Un peu d’éco en attendant la catastrophe

Les faits sont têtus: inflation, endettement record, manoeuvres idiotes de l’État. Nous allons droit vers le krach.

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Un peu d’éco en attendant la catastrophe

Publié le 4 février 2011
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Depuis trois ans, le débat est vif pour déterminer qui, de la déflation ou de l’inflation, va l’emporter. À mesure que les nouvelles économiques s’accumulent, il reste difficile de dégager une tendance. Cependant, avec la montée progressive mais constante des prix des métaux précieux, et, plus visiblement, du prix des matières premières et de la nourriture, il semble que la tendance soit, belle et bien, à l’inflation. Et comme nous allons l’aborder ici, cela va bien au-delà de la piécette et de la boîte de haricots…

Pour ce qui est de l’inflation, même le petit Jean-Claude, directeur de l’Imprimerie Européenne d’Argent Gratuit, fait le constat qu’elle ne diminue pas des masses et qu’elle se porte même de mieux en mieux.

Ce constat d’inflation est prudemment basé sur l’augmentation récente des prix des matières premières et, surtout, de l’énergie ; avec un baril à plus de 100$, on peut en effet difficilement dire que tout est parfaitement contenu. A la suite de cette constatation – somme toute prudente – le brave Trichet embraye cependant sur la partie prévisions à moyen terme et nous ressort le petit fifrelin habituel :

« Mais cela ne modifie pas, pour le moment, notre diagnostic selon lequel l’évolution des prix restera compatible avec la stabilité des prix à l’horizon pertinent pour la politique monétaire »

Oui, tout augmente, ma bonne dame, mais les prix restent stable. C’est aussi ça, la nouvelle économie : ça reste stable tout en montant. Magique et rigolo, on dirait du cabaret. L’avantage, quand on s’exprime pour la ménagère moyenne, c’est qu’elle n’est pas censée fricoter avec les sites financiers qui, eux, apportent une tonalité différente à la « stabilité » que Jean-Claude nous vend avec ses barils de billets fraîchement imprimés.

On découvre ainsi qu’en réalité, tout flambe. Par exemple, le coton : 17% d’augmentations, en 1 mois. Ici, le coup du « c’est parce qu’ils veulent tous manger comme nous » (du coton, hein) paraît un peu … à côté de la balle (de coton). Et on imagine mal les Chinois ou les Indiens se ruer sur les chemises en soldes de Janvier au point d’entraîner 17% de hausse. Qu’il y ait ou pas pénurie, différentiel offre/demande défavorable, ou ruée sur les chemises cintrées, de toute façon, peu importe : les prix augmentent dans des proportions qui laissent songeur. Les quantités d’argent injectées dans le système pendant les trois années précédentes finiraient-elles par infuser le reste de l’économie ? Hypothèse peut-être hardie, mais qu’on est en droit de formuler…

Tellement hardie que cette augmentation est maintenant planifiée : évidemment, les mouches du coche gouvernemental, usant de leur malheureux droit de parole à tort et à travers, nous font savoir en vibrant d’excitation qu’ils feront tout pour sanctionner les futurs abus dans ces hausses de prix qu’on imagine déjà cinglantes. On se demande ce qu’ils pourront bien faire, très concrètement ; une bonne diminution de prix provoquée par la disparition de la PAC, par exemple, ne sera jamais à l’ordre du jour. On se rappelle de la grogne des producteurs de lait lorsque ce dernier voyait ses prix … baisser.

Le seul marché où, finalement, tout le monde, jusqu’à récemment, affichait un sourire pepsodent lorsque les prix grimpaient à des niveaux obscènes était celui de l’immobilier. Il n’y a que depuis quelques mois qu’on sent les fronts se plisser sur les augustes figures gouvernementales.

Eh oui : à force de voltiger à des niveaux si élevés que le ridicule le dispute au malsain, même les politiciens les plus abrutis par leur propre propagande ont fini par se rendre compte que l’immobilier devenait inabordable dans les grandes villes au point de pousser toujours plus de monde dans des situations ubuesques.

Les récents dossiers de différentes origines (décortiqué par Vincent Bénard, celui de l’OCDE, et celui de la Fondation Abbé Pierre) brossent pourtant un tableau assez clair de la situation : plus l’État s’agite pour aider les pauvres à accéder à la propriété, plus ces derniers en sont exclus, et, pire, plus les loyers grimpent.

L’étude de l’OCDE note ainsi discrètement que, je cite :

La France figure parmi un groupe de neuf pays de l’OCDE où les hausses des prix réels des logements ont été de modérées à importantes – de 20 % à 90 % — sur la période 1980 à 2008. La volatilité des prix en France est imputable en partie à l’offre limitée de nouveaux logements, qui réagit très peu à l’augmentation de la demande, notamment par rapport aux pays nordiques ou au Canada et aux États-Unis. La France pourrait améliorer la réactivité de l’offre en rationalisant les procédures complexes de demande de permis de construire et en améliorant les règles en matière d’utilisation des sols.

Rappelons que seul l’état (au travers des mairies, notamment) décide où l’on peut construire, et comment. Sympathique privilège qui entraîne immanquablement de la corruption et une dilution de la responsabilité individuelle, avec des conséquences palpables dont, par exemple, les noyés de la Faute-Sur-Mer se souviennent.

En parallèle à ces procédures complexes, si l’on ajoute les coûts de transactions les plus hauts d’Europe après la Belgique, plus l’ensemble de toutes les contraintes administratives qui pèsent maintenant sur la construction neuve ou la mise à la norme de la construction ancienne — contraintes qui ne font en rien baisser l’addition de personne, doit-on le rappeler — on comprendra que devenir propriétaire en France devient réservé à ceux qui sont dans l’étroit sentier du salariat, fonctionnaires ou dans une grande entreprise, relativement à l’abri des bourrasques fâcheuses de la crise économique.

Fort de ce constat, on peut mener une analyse assez juste tout en proposant des solutions qui empireront encore la situation (comme la réquisition des logements vacants), ou se rapporter aux préconisations de ceux qui travaillent pour l’État, par l’État et en l’État.

Ils proposent, eux, de s’agiter plus fort encore, en ajoutant l’insulte à l’injure : les prêts à taux zéro sont une réussite pour les classes moyennes qui peuvent acheter et ne servent en rien pour les classes les plus modestes ? Remettons-en une bonne couche !!

PTZ+ , la soluce !

Bilan des courses ? Zut de zut, le prix du m² continue de grimper. Si l’on y factorise ce que j’expliquais dans les premiers paragraphes, à savoir l’inflation, on se rend compte que les crédits immobiliers sont de plus en plus cher, et que la situation immobilière montre absolument tous les signes d’une bulle :

  1. « Cette fois, c’est différent » : on trouve des explications en long, en large et en travers pour justifier que les autres fois, c’étaient des bulles, et que maintenant, c’est juste pas tout à fait la même chose, c’est différent, ça va durer.
  2. Il n’y a que d’excellentes raisons pour lesquelles les prix montent, et aucune mauvaise. Ayez confiance.
  3. L’état est impliqué dans la magouille, de bout en bout.
  4. Tout le monde investit, y compris le proverbial cireur de chaussures de Rockfeller.

En réalité, tous ceux qui ont deux sous de bon sens et qui auront la présence d’esprit de regarder ce qui s’est passé ailleurs, et ce qui se déroule actuellement sous nos yeux, tireront tous la même conclusion : une catastrophe économique est à nouveau en préparation. Il est plus qu’urgent que l’état mette un terme à ses interventions délétères et qu’il arrête de se vautrer comme un gros pachyderme velu dans une dette gluante et mouvante. La réelle libéralisation du marché immobilier, la re-responsabilisation des emprunteurs, des propriétaires et des locataires, les simplifications administratives deviennent plus qu’urgentes si on veut éviter la pluie de calamités qui s’abattra sur le pays.

On peut le dire pudiquement dans un rapport comme celui-ci, en expliquant que « la solvabilité de l’Etat est en danger à terme« , ou faire preuve de lucidité et l’annoncer clairement du maintenant traditionnel « Ce Pays Est Foutu ».
—-
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  • Extrait du doc Natixis mis en lien dans votre billet (http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=56446)

    « Il est important de rappeler le mécanisme suivant : dans une Union Monétaire sans fédéralisme, les pays désindustrialisés sont structurellement

    insolvables. En effet, ils ont un déficit extérieur structurel .. qui n’est pas compensé par des transferts fédéraux, ce qui veut dire qu’ils doivent continuellement s’endetter.  »

    J’interprète à ma façon : L’UE est une union monétaire (euro), sans fédéralisme (comme par exemple les états unis), nous sommes de plus plus désindustrialisés.

    Donc, nous sommes structurellement insolvables, et à quoi sert la politique de rigueur ? Il n’y a qu’à flamber sans vergogne, et quand on ne pourra plus rien rembourser, et bien on ne paiera plus, mais au moins on aura bien vécu. Puisque de toute façon on est condamnés, ..

    Sinon, pourquoi ne pas sortir de cette UE et de cet euro ? puisqu’on n’a rien à perdre ? Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi « on » nous met la tête sous l’eau et pourquoi « on » se laisse faire?

    Tout à coup, le billet de cet homme politique me parait très pertinent : http://blog.nicolasdupontaignan.fr/post/Merkel%2C… ce serait l’Allemagne qui tirerait l’épingle du jeu, jusqu’au clash …

    A vous lire

    • Dans la citation de Natixis, il conviendrait de remplacer « pays désindustrialisés » par « pays non exportateurs de biens ou de services à forte valeur ajoutée ». Ce qui importe pour un pays dans la compétition mondiale, c’est de se spécialiser dans des activités à forte valeur ajoutée (travailler beaucoup) et de les exporter (travailler encore plus).

      Les déséquilibres au sein de l’euro sont d’ores et déjà corrigés, entre autres grâce aux Allemands qui effectuent des transferts vers les autres banques centrales nationales, sous le contrôle de la BCE. Mais ça reste discret, parce qu’il ne faudrait pas que trop de socialo-souverainistes bas du front devinent que la BCE est, à ce jour, bel et bien l’organe fédéral de l’Europe. C’est bien pourquoi il ne faut surtout pas sortir de l’euro ni de l’Union.

  • Une sorte de bon sens paysan me fait penser qu’on fait une erreur dramatique en perdant tous nos savoir faire technologiques et notre capacité à produire nous-mêmes les biens essentiels. Je ne suis absolument pas rassurée d’habiter dans un pays qui ne sait plus que vendre ses services ou faire de la valeur ajoutée. Nous deviendrons les valets de ceux qui condescendront ou non à nous employer.
    La BCE a fait les transferts nécessaires pour sauver la Grèce et l’Irlande, et les gouvernements ont donné un tour de vis, mais quelle est la limite acceptable pour les peuples ? Il y a intérêt à avoir un plan C, à mon humble avis. Les prochaines manifs ne seront peut-être pas encadrées par les syndicats, voir les évènements actuels.

  • Avons-nous la taille critique pour posséder la capacité de produire tous les biens essentiels à leur meilleur niveau ? Au niveau de l’Europe, oui indubitablement, mais plus du tout au niveau des vieilles nations.
    Concernant l’emploi, on sait bien que le sous-emploi chronique est essentiellement lié au poids des dépenses publiques dans le PIB (56%) et non à la compétition mondiale.
    Rendons nous à la raison : l’avenir de la France impose la construction de l’Europe et le recul des idéologies constructivistes (socialisme à gauche, collectivisme à droite).

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