5 ennemis de l’emploi en France

Des charges sociales aux emplois aidés, voici 5 obstacles à la création d’emplois.

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5 ennemis de l’emploi en France

Publié le 17 janvier 2016
- A +

Par Nicolas Beyls
Un article de Trop Libre

9782081342637Les économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg ont réédité en 2015 leur ouvrage paru en 2004 sous le titre Le Chômage, fatalité ou nécessité ?

Selon eux, l’échec des politiques de l’emploi depuis 40 ans est dû à une mauvaise connaissance du fonctionnement du marché du travail et à l’absence d’évaluation des différentes interventions publiques.

 

Les ennemis de l’emploi ne sont pas ceux que l’on croit

Les hommes politiques de tous bords aiment blâmer les délocalisations ou les « licenciements boursiers ». Or, l’internationalisation des échanges et les mouvements de capitaux sont responsables d’une part très faible des destructions d’emploi. Les plans sociaux focalisent certes l’attention des médias et des pouvoirs publics, mais ne concernent que 0,5 % des travailleurs quittant leur emploi. En effet, 2,4 millions d’emplois sont détruits chaque année en France, soit 10 000 par jour ! Mais simultanément, 10 000 emplois par jour sont créés.

Ce processus incessant de destruction créatrice, identifié par Schumpeter, est inhérent au capitalisme. Il est indispensable car il accroît la productivité, ce qui permet à chacun de disposer de plus de biens et de services. A contrario, les créations et les destructions d’emplois n’existaient pas en URSS, mais au prix de la stagnation économique.

Enfin, augmenter la population active n’accroît pas le chômage. De nombreuses études empiriques montrent ainsi que l’immigration n’a pas d’effets négatifs sur l’emploi. En effet, on ne trouve pas dans chaque pays un nombre fixe d’emplois ou d’heures de travail devant être partagées. La réduction du temps de travail, par exemple via les 35 heures, ne permet pas de lutter contre le chômage. Elle repose en effet sur un postulat erroné : le travail ne se partage pas mais se redéploie sans cesse entre les firmes.

 

Les cinq ennemis de l’emploi en France

Les charges sociales au niveau du Smic

Le salaire minimum peut avoir des effets bénéfiques sur l’emploi. Mais il est si élevé en France qu’une augmentation de celui-ci détruirait des emplois peu qualifiés. Il faut ainsi alléger le coût du travail au niveau du Smic sans diminuer le salaire, donc réduire les charges sociales.

 

Les trappes à inactivité

De nombreuses études montrent que si travailler devient moins avantageux, alors moins de gens iront travailler. Un dispositif comme l’impôt négatif permettrait de rendre le travail payant en incitant financièrement les personnes éloignées de l’emploi à reprendre une activité.

 

Une assurance chômage peu contraignante

L’indemnisation du chômage en France s’inscrit dans une logique fataliste d’assistance : le chômeur est une victime. En cas d’absence de recherche d’emploi, les sanctions ne sont pas appliquées. Le chômeur est en fait très utile à la société car il recherche l’emploi qui lui correspond le mieux. Pour le faire sortir du chômage, il faut améliorer son suivi mais aussi rendre plus crédibles les menaces de sanctions.

 

La protection juridique de l’emploi

En France, la législation est basée sur le contrôle du juge, et parfois sur la répression pénale. Elle protège bien certains salariés (les insiders) mais est défavorable à l’emploi des jeunes, des femmes ou des seniors (les outsiders). La législation en vigueur est inégalitaire car elle accroît la segmentation du marché du travail.

 

Les emplois aidés dans le secteur public

En plus de coûter cher, ils diminuent les chances de retrouver un emploi régulier car ils envoient un mauvais signal à un éventuel employeur. Au contraire, les aides à l’emploi privé sont moins onéreuses et bien plus efficaces. En effet, les bénéficiaires occupent des postes proches d’un véritable emploi permanent, ce qui séduit les recruteurs. Surtout, créer un emploi public détruit en moyenne 1,5 emploi privé du fait de l’effet d’éviction, via la fiscalité.

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  • Les 5 ennemis de l’emploi en France : l’Etat, l’Etat, l’Etat, l’Etat et encore l’Etat.
    L’Etat qui gaspille l’argent produit par le secteur privé dans un secteur public pléthorique aux privilèges innombrables.
    L’Etat qui gaspille l’argent produit par le secteur privé en donnant aux élus et hommes politiques des situations en or et la possibilité de distribuer l’argent public aux copains, associations lucratives sans but ou autres projets coûteux et inutiles.
    L’Etat qui gaspille l’argent produit par le secteur privé en distribuant de multiples aides à des parasites sans contrôle sérieux et systématique.
    L’Etat qui n’a qu’une solution à tous les problèmes : des taxes, des taxes, toujours plus de taxes, des contraintes, des contraintes toujours plus de contraintes.
    L’Etat enfin qui n’est qu’un boulet toujours plus énorme et qui entraîne la France et les français vers la faillite.

    • +5
      L’Etat qui estime devoir prendre des mesures nouvelles pour réduire le chômage, au lieu d’abroger réglementations, aides et taxes.

    • L’auteur a ciblé 5 ennemis de l’emploi en France.
      Pour augmenter le nombre et la rémunération des emplois, hors secteur public, il faut se donner les moyens:
      – D’une part, de développer le secteur agricole et le secteur industriel. Pour cela il faut revoir l’organisation des instances européennes pour éviter à nos productions de subir la concurrence de produits importés produits à bas couts,
      – D’autre part, de réduire les charges fiscales et sociales imputées aux entreprises en prenant pour modèle ce qui se pratique chez nos voisins relativement prospères.

      • Les parents du petit « FELIX » peuvent-ils venir le chercher à la garderie du Politburo ?

        • lol vous pensez réellement que tous les pays de l’UE ouvrent tous leur secteurs économiques à la concurrence en mode auberge espagnol?

          • « Tous les pays de l’UE » vont si bien 😀

            Vous avez raison : prenons les mesures débiles que tout le monde, Dieu reconnaîtra les siens !

            • Le petit Félix vous est reconnaissant de tant de prévenance; il vous distribue une partie de son gouter.
              Il vous fait néanmoins remarquer que ce ne sont pas vos préconisations qui sont de nature à créer des emplois. A vous lire, je doute fort que vous ayez des responsabilités dans la gestion d’une entreprise.

              • Le bon Agua a la responsabilité de sa vie et de ses biens. Il ne cherche nullement votre gouter ou votre « développement ». Mieux, il aimerait juste que tous ces grands « stratèges » s’occupent de la « gestion » de leurs propres « entreprises » avec leurs propres deniers, bien sûr.

                Vous souhaitez « développer le secteur agricole et le secteur industriel » ? Utilisez votre propre bourse. Vous souhaitez éviter que vos « productions » subissent « la concurrence de produits importés » (sic) ? Fournissez de meilleurs produits que vos concurrents.

                Je ne sais quelles responsabilités vous possédez dans quelconque entreprise et n’en ai, royalement, cure. Ce que je retiens de votre prose est votre propension à vouloir légalement tabasser votre prochain afin de le contraindre à payer pour vos « services ».
                Laissez moi vous dire que si vous croyez trouver un quelconque appui à ce genre de pain sur ce site, vous allez au devant de profondes déconvenues.

                Concrètement, nous croyons au capitalisme libéral. Pas à vos fadaises collectivo-nationalistes.

                Un peu de lecture pour vous : http://www.wikiberal.org/wiki/Protectionnisme

  • On peut ajouter d’autres  » ennemis  » à la liste : la machinerie administrative qui dégoûte de travailler ( contraintes, obligations, normes…), le climat de déresponsabilisation général et l’hyper contrôle étatique, la masse des subventions ( plus rentable de chasser des subventions que de créer des richesses),le niveau d’imposition, la manque de concurrence ( capitalisme d’état), la volonté de punir les épargnants ( mais épargne= investissement= emploi), la redistribution excessive ,la morosité générale face à un état qui prend tout mais qui n’a aucune stratégie….. Il y a donc beaucoup d e leviers qui doivent être actionner plus ou moins ensemble car ils sont autant de facteurs bloquants

  • « Enfin, augmenter la population active n’accroît pas le chômage. De nombreuses études empiriques montrent ainsi que l’immigration n’a pas d’effets négatifs sur l’emploi. En effet, on ne trouve pas dans chaque pays un nombre fixe d’emplois ou d’heures de travail devant être partagées. La réduction du temps de travail, par exemple via les 35 heures, ne permet pas de lutter contre le chômage. Elle repose en effet sur un postulat erroné : le travail ne se partage pas mais se redéploie sans cesse entre les firmes. »

    C’est une excellente remarque , et il ne faut jamais perdre une occasion de la sortir à un gauchiste:
    Les 35h partent du même postulat économique que « les étrangers volent nos emplois »

    • Les 35h comme fusible? Alors que dans bcp d’entreprises elles ont reouvert des négociations figées depuis des décennies sur le temps et l’organisation du travail, supprimant les pauses, adaptant le temps par rapporter a l’activité et imposant une modération salariale des années durant…
      La baisse des assurances sociales des salariés comme fusible? Un peu court, d’autant que c’est sur le cout sur les plus hauts salaires qui creuse l’écart aujourd’hui

      Le rapport oublie 2 autres causes structurelles :

      1- l’absence de liberté pour créer une entreprise… Entre le code de l’urbanisme, du commerce encore pire que celui du travail, entre les autorités administratives uniquement tournées vers la défense des privilèges et des situations de rente, entre l’absence de prise de risque par les banques mieux connues comme fossoyeurs de l’économie, entre le racket des chambres consulaires,conseils professionnels, syndicats corporatistes…
      Bref, ce n’est pas en défendant à tout prix, les entreprises existantes, que l’on cree des emplois.

      2- le cout de l’assurance maladie, et la stupidité de son organisation par profession… Creer des emplois, multiplier les parcours, diversifier les statuts… Reclamment de toute urgence une gestion individuelle et personnelle des assurances sociales… L’employeur n’a pas à perdre du temps, de l’énergie de l’argent à collecter les cotisations des assurances sociales de ses salariés… Libre a lui de s’assurer auprès des assureurs sociaux, si possible de son choix pour créer une saine concurrence

  • Comme il est souligné dans l’article, quand 100 emplois sont supprimés dans des secteurs divers, sous la pression économique, 100 autres devraient être créés dans d’autres secteurs, notamment sur des produits, des services, dans des métiers nouveaux. S’il s’en créait à chaque fois 105, le problème du chômage serait résolu en quelques années. S’il s’en crée 95, comme c’est probablement le cas en France, le chômage ne peut que s’accroître et le pays arriver ainsi à une situation explosive.

    Qu’est ce qui manque donc pour qu’au lieu de créer 95 emplois nouveaux on en crée 105 ? L’auteur de l’article cite certains facteurs, effectivement défavorables en France. Je voudrais en mettre un autre en lumière : le problème de financement des fonds propres des petites entreprises.

    La circulation d’un flux monétaire entre salaire d’un dirigeant, investissement en fonds propre dans l’entreprise, est pénalisée par les charges sociales et l’impôt sur le revenu : pour 100 euros dépensés par l’entreprise, seulement 30 euros reviennent en fonds propres. Cela condamne de fait les PME à ne ne pas ouvrir leur capital hors du cercle de leurs cadres dirigeants, souvent constitué d’ailleurs d’un seul homme. Du fait de l’absence d’un mécanisme légal du type « golden share, comme en Angleterre, l’ouverture du capital se solde quasi inéluctablement par l’éviction du ou des fondateurs, voire leur placardisation et perte de pouvoir. Donc de nombreuses entreprises, qui pourraient faire de la croissance si elles ouvraient leur capital, ne le font pas.

    Un autre frein est évidemment le risque social des chefs d’entreprise. Tous les dirigeants de PME le savent bien, les banquiers ne savent pas faire autre chose que du prêt sur gages. Qu’un dirigeant d’entreprise qui a acquis, grâce à son outil de travail, un capital important, en gage une partie pour obtenir des prêts n’a rien de choquant. Qu’un entrepreneur (souvent jeune) soit contraint d’hypothéquer son avenir et sa situation future pour en faire de même est choquant. D’ailleurs, nombre d’expatriations d’entrepreneurs qui ont échoué sont dues à cet effet, au plus grand bénéfice des pays d’accueil : ne dit on pas aux Etats Unis qu’un chef d’entreprise qui n’a pas déposé trois fois le bilan n’est pas crédible ?

    Solution : limiter par la loi le montant des cautions personnelles des dirigeants d’entreprise (ou toute personne qui se porte caution) au tiers du revenu perçu de l’entreprise (salaires et dividendes) dans les dix dernières années.

    • « Solution : limiter par la loi le montant des cautions personnelles des dirigeants d’entreprise (ou toute personne qui se porte caution) au tiers du revenu perçu de l’entreprise (salaires et dividendes) dans les dix dernières années. »

      Savez-vous que vous n’êtes pas sur le site de Libération ?

  • Et le principal ennemi de l’emploi reste la dette et c’est lié aux mécanismes actuels de la monnaie. Les tentatives de désendettement réduisent la monnaie en circulation et réduisent donc notre capacité à créer de la richesse. En clair, ce n’est pas le travail qui manque, c’est la monnaie pour payer les salaires. Construire des écoles, des hôpitaux, améliorer notre environnement augmenteraient notre richesse, mais nous n’avons plus les financements pour cela.

    Beaucoup d’économistes font l’erreur de considérer la masse monétaire comme infinie vis-à-vis de la dette. C’est vrai au niveau microéconomique, mais complètement faux au niveau macroéconomique. Dans la zone Euro (donc pas uniquement en France), la dette (privée + publique) est supérieure à 2 fois la monnaie en circulation (M3). Ceux qui possèdent la dette continuent de croire que nous avons assez de patrimoine pour rembourser la totalité des dettes en nature, puisqu’il ne restera plus de monnaie en circulation.

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