À quoi ressemblent les ultra-riches?

La plupart d’entre eux sont devenus riches à la force de leurs propres poignets

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À quoi ressemblent les ultra-riches?

Publié le 10 novembre 2011
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La plupart des ultra-riches le sont devenus à la force de leur propres poignets. C’est ce que montre l’analyse des résultats du classement des 400 américains les plus riches réalisé par Forbes.

Par Georges Kaplan


Bill Gates
et Steve Ballmer sont tous deux issus de familles aisées de notables de Seattle pour Gates, et de Detroit pour Balmer. Ils se sont rencontrés à Harvard, là où Gates et Paul Allen, encore étudiants, fondent Microsoft en 1975. Ballmer rejoindra l’équipe en 1980.

Warren Buffett est le fils d’Howard Buffet, un politicien américain. Fort des enseignements de Ben Graham, il se lance dans une carrière d’investisseur qui lui permettra, de proche en proche, de racheter une petite entreprise textile au bord de la faillite, Berkshire Hattaway, qu’il transformera en un des plus gigantesques conglomérats de l’histoire.

Larry Ellison est né dans le Bronx d’une fille-mère de 19 ans et d’un pilote de l’US Air Force qu’il n’a jamais connu ; il fut adopté par son oncle et sa tante alors qu’il avait 9 mois. Brillant et passionné d’informatique, il travaille sur un projet de base de données pour la CIA, le projet « Oracle », qui deviendra le nom de sa future entreprise.

Diplômés du MIT, Charles et David Koch sont les petits-fils d’un immigrant néerlandais et les fils d’un entrepreneur du Kansas ; en quelques années ils ont transformé Koch Industries, la petite entreprise paternelle, en un des plus grands conglomérats des États-Unis.

Christy Walton est la veuve et l’héritière de John T. Walton, le fils du fondateur de Wal-Mart. Avec ses beaux-frères Jim et Rob, et sa belle-sœur Alice ils ont hérité de Wal-Mart, le géant de la distribution fondé par leur père et beau-père, Sam Walton [1].

Fils d’un écrivain juif-hongrois, Georges Soros survit à l’oppression nazi et à la bataille de Budapest avant d’émigrer pour faire ses études à la London School of Economics [3] ; sans un sou, il financera son éducation grâce à l’aide de son oncle et à plusieurs petits boulots. Une fois diplômé, il émigre aux États-Unis et y entame sa carrière qui fera de lui un des investisseurs les plus célèbres de tout les temps.

Presqu’autodidacte, Sheldon Adelson a accumulé les expériences professionnelles et a créé plusieurs petites entreprises avant de réussir son premier gros coup avec le COMDEX, la première exposition dédiée au monde de l’informatique, et de construire son immense fortune dans le monde des casinos.

Michael Bloomberg, l’actuel maire de New York, est né d’un père agent immobilier et lui-même fils d’immigrants. Il a payé ses études en garant des voitures dans un parking avant d’entamer une carrière dans la finance et d’utiliser ses indemnités de licenciement chez Salomon Brothers pour fonder l’entreprise qui porte son nom, aujourd’hui un des leaders mondiaux de l’information financière.

Jeff Bezos est le fils d’une fille de rancher texan remariée, quand il avait 5 ans, avec un immigrant cubain qui l’a adopté et lui a donné son nom. Passionné d’informatique, il passe quelques années à travailler sur les ordinateurs de Wall Street et, en 1994, fonde Amazon.com dans son garage.

On ne présente plus Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, fils d’une psychiatre et d’un dentiste de New York, le petit génie de l’informatique crée la première version du site qui va faire sa fortune dans sa chambre d’étudiant à Harvard.

Sergey Brin et Larry Page sont l’un et l’autre des fils de scientifiques ; les parents de Page étaient professeurs de sciences informatiques à l’université du Michigan et la famille Brin a émigré d’URSS pour fuir les politiques antisémites qui leur interdisaient l’accès aux meilleurs postes. Les deux compères se rencontrent à Stanford et y fondent leur petite entreprise en 1998. Google est né.

Issu de la bourgeoisie new-yorkaise et fils du directeur financier d’une firme de relations publiques, John Paulson est né et a grandi dans la grosse pomme. Il fait carrière dans les fusions & acquisitions et finit par fonder en 1994 son propre hedge fund, Paulson & Co, avec deux millions de dollars et un employé.

Michael Dell est le fils d’une orthodontiste et d’un broker texan. En 1984, il crée sa petite entreprise alors qu’il est encore étudiant à l’université du Texas grâce à un investissement de 300 000 dollars de sa famille. Dès sa première année, la future Dell Corporation réalise une marge brute de 73 millions.

Forrest Mars Jr, comme son nom le suggère, est l’héritier de la dynastie Mars fondée par son grand père, Franklin Clarence Mars, en 1920. Outre les célèbres barres chocolatées, la famille a aussi à son actif les M&M’s et le lancement du riz Uncle Ben’s.

 

Ces gens sont, d’après le classement des 400 Américains les plus riches réalisé par Forbes, les vingt Américains les plus fortunés au dernier pointage.

Si certains, comme Gates ou Zuckerberg, sont issus de milieux aisés, d’autres, comme Ellison ou Soros, ont démarré leurs carrières avec presque rien. Mais notez bien ceci : au total, nous n’avons là, à proprement parler, que cinq héritiers (Forrest Mars et les quatre Walton [2]) : les 15 autres – les trois quarts du top 20 – ont construit leurs fortunes respectives de leurs propres mains. Bien sûr, me direz-vous, certains ont bénéficié d’un coup de main, et d’autres ont repris une entreprise familiale ; c’est vrai, mais leurs héritages, sauf pour les cinq cités plus haut, ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan de leurs fortunes. Le reste est le fruit de leur travail.

Et ce top 20 est un fidèle reflet du reste du classement.

L’analyse des résultats montre que le Forbes 400 devient de plus en plus méritocratique puisque 70 % de ceux qui composent cette liste de super-riches ont construit leur fortune eux-mêmes contre 55 % en 1997 ; c’est le résultat le plus élevé observé par Forbes depuis trois décennies que ce classement existe.

Par ailleurs, ces résultats sont confirmés par les données de l’IRS [4], le fisc étasunien.

Sur les 17 années fiscales de 1992 à 2008, 3672 citoyens des États-Unis ont eu l’insigne honneur d’appartenir au moins une fois au club des 400 Américains ayant payé le plus d’impôts (les plus gros revenus). Il ressort des données de l’IRS que 2676 d’entre eux (72,88 %) ne l’ont été qu’une seule et unique année, que pas plus de 439 personnes (11,96 % du total) ont réussi à faire partie du club pendant deux années et que seuls quatre de ces 3672 contribuables (0,11 %) sont parvenus à rester membres du top 400 durant les 17 années.

Voilà donc à quoi ressemble ce groupe que l’on appelle « les riches » (ou même dans ce cas les ultra-riches) et dont on nous explique qu’ils sont de plus en plus riches tandis que, naturellement, les pauvres sont de plus en plus pauvres.

La plupart d’entre eux sont devenus riches à la force de leurs propres poignets ; à part quelques héritiers, ils ont, par leur travail, par leurs prises de risques et par leur intelligence, construit leurs fortunes et mérité chaque cent qu’ils ont empoché. Ces gens, l’élite du fameux 1 %, ont créé des centaines de milliards de dollars de richesse, des centaines de milliers d’emplois, ont contribué à améliorer les conditions d’existence de plusieurs milliards d’hommes et de femmes, et plusieurs d’entre eux consacrent une part considérable de leur fortune à des œuvres caritatives.

Quelqu’un peut-il nommer ne serait-ce qu’un seul politicien qui puisse en dire autant ?

—-
Sur le web

Notes :
[note][1] Sam Walton était le fils d’un ancien fermier reconverti dans la vente de crédits hypothécaires et ruiné par la Grande Dépression.

[2] Avec un W.

[3] Il y fut notamment l’élève de Karl Popper.

[4] Voir The 400 Individual Income Tax Returns Reporting the Highest Adjusted Gross Incomes Each Year, 1992-2008, tableau 4.[/note]

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  • Bon article, mais la conclusion tirée est hâtive.

     » La plupart d’entre eux sont devenus riches à la force de leur propres poignets ; à part quelques héritiers, ils ont, par leur travail, par leurs prises de risques et par leur intelligence construit leurs fortunes et mérité chaque cent qu’ils ont empoché. «  »

    Il faut être honnête, avoir des parents qui savent lire, s’occupent de vous, vous donnent une mise de fond, ou vous transmettent leur business en plus d’une bonne éducation, c’est un héritage qui compte autant que la « force du poignet ». Le nombre de fils d’ouvriers ou d’employés sans capital est quand meme infime.

    Rappeler aussi que l’on ne devient jamais riche tout seul : il faut un un contexte, des infrastructures… Comme le disait W. Buffet : si j’étais né pauvre dans un pays pauvre, même avec mes qualités, je serais encore en train de lutter aujourd’hui pour survivre ».

    Par ailleurs, « les riches » sont une population extrêmement stratifiée, voire hiérarchisée. Etudier le forbes 400 a un intérêt limité d’un point de vue sociologique. Il faut lire à ce sujet l’excellent livre « richistan » du journaliste du WSJ Robert Frank.

  • La marge de la première année de Dell est phénoménal

  • le reste n’est pas uniquement le fruit de leur travail.je te rappelle qu’il etait encore recemment impossible d »acheter un ordi sans windows obligatoire.sans doute le » mérite pur » de bill gates.pour les autres ,pas besoin de gratter trop loin pour trouver les memes pratiques.aucun de ceux que tu cites ne sont de vrais libéraux.ils ont tous crée l’effet d’aubainepar la force

  • Conclusion un peu lapidaire, il me semble. Non pas qu’il s’agiise de nier que beaucoup d’ultra-riches le sont devenus grâce à des talents spécifiques, mais la liste des exemples fournies ci-dessus semble accréditer tout de même l’idée qu’ils ne sont pas partis de rien, que le milieu et les moyens familiaux, l’héritage ne serait-ce que culturel compte beaucoup. Qui s’en étonnerait d’ailleurs ? Ensuite, s’il y a turn-over visiblement assez rapide parmi la petite frange des quelques plus riches, le turn-over concerne qui exactement ? Il serait intéressant de savoir si sur les 400 « plus gros imposables » qui ne conservent que peu de temps leur place dans le top des ultra-riches, quelle proportion est remplacée par des gens qui étaient auparavant entre la 401ème et 1000ème place, entre la 1001ème et la 10000ème place, entre la 10001ème et la 1000.000ème place etc… Autant d’informations qui seraient utiles pour juger de la réalité de l' »ascenceur social aux USA » et pour le comparer par exemple à celui de pays d’Europe occidentale.
    Et puisqu’il s’agit de plus de 300 millions d’individus, plutôt que de se polariser sur quelques super-riches, on aimerait savoir si, de manière générale, il existe des données objectives et fiables qui attestent d’une plus grande mobilité sociale en général aux USA par rapport aux « vieux » continent. En France, la mobilité sociale inter-générationnelle est relativement faible, et peut-être même en recul (certes, il y a « démocratisation » de l’enseignement supérieur, et un accès croissant à celui-ci des enfants des classes populaires, mais pour paraphraser Orwell, si tous les diplomés du supérieur sont égaux, il y en a qui sont plus égaux que d’autres, toute la démagogie politique consistant à casser les thermomètres et inventer de nouveaen affirmant que nous serons bientôt tous bac +5 , +8 ou +10..),

  • (désolé pour la mauvaise manip, j’ai fait un « enter » intempestif )inventer de nouveaux diplomes factices en affirmant que nous serons bientôt tous bac +5 , +8 ou +10..dont certains ne vaudront toutefois peanuts).
    « Je suis docteur en dressage de pélikans, ou en enculage de mouches, et pourtant je n’arrive pas à trouver du travail », telle est un peu la complainte des jeunes indignés. Ca c’est un peu la situation en France (encore que malgré leurs difficultés, les diplomés ont une chance supérieure de trouver un emploi par rapport aux moins diplomés et surtout aux sans diplome).
    Il me semble que ,pour juger des « mérites » respectifs du modèle amércain et européeen , ou bien typiquement français, il faudrait avoir beaucoup ,plus de billes , de faits et de statistqiues que nous en donne cet article sur les « super-riches’.

  • « L’héritage ne serait-ce que culturel compte beaucoup ». Ah zut alors ! Faut-il donc une taxe spéciale « héritage culturel » pour s’assurer d’une égalité parfaite ?

  • @ wang soa ho lang

    oui enfin le monopole de fait de Microsoft était un monopole de marché qui n’a pas lui réussi a empêche le retour en force d’apple (surtout par iphone et ipad) , l’emergence durable de Google, ni la présence, plus modérée, de linux fort apprécié des administrations au demeurant.

  • Je ne comprends pas ceux qui insistent quasi exclusivement sur le fait que ces gens là, les riches, ne sont pas partis de rien. A quoi veulent-ils en venir? En effet, ces gens là ne sont pas partis de rien. Mais comme presque tout le monde en fait. Qui démarre dans la vie, nu comme un ver? Bien sur que si vous êtes nés de parents pauvres dans un pays sous développé, vous partez avec un handicap, pas insurmontable toutefois (il y a des riches dans les pays pauvres qui sont partis du bas de l’échelle!). Et alors? Cela n’enlève rien au mérite de ceux qui ont réussi, qui sont nés dans des pays plus riches et de parents riches et éduqués. Car dans ces pays plus riches, il y a beaucoup plus de gens qui ont beaucoup moins réussi et qui pourtant avait les mêmes chances au départ que ceux qui ont beaucoup mieux réussi. On ne peut pas mettre tout sur le dos de la chance!

  • personne ne conteste la qualité de ces gens qui ont réussi. mais force est de constater que dans les exemples cites ci dessus très peu sont issus de parents pauvres ,démunis et ou sans diplôme,ce qui ne veut pas dire non plus que cela soit impossible mais que le combat pour réussir est certainement plus long et ou plus difficile pour des gens issus de milieux pauvres.

  • Pour les plus pauvres, s’élever est souvent un effort de plusieurs générations. C’est au service des plus pauvres qu’il est indispensable de défendre ces notions malmenées : la famille, l’éducation, l’héritage, et la liberté économique. L’égalitarisme économique et la haine irraisonnée des « riches » est le plus sûr moyen de maintenir les pauvres dans leur pauvreté.

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