L’économie souterraine espagnole progresse fortement

Un rapport du ministère des Finances montre que la part de l’économie souterraine est de plus en plus importante. Même en cas de réformes significatives, la tendance serait difficilement réversible.

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L’économie souterraine espagnole progresse fortement

Publié le 3 février 2014
- A +

Par J.D. Tuccille, depuis les États-Unis.
Un article de Reason.

Ce n’est pas que l’Europe manque d’exemples de situations financières désastreuses, mais le naufrage de l’Espagne, avec un taux de chômage atteignant les 27% l’année dernière, est assez fascinant. Les statistiques officielles sont si tristes qu’elles auraient pu déclencher des émeutes dans les rues ; qu’il n’y en ait pas eu prouve en quelque sorte que les espagnols trouvent des moyens pour manger et payer leurs factures. Victor Mallet et Guy Dinmore montraient dans un article paru en 2011 dans le Financial Times que s’il n’y avait pas une activité économique invisible « les espagnols ne seraient pas si pacifiques qu’ils ne le sont jusqu’à maintenant, malgré quelques manifestations ». Nous avons maintenant la confirmation du gouvernement que les espagnols ont refréné leur capacité à travailler et à créer des emplois et de la richesse en restant autant aussi loin que possible des radars de l’État.

Un nouveau rapport du Ministère des Finances espagnol révèle que l’économie souterraine (l’économie qui serait légale si elle était soumise aux taxes et réglementations habituelles) a progressé régulièrement chaque année de 2008 à 2012 (dernière année connue). Pendant cette période, la part de l’économie souterraine est passée de 17,8% à 24,6% du PIB officiel :

Economie souterraine Espagne

Source : Ministère des Finances espagnol

Peut-être sans surprise, dans un pays gêné par l’intervention de l’État dans l’économie, la part de l’économie souterraine est plus faible à Madrid (où siège le gouvernement) avec 17,3%, et beaucoup plus élevée dans les autres régions, atteignant même 31,1% dans l’Estrémadure.

L’économie espagnole est quelque peu entravée par l’ingérence de l’État. L’Espagne se classe à la 49ème place de l’indice de liberté économique 2014, à la 22ème des 43 pays européens. « Son score a baissé de 0,8 point par rapport à l’année dernière à cause des dégradations dans les domaines de la maîtrise des dépenses publiques et de la liberté d’entreprendre et de travailler qui ont plus que compensé les légères améliorations dans la liberté commerciale et la lutte contre la corruption ».

Pour les espagnols qui essaient de se sortir du marasme économique dans lequel le pays est plongé, non seulement la pression fiscale est importante, mais en plus « intégrer un entreprise demande 10 procédures et environ 3 semaines, alors que remplir les exigences de licence prend plus de 7 mois et coûte plus d’un an de salaire moyen. Le code du travail reste rigide, ce qui entrave la création d’emplois dans le secteur privé ».

En fait, le pays a un peu amélioré son classement de liberté économique ces 20 dernières années, mais de manière inégale et avec un reflux ces dernières années, même si c’était plus délicat à cause de la crise de l’euro.

Quand ils se débattent avec la croissance de l’économie souterraine, les officiels espagnols (comme tous les officiels) ont à gérer le fait que celle-ci développe sa propre inertie et que les gens s’habituent à vivre de cette manière.

Comme l’écrit l’économiste Friedrich Schneider :

« Même des réformes fiscales majeures avec un baisse importante du taux d’imposition ne provoqueront pas une baisse significative de l’économie souterraine. De telles réformes permettront uniquement de stabiliser la part de celle-ci et d’éviter une plus grande augmentation. Les réseaux sociaux et les relations personnelles, le grand profit tiré d’activités irrégulières et des investissements en capital réel et en capital humain qui y sont associés, sont des liens très forts qui empêchent les personnes de basculer dans l’économie officielle ».

En ayant donné aux citoyens de nombreuses raisons de cacher leur activité et d’essayer de le faire, l’État espagnol va avoir beaucoup de mal à faire revenir les entrepreneurs de l’économie souterraine dans l’économie réelle.

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  • Il serait intéressant de voir la progression de l’économie parallèle en France. Je pense que son évolution est sensiblement la même, et pour les mêmes raisons, d’où la chute des rentrées fiscales alors que les taux d’imposition continuent d’augmenter.

  • en france , la droite a inventé le statut auto entrepreneur pour enrayer le travail au noir ; mais même là , les charges sociales deviennent lourdes dés lors que le chiffre d’affaire est minime ; alors bien sur , pour avoir de quoi vivre, même chichement , le travail non déclaré est une solution ; et puis aprés tout , nos élus ne se gènent pas quand il s’agit de se remplir les poches avec notre argent et pas toujours de manière officielle sans parler de ce qu’ils planquent à l’étranger ; en somme , l’exemple vient d’en haut , alors pourquoi se géner ?

    • c’est ça votre solution ???? tricher parce que les autres trichent… voler parce que les autres volent… tuer parce que les autres tuent… c’est ce que vous apprenez à vos enfants ? h16 a raison : ce pays est foutu…

      • tricher quand ça permet de mieux vivre , oui ; les plus riches trichent , volent alors qu’ils n’en ont nul besoin ; il faut savoir faire la part des choses ;

        • les personnes qui ont le même raisonnement que vous sont les premières à s’indigner quand elles en sont victimes… vous ne prétendez pas être libertarienne j’espère ?

        • ce n’est pas la bonne réponse à apporter, la triche est quelque chose de négatif, de malhonnête.
          or, nous sommes honnêtes, nous ne cherchons qu’à disposer du fruit de notre travail, nous ne faisons rien de mal.
          quand nous travaillons au noir, nous rendons service à notre client, il est content et il nous paye avec le sourire. ça ne concerne personne d’autre, et surtout pas l’état qui ne souhaite s’inviter dans la transaction librement consentie uniquement pour en prendre une part significative sans rien apporter en retour : de l’extorsion pure. on me dira « et l’artisan qui paye ses charges… », mais ce gros benêt d’artisan qui paye ses charges, pourquoi les paye t’il justement ses charges ? qu’est ce qui l’empêche de prendre ce chantier là au noir en demandant au client d’acheter lui même les matériaux et en ne faisant que la main d’œuvre de la main à la main ? si il voulait faire, en réalité, il ferait. il sait faire et il a déjà fait. en réalité, ce chantier là ne l’intéresse pas, pour une raison qui lui appartient. donc personne n’est lésé, sauf bien sur le prédateur, le parasite étatique. devons nous nous préoccuper des parasites ? je ne le pense pas.
          la même chose est valable quand nous achetons les services d’un travailleur au noir…
          à l’adresse de Nadège, il y a une différence fondamentale entre vouloir se soustraire au vol étatique et voler soit même son contemporain. ne pas vouloir se faire dépouiller par l’état de son argent honnêtement gagné est un devoir.

          • La solution réellement honnête serait que tous les tricheurs votent pour un politicien qui s’engage à réduire drastiquement (voir supprimer) l’intervention de l’Etat sur l’économie, afin que ces personnes puissent revenir dans la légalité.

            • exact.
              le jour où il n’y a plus d’impôts, je m’engage à ne plus frauder.
              et je vote pour celui qui se rapproche le plus de ce programme, car actuellement, il faut rester raisonnable dans sa fraude, pour ne pas se faire prendre, donc il y a des pertes en ligne, car l’état m’en prend tout de même la grosse majorité par rapport au peu que j’arrive à sauver de ses griffes prédatrices.

        • Tout le problème est que souvent ceux qui trichent sont les mêmes qui veulent plus d’Etat et plus de lois. Et c’est logique, car cela ne fera qu’entraver leurs concurrents qui sont honnêtes, puisque les tricheurs ne seront pas plus gênés par ces lois.

          Et on est dans un cercle vicieux au bout duquel il ne reste à l’honnête homme que deux solutions: partir ou être suffisamment riche pour se payer le luxe de rester honnête…

      • @Nadège
        Quand on triche avec vous, et qu’on ne vous laisse pas travailler sans vous surcharger de taxes et de tracas administratifs tout en trimant toujours plus, il faudrait que les gens restent bien gentiment en ligne se faire tondre sans réagir?
        Vous confondez humains et bétails.

        Réagir avec les moyens disponibles à votre disposition est non seulement possible, mais c’est aussi un devoir.
        Et il ne faut pas oublier que c’est ce monde que nous laissons à nos enfants, il est de notre devoir de nous en occuper sinon, ce seront eux qui devront le faire, et avec encore moins de liberté qu nous.

        • ainsi un monde meilleur serait fait de tricheurs et de voleurs, avec comme base la corruption à petite et grande échelle ? à mon humble avis, c’est se mettre au même niveau que ceux que nous prétendons combattre.

        • @Nadège
          Mais l’état est le premier voleur, comment voulez vous que les gens s’en sortent autrement?

          De plus, l’état, faisant les lois, a décrété que si nous voulions aller contre son racket, nous serions des voleurs, mdr.

          Donc, en gros, qqun qui se défend est un voleur. Et le vrai voleur est la victime ===> ça ne vous rappelle rien?

          Vous trouvez normal que le peuple donne 57% de ses revenus à l’état, ce n’est pas du vol déja et avant tout?

          Vous n’êtes plus crédible, comme tous les autres prêcheurs-menteurs, on vous voit arriver à des kms …. de mauvaise foi.

      • Laissez H16 s’exprimer sur les propos de Marie et épargnez nous, Nadège- avec votre petite moraline ! Ce que je crois comprendre de son commentaire, c’est que la main mise de l’Etat sur la richesse du pays et la corruption des membres de la classe dirigeante qui s’enrichit aux dépens de ceux qui travaillent , ont pour conséquence une corruption généralisée ,décomplexée.
        Spinoza , dans son « Traité théologico-politique », disait déjà que lorsque la fin de l’Etat n’est pas la liberté « il fait passer les hommes de la condition d’êtres raisonnables à celle de brutes ou d’automates » (Chap.XX)
        C’est une réalité qui a été ( et qui est) vécue dans les pays communistes. Puisqu’il est impossible d’exercer son droit de propriété, tous les moyens, même ceux que la morale désapprouve, deviennent légitimes. C’est donc bien une rébellion contre l’Etat qui , pour les libéraux, est légitime puisque l’Etat est devenu despotique.

      • le vol est ce que l’etat  » providence  » prend à ceux qui travaillent pour donner à ceux qui ne font rien et aux dirigeant:

        le socialisme, c’est le vol !!

  • Je suis bien étonné de la précision avec laquelle ces chiffres sont donnés.
    Lorsque l’on parle de chômage avec des Espagnols ils ont presque tous une activité parallèle à raconter. Le noir est une pratique bien ancrée dans ce pays depuis très longtemps. C’est grâce à ça que la crise est rendue un peu moins insupportable.

    • Michel a raison, les Espagnols ont toujours eu tendance à travailler au noir. La situation actuelle les encourage à continuer. Un restaurateur catalan me disait , que dès qu’il atteignait un chiffre d’affaire ( celui qu’il déclarait) qui lui permettait de ne pas trop payer d’impôts, il arrêtait de bosser.
      L’homme est ainsi, s’il doit travailler pour quelqu’un d’autre que lui même il s’arrange pour en donner le moins possible. C’est ce que les communistes n’avaient pas compris, pensant que l’idéal socialiste pouvait être la seule motivation du peuple. On a vu les résultats dans ces pays où le marché noir battait son plein et le fiasco économique.

    • Moi aussi, je me demande d’ailleurs toujours d’où peuvent bien venir les « chiffres du travail au noir ». En tout cas, si c’est une évaluation, c’est certainement moins que ce qui existe réellement.

      « Le black, c’est l’exil fiscal des classes moyennes ».

  • 30 ans de socialisme et de fonds européens ont sans nul doute mis en place une bureaucratie et une corruption bien compréhensible…..

  • Constitution de 1793.

    « Article 35. – Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.  »

    Voilà. Tout le reste relève du blabla à base de thé à la bergamotte.

    L’état mafieux espagnol emmerde le peuple espagnol ?

    Ce dernier lui rend alors coup pour coup, avec en plus la dimension régionale qui donne encore un peu plus de saveur au processus.

    Il faut promouvoir l’économie non pas « noire », ni même « grise », mais « libre » ! Oui ! Il faut réduire les recettes de la rapine, couper les vivres de l’état mafieux, seule façon de tuer ce parasite, cette tumeur cancéreuse.

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