Crise économique : Bruno Le Maire propose plus de taxes et de contraintes

Comme il y a une grosse crise économique, la solution de Bruno Le Maire est toute trouvée : on va taxer, et on va contraindre. Forcément, ça va marcher !
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Bruno Le Maire visite le site GlaxoSmithKline Evreux en 2007 by Bruno Le Maire(CC BY 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Crise économique : Bruno Le Maire propose plus de taxes et de contraintes

Publié le 20 mai 2020
- A +

par h16

Ce n’est pas parce qu’il y a une crise économique monumentale dans le monde et catastrophique en France qu’on peut se permettre d’oublier la petite politique politicienne : ainsi, même lorsqu’on est ministre de cette économie qui va prendre très cher dans les prochaines semaines, il n’est pas inutile de faire le fanfaron. Après tout, cela peut permettre de se vendre comme remplaçant naturel d’un Premier ministre qu’on chuchote sur le départ…

Et pour se vendre, il suffira de faire parler de soi, d’apparaître dans un maximum de journaux et de disperser ses bonnes paroles à tous les journalistes alentours qui, trop heureux de venir se faire asperger des gouttes de savoir quintessentiel qu’on distribue, iront les diffuser à foison dans leurs articulets finement ouvragés.

De surcroît, la crise offre un espace particulièrement vaste à cet auguste épandage de science économique raffinée dont Bruno Le Maire ne sera pas avare : tous les travers qu’elle aura mise en exergue sur l’économie française seront subtilement analysés ; des solutions seront minutieusement proposées puis mises en place avec la maestria qui sied à un ministre de ce calibre.

Ainsi, la mondialisation, dont on sait pertinemment qu’elle apporte la misère et la dévastation dans nos campagnes, a évidemment joué un rôle immense dans la propagation du virus. Si certains démagogues se sont bien évidemment empressés de relier ce phénomène aux malheurs qui nous touchent et proposent donc d’y mettre un frein définitif (parce que, forcément, ça va améliorer les choses), il n’en va pas de même pour notre sémillant ministre qui, lui, a bien compris que le problème était plus subtil : le problème de la mondialisation tient évidemment dans la délocalisation de nos industries vers des pays de forbans, de pirates et de mangeurs d’enfants sans foi ni loi (les pays, pas les enfants, enfin, voyons. Suivez un peu !).

Pour le Bruno de Bercy (un Bruno un peu sec réputé pour faciliter le transit fiscal), parlant de la France, il dit ainsi que « Nous sommes l’un des pays développés qui a le plus délocalisé son industrie. C’était une faute majeure. »

Eh oui : tant et tant d’objets, de produits et de biens sont maintenant manufacturés à l’étranger que la souveraineté nationale en est atteinte. Sapristi, quelle idée avons-nous eu d’ainsi placer entre les mains d’étrangers (qui sont toujours fourbes, souvenez-vous en !), quelle triste lubie que de faire faire par les autres ce que nous aurions dû faire nous-mêmes, pour plus cher et moins bien !

En effet, à écouter Bruno, tout se déroule exactement comme si la France, entité monolithique parlant d’une seule voix et agissant d’une seule volonté, avait un jour décidé d’un commun accord avec elle-même qu’elle délocaliserait sa production, pour moitié dans le but de réaliser de petites économies bassement matérialistes, et pour moitié afin d’emmerder le petit peuple qui mérite amplement chômage et pénibleries administratives.

Dès lors, il suffira de réclamer l’arrêt de ces délocalisations, parfaitement déraisonnables, pour que les industries reviennent gentiment au bercail. Il suffisait d’y penser. Heureusement que Bruno est là !

La raison intrinsèque de ces délocalisations massives françaises et de l’évaporation de notre industrie du sol national vers l’étranger ne semblent pas devoir mobiliser beaucoup du temps précieux de notre Bruno de Bercy : peu importent les coûts consternants qu’imposent la fiscalité délirante du pays, son système social que le reste du monde ne nous envie vraiment pas ; peu importent les normes, contraintes bureaucratiques, parcours du combattant fiscal, administratif et citoyen que doivent se cogner les entrepreneurs français et dont les innombrables côtés ubuesques furent illustrés à foison pendant cette crise. Peu importe tout cela puisqu’en définitive, il suffira d’une décision de l’État pour que tout le monde revienne en France, sourire aux lèvres…

Le constat de l’enfer fiscal, de l’enfer administratif, de l’enfer social français n’est absolument pas fait ; il n’est même pas envisagé, ni par Bruno le rigolo ni par la brochette de clowns tristes qui papillonnent au gouvernement. Il n’existe en fait aucune volonté d’enfin simplifier, éclaircir, alléger les fardeaux que toutes les entreprises supportent en France. Il n’est jamais question de dégraisser le mammouth étatique français à 1100 milliards d’euros de prélèvements annuels : si la question de l’obésité morbide de l’État est abordée, on trouvera toujours un crétin pontifiant pour expliquer qu’il ne faut pas moins d’État mais mieux d’État, comme si ce genre de pirouettes rhétoriques permettait de camoufler les montagnes de pognon des autres qu’on crame dans un désastre chaque jour plus visible…

Il suffit de voir les idées qui traversent les crânes de nos dirigeants, en y faisant un écho révélateur, pour comprendre qu’absolument aucune solution réelle n’est en vue : le pays qui a choisi de tabasser le plus ses forces vives semble résolu à racketter encore plus les entreprises qui y travaillent malgré tout, sous prétexte de « taxer les GAFA », cache-misère populiste d’une politique d’extorsion ininterrompue.

Et quand ce n’est pas une nouvelle idée débile de vexation fiscale, c’est une nouvelle torture administrative qui se met en place avec zèle ; ainsi, comme pour Air France qu’on va aider à condition qu’ils arrêtent de faire voler des avions, les mêmes ignares destructeurs de richesses entendent maintenant aider les constructeurs automobile français, à condition bien sûr qu’ils cessent de faire des voitures.

Comme pour les concurrents d’Air France qui seront ravis que la compagnie nationale soit consciencieusement sabotée par l’Occupant Intérieur et sa maladie normative qui métastase gravement, la compétition automobile étrangère ne pourra que se réjouir des épais bâtons que Bruno et toute sa fine équipe de branquignoles entendent jeter dans les roues de nos constructeurs hexagonaux.

Autrement dit : la crise a mis en exergue tous les défauts de notre trop-plein d’État, de notre fiscalité délirante et de la normativité maladive de toute l’énarchie débridée. La conclusion qu’en tirent Bruno et le gouvernement c’est qu’il va nous falloir davantage d’État, de normes et de taxes.

parabole de l'aspirine (c) Maître Du Monde

En tant que Français, si à la sortie de ce confinement, vous êtes déprimé, que vous avez une mauvaise estime de vous, dites-vous que cela pourrait être pire puisque vous pourriez être Bruno Le Maire : être nul, proposer des solutions idiotes, et n’en avoir absolument aucune idée.


—-
Sur le web

Voir les commentaires (34)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (34)
  • Les grandes entreprises du capitalisme de connivence ont le droit à l’optimisation fiscale, pas les petites boites.
    La grande distribution peut délocaliser fiscalement ses dépôts aux Pays-Bas (mais ils payent les affiches et les petits fours), quand le petit producteur est rincé.

    Les GAFA ouvrent des fenêtres, des portes et la possibilité aux petits industrieux de s’échapper, de contribuer à un exil intérieur. Et c’est un risque vital pour les parasites : les GAFA font échapper une partie de l’argent des producteurs de richesse.

    • Oui, c’est vrai, le problème c’est que la pression fiscale est si forte que rien ne peut se développer.
      Même le salarié moyen à qui on confisque plus de 75% du produit de son travail (charges sociales, patronale, salariale, CSG, impôts directs, TVA) n’a qu’une minuscule épargne, qu’il ne peut risquer en lançant un business, sans compter que pour lancer quoique ce soit, il devra faire face à une montagne de paperasses administratives préalable et à un capitalisme de connivence qui le clouera au pilori…
      Bref difficile de remonter la pente dans un système qui combat avec ultra violence toutes volontés de créer ou de s’émanciper…

      • Même discours avec des images rigolotes (belges) :
        https://sites.google.com/site/breizh06/home/ursaff-1

      • Franchement la pression fiscale c’est le moins gênant, quand on monte sa boite on le prend en compte dès le départ.
        C’est plutôt tous les à cotés administratifs, qui prennent du temps et donc de la productivité et surtout les lois du travail délirantes et le droit de gréve même pour des choses hors entreprise.

        • Maltus parle des charges sociales. Mais c’est vrai qu’avec un taux réduit de l’IS à 15%, la France est quasiment un paradis fiscal => mais pas de salaire ni dividendes pour les dirigeants. Mieux vaut avoir un cousin fiscaliste !

  • Très juste, hélas. A chacune de ses apparitons médiatiques, BLM fait la preuve de son incompétence totale. Nathalie MP Meyer l’a amplement démontré:
    https://www.contrepoints.org/2020/04/19/369420-cest-officiel-notre-ministre-de-leconomie-est-nul-en-economie

  • « un Bruno un peu sec réputé pour faciliter le transit fiscal » Géant! Surtout à jeun (pardon Agen).

  • Moins d’ état est mieux d’ état.

  • La Renault Zoé sera en France ce que la Trabant a été pour la RDA ! Manque plus que la Stasi, mais ça, c’est déjà bien avancé. Il ne manque plus que l’arrivée des Brigades de santé pour coller sur nos murs caméras et autres micros.

  • Choc d’offre : Renault ferme ses usines à cause du confinement inutile.

    Choc de demande : après déconfinement, personne n’achète les voitures électriques produites par Renault.

    Groupe Renault : création 1899 – disparition 2020. A vécu avec passion.

    • on peut ajouter 2018 : destruction du pilote.

    • « Selon une nouvelle étude de Wood Mackenzie,…. les ventes mondiales de véhicules électriques devraient chuter de 43% cette année, car l’incertitude et la peur suscitées par la pandémie de coronavirus affectent la demande… » [1]
      .
      C’est bien sûr le moment où Renault, poussé par les « Normes » CO2 du gouvernement qui va l’ « aider », doit absolument concentrer sa production sur les voitures électriques.
      .
      RIP – Bye, bye Renault que même les syndicats n’avaient pas réussi à couler. Maintenant c’est en bonne voie.
      .
      [1] https://www.climatedepot.com/2020/04/14/global-electric-vehicle-sales-expected-to-fall-43-in-2020/

    • @CAvaignac
      Bonjour,
      J’ai trouvé très cocasse le fait de déclarer aider une entreprise dont la mort a été décidée par avance, en lui interdisant de produire et vendre des véhicules thermiques à l’horizon 2030.
      C’est la même concernant Air France d’ailleurs.

  • les chinois vont sortir une voiture électrique convertible a 1500 euros
    Tchao renault , peugeot CGT cochon couvée…

    • Ni la CGT, ni nos maitres, n’ont la moindre idée du niveau de nervosité et de compétition qui règne dans ces industries.
      Comment se faire ringardiser à vitesse grand-V !
      Le pire, c’est que ce sont ces chinois qui nous prennent maintenant pour des sous-traitant (cf. les excellent sites de Huawei à Paris et Mougins). Nos meilleurs ingénieurs fuient en Californie, ou sont en mode « exil intérieur » ?

      • Logique il y a plein de gens formés et compétents pour pas cher. Huawei a racheté les restes d’Alcatel bradés à Lucent et Nokia et démantelés en douce, récupéré les contacts commerciaux, les avants ventes et la R&D. En plus ils ont même pu négocier des contrats aidés car c’est des zones sinistrés.

  • je me demande comment toyota a réussi a rester en France, ils sont masos ou quoi?

    • Avantages fiscaux en pagaille. Quand il n’y a plus d’impôts, quand il n’y a plus d’Etat obèse, ce pays semble plutôt agréable à vivre.

  • Dans son livre « Iron Curtain – the crushing of eastern Europe », traitant des premières années de l’après-guerre dans les pays satellites, montre cette passion communiste pour le « il faut plus d’aspirine puisque l’aspirine semble ne pas marcher » qui anime également le camarade Bruno – mais je suggère qu’il se méfie, car ce même système se débarrasse aussi, sans état d’âme, de ses fidèles laquais ( pour reprendre la terminologie de l’époque )

    • Il manque, après « pays satellites », Anne Applebaum montre…

    • Les pays satellites européens sous traitaient énormément pour l’URSS puisque toute l’industrie des biens de cosommation courante avait disparu au profit de l’industrie lourde et le complexe militaro-industriel. Merci le plan.

      Quant à l’agriculture, l’URSS produisait suffisamment mais faute de logistique et d’équipements les recoltes pourrissaient sur pied et les importations (à cérdit bien sûr) devenaient automatiques.

      La logique communiste dans toute sa plendeur. Même chose dans la dernière république de l’Union soviétique : le Frankistan.

  • Les Français ont voté pour une majorité socialiste qui s’est dotée d’un gouvernement socialiste. Pas étonnant que l’économie de marché soit méprisée. Tout est normal. Un bulletin de vote c’est important.

    • Ce ne sont pas des socialistes, ce n’est que la petite noblesse celle qui haï les gueux et les sans dents

      • Ces gens là sont des aventuriers de la grande bourgeoisie républicaine socialo compatible.. il n’y a de noblesse que de cœur !

  • Nous sommes perdus si vraiment un encore plus mauvais 1er Ministre devait remplacer le mauvais d’aujourd hui . Car ils sont forts pour parler et dire n importe quoi mais ils ne sont pas très forts pour trouver des vraies solutions

  • Bruno Lemaire un nul littéraire qui se prétend économiste parce qu’il a fait l’école des ânes ( ENA à l’envers)et qui emmène la France a la déconfiture,la faillite étant déjà là.
    C’est un nul qui ne voit que sa petite personne et ses ambitions:
    Traître a François FILLON qu’il a abandonné par lachete vu qu’il n’y avait plus rien a prendre,
    Traître à son parti, pour d’asservir a un triste sire pour une place de ministre.
    Que peux on attendre sinon que le couperet virtuelle de la CJR le frappe.

  • M Le Maire fait de la politique depuis combien de temps ? Il a été ministre il me semble. Et brusquement il découvre, par une révélation subite, qu’il n’y a plus d’industrie en France ? Avec ce genre d’irresponsables, l’après virus va être terrible.

  • Toutes les propositions, idées, et autres mesures sentent bon le Duce.
    Heureusement, nous avons une loi contre la haine pour punir les facho-nazi-d’extrême-droite… oh Wait !

  • Avec des boulets aux pieds, vous ne pouvez pas nager.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le service des douanes vient de faire connaître le résultat de notre commerce extérieur pour 2023 : à nouveau un solde négatif important de 99,6 milliards d’euros. Certes, c’est mieux que l’année précédente où le déficit avait été supérieur à cause de l’envolée des prix de l’énergie causée par la guerre en Ukraine, mais le solde est négatif, une fois de plus.

La balance du commerce extérieur français est donc régulièrement déficitaire depuis 2005, c'est-à-dire depuis maintenant une vingtaine d’années. Ce solde négatif a plutôt tendance... Poursuivre la lecture

C’est en Corée du Sud qu’a lieu, en ce moment même, un des plus grands évènements e-sportifs du monde : les Worlds (championnats du monde) de League of Legends, un jeu vidéo en ligne par équipe. Si cela peut encore prêter à sourire ceux qui voient dans les jeux vidéos un simple divertissement pour enfants ou « adulescents » enfermés dans leurs chambres et en manque de vie sociale, l’e-sport est pourtant, depuis quelques années, en pleine expansion, en témoignent les stades remplis pour regarder 10 joueurs s'affronter pour la victoire finale.<... Poursuivre la lecture

Bercy nous inonde de chiffres généreux, mais à chaque nouvelle promesse nous vient une question : comment la financer ? La réponse est simple : par la dette. C’est-à-dire avec l’argent des prochaines générations.

Il serait fastidieux d’entrer dans le détail de tous les montants avancés, mais certains sautent aux yeux.

 

L'urgence budgétaire plutôt que climatique

Ainsi, Bruno Le Maire annonce fièrement que la dette n’augmentera pas et que notre déficit public passera sous la barre des 5 % du PIB en 2024.

En ré... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles