteurs, on peut distinguer au moins deux tendances anarcho-capitalistes : la tendance jusnaturaliste, fondée sur le droit naturel (Lysander Spooner, Murray Rothbard) et la tendance utilitariste (David Friedman…)

—-

Bibliographie

Citations

  • « Si l’impôt, payé sous la contrainte, est impossible à distinguer du vol, il s’ensuit que l’État, qui subsiste par l’impôt, est une vaste organisation criminelle, bien plus considérable et efficace que n’importe quelle mafia « privée » ne le fut jamais ». (Murray Rothbard)
  • « A long terme, c’est nous qui l’emporterons… La botte cessera un jour de marteler le visage de l’homme, et l’esprit de liberté brûle avec tant de force dans sa poitrine qu’aucun lavage de cerveau, aucun totalitarisme ne peuvent l’étouffer ». (Murray Rothbard)
  • « Au sens propre du terme, l’anarcho-capitalisme est la doctrine selon laquelle une société capitaliste sans État est économiquement efficace et moralement désirable ». (Pierre Lemieux)
  • « Au nom du principe de la propriété, au nom du droit que je possède de me pourvoir moi-même de sécurité, ou d’en acheter à qui bon me semble, je demande des gouvernements libres. C’est-à-dire, des gouvernements dont je puisse, au gré de ma volonté individuelle, accepter ou refuser les services ». (Gustave de Molinari, Les Soirées de la rue Saint-Lazare, 1849, onzième soirée.)

Liens externes

Voir aussi

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • Les anarcho-capitalistes reconnaissent-ils comme légitime l’esclavage pour dettes?

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Dans les années 1970, les États-Unis étaient en proie à un nombre croissant de problèmes, dont la plupart résultaient d'une intervention excessive de l'État dans l'économie et de la prolifération des programmes d'aide sociale, ce qui contredisait l'image populaire européenne des États-Unis comme exemple type d'une économie de marché libre de tout programme ou institution d'aide sociale. Corrigées de l'inflation et de la croissance démographique, les dépenses fédérales par habitant pour les programmes sociaux ont presque doublé, passant de 129... Poursuivre la lecture

Ian Bremmer est chroniqueur des affaires étrangères et éditorialiste au Time Magazine. Il est le président d'Eurasia Group, un cabinet de conseil en risques politiques, et de GZERO Media, une société qui se consacre à la couverture et l'intelligence des affaires internationales. Il enseigne la géopolitique à l'université de Columbia.

Dans cette vidéo, dont le texte original est à retrouver ici, il revient sur les débuts de Milei à la tête de l'État argentin et s'étonne de ses premières réussites.

« Il ne fait aucun doute que pou... Poursuivre la lecture

L’inflation est un vol et le déficit fiscal est la cause de l’inflation. Voilà à peu près le message économique de Javier Milei après ses quatre premiers mois à la tête de l'Argentine et l'enregistrement du premier excédent fiscal depuis 2008 (de 275 millions de dollars contre toutes les prévisions). Réduction des transferts discrétionnaires aux provinces, des travaux publics et des bureaux politiques, le président revient sur les premières mesures engagées par son gouvernement. Alors que le chemin est encore long pour redresser le pays, ces ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles