Célébrer la Journée de la Femme ? Non merci !

Si la Journée de la Femme était à l’origine un combat légitime pour l’octroi de droits sociaux et politiques, elle promeut aujourd’hui la dictature du genre.

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Affiche soviétique de 1932.

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Célébrer la Journée de la Femme ? Non merci !

Publié le 8 mars 2013
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Si la Journée de la Femme était à l’origine un combat légitime pour l’octroi de droits sociaux et politiques, elle promeut aujourd’hui la dictature du genre.

Par Philippe Bouchat.

Affiche soviétique de 1932.

De l’origine socialiste, révolutionnaire…

Ce 8 mars, il n’aura échappé à personne que l’on fête la Journée internationale de la Femme. Cette Journée s’inscrit, historiquement, dans la mouvance socialiste révolutionnaire. En effet, l’idée d’une Journée internationale a été lancée en 1910 à Copenhague lors de la 2ème Conférence de l’Internationale socialiste des femmes. Le 8 mars 1913, des manifestations ont lieu en Russie. Le 8 mars 1914, le droit de vote pour les femmes est réclamé en Allemagne. La Révolution 1917, des femmes luttent en Russie contre la vie chère. Le 8 mars 1921 est décrété « journée internationale des femmes » par Lénine. La fête passe en Chine en 1924, puis dans les pays de l’Europe de l’est, satellites de l’URSS à partir de 1947.

… à l’occidentalisation de la Journée de la Femme.

À partir des années 50, la guerre froide sévit entre les deux blocs occidental et soviétique. Les USA ne veulent pas être en reste dans le combat des femmes et en font remonter la naissance à une grève des femmes qui se déroula à New-York en 1857. Les années 60 sont celles de l’émancipation et de la libération sexuelle. Le combat des femmes traverse l’Atlantique et s’occidentalise ainsi. Cette occidentalisation est consacrée en 1977 par l’ONU qui invite les États à dédier une journée aux droits de la femme.

Des revendications sociales…

Au début, le mouvement féministe s’inscrivait ainsi dans la lutte pour les droits sociaux, économiques et politiques. Il revient à la vérité de dire que leur condition n’était pas enviable et s’assimilait peu ou prou à une forme larvée d’esclavagisme… Ce ne fut donc que justice que le droit de vote leur fut accordé, qu’elles purent travailler, quitter leur cuisine, passer le permis de conduire, entrer à l’université, choisir leur époux, etc. En ce sens, le mouvement féministe fut légitime.

… à la « liberté » sexuelle…

À partir de 1960, on quitta progressivement les revendications sociales pour appréhender la question sexuelle. Avec l’apparition de la pilule, les femmes revendiquèrent la liberté sexuelle, c’est-à-dire, concrètement, d’avoir des relations sexuelles sans procréer automatiquement. Cette liberté sexuelle a certes permis aux femmes de gérer leur fécondité, mais a aussi facilité la voie des unions extra-conjugales. De légitime au départ et soutenu par de nombreux hommes, le combat des femmes se transforma en lutte contre la gente masculine et perdit ainsi une grande part de sa légitimité.

… jusqu’à la dictature du genre !

S’il a fallu attendre les seventies pour avoir une consécration de la Journée de la femme par l’ONU, ce n’est pas le fruit du hasard. En effet, les années 70 sont celles qui voient fleurir un peu partout dans les universités américaines des études sur le « genre » (gender studies). Appelées initialement « études sur les femmes », puis « études féministes », les études de genre ont pour objet les rapports homme-femme sous l’angle social et postulent l’inégalité de ces rapports au détriment des femmes.

Le mouvement féministe entend donc lutter contre ce qu’elle appelle la phallocratie, dénonçant le modèle familial traditionnel rejoignant ainsi les mouvements LBGT (lesbiennes, bisexuel(le)s, gays, transsexuel(le)s) dont il est l’allié objectif : la femme entend avoir une position indépendante de son rôle de mère et d’épouse, alors que les LBGT entendent voir d’autres modèles de familles être consacrés. Aujourd’hui, le genre s’impose comme déconstruction des catégories de représentation du sexe masculin et féminin et reconstruction sociale de ces catégories, niant ainsi l’altérité sexuelle. Il s’agit donc d’un mouvement constructiviste qui entend transformer l’homme (dans son acception de mâle) en androgyne où les différences homme-femme disparaissent. Telle est la grande confusion délibérément opérée par les féministes actuelles : chaque différence est une discrimination et doit être donc être gommée, fût-ce par la contrainte légale ! Il s’agit là d’une dictature à peine larvée qui est devenue en deux décennies le modèle dominant.

Les velléités socialistes de « mariage » pour tous, de la procréation médicalement assistée (PMA), de l’adoption par tous et de la gestation pour autrui (GPA) s’inscrivent dans cette mouvance historique, unissant ainsi pour le coup les socialistes et les mouvements libertaires dont l’influence au niveau international est prépondérante (voir p.ex. la consécration du concept de genre par la 4ème Conférence internationale sur les femmes de Pékin de 1995). Je ne m’étendrai pas dans ces quelques lignes sur les nombreuses objections théologiques et scientifiques à la prétendue « théorie » du genre, d’autres l’ayant fait avant moi (voyez par exemple l’article de Drieu Godefridi, intitulé Le « sexe », produit culturel ou donnée naturelle ?, publié dans Contrepoints le 3 décembre 2012).

Résumons-nous. D’origine socialiste, la Journée des femmes (au pluriel) consacra un combat légitime pour l’octroi de droits sociaux et politiques. En s’occidentalisant, la Journée de la femme (au singulier) a in fine consacré l’alliance objective actuelle entre les mouvements féministes et LBGT, dont l’objectif avoué est de construire un tout nouveau modèle social où les rôles masculins et féminins ne se distinguent plus, se confondent, justifiant toutes les attaques contre le mâle et son rôle d’époux et de père. C’est pour cette raison que je ne célèbrerai pas la Journée de la Femme de ce 8 mars, car elle consacre tout ce dont le libéral a horreur : le constructivisme et la dictature ! Célébrer la Journée de la Femme ? Non merci !

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  • Moi non plus ! La première fois que j’ai entendu parler de cette journée, c’était en effet à Moscou dans les années 60. Puis c’est devenu un de ces machins onusiens auxquels je suis allergique.
    Hier soir Hollande avec son congé parental et ce matin la ministre du Droit des femmes avec ses taxes veulent imposer leur vision de l »égalité » hommes/femmes mais qu’en est-il de la liberté ?

  • La journée de la femme est évidemment une énorme hypocrisie, mais il n’en reste pas moins que l’égalité de droit et de traitement entre homme et femme reste un combat légitime. Alors une journée des femmes, pourquoi pas, mais à condition que ce combat pour l’égalité des droits ne gomme pas les différences naturelles entre hommes et femmes , car elles sont aussi une richesse.

  • En tant que femme, je revendique fermement qu’on supprime ces quotas injurieux qui propulsent de grosses nases à des postes qu’elles n’auraient jamais mérité autrement ; je veux que mon titre professionnel ne soit pas féminisé (la gérante du café qui devient une cafetière, très peu pour moi !) ; je veux que Tintin reste un garçon, et si je veux me rassurer, je peux toujours lire Fantomette, Fifi Brindacier, ou la vie de Jacqueline Auriol …
    Bref, je veux que ces femelles vaines et enragées cessent de se prétendre représentatives de la moitié de l’humanité !
    Et pour la violence conjugale, qu’elles fassent comme moi : les cours de self défense pour toute l’aile féminine de ma famille ! 🙂

    • Tout à fait d’accord sur l’aspect constructiviste de cette journée.
      J’ai lu dernièrement « pour en finir avec le moyen âge » de Régine Pernoud. Elle traite au passage de la place de la femme dans la société. J’ai été très surpris car elle avance que le modèle social de la femme a dérivé à la Renaissance avec la fascination qu’avait cette époque pour le droit romain. Selon elle, le concept de l’homme chef de famille tel qu’on le connait est issu de la réutilisation du droit romain, reléguant la femme en seconde position (la place du paterfamilias romain était extrêmement puissante : par exemple, un nouveau-né devait être accepté par le père de famille sans quoi il était rejeté. Une sorte de droit de vie et de mort) Le code civil n’a fait que continuer cet état de chose, perpétuant ainsi l’esprit du « mâle dominant ». Avec leurs revendications, les féministes ont obtenu une place d’homme dans la société et non la place de femme qui leur est légitimement dévolue.
      J’ai trouvé que son raisonnement se tenait. De plus, une fois les droits des femmes reconnus devant la loi, cela devient réalité pour un constructiviste. Donc il faut gommer la différence homme-femme qui n’a plus lieu d’être. Ils sont pareils.

      • Raisonnement intéressant! Avez-vous les coordonnées de ce livre Jeanpierre ? merci et belle journée! phb

      • Le Code Civil est fortement napoléonien donc méditerranéen et corse, ce qui a probablement renforcé le caractère « machiste ». Le XVIIIème siècle était clairement moins connoté à ce point de vue.

    • Que dire de plus ?! puis-je copier votre message sur mon mur Facebook Mauvaislangue ? phb

    • mauvaise langue : « je revendique fermement qu’on supprime ces quotas injurieux qui propulsent de grosses nases à des postes qu’elles n’auraient jamais mérité autrement »

      Vous pensez à certaines de nos ministres, avouez.

    • En tant que femme d’un âge avancé 🙂 , je partage entièrement vos vues.

  • Il est triste de voir la femme considérée comme un bébé phoque, le cancer ou le tabac, qui ont tous leur journée dixit mon épouse.

  • la dictature du « gender  » vous voulez dire, sachant que cela vient d’amérique et qu’il ne faut pas mettre charrue avant les boeufs et répandre le terme d’usage de ce concept sans précautions.

  • Aux libéraux de ne pas en faire une journée idéologique comme ont tendance a le faire les constructivistes de droite ou de gauche. Mais une journée de libération de la femme, beaucoup d’entre elles dans le reste du monde revendiquent le somme droit d’exister en tant que telle…

  • Spécial 8 mars OU comment être une bonne petite femme…

    http://youtu.be/mWHzAQ99T9g

  • Est ce que les théories du genre sont si absurdes et dangereuses que ça? Après tout elles peuvent aussi (après ça dépend, il y a de très nombreux courants) être un pouvoir de réflexion émancipateur en s’interrogeant sur les rôles et normes sociales des femmes et des hommes: en affirmant que les différences genrées sont sociales (et souvent en défaveur des femmes) et non naturelles, innées, génétiques ( d’ou le terme constructivisme), on renforce l’idée de l’individu et de son autonomie par rapport au regard social.

    Après là ou ces études par en dérive totalitaire c’est quand certain(e)s préconisent une institutionnalisation de ce constat constructiviste social du genre vers un constructivisme politique pour imposer une vision unique de l’individu: zéro différence entre homme femme, parité et autres concepts juridiques douteux.
    Si une telle évolution d’une société sans normes genrée doit apparaître, elle doit se faire progressivement et librement par les individus eux mêmes et non par l’action pro active de l’Etat. En cela les études du genre ont un intérêt, social et scientifique: elles jettent des bases de réflexion sur les différences hommes/femmes, mais elles doivent rester dans le registre du débat social et scientifique et non chercher à agir via l’Etat.

    Je ne sais pas si j’ai été très clair.

    • Parfaitement clair et je suis d’accord. Notamment sur les études de genre qui présentent un intérêt scientifique indéniable.

      Le problème du féminisme, ce n’est pas l’idée émancipatrice originelle, ce sont les moyens coercitifs que les socialistes veulent mettre en place. Éviter de bourrer le crâne de ses gosses avec des représentations genrées me semble une bonne chose, mais les autres sont libres de les élever comme ils l’entendent avec leurs valeurs, fussent-elles archaïques.

    • Vous avez été très clair Ermus; vous m’incitez à écrire un article sur le sujet, car je considère avec d’autres auteurs qui ont déjà publié sur le sujet sur Contrepoints que cette théorie ne tient pas la route scientifiquement et a un substrat idéologique dangereux dont on commence à voir les premiers résultats avec les propositons socialistes… phb

    • La différence c’était aussi quand il fallait pousser avec ses bras et ses reins la charrue jusqu’au début du 20ème siècle.La direction assistée de nos énormes autobus rétablit nettement l’égalité.

  • Et après, avec de telles journées pour fêter des valeurs socialiss, on dit encore qu’on est dans un monde ultra-libéral.

    Y-a-t-il une journée de la liberté ? Une journée de la propriété ? Une journée de l’entreprise ?

    • Voilà qui serait effectivement judicieux … sauf à penser que ces journées à thèmes (87 je crois au niveau de l’ONU) sont par principe anti-libérales… à méditer en tout cas. phb

    • A quand une marche du capitalisme comme en Australie ?

  • Je déteste, j’abhorre, j’exècre toutes ces journées à thèmes qui ponctuent l’année et qui sont toutes dans la mouvance bien-pensante! A quand une journée des idiots?

    • C’est tous les jours, que dieu fait, depuis l’élection de Toumou 1er, la journée des idiots, que vous faut-il comme preuves supplémentaires !

      Qu’il mette 100% de femmes, au gouvernement, nous ne sommes pas misogynes, mais des compétentes, au lieu de faire du remplissage sans queue …. ni tête, in fine dommageable à l’image des femmes.

      D’ailleurs toute idée socialiste, est destructrice à ceux, ou celles qui veulent défendre, pour après nuire à notre beau pays, ou du moins ce qu’il en reste.

    • Ils ne savent pas que c’est toute l’année leur journée Sandra 🙂 phb

    • Une journée des idiots? Une seule journée n’y suffirait pas, voyons! 🙂

  • Quand en plus chacun peut constater que c’est en ce jour que pleuvent le plus les blagues sexistes, on se demande vraiment où se situe le bien d’une telle journée ?
    Faisons un parallèle et instaurons par exemple la « journée du noir ». Et d’un seul coup, rien que dans l’expression et la forme, on sent bien qu’on va améliorer l’intégration des gens de couleur par cette magnifique stigmatisation, non ? (mince, j’ai donné une idée à un socialiste)

    • J’espère que vous ne vivez pas dans votre petite bulle, parce que ce qui se passe en Inde et en Egypte vis-a-vis de femmes n’a rien de constructiviste.

      • bien sûr que non Simon : j’ai dans un de mes commentaires précisé que si cette Journée avait comme objectif de conscientiser les individus face aux violences dont sont victimes les femmes partout dans le monde, j’y souscrirais … mais tel n’est pas le cas! merci pour le commentaire. phb

    • Ho, là, là, journée de la femme ! qu’est que je vais encore prendre, de la part des deux avocates de mes ex ! déjà que pour elles, c’est  » ma » féte,  » mes  » (mauvaises) journées, tous les autres jours de l’année …

      @ RTP : Attention, malheureux ! ne leur donnez pas de mauvaises idées : car parallèlement, ils vont supprimer les expressions: avoir des idées noires, du noir de fumée, à la roulette:  » le noir est sorti  », broyer du noir (là, Taubira, va se mettre de suite sous respiration assistée), elle qui va surement supprimer de toutes les pâtisseries, les gâteaux :  »Têtes de négres ».

      On peut en rire, mais venant de gens qui veulent supprimer le mot  »race » de notre constitution pour définitivement éradiquer le racisme ! on peut s’attendre à tout !!

  • on a deja la journée chez fourien ( 1er mai ) la journée des tètes coupées ( le 14 juillet ) la journée des morts ( le 1 novembre ) la journée des morts pour rien ( le 11 novembre ), la journée du vieux barbu ( le 25 decembre ).
    a quand la journée des belges, la journée du boudin, la journée des faineants, la journée des chiens , la journée des 4 jeudi, la journée des journée, la journée de la repentance, la journée de stephane hessel,la journée des 25 heures, la journée de la nuit sans soleil ….

  • Que des raisons Phallucieuses contre une journée pleine de bonnes intentions !

  • Les commentaires sont fermés.

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Pierre Valentin est diplômé de philosophie et de science politique, ainsi que l'auteur de la première note en France sur l'idéologie woke en 2021 pour la Fondapol. Il publie en ce moment Comprendre la Révolution Woke chez Gallimard dans la collection Le Débat.

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