Le laissez-faire, pour se libérer d’une société de contrainte

Quel est le véritable ennemi de la liberté ? « Laissez-faire » vs « Zwangsgesellschaft » : le seul débat politique qui compte.

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Fencing duel credits uwdigitalcollections via Flickr ( (CC BY 2.0)

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Le laissez-faire, pour se libérer d’une société de contrainte

Publié le 8 octobre 2015
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Par Jan Krepelka.

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C’est sans nul doute le terme français laissez-faire qui résume le mieux l’idée de la société libre, et de même c’est le mot allemand Zwangsgesellschaft qui résume le mieux son contraire, la société de contrainte.

Ainsi, laissez-faire est déjà largement utilisé en anglais, et c’est Ludwig von Mises, après avoir fui l’Allemagne national-socialiste vers la Suisse, puis les États-Unis, qui garda le terme allemand de Zwangswirtschaft, économie de contrainte, dans ses livres en anglais, pour décrire, en tant qu’économiste, le système économique qu’il avait fui puis consacré sa vie à combattre. Naturellement, il n’ignorait pas, lui qui défendait il y a déjà un siècle le libéralisme, qu’une économie de contrainte va de pair avec une société de contrainte.

Laissez-faire

Une société de laissez-faire est fondée sur la nature volontaire des relations entre les gens. Autrement dit, chacun est libre de faire tout ce qu’il veut avec tout ce qui est à lui, et de même, il laisse toutes les autres personnes faire ce qu’elles veulent avec ce qui est à elles. Cette liberté est ainsi universelle, cohérente et non-contradictoire, puisque tous les droits sont symétriques, opposables, et ont pour miroir un devoir : celui de respecter ce même droit chez son prochain.

En laissez-faire, si vous voulez quelque chose de la part de quelqu’un, alors il faut lui demander gentiment. Libre ensuite à cette personne de vous l’accorder gratuitement, ou de demander un service ou un paiement en échange. C’est le principe de la paix, du volontaire, du don, de l’échange, du marché libre.

Dans une société de laissez-faire, si quelque chose vous dérange, vous le changez. Vous le changez de manière non-violente, par vous-même ou en demandant à d’autres de vous aider. La situation de pauvreté d’une personne vous préoccupe ? Alors vous lui donnez de votre propre argent, ou vous organisez une collecte pour demander à d’autres personnes de vous aider à l’aider.

Dans une société de laissez-faire, si vous voulez vous enrichir, alors il faut trouver quelque chose dont d’autres personnes ont besoin, et le leur vendre. Plus grand sera le service que vous leur rendrez, plus grand sera le nombre de personnes auxquelles vous aurez rendu service, plus grande sera votre richesse personnelle.

Dans une société de laissez-faire, la violence est strictement limitée par le Droit, c’est-à-dire, pour empêcher une autre violence ou la réparer : se défendre contre les assassins, les voleurs et plus généralement contre les agressions physiques.

Zwangsgesellschaft

En Zwangsgesellschaft, c’est tout le contraire. Une telle société est fondée sur la contrainte comme moyen légitime d’obtenir des autres ce que l’on veut. Autrement dit, selon les modalités en vigueur (démocratie, dictature, etc), chacun doit se soumettre à la volonté de la majorité ou autorité du moment, et, de même, tenter de ravir cette autorité pour lui-même (élection, coup d’État, etc.). La liberté est ainsi toujours très relative, instable, sujette aux aléas de l’opinion et des rapports de force du moment. Tous les droits et devoirs sont relatifs, systématiquement asymétriques, incohérents et en contradiction permanente les uns avec les autres. Le miroir des obligations imposées et des atteintes subies n’est que le vague espoir, théorique ou pratique, de se retrouver de l’autre côté du bâton.

Dans une société de contrainte, si vous voulez quelque chose de la part de quelqu’un, alors il faut l’exiger avec fermeté. Si la personne refuse, il s’agira de lui intenter un procès, de faire une manifestation, une grève, une émeute. C’est le principe du « droit à », de la contrainte, de la guerre, du vol, de l’impôt, du « service public », de la conscription.

Dans une société de contrainte, si quelque chose vous dérange, vous tentez de contraindre d’autres à résoudre le problème. La situation de pauvreté d’une personne vous préoccupe ? Loin de vous l’idée de l’aider directement ; au contraire, vous ferez campagne, par le biais d’une initiative populaire, ou, pire, en vous portant candidat d’un parti politique, à grands frais bien entendu, tout ceci afin de faire passer une loi pour contraindre d’autres personnes à lui venir en aide.

Dans une société de contrainte, si vous voulez vous enrichir, alors il faut trouver une façon de prendre aux autres plus rapidement qu’ils ne vous prennent à vous. Plus grande sera votre astuce, votre corruption, plus grand sera le nombre de personnes auxquelles vous aurez pris leur bien, plus grande sera votre richesse personnelle.

Dans une société de contrainte, enfin, le Droit devient droit, législation : règles arbitraires que les uns imposent aux autres pour obtenir tout et n’importe quoi. Loin de se limiter à empêcher la contrainte, l’agression, la violence, le rôle de la police devient alors au contraire de les répandre. La violence devient ainsi omniprésente, elle devient un moyen légitime pour imposer ses préférences et ses caprices.

Naturellement, les étiquettes sont rarement aussi claires, et les termes souvent trompeurs ; ainsi, « liberté », « libre » et même « libéral » en sont venus à signifier tout et leur contraire. Mais ne vous y trompez pas : évaluez les véritables enjeux, les véritables implications et conséquences de n’importe quelle proposition à l’aune de la distinction simple entre volontaire et contraint, et bon nombre de questions politiques deviendront soudain bien plus limpides.

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