Le Napoléon III des frères Castro

La reprise des liens économiques entre Cuba et les États-Unis représente le Waterloo des frères Castro.

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Castro & Obama - Credits : Osvaldo Montero (CC BY-NC 2.0)

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Le Napoléon III des frères Castro

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Publié le 28 juin 2015
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Par Fabio Rafael Fiallo

Castro Obama - Credits Osvaldo Montero (CC BY-NC 2.0)
Castro et Obama – Credits : Osvaldo Montero via Flickr (CC BY-NC 2.0)

 

Dans ces jours marqués par le 200e anniversaire de la bataille de Waterloo, vient à l’esprit le poème satyrique L’Expiation, écrit en 1853 par Victor Hugo sur le déclin de la gloire napoléonienne. Le poème – qui ne l’a pas lu au Lycée ? – débute avec une référence à la campagne de Russie (le fameux « Il neigeait… Pour la première fois l’aigle baissait la tête… »). Puis, n’ignorant pas que le revers subi au cours de cette campagne était de nature à frustrer ses ambitions de domination de l’Europe, Napoléon se demande s’il n’était pas victime d’une punition du destin. S’adressant au dieu des armées, il lui pose la question : « Est-ce le châtiment ? », avant d’entendre une voix lui répondre « Non ».

Suit la défaite à Waterloo, menant Napoléon à poser la même question et recevant la même réponse négative de l’énigmatique voix.

Après Waterloo, c’est l’exil à Sainte-Hélène, où l’Aigle attend la fin de ses jours, surveillé en permanence par des soldats de l’Angleterre ennemie. Cette fois, Napoléon n’a plus de doute et interpelle une nouvelle fois la Providence : « Dieu que j’implore, Vous m’avez châtié ! », à quoi la voix lui répond par un catégorique « Pas encore ! »

Dans le poème de Victor Hugo, le véritable châtiment, Napoléon le subit après la mort. Il ne fut autre que celui d’avoir comme héritier politique un personnage dépourvu d’envergure politique, plutôt maladroit et sans lustre ni charisme. Il s’agit de son neveu Napoléon III, qui parvint à instaurer le Second Empire en 1852 à la suite d’un coup d’État.

L’Expiation s’avéra un poème prémonitoire. Car deux décennies plus tard, Napoléon III amena la France à la défaite de la Guerre Franco-Prussienne, effaçant définitivement le bonapartisme de l’échiquier géopolitique européen.

Plus d’un siècle plus tard, le même cycle d’humiliations et de revers se trouve à l’œuvre à l’égard du régime en place à Cuba.

La retraite de Russie trouve son parallèle dans la chute du bloc soviétique et ce que celle-ci impliqua pour le régime castriste : la fin de l’aide astronomique de l’Union soviétique à Cuba, et non moins important, la fin du mythe de la supériorité du système communiste.

Le régime cubain dut alors imposer des restrictions draconiennes à la population pendant un laps de temps connu sous le nom de « Période spéciale ». Cette période avait un point en commun avec l’exil napoléonien dans l’île d’Elbe : dans les deux cas, l’espoir de survie du régime était, pire que mince, inexistant.

Et pourtant, de même que Napoléon réussit à reprendre le pouvoir durant la période dite des « Cent Jours », ainsi le régime castriste aura réussi à survivre après la Période spéciale grâce au secours, chiffré en plusieurs milliards de dollars par an, du Venezuela d’Hugo Chávez. On estime que l’aide et les investissements du Venezuela représentent 22% du PIB de l’île rouge.

Or, le « socialisme du XXIe siècle » instauré par Chávez au Venezuela s’est avéré un échec absolu. L’économie du Venezuela est en lambeaux, et ce en dépit du fait que le pays possède les plus grandes réserves de pétrole du monde.

Aussi les frères Castro ne peuvent-ils ignorer que l’aide du Venezuela est vouée à disparaître, ou en tout cas à diminuer substantiellement. Ils savent en outre que la population cubaine n’est pas prête à endurer une nouvelle Période spéciale. Et comme aucun bienfaiteur potentiel ne pointe à l’horizon pour remplacer le Venezuela, les frères maîtres de Cuba n’ont eu d’autre option que parier, telle une ultime bouée de sauvetage, sur le développement des relations commerciales, financières et technologiques avec les États-Unis.

Voilà donc les entreprises et les investisseurs de l’« empire » honni, ceux-là mêmes qui avaient été chassés de l’île au lendemain de la « révolution », appelés désormais au secours d’une économie cubaine à bout de souffle.

Puis, les touristes de ce même « empire », accusés jadis par la propagande castriste d’avoir transformé l’île en « bordel de l’Amérique » avant la « révolution », pourront désormais, cette fois avec le consentement tacite de la « révolution », jouir des faveurs de jeunes cubains – hommes et femmes – à la recherche de revenus occasionnels capables de suppléer aux salaires de misère (en général moins de 30 euros par mois) qu’ils touchent via leurs activités officielles.

À Cuba, il n’est plus question de construire le socialisme, et moins encore d’engendrer un « homme nouveau », mais tout simplement de prolonger la vie du régime aussi longtemps que possible.

La Havane a beau présenter le dégel des relations avec Washington comme une réussite de la « révolution », le fait est que le but ultime de ce dégel, à savoir la reprise des liens économiques avec les États-Unis, représente le Waterloo des frères Castro. Voici en effet un régime qui se proposait de venir à bout du capitalisme mais qui doit maintenant, après la chute de l’Union soviétique et la débâcle économique du Venezuela, se tourner pour subsister vers l’économie capitaliste par excellence.

Pari à haut risque, qui plus est. En effet, au fur et à mesure que les liens économiques avec les États-Unis se renforceront, il deviendra impossible pour les frères Castro de s’en passer sans mettre la survie de leur régime en péril. En cette prévisible dépendance économique, le futur Président des États-Unis aura un instrument de poids pour exiger des avancées concrètes en matière de respect des droits de l’homme et de la liberté d’entreprendre au bénéfice de la population de l’île, ce qui, à terme, pourrait sonner le glas du régime que les frères Castro tentent de préserver.

De même que Napoléon finit ses jours sous la garde des troupes ennemies, ainsi les frères Castro auront à vivre leurs dernières années avec l’épée de Damoclès des pressions en faveur de la démocratisation de Cuba que le futur Président des États-Unis et le Congrès de ce pays ne manqueront pas d’exercer en échange des flux commerciaux et financiers indispensables pour l’économie cubaine.

Pour clore l’analogie avec le bonapartisme au 19e siècle, il convient de remarquer que le socialisme tropical d’aujourd’hui a, lui aussi, son Napoléon III. Il s’appelle Nicolás Maduro, actuel Président du Venezuela, créature du régime castriste s’il en est : non seulement fut-il formé dans les écoles d’agit-prop de Cuba mais, plus important encore, il fut oint Président du Venezuela sur le conseil, ou sous la pression, des frères Castro auprès d’un Hugo Chávez moribond.

La responsabilité du régime cubain dans le choix de Nicolás Maduro pour les fonctions de Président du Venezuela cristallise l’incompétence intrinsèque des frères Castro dans le domaine de l’économie.

D’abord, ils héritent en 1959 de la 3e économie de l’Amérique latine en termes de PIB par tête, mais la bousillent en quelques années en mettant sur pied un modèle socialiste qui n’aura fonctionné nulle part. Ensuite, quand Hugo Chávez arrive au pouvoir au Venezuela en 1999, ils acquièrent une influence décisive sur ce pays, mais permettent, ou plutôt poussent le leader vénézuélien à répéter le même genre de bêtises qui avaient mené à sa perte l’économie de Cuba.

Et finalement, quand ils eurent l’opportunité de faire amende honorable et conseiller Chávez sur son lit de mort sur la désignation comme successeur de quelqu’un maîtrisant ne fût-ce qu’un minimum quelques notions de gestion d’un pays, les frères Castro s’entêtent une nouvelle fois et plaident en faveur d’un laquais, Nicolás Maduro, qui, les propres chavistes commencent à le reconnaître ouvertement, s’est avéré une nullité dans l’art de gouverner.

Napoléon mourut en 1821, bien avant donc que son legs politique ne fût gaspillé par son neveu. Les frères Castro n’ont pas eu la même chance : ils auront vécu assez longtemps pour voir de leurs propres yeux les ravages causés à l’image et à la viabilité du socialisme tropical par leur poussin vénézuélien. Cela, plus que tout autre déboire, représente le plus dur châtiment que la destinée ait pu infliger aux frères qui, d’une main tyrannique, gouvernent Cuba depuis plus d’un demi-siècle.

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  • C’est un Waterloo que Napoléon aurait aimé subir . dans la mesure où les frères Castro restent aux affaires !!!

  • Pendant que la population cubaine galère, la famille Castro, comme celle de Chavez, s’en est mis plein les poches. Le communisme, c’est toujours les autres.

    • Quand il s’est agi de défendre les peuples opprimés en Algérie, en Angola, au Mozambique, en Guinée Bissau, en Namibie, en Afrique du Sud, etc contre les colonialistes français, portugais, les racistes blancs d’Afrique australe et leurs alliés impérialistes étasuniens, CUBA a manifesté sa solidarité envers ces peuples.

      • Oui, et après Fidel a fait fusiller le chef des troupes cubaines en Afrique, le général Arnaldo Ochoa, pour pas qu’il pût parler sur les liens entre le régime cubain et le narco-trafic.

  • Le communisme sanguinaire a conduit Cuba à la ruine depuis des décennies. La dictature de droite, moins sanguinaire, a conduit le Chili -à être l’un des pays sûrs avec les habitants les plus prospères de l’Amérique latine.

    • Sans parler du dictateur qui rend, abomination pour un socialiste, le pouvoir et, encore pire pour un degôche, qui rétablit la démocratie.

    • Pinochet a sauvé le Chili du communisme. Le chili était au bord de la guerre civile (manifestations, greves,….) à cause de la politique sectaire et antidémocratique d’Allende.Quelques mois avant la chute d’Allende, le sénateur communiste Volodia Teitelboim pronostiquait entre 500.000 et un million de morts en cas de guerre civile. l’armée a fait le coup d’état à cause de l’infiltration de mouvements d’extrême gauche dans l’armée. Sans Pinochet, il y aurait eu une guerre civile

      dans la vie, il faut assumer les conséquences de ces actes. le 4 mai 1973, l’opposition au gouvernement d’Allende a raté de peu la majorité des deux tiers à la chambre (qui lui aurait permis de passer outre les vetos présidentiels) et au sénat (qui lui aurait permis de destituer le président) car il y a eu des fraudes massives organisé par allende. si allende avait respecté le processus démocratique, il n’y aurait pas eu de coup d’état.
      lisez « Pinochet, l’autre vérité » de Philippe Chesnay. la majorité des vctimes du régime de pinochet furent les chefs de la gauche, des gens qui avaient pour but de créer une dictature du prolétariat.

      Lisez l’historien Pierre Vayssière spécialiste de l’amérique latine. notamment son livre « Le Chili d’Allende et de Pinochet dans la presse française : Passions politiques, informations et désinformation, 1970-2005″ qui montre l’opération de manipulation médiatique orchestré par la gauche francaise.
      lisez La face cachée d’Allende: antisémitisme et eugénisme de Victor Farias, un intellectuel juif qui a aussi écrit Heidegger et le nazisme. il est aussi l’auteur d’autres ouvrages :Les nazis au Chili et La gauche chilienne: 1969-1973. le point de départ de ce livre est le refus du gouvernement d’allende d’extrader l’ex SS-Standartenführer, Walther Rauff. le célèbre « chasseur de nazi », Simon Wiesenthal était convaincu que Salvador Allende, avait délibérément protégé le responsable nazi et il a demandé des années plus tard à son ami, Victor Farias d’enquêter. la thèse de doctarat défendu par alllende Hygiène mentale et délinquance montre à quel point il était raciste et eugéniste. en tant que Ministre de la Salubrité, il se charga de présenter le projet de Loi de stérilisation des aliénés applaudi par les racistes qui est quasiment la meme chose que la Loi sur la protection de la descendance contre les maladies héréditaires du régime nazi. le fondateur du Parti socialiste chilien, Mamaduke Grove, était régulièrement « payé » par le Ministère des Affaires Etrangères nazi et que les ministres socialistes du gouvernement du Front Populaire étaient également directement « soudoyés » par l’ambassade nazi de Santiago. En 1956, Allende était-il actionnaire et directeur général de l’une des plus grandes sociétés anonymes du Chili, la Société Pelegrino Cariola.
      Allende n’était pas un démocrate ( il a gracié les militants du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) ainsi que d’autres membres de groupes d’extrême-gauche qui avaient été emprisonnés pour faits de terrorisme qui ont repris leur activité terroriste en toute impunité, rachet des actions de la Compagnie manufacturière de Papiers et de Cartons, entreprise clé car seule productrice de papier pour les journaux, fermeture de stations de radios de l’opposition, tentative de fermeture du journal El Mercurio, la nationalisation de la maison d’édition Zig-Zag, attaques contre les journaux d’opposition El Mercurio, La Segunda, Tribuna, Mañana, etc, interdiction faite aux chaînes de télévision de l’Université catholique, Canal 13 et Canal 4, et celle de l’Université du Chili, Canal 9, assassinats politiques (Edmundo Pérez Zujovic,….). le 26 mai 1973, la Cour suprême s’adressa à Allende pour dénoncer l’intromission de l’exécutif dans le judiciaire et pointer une rupture de l’ordre judiciaire ; Allende répondra le 12 juin en déclarant que le gouvernement ne pouvait faire appliquer les décisions de justice « de manière indiscriminée » et qu’il revenait à l’exécutif de juger de l’opportunité ou non de leur application ; le 25 juin, la Cour suprême répliquera en dénonçant l’arbitraire politique du gouvernement d’Unité populaire qui réduisait à néant les droits des justiciables. le 4 mai 1973, l’opposition au gouvernement d’Allende remporta les élections législatives avec 55,6% des suffrages (87 députés et 30 sénateurs) contre 44,1% pour l’Unité populaire (63 députés et 20 sénateurs) ; l’opposition rata de peu la majorité des deux tiers à la chambre (qui lui aurait permis de passer outre les vetos présidentiels) et au sénat (qui lui aurait permis de destituer le président) ; un rapport réalisé par des professeurs de la faculté de droit de l’Université catholique et présenté le 18 juillet fera état de fraudes électorales de la part du gouvernement. Ceux-ci attiraient l’attention sur le fait que 750.000 nouveaux électeurs avaient été inscrits depuis les élections municipales de 1971 alors qu’ils n’auraient dû être normalement que 500.000. Le rapport décrivait également les énormes disparités dans les augmentations de nouveaux électeurs selon les circonscriptions. Il signalait par ailleurs des cas de fraudes avérés à Santiago ou Coquimbo (carnets d’électeurs ne correspondant pas aux personnes ayant voté, centaines d’électeurs inscrits le dernier jour au même domicile, etc.) Le rapport concluait : « lors des élections parlementaires de mars a eu lieu une fraude électorale de grandes proportions, qui concerne entre 200.000 et 300.000 votes illégaux ». le 23 aout 1973, la Chambre des députés approuva, par 81 voix contre 47, un projet d’accord présenté la veille accusant le gouvernement d’Allende d’avoir violé la légalité, de viser à s’emparer de la totalité du pouvoir afin d’instaurer un système totalitaire, en opposition absolue avec la constitution chilienne ; dans cet accord, les parlementaires chiliens demandaient au président de la République, mais aussi aux forces armées et aux carabiniers de mettre fin aux agissements illégaux du gouvernement d’Unité populaire qui mettent en péril l’ordre constitutionnel et légal du pays.

      Allende n’était un rien un modéré son but était une dictature du prolétariat, c’était un fervent marxiste. « Notre stratégie écarte de fait la voie électorale comme méthode pour atteindre notre objectif de prise du pouvoir. » « Nous affirmons que c’est un faux dilemme que de se poser la question si nous devons prendre la ‘voie électorale’ ou la ‘voie insurrectionnelle’. » (21e congrès général du Parti socialiste, Linares, 1965) « Le Parti socialiste, comme organisation marxiste-léniniste, pose la prise du pouvoir comme objectif stratégique à atteindre […] pour instaurer un État révolutionnaire […] » ; « La violence révolutionnaire est inévitable et légitime. […] Elle constitue l’unique chemin qui mène à la prise du pouvoir politique et économique, et à sa défense et renforcement » ; « « Seule la destruction de l’appareil bureaucratique et militaire de l’État bourgeois peut consolider la révolution socialiste » ; « Les formes pacifiques ou légales de lutte (revendicatrices, idéologiques, électorales, etc.) ne conduisent pas par elles-mêmes au pouvoir. Le Parti socialiste les considère comme des instruments limités d’action, intégrés au processus politique qui nous emmène à la lutte armée. » (22e congrès général du Parti socialiste, Chillán, 1967). en 1972, le sous-secrétaire général du parti socialiste, Adonis Sepúlveda Acuña rappelait que l’insurrection révolutionnaire restait bien l’objectif final des socialistes chiliens : « Notre stratégie met, de fait, de côté la voie électorale comme méthode pour atteindre notre objectif de prise du pouvoir. » « […] s’il s’agit de répondre à la question de savoir s’il est possible de conquérir le pouvoir par la voie électoral, c’est-à-dire l’instauration d’un gouvernement ouvrier qui exproprie les moyens de production de la bourgeoisie, pour organiser une société socialiste, sans aucun doute possible, aussi bien l’histoire du mouvement ouvrier que les principes marxistes indiquent clairement que cela n’est pas possible et qu’une politique de cet ordre ne sert seulement qu’à semer de fausses illusions auprès des travailleurs. » « Le parti a un objectif, et pour l’atteindre il devra employer les méthodes et les moyens que la lutte révolutionnaire rendra nécessaires. L’insurrection devra être déclenchée quand la direction du mouvement populaire sentira que le processus social qu’elle a elle-même lancé aura atteint sa maturité et qu’elle se prépare à être l’accoucheuse de la révolution. »

      L’étude des chiffres macro-économiques illustrent l’ampleur du désastre économique provoqué par la gestion du gouvernement Allende : baisse du PIB qui se retrouve en 1973 pratiquement au même niveau que 1970 (-1,21% en 1972 et -5,57% en 1973) ; indice des salaires réels chutant de 45% durant la même période ; pouvoir d’achat chutant de 10% d’octobre 1970 à avril 1973 sur base des prix alimentaires ; investissement brut dégringolant à 15% du PIB contre une moyenne de plus de 21% entre 1965 et 1970. Dans le même temps, les dépenses publiques passeront de 13% du PIB en 1970 à 53% en 1973 avec un déficit budgétaire sautant de 39% des recettes de l’État en 1970 à 115% en 1973 (de 2,7% du PIB en 1970 à 24,7% en 1973). De leur côté, les entreprises publiques cumuleront plus d’un milliard de dollars de pertes.
      Les déséquilibres économiques provoqueront l’explosion des importations qui s’envoleront de 956 millions de dollars en 1970 à près de 1,5 milliard en 1973, alors que la valeur des exportations stagne (sauf en 1973, grâce à un boom du prix du cuivre sur les marchés internationaux). La balance commerciale excédentaire de 155,9 millions de dollars en 1970 devint déficitaire de 16,3 millions en 1971, 253,4 millions en 1972 et 138,3 millions en 1973. Parallèlement, la dette extérieure augmentera de 500 millions de dollars entre 1970 et 1973. Le tout encadré par de rigides barrières douanières qui interdisaient l’entrée de pas moins de 300 produits au Chili et des tarifs douaniers pouvant grimper jusqu’à 750%, avec une moyenne de 105% en 1973. De même, on comptera pas moins de 15 taux de change différents, avec un ratio entre le plus bas et le plus élevé excédant les 8.000% !
      Plus dramatique encore : le déchaînement de l’inflation et l’établissement d’un plafonnement des prix qui, au lieu de juguler l’augmentation des prix, créera des ruptures dans l’approvisionnement et conduira à l’hyperinflation. De 28% en 1971 à 606% en septembre 1973. Avec une monnaie chilienne qui sera dévaluée de près de 1.000% face au dollar. Cette situation laissera les commerces désapprovisionnés et donnera naissance aux interminables queues devant les magasins, typiques de tout pays socialiste qui se respecte. La majorité des biens de première nécessité ne se trouvant plus qu’au marché noir. Le pays restera finalement sans réserves, ne serait-ce que pour importer les denrées les plus élémentaires. Le 6 septembre 1973, le gouvernement Allende annonçait que les réserves de farine ne pouvaient couvrir que quelques jours.

      « L’expérience du docteur Allende a échoué parce que sa coalition d’Unité Populaire, dominée par les socialistes et les communistes, a tout fait pour installer au Chili un système socialiste radical auquel était farouchement opposée plus de la moitié de la population. Il avait été élu en 1970 avec seulement 36,3% des voix, à peine 39.000 votes de plus que son concurrent conservateur arrivé en deuxième place. Lors des élections législatives du début de cette année, l’Unité Populaire n’a seulement obtenu que 44%. Pourtant, en dépit d’un parlement dominé par l’opposition, souvent en méprisant les tribunaux et face au chaos économique et à une inflation qui faisait rage, le régime a continué de « réquisitionner » des entreprises, grandes et petites. Ces actions ont polarisé le Chili comme jamais auparavant, provoquant une opposition tous azimuts, non seulement de la part du riche ou d’une frange fasciste, mais bien de la classe moyenne qui représente la moitié de la population et qui se voyait affronter sa propre destruction. Si le docteur Allende avait progressé de manière plus réfléchie, s’il avait fait une pause pour consolider après la nationalisation des industries de base du Chili et posé des limites raisonnables à son programme socialiste, il aurait probablement terminé son mandat avec de grandes chances de succès. » new york times
      la vérité est là, le chili était au bord de la guerre civile (manifestations, greves,….).Quelques mois avant la chute d’Allende, le sénateur communiste Volodia Teitelboim pronostiquait entre 500.000 et un million de morts en cas de guerre civile. l’armée a fait le coup d’état à cause de l’infiltration de mouvements d’extreme gauche dans l’armée

      • J. Ai des cousins allé cistes à Santiago qui vivent sans ostentation et modestie non pas comme nos leaders.
        Comme m’avait dit en so temps un chilien Pinochet fut un mal nécessaire
        J’ai assisté à la première intronisation de Bachelet j’ai constaté son peu d’intérêt pour le peuple ( cf Hollande et les sans dents)

  • Mais Napoléon III, bien que piètre militaire, fut un grand homme, contemporain sinon à l’origine d’un boom économique sans precedent ! : Haussmann, les Landes, le chemin de fer, etc..

    • En effet. Je trouve que l’auteur est bien sévère avec N III.
      On ne peut juger une politique en considérant uniquement les résultats de la politique extérieure.
      Je dirais même que réussir à faire vivre heureux à l’intérieur est bien plus important que toute affaire militaire.

  • Au Vénézuela, le prix de l’iphone est de 42 000 euro: http://www.express.be/business/fr/economy/au-venezuela-pour-un-iphone-6-vous-devrez-debourser-pres-de-42000-euros/214238.htm
    Le Vénézuela est vraie réussite: grâce aux chavistes, les vénézueliens ont la joie d’être protégés contre les produits américains qui pervertissent les esprits. Le Vénézuela a trouvé comment lutter efficacemment contre l’obésité et le réchauffement climatique. Le chavisme a mis fin à l’horrible société de consommation. Voilà un vrai modèle à suivre. Comme le Vénézuela est devenu un vrai paradis, je propose que l’on envoie tous les écologistes, les socialistes, les anticapitalistes et les gauchistes au Vénézuela goûter au choix de ce paradis socialiste

  • Non Napoléon III a fait en peu de temps grâce à Haussman un Paris que le monde entier nous envie, ce n’est pas pas une mince affaire Paris plage est elle d’un avenir exceptionnel
    Pour revenir aux frères Castro et leur financier ils représentent un des plus grands trou noir du XX siècle il suffit d’avoir penetre dans un intérieur. Sur le mâle on il a toujours été possible de trouver une femme lettrée ayant besoin de 50 ou 100 dollars

  • Celui qui a été sévère à l’égard de Napoléon III n’est pas l’auteur de cet article, mais Victor Hugo — auquel l’auteur se réfère.

    • C’est vrai.
      Il n’empêche que j’aurais préféré assister aux opérettes d’Offenbach sous le second empire, que de participer aux guerres du premier et à la retraite de Russie!

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Napoléon
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Par Antoine-Baptiste Filippi[1. Antoine-Baptiste Filippi est chercheur au Labiana, CNRS- LISA ; CNRS-ISTA, laboratoire de philologie du politique. Auteur de La Corse, terre de droit ou Essai sur le libéralisme latin (Mimésis philosophie, Prix Morris Ghezzi 2019). Co-auteur de l’ouvrage Napoléon, le politique, la puissance, la grandeur (édition Giovanangeli / l’Artilleur), à paraître en juin.].

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