Le divin Chesterton, de François Rivière

Première biographie de Gilbert Keith Chesterton écrite en français.

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Le divin Chesterton-F. Riviere

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Le divin Chesterton, de François Rivière

Publié le 2 août 2015
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Par Francis Richard

Le divin Chesterton-F. Riviere
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Le divin Chesterton est la première biographie écrite en français de Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), G.K.S., universellement connu des amateurs de romans policiers à énigme. Ce fanatique de littérature policière est en effet le créateur du célèbre père Brown, un curé détective qui mène l’enquête…

G.K.S. n’est évidemment pas seulement l’auteur des aventures du père Brown, même si ce sont les aventures de ce détective en soutane qui l’ont définitivement rendu célèbre. Il a en effet une centaine d’ouvrages à son compteur et parle même du n°999 des livres qu’il n’a jamais écrits dans son… Autobiographie.

Cette biographie en français, qui ne correspond à la commémoration d’aucun anniversaire, est la bienvenue pour découvrir ou redécouvrir l’œuvre de ce polygraphe hyper-actif et dessinateur précoce et talentueux : le livre de François Rivière reproduit d’ailleurs des illustrations originales de l’Anglais.

Enfant, Gilbert aime la fiction merveilleuse. Elle « sert d’antidote aux monstres cauchemardesques qui l’empêchent souvent de dormir mais qu’il tente d’exorciser avec ses dessins. » Aussi, avant de lire Walter Scott, Thackeray et Dickens, aura-t-il lu MacDonald, Charles Kingsley et Barrie.

À ses qualités précoces de lecteur impénitent et de dessinateur – c’est surtout un excellent caricaturiste -, il faut ajouter celles, tout aussi précoces, de poète et de débatteur – il aime les joutes verbales où, avec sa voix haut perchée, il fait preuve d’humour, manie l’ironie, cultive le paradoxe et exerce son sens de la répartie.

Jeune homme, il travaille dans l’édition et est journaliste. Dans la presse, il pourfend les idées reçues et s’en prend notamment à celles de George Bernard Shaw et de H.G. Wells, membres très actifs de la « Société fabienne, dont naîtra un jour le Parti travailliste », incompatibles avec son « sens de l’émerveillement qui sert de socle à la spiritualité et au nonsense ».

Pour Chesterton, Shaw, Wells, ou encore Kipling, sont des hérétiques. « Un hérétique est un homme dont la vision des choses a l’impudence de différer de la mienne », définit-il avec humour. Le fait est que leur vision diffère de la sienne : le premier est un socialiste athée, le deuxième un utopiste immodeste et le troisième un cosmopolite portant l’uniforme.

Une rencontre va être déterminante, celle avec le père John O’Connor : il va faire de lui le « confident de ses préoccupations les plus intimes » et ne sera pas pour rien dans sa conversion au catholicisme. Lequel correspond davantage que l’anglicanisme à son rejet du déterminisme, qu’il oppose à la vérité transcendante.

Chesterton va, à l’évidence, s’inspirer du père O’Connor pour créer son personnage du père Brown, « un détective d’un genre nouveau, héros d’une fiction associant passion littéraire déplorable au regard de la gent cultivée (ou supposée telle) à l’essence même de sa réflexion métaphysique ».

Certes, Chesterton peut paraître excentrique, et il l’est, mais il est aussi très cultivé, très brillant. Son physique de géant, binoclard et obèse, grand buveur de vin et de bière devant l’Éternel, est un démenti apporté à la subtilité de ses raisonnements et de son style.

Comme nobody is perfect, Chesterton sera adepte de l’utopique troisième voie du distributisme, « un système s’opposant à la fois au capitalisme et au socialisme et prônant une économie fondée sur la petite propriété, avec un retour à la paysannerie et à l’artisanat », dont cet antimoderne, hostile au progrès technique, a la nostalgie.

La biographie de François Rivière explique la genèse et le développement de l’œuvre diverse et variée de cet homme rayonnant, qui mènera de front des activités d’écrivain, de journaliste et de conférencier : « Cet homme est tellement joyeux qu’on se dit qu’il a rencontré Dieu », écrira Franz Kafka.

L’œuvre de Chesterton comprend des romans, des nouvelles, des essais, des poésies et des biographies non conformistes – Browning, Dickens, William Blake, Saint François d’Assise, William Cobett, Stevenson, Chaucer, Saint Thomas d’Aquin -, et même une pièce de théâtre, Magie.

Kafka ne sera pas le seul à lire et à louer Chesterton. Citons parmi ses contemporains, Shaw et Wells, qu’il a pourtant souvent pris pour cibles, et, parmi des auteurs de romans policiers plus jeunes que lui, Agatha Christie, Dorothy Sayers ou John Dickson Carr.

Jorge Luis Borges dresse ce portrait perspicace de Chesterton, qu’il appelle son maître :

« Il aurait pu être Kafka ou Poe mais, courageusement, il opta pour le bonheur, du moins feignit-il de l’avoir trouvé. De la foi anglicane, il passa à la foi catholique, fondée, selon lui, sur le bon sens. Il avança que la singularité de cette foi s’ajuste à celle de l’univers comme la forme étrange d’une clé s’ajuste exactement à la forme étrange de la serrure. »


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  • « Comme nobody is perfect, Chesterton sera adepte de l’utopique troisième voie du distributisme».
    C’est sûr que cela ne peut pas plaire à un libéral comme M. Francis Richard, « de formation scientifique…, économique et financière (Paris IX Dauphine).
    Mais un positiviste peut-il comprendre une philosophie qualitative?

    • « Comme nobody is perfect, Chesterton sera adepte de l’utopique troisième voie du distributisme».
      C’est sûr que cela ne peut pas plaire à un libéral comme M. Francis Richard, « de formation scientifique…, économique et financière (Paris IX Dauphine)».
      Mais un positiviste peut-il comprendre une philosophie qualitative?

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