L’Europe selon Merkozy

Merkel et Sarkozy n’ont pas réussi à consolider l’euro. Leur plan B semble être de diviser l’Union européenne

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L’Europe selon Merkozy

Publié le 21 décembre 2011
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Merkel et Sarkozy n’ont pas réussi à consolider l’euro. Leur plan B semble être de diviser l’Union européenne.

Par Johan Norberg (*)
Article publié en collaboration avec UnMondeLibre

Ils savaient exactement ce qu’ils voulaient quand ils sont arrivés à Bruxelles… La chancelière allemande Angela Merkel voulait empêcher la prochaine crise grâce à des règles budgétaires strictes. Le président français Nicolas Sarkozy voulait permettre la prochaine crise en garantissant des prêts insensés. Sur la crise actuelle qui déchire l’Europe, toutefois, l’un et l’autre n’avaient rien à dire.

Une fois encore, les dirigeants européens ont préparé un magnifique pétard mouillé – pour la deuxième fois en six semaines. Lors du sommet précédent, qui avait également été présenté comme celui de la « dernière chance » pour sauver l’euro, trois mesures avaient été prises : la Grèce avait obtenu une petite décote de sa dette, les banques pourraient se renforcer avec de nouveaux capitaux, et l’Union européenne relancerait le fonds de sauvetage d’urgence pour soutenir les pays en difficulté en attirant d’autres investisseurs, y compris la Chine. Les trois mesures ont échoué ou même aggravé la crise.

Le dernier sommet était encore celui de la « dernière chance » pour sauver l’euro et l’Europe. Les dirigeants auraient vraiment pu faire les choses correctement cette fois-ci : la Grèce aurait pu avoir été déclarée en faillite et bénéficier d’un réel allégement de dette qui aurait permis un nouveau départ. Dans le même temps, des pays comme l’Italie et l’Espagne auraient pu développer des plans clairs, structurels, à long terme pour remettre leurs finances publiques en ordre afin que les investisseurs soient assurés que ces pays puissent gérer leurs dettes. Peut-être cela aurait-il convaincu le reste du monde qu’investir dans ces pays peut être rentable.

Les plans auraient dû porter moins sur des coupes et augmentations d’impôts immédiates, qui peuvent étouffer la croissance en période de récession, et davantage sur le fait de relever l’âge de la retraite et réformer les réglementations quasi-médiévales qui empêchent la croissance économique. En outre, l’UE aurait pu s’engager vers le libre-échange dans les services, crucial pour ramener le dynamisme économique. Sans croissance, le passif actuel va bientôt devenir totalement ingérable et même l’Italie et l’Espagne finiront par glisser vers la faillite.

Cependant, des pays comme la France et l’Allemagne ont préparé un plan de sauvetage du système financier basé sur le principe que ce sont les propriétaires et dirigeants des banques mal gérées qui perdront, et que l’État ne fournira que le capital, en échange de parts et des dividendes futurs.

Mais au sommet de l’UE des 8 et 9 décembre, on a parlé de tout sauf de ce plan. Car au lieu de cela l’accent a été mis sur le lissage des contradictions entre la vision du monde allemande et française – entre « économiser » et « dépenser ».

La France a été en mesure de faire supprimer l’exigence que les banques soient responsables de certaines de leurs pertes si leurs prêts à des États ne peuvent pas être remboursés. Dans le même temps, il a à nouveau été déclaré que le fonds de sauvetage soit parachevé pour permettre d’injecter plus d’argent dans les économies mal gérées.

En retour, l’Allemagne a poussé pour une restauration de l’ancienne limite du pacte de stabilité sur la dette et les déficits budgétaires. Les sanctions contre les pays négligents devraient être déclenchées de manière plus automatique cette fois, mais peuvent encore être modifiées, si suffisamment de pays le préfèrent.

Le succès français ravira tous ceux qui pensent que le gros problème avec la crise de la dette d’aujourd’hui est qu’elle est trop petite.

La plus grande erreur de l’Euro-projet est l’idée que les banques n’ont jamais eu à être attentives aux crédits qu’elles accordaient, car si les ménages empruntaient au point de devenir insolvables, les États sauveraient les banques. Et si les États empruntaient au point de devenir insolvables, l’Allemagne leur porterait secours. Cela n’a jamais été dit directement. Au contraire, il a été dit que cela n’arriverait jamais, mais le comportement de la banque centrale et des hommes politiques révèle que cela a toujours été l’idée.

C’est pourquoi les banques européennes ont prêté 750 milliards d’euros, un montant « égal » à trois Suèdes, aux cinq États ayant les pires crises économiques sans poser de questions. Maintenant, la France a décidé que cette garantie implicite devrait être rendue explicite. Lorsque les banques prêtent désormais sans aucun espoir de récupérer leur argent, ce n’est plus de la négligence, c’est en fait l’intention. Si elles font de l’argent, ils le gardent, et si elles perdent de l’argent, elles peuvent faire payer ces pertes aux contribuables. C’est une façon de pérenniser une crise aiguë. Mais en retour, l’Allemagne a poussé pour des règles budgétaires plus strictes, ce qui signifie que les gouvernements doivent soumettre leur budget à la Commission européenne ou à une nouvelle institution pour obtenir le feu vert. C’est un peu comme donner à un ado une bouteille de whisky et des clefs de voiture, mais en retour, Papa et Maman Merkozy le suivent partout pour s’assurer qu’il ne boive pas au volant.

C’est un rêve de bureaucrate. Ils auraient pu laisser les pays agir librement, mais avec l’exigence qu’ils trouvent leurs propres ressources pour le faire. Au lieu de cela, les pays nagent dans l’argent des autres, mais sont empêchés d’en abuser par un système de supervision non testé, bureaucratique et européen qui a peu de légitimité démocratique. La France et l’Allemagne ont également dit que ce n’est que la première étape vers la coordination de la politique budgétaire et la législation du travail, ainsi que de l’ensemble du cadre réglementaire financier de l’Europe.

Ce n’est rien de plus que la préparation d’une union politique et budgétaire qui, pour beaucoup, était toujours présupposée par l’union monétaire. C’est une union que les peuples ont à maintes reprises rejetée, votant contre à chaque fois qu’ils en ont eu l’occasion, mais dont les bureaucrates de Bruxelles ont tout aussi souvent dit qu’ils ont encore l’intention de créer. « Je suis convaincu que l’euro va nous obliger à créer un nouvel ensemble d’outils de politique », déclarait en 2001 au Financial Times Romano Prodi, alors président de la Commission européenne. « Il est politiquement impossible de le proposer maintenant. Mais un jour il y aura une crise et nous créerons alors ces outils. »

Nous y sommes aujourd’hui. La crise prédite est une réalité. Au lieu de résoudre la crise, Paris, Berlin et Bruxelles saisissent l’occasion pour refaire l’Europe d’une manière qui est si politiquement impopulaire qu’il faut une crise pour faire plier tout le monde. Tout le monde s’indigne du veto de David Cameron contre ce projet, mais il a toujours été absurde d’imaginer que la Grande-Bretagne serait d’accord pour une solution impliquant le détournement des institutions de l’UE et leur montée en puissance. Et il devrait être tout aussi impensable que la Suède soit partie prenante.

Merkel et Sarkozy n’ont pas réussi à consolider l’euro. Leur plan B semble être de diviser l’Union européenne.

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Sur le web

(*) Johan Norberg est suédois, analyste au Cato Institute à Washington DC.

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