La contre-attaque des clowns empire

Montebourg se lance à l’assaut des présidentielles et nous inflige un pesant discours convenu

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La contre-attaque des clowns empire

Publié le 21 novembre 2010
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Si le président Sarkozy semble avoir tout fait pour dépoussiérer son gouvernement en vue des élections de 2012, quitte à écraser quelques arpions, le PS tente lui aussi de se mettre en ordre de bataille. À la suite de l’intervention péniblivisuelle du chef de l’état, ses ténors donnent de la voix.

Voix qui porte parfois loin, parfois moins : c’est ainsi qu’on apprend, au détour d’un Petit Journal assez facétieux, que Ségolène aura réussi l’exploit d’être, mercredi dernier, en duplex depuis le studio 10 mètres à-côté (à 5’10 sur la vidéo).

Bon, certes, il y a une explication aussi semi-rationnelle que semi-officielle, mais l’ensemble dégage ce petit parfum de n’importe quoi brouillon ou, pour tout dire, clownesque, qui, ma foi, convient tout à fait à l’ambiance amenée par les baltringues à bretelles de la vie politique française. D’ailleurs, ce petit parfum n’échappe pas à la presse étrangère. Bien plus lucide et pragmatique que notre production nationale, elle remarque des évidences que la nôtre n’ose plus voir : eh oui, le n°2 du gouvernement est bien un repris de justice qui a un casier.

(Au passage, comment se fait-il que Juppé ait le droit de devenir ministre, alors qu'il me semble nécessaire d'avoir un casier vierge pour entrer dans l'administration ?)

Quoiqu’il en soit, la nouvelle est tombée, stupéfiante : un nouveau candidat pour les primaires du PS s’est déclaré ! Car c’est officiel : Montebourg est maintenant candidat à la candidature. Comme Valls.

Le gentil Arnaud nous gratifie à ce sujet de deux magnifiques cadeaux.

Le premier cadeau, c’est son site, modestement intitulé « Des Idées et des Rêves« , probablement parce que le nom « Des Couilles et de l’Action » était déjà déposé ou, peut-être aussi, parce que pas du tout en rapport avec ce qu’il compte ne pas faire en l’absence de courage.

On pourra aller le voir avec profit : on est galactiquement éloigné des merdes web0.2 de Ségolène. La bannière exhale même un petit parfum de catalogue Kettner (Chasse Et Nature) : le sourire sympatoche du teckel frisé en photo sur un fond qu’on devine champêtre, la veste marron qu’on imagine sans peine en velours côtelé avec des pièces en cuir aux coudes, tout ceci concourt agréablement à faire comprendre que le gars Arnaud, il veut nous vendre de la bonne marchandise, conçue pour durer, qui coûte un peu cher mais qu’on aura encore dans dix ans pour gambader dans les champs fraîchement labourés…

Collection Montebourg - bannière

Ça tient aussi au design du nom : ce n’est plus Arnaud Montebourg, le député, qui se lance dans la candidature, c’est l’enseigne Arnaud Montebourg, qui propose des habits confortables et durables pour accéder au statut envié de Gentleman Farmer à des prix très démocratiques.

Logo Montebourg

Le second cadeau, c’est un magnifique et long discours expliquant à la fois pourquoi il tente la candidature et ce qu’il va nous mijoter en terme de propositions. Quand on lit « magnifique et long », il faut comprendre très très très long, et donc d’autant moins magnifique.

Soyons honnête : c’est assez indigeste à lire, laborieusement écrit (Arnaud, si tu me lis, ne tente pas romancier et reste député ou tu compteras Paul Employ comme seul ami Facebook), mais surtout diaboliquement long ! Plus de 4600 mots, 11 lentes pages de gémissements et de tirades au souffle épuisé qu’un marathonien accro à la cigarette ne renierait pas ; à côté, Villepin et les tâches de purée sur sa serviette filerait presque la chair de poule.

Je vous passerai l’analyse des milliers de mots que contient ce discours pour n’en retenir que quelques passages, parfaitement symptomatiques du discours politique dans ce qu’on fait de plus barbant, et bien dans la lignée des politiciens frétillants qui n’ont toujours pas compris pourquoi les Français se détournent d’eux : à une action claire et ferme, qu’on pourra résumer en quelques concepts simples, ils opposent de grandes phrases alambiquées, pleines de principes et d’envolées lyriques artificielles.

Dans l’effondrement financier, les Etats et leurs gouvernements libéraux, comme le nôtre, se sont portés au secours du système bancaire en accumulant des dettes qu’ils s’apprêtent à faire payer par ceux qui n’ont que leur travail pour vivre -ouvriers, artisans, employés, commerçants, petits entrepreneurs, retraités, cadres, agriculteurs- au lieu d’aller chercher l’argent dans les paradis fiscaux ou auprès d’institutions et d’individus qui ne connaissent pas la crise et ne la connaîtront jamais.

Quelle crédibilité peut avoir le type qui prétend savoir qu’on a un gouvernement libéral ? Comment peut-on encore imaginer expliquer l’économie aux électeurs, alors qu’on balance sans sourciller que les dettes actuelles sont le résultat d’un sauvetage des banques ? Arnaud n’est-il pas au courant que l’Etat s’est fait rembourser par ces banques, avec bénéfice, de surcroît ? Arnaud n’a-t-il toujours pas compris que les 1500 derniers milliards de dettes n’ont rien à voir avec la crise mais tout avec l’interventionnisme étatique forcené qui caractérise la politique française depuis 30 ans ? Est-il à ce point à la masse qu’il n’a pas vu, sur ces trente dernières années, le clientélisme politique enfoncer tous les ans le budget dans le rouge ?

A ce niveau, ce n’est plus de la rétention d’intelligence, c’est de l’opacité mentale parfaite.

Plutôt qu’aggraver la récession par des plans de restriction, l’invention des solutions différentes et alternatives doit être inscrite à l’ordre du jour de la France et de l’Europe.

Inventions et alternatives qu’on s’empressera de lister, plus tard, dans un autre discours, résumé dans un petit livre, à la tranche rose et papier velouté, de 1500 pages amoureusement collationnées pour le plaisir de lire à la plage, et appelé avec humour et sobriété « 100 propositions pour la Fraônce ». Mais c’est – heureusement – pour (beaucoup) plus tard, nous n’en parlerons pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, après l’effondrement quasi-mortel du système financier, plus personne ne peut douter que la soumission de la finance aux choix politiques des peuples et aux intérêts du développement de l’économie est devenue une urgence politique. Démanteler les paradis fiscaux, tout le monde y est venu, mais dix ans plus tard.

Eh oui : tous les paradis fiscaux sont démantelés. Si si. Et les enfers fiscaux se bousculent pour ajouter des contraintes sur les contraintes ; la Fed, totalement aux mains des keynésiens gouvernementaux, crache du billet en gros bouillons toxiques, la BCE monétise les dettes grecques, irlandaises et autres en parfaite violation de tous ses mandats, montrant ainsi que le politique intervient bel et bien dans la vie financière et qu’il ne s’est jamais gêné pour le faire : le rêve humide des socialistes d’opérette est en marche et ils ne s’en rendent même pas compte, bien trop conscient que ces agitations ne feront qu’aggraver la déroute qu’ils mettront ensuite sur les dos des sales libéraux qui font rien qu’à les embêter.

Après des années à me battre contre les dégâts industriels de la mondialisation, plus personne aujourd’hui ne nie que la réindustrialisation de notre économie, de nos territoires, est la grande cause nationale qui réclame une alliance politique de toutes les forces de la Nation pour retrouver les emplois perdus dans la crise et redonner un avenir industriel à la France.

Mais, mon pauvre Arnaud, l’industrie, c’est 15% du PIB français. Le gros morceau à 75%, ce sont les services, le tertiaire : vouloir réindustrialiser, c’est vouloir sabrer des emplois là où il s’en crée pour en forcer là où il s’en perd. C’est bizarre, on dirait Mauroy s’accrochant aux mines du Nord, prolongeant l’agonie sur une décennie aux frais de la collectivité qui paye encore, trente ans plus tard, le résultat social catastrophique des lubies industrielles de dinosaures totalement incompétents en économie.

Je propose d’obliger les grandes entreprises cotées en Bourse à choisir entre la distribution des dividendes et les licenciements de leurs employés. Si elles font du profit pourquoi se sépareraient-elles de leurs employés ?

On peut deviner ce qui se passera : au début, les entreprises qui veulent licencier ne distribueront plus de dividendes. Leurs cours chuteront assez mécaniquement. Elles choisiront ensuite de se retirer de la cote (si elles le peuvent), de quitter le pays, ou fermeront purement et simplement leurs portes par faillite.

Habile, non ?

Je vous passe les méandres tortueux qui amène le gars Montebourg à nous parler de 1789 (comme c’est original), ou de la libération du joug hitlérien (comme c’est original), les petites sucrettes écologiques pour rester hype & fashion (original, non ?), et bien sûr les douzaines de lignes sur le dévoiement du pouvoir qui casse toutes les belles institutions et la belle démocratie de la Vème République, la corruption, le délitement des dirigeants et le mépris des citoyens, etc., etc., etc. Original, donc.

Pas de doute : les primaires socialistes sont, d’ores et déjà, lancées. Concours de banalités, discours à peine modifiés en cinq ans, luttes intestines, batailles d’ego sans intérêt, tout est en confortablement en place pour que les uns et les autres, tant à droite qu’à gauche, se focalisent sur 2012 en oubliant absolument tout ce qui va se passer au milieu.

Pendant ce temps

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