Le programme d’économie au lycée en danger

Le gouvernement s’en prend aux programmes d’économie, dans une perspective purement idéologique, en visant l’étude du marché, de l’entrepreneur et de l’entreprise.

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Le programme d’économie au lycée en danger

Publié le 23 juin 2016
- A +

Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

Le programme d'économie au lycée menacé
By: rickCC BY 2.0

Après l’attaque contre les écoles libres, le gouvernement s’en prend aussi aux manuels d’économie. Un arrêté sera pris fin juin afin d’ « alléger les programmes d’économie en classe de seconde ». Le but visé est celui de « soulager » les enseignants de SES (sciences économiques et sociales) qui serait une « demande ancienne » de l’APSES (Association des professeurs de sciences économiques et sociales), comme le rappellent Les Echos.

Mesure idéologique

En réalité, c’est l’étude du fonctionnement du marché et de l’entreprise qui est surtout visée par cette mesure idéologique. En janvier 2010, Luc Chatel, ministre de l’ancien gouvernement de droite, avait lancé « l’enseignement en économie pour tous » et les nouveaux programmes pour les classes de seconde.

Suite aux travaux de deux Commissions indépendantes, le ministre voulait généraliser l’enseignement des notions d’économie et séparer l’enseignement de cette matière et de la sociologie, une caractéristique de l’Éducation nationale. Ce lien conférait aux cours une approche souvent biaisée de l’économie en privilégiant les notions marxistes de lutte des classes et d’exploitation dans une société capitaliste sans un État fort.

La réforme de Luc Chatel n’a abouti qu’en partie tant l’opposition du corps enseignant est forte : l’association des professeurs de sciences économiques et sociales proteste et menace de « désobéissance citoyenne », au motif que l’enseignement d’économie serait désormais cantonné à « l’apprentissage d’outils abstraits » éloignés des « questions de société » et « marginaliserait les autres sciences sociales ».

La fin de la réforme Chatel

économie de marché rené le honzecAvec ce qu’envisage le gouvernement actuel, il ne restera plus rien de la réforme Chatel. C’est l’étude du fonctionnement du marché qui est surtout visée aujourd’hui et cela dans le contexte de la mondialisation et du libre-échange.

Il faut d’abord remarquer que les membres des commissions pédagogiques qui sont à l’origine de ces propositions proviennent du monde enseignant et aucun chef d’entreprise ou acteur important du privé, donc connaisseur du fonctionnement du marché, n’est convié à s’exprimer sur ces changements.

Il y a quelques années, l’IREF avait réalisé une Étude sur l’enseignement de l’économie dans 7 manuels de SES en trouvant, entre autres, que l’entreprise est souvent maltraitée au détriment de l’État et des acteurs publics et que les véritables sources de la création des richesses ne sont pas bien montrées aux élèves.

D’où cette inculture économique et cette méfiance à l’égard de l’entreprise en France. L’allègement des programmes d’économie que veut mettre en pratique le gouvernement ne fera qu’aggraver cet état de fait. D’ailleurs, plusieurs patrons du CAC 40 s’insurgent, sous anonymat, contre cette décision (voir Les Échos du 7 juin 2016).

Étudier l’entreprise

D’où les propositions de l’IREF, reprises par une partie des députés LR, de modifier les programmes d’économie au lycée en rendant obligatoire l’étude de l’entreprise et son rôle dans la création de richesses, en insistant sur les portraits d’entrepreneurs qui ont réussi, et en abordant la mondialisation et l’économie de marché de manière neutre.

De même, l’IREF propose d’intégrer dans les Commissions pédagogiques et parmi les auteurs des manuels scolaires des personnalités issues du monde de l’entreprise. L’objectif est de compléter les notions théoriques d’économie avec les faits et le vécu. Qui pourrait donner de meilleurs exemples de fonctionnement du marché que le chef d’entreprise ? Qui expliquerait plus clairement la concurrence, sinon le chef d’entreprise ? Enfin, c’est l’entrepreneur, la personne qui trouverait les mots les plus justes pour donner envie aux jeunes d’entreprendre.

Sur le web

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  • 95 % des décisions sur lesquelles les citoyens ont à se prononcer ont une base économique et l’on refuse de l’enseigner à nos enfants et concitoyens. Pour être plus certain du résultat des prochaines élections, je propose que l’on rédige les bulletins de vote en chinois, ou alors on pourrait utiliser la loterie.

  • Le programme de SES de seconde est déjà très léger, il prend déjà les choses dans le désordre, il est déjà marxiste. Un parent avisé enseigne lui même l’économie à ses enfants et ne laisse pas les commissaires politiques du Komintern qui servent de profs d ‘éco s’en charger.

    • Ces mêmes parents ont été endoctrinés ou alors n’y connaissent rien ou alors n’en ont rien à faire de l’économie.A ce rythme, les enfants continueront à reproduire les erreurs de leurs parents et d’en payer le prix ( ou plutôt attendront que les autres payent…).

  • Vous avez vu les questions au bac 2016? Un vrai bac de socialisme en misérabilsme.
    Français : auteurs cités, Zola (germinal), Victor Hugo (les misérables), Paul Eluard (ode à Staline), Anatole France (Salut aux Soviets) sur des éloges funèbres d’auteurs socialistes (Desnos

    Economie : Après une première question Keynésienne sue les pourquoi les états n’y arrivent pas, la seconde présente un tableau « Taux d’obtention du baccalauréat selon la génération et l’origine sociale dans le secteur privé».
    Suit une troisième avec une énoncée viciés et arbitraire issue directement des manuels en socialisme qui occupent l’EN.
    « Le développement de la concurrence internationale ont conduit à un appauvrissement de la condition des salariés » développez! Pleurons sur le gamin qui répond que l’énoncée est tronquée car ce sont plutôt les revenus des salariés issus des entreprises internationales qui ont progressé que ceux des salariés Franco français.

    Pourquoi s’étonner que 75% des gamins quand ils voient l’économie de marché et le secteur privé à charge dans la prison des géoliers prof quasi tous gauchiste à 90%, 75% d’entre eux veulent devenir fonctionnaire avec un Bac et les 25% restant veulent quitter le dernier pays communiste occidental, la France….

    Avoir le BAC ES revient à avoir un Bac de socialisme…..Un Bac de misérabilisme.

    Un bac d’inemployable qui haïra son futur employeur en ne voyant de lui qu’un exploiteur sanguinaire et mangeur d’ouvrier qu’il trempe dans le café chaque matin au petit déjeuner.

    • Seule l’autonomie des établissements libérera l’Education centralisée de ses idéologues…

    • Vous décrivez la jeunesse d’il y a 30 ans , nuit debout représente fort heureusement une triste minorité, les jeunes d’aujourd’hui sont plus ambitieux et ont décidé de se prendre en main.Avec l’immense accès à l’information qu’est internet , les jeunes ne crachent pas sur l’économie de marché car ils la comprennent bien plus qu’il y a 30 ans donc en fait oui une majorité de nos jeunes va quitter la France, Nous coulons………….

    • J’ai eu l’ancêtre du Bac ES, le Bac B, il y a longtemps. Les seules choses dont je me rappelle de mes cours d’économie sont Keynes et Marx.

    • Un bac de fonctionnaire parfait. De prof.

  • J’ai fait partis de bacheliers qui ont composé sur cette fameuse épreuve d’économie et j’ai halluciné lorsque j’ai vu le sujet… En même temps se n’est pas une surprise avec le nombre de chapitre sur l’intervention de l’état… Je suis désemparé… Heureusement que je quitte le lycée….

  • Quand leur apprendra-t-on plutôt l’environomie que le pourtant ultra-pro-nucléaire Marcel Boiteux en 1975 déjà appelait l’écolonomie ?

    Un bon économiste, c’est quelqu’un qui saura brillamment vous expliquer demain pourquoi il avait toutes les excuses de s’être planté aujourd’hui, en s’appuyant sur des écrits d’experts d’hier ….. ou même d’avant-hier.

    Pour se tromper plus qu’un économiste, il faut deux économistes.

    Combien d’économistes savent ce que c’est que d’avoir de la misère à joindre les deux bouts ?
    (A propos : les deux bouts de quoi ?)

  • La ministre de l’éducation nationale avait le choix : soit se battre pour redresser un enseignement national en pleine déconfiture, soit se servir du contexte national pour finir de l’achever.

    Elle est socialiste, elle a compris qu’instruire sérieusement nos enfants était un danger pour son idéologie, et puis la comparaison st trop dure pour le communautarisme français.
    Donc on décapite et on nivelle par le bas, on socialise.

    • Elle achève effectivelent le travail commencé sous Mitterrand et préparé depuis l’après guerre (par le parti communiste).
      J’observe que la droite, dans ce domaine et quelques autres, est moins pire que la gauche. Le jour où elle cessera de se soumettre aux idéologies de la gauche par peur d’être accusée par cette dernière de « courir après les idées du FN », peut-être que le pays pourra avancer…

  • Plutôt que de s’acharner à changer le mammouth il y a maintenant une solution alternative:
    http://www.ecoleliberte.fr/

  • Le but de ce gouvernement et malheureusement d’une très grande partie de la fausse droite est d’installer le socialisme. Ils ne veulent pas d’entrepreneurs et détruisent sciemment les marchés à coup de lois, de normes, d’interdictions et de RSI.

  • Ma fille aînée avait commencé à subir cet endoctrinement marxiste. Heureusement, elle a eu la chance de faire un voyage d’études en Californie. Depuis, elle rêve des États-Unis, et veut y poursuivre ses études ! Au lieu de devenir cheminot CGT…

    • Nos grandes écoles sont fort heureusement plutôt épargnées (comparé à l’université,lycée, collège) mais à relativiser quand on voit ce qui peut sortir de l’ENA et Science Po , nos écoles d’ingénieurs et de commerce font sortir normalement des individus capables de ne pas gober les conneries de nos politiques , par contre oui après les études supérieurs difficile de demander à votre fille de ne pas partir.

      • hum … les grandes écoles, je connais et je vous assure que « comparé à l’université,lycée, collège » elles sont bien pires !
        Ce qui les sauvent, c’est que travailler sur des objets bien concrets ça laisse peu de temps pour les élucubrations, mais sinon, le polytechnicien n’est pas le dernier (il est même au premier rang !) à avaler les conneries à la mode (syndrome du bon élève) puis à vouloir faire de l’ingénierie sociale (comme si les humains n’était que des choses), inventer des usines à gaz socialiste (groupe X-crise -> planification « à la française » ) et propager des absurdités (Cf. NKM et le réchauffement climatique).
        D’autant que de se savoir l’élite de la nation, ça n’aide pas à la modestie et à la relativisation de la pertinence de son propre jugement, et de là à vouloir l’imposer aux idiots qui ne pigent rien, il n’y a qu’un pas…

        • J’ai préciser à relativiser en enlevant le groupe Science Po + X + certains HEC ensuite ENA pour les plus obeses , qui sont une fabrique à étatisme

  •  » C’est un malheur irréparable que les gouvernements qui se sont succédé en France aient toujours mis obstacle à l’enseignement de l’économie politique. C’en est un bien plus grand encore que l’éducation universitaire remplisse toutes nos cervelles de préjugés romains, c’est-à-dire de tout ce qu’il y a de plus antipathique à la vérité sociale.  »
    Frédéric Bastiat – Les harmonies économiques – chapitre 4, Echange.
    Et ça date de 1850 !

  • On pourrait satisfaire tout le monde en donnant une place importante à la praxéologie dans les SES.
    On ferait de meilleurs économistes en leur apprenant à savoir à quels objets ils ont affaire : les données sont des objets, qui sont les résultats d’une recherche, qui suit une certaine MÉTHODOLOGIE. C’est précisément l’étude des méthodes, qui concernent des personnes réelles, qui devrait être le dernier « S » de « SES ».

    Malheureusement ici c’est le pays de l’alternative (économique), de la disjonction stricte. C’est pourquoi il serait impensable ici de penser les SES sous une autre forme que celle d’une lutte « lois et théorie » contre « pratique et observation ». C’est pourquoi ici il serait impensable de penser les SES sous une autre forme que celle des « questions de sociétés », des « outils abstraits ». Bien sûr

  • L’auteur de l’article semble grandement méconnaître les programmes de SES au lycée. Voici le lien vers le programme officiel de SES en seconde : http://cache.media.education.gouv.fr/file/special_4/73/5/sciences_economiques_sociales_143735.pdf ça permettra déjà, en en prenant connaissance, d’éviter d’écrire des bêtises pareilles.
    L’entreprise est en fait enseignée dans un autre chapitre que celui portant sur le marché en classe de seconde : Entreprises et production (le titre semble pourtant clair, incroyable qu’il ait échappé à l’auteur de cet article !). On peut donc difficilement dire que l’on n’aborde pas cette question dans le programme. Si l’on se penche sur le chapitre en question, on s’aperçoit que l’on y apprend que l’entreprise crée des richesses et à cette occasion on découvre la notion de valeur ajoutée. On est donc loin de la présentation des SES que fait cet article.
    Il est vrai qu’un allègement est prévu car en réalité le programme n’est souvent pas intégralement traité par les profs de SES faute de temps. Il est légitime de se questionner sur le choix du thème à supprimer. Par contre, rassurons-nous, les programmes de 1ère et terminale, loin d’être « marxiste » (à la lecture de l’article je me demande si l’auteur sait ce que signifie cet adjectif…) aborde dans le détail les mécanismes de marché. Et puisque certains s’émeuvent des sujets tombés au bac, qui seraient donc « socialistes » ou je ne sais quoi (preuve de l’inculture économique de certains, c’est affligeant…), il est tombé cette année en spécialité une question sur la politique de la concurrence, laquelle cherche à faire en sorte que ces mécanismes de marché soient préservés dans l’intérêt des producteurs et des consommateurs. On est donc loin d’une vision « gauchisante » des savoirs… Avant de critiquer, il serait bon déjà de lire l’intégralité des programmes.

  • J’ai oublié de préciser : le marché ne figure plus parmi les thèmes à traiter obligatoirement, mais reste un thème facultatif. Il n’est donc pas supprimé du programme, et sera, comme d’autres thèmes facultatifs, abordés par certains profs.

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