La victoire de Trump et la stupéfiante réaction de Sandrine Rousseau

Rien ne manque : climatosceptique, masculiniste, raciste, économie libérale, avidité, profit - le tout étant qualifié de "backlash"
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La victoire de Trump et la stupéfiante réaction de Sandrine Rousseau

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 7 novembre 2024
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La députée de Paris Sandrine Rousseau (NFP – EELV) possède à l’évidence un talent tout particulier pour combiner à l’infini ses éléments de langage favoris dans ses tweets, quel que soit l’événement soumis à sa verve politicienne. Nouvel exemple fascinant avec la victoire du républicain et ancien président Donald Trump face à la vice-présidente démocrate Kamala Harris dans la course à la Maison Blanche de ce 5 novembre 2024. À croire que tout ce qui fonde la “convergence des luttes” chère à la gauche s’est donné rendez-vous dans sa prose :

“Les Etats-Unis sont le théâtre d’un backlash climatosceptique, masculiniste et raciste soutenu et encouragé par les acteurs d’une économie libérale, avides de profit. Angoisse.” (Sandrine Rousseau, X)

Rien ne manque : climatosceptique, masculiniste, raciste, économie libérale, avidité, profit – le tout étant qualifié de “backlash”, ce nouveau mot à la mode chez les progressistes “angoissés” de voir que leurs progrès ne s’imposent pas aussi naturellement qu’ils le voudraient dans la société. En bonne “sorcière” écoféministe, Sandrine Rousseau ne pouvait pas faire moins.

Pour ma part, je n’aurais certainement pas voté pour Kamala Harris. Selon mes convictions libérales qui visent à promouvoir au maximum la responsabilité, le choix et l’initiative des individus, son programme s’appuie excessivement sur la redistribution étatique en économie et sur l’ingénierie sociétale obligatoire pour le reste.

Mais je n’aurais pas non plus donné ma voix à Donald Trump. Sa tentative de renverser les résultats de l’élection présidentielle précédente combinée à sa personnalité revancharde et clivante, à sa fascination pour un autocrate comme Vladimir Poutine, ainsi qu’à pas mal d’aberrations en économie, notamment les fameux “tariffs” qu’il compte appliquer à tous les produits en provenance de l’étranger, n’en font pas à mes yeux le candidat républicain idéal pour défendre la Constitution des États-Unis.

Il n’en demeure pas moins qu’il vient de remporter l’élection 2024 haut la main. Au moment où j’écris, il domine le vote populaire de presque 5 millions de voix sur Kamala Harris, il a largement dépassé le minimum requis de 270 grands électeurs pour être élu, il a amélioré ses scores dans 48 États sur 50 et dans presque tous les groupes démographiques depuis l’élection de 2020. À noter en particulier que 55 % des hommes latinos ont voté pour lui et que sa part chez les hommes noirs est passée de 12 % à 21 % entre 2020 et 2024. De plus, son parti a obtenu la majorité au Sénat (les résultats de la Chambre des Représentants sont encore incertains).

Dès lors, la question qui se pose à nous est la suivante : alors que la situation économique des États-Unis est plutôt bonne, avec un taux de chômage de 4,2 % en septembre 2024 et une croissance attendue de 2,6 % à 2,8 % sur l’année (contre 7,3 % et 1,1 % respectivement chez nous), qu’est-ce qui a pu pousser les Américains à sanctionner aussi fortement les sortants et à accorder leur confiance à Donald Trump ?

Sans le vouloir, Sandrine Rousseau nous donne un fragment de réponse. Peut-être les électeurs, du moins la majorité d’entre eux, et en tout cas de plus en plus d’entre eux dans la plupart des groupes démographiques américains, sont-ils las de voir la politique prise en otage par les revendications sociétales « intersectionnelles ». Peut-être considèrent-ils, par exemple, que les débats sur la transition de genre à l’école primaire ou dans les prisons ne sont pas le premier objet de leurs préoccupations. Or c’est précisément sur ce terrain que le parti démocrate comptait faire son miel.

On se rappellera par exemple qu’en 2019, Kamala Harris militait pour que les prisonniers et les migrants illégaux retenus en centres de détention puissent bénéficier d’une transition de genre aux frais du contribuable américain. Durant sa campagne, elle s’est montrée nettement moins affirmative sur le sujet, mais dans le même temps, son collègue Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, promulguait une loi interdisant aux écoles de divulguer à quiconque, et notamment aux parents, des informations sur le changement de genre des élèves.

Il n’est pas question ici de dire que l’écologie, l’égalité homme femme, le mouvement MeToo, la lutte contre le racisme et la transidentité sont des sujets anecdotiques voire inexistants. Un jeune garçon (ou fille) qui se sent fille (garçon) par toutes les fibres de son corps, oui, cela existe. Un homme qui adopte des attitudes sexuelles violentes avec une femme, oui, cela existe. Un couple homosexuel qui se fait insulter dans la rue parce qu’homosexuel, oui, cela existe. Un Noir, un arabe, un juif discriminé pour une raison ou pour une autre, oui, cela existe. La pollution de l’air, de l’eau et des sols, oui, cela existe.

Il est plutôt question de dire que tous ces sujets pourraient être traités autrement que par la menace et la coercition. Que la défense des femmes violentées par des hommes n’a pas à devenir une véritable chasse à l’homme dans laquelle la parole de la femme est systématiquement crue et celle de l’homme systématiquement mise en doute, au mépris de la présomption d’innocence et de la recherche des preuves. Que l’écologie peut s’avérer plus efficace pour la planète et pour les hommes à travers l’innovation technologique qu’à travers la décroissance obligatoire pour tous. Que l’antiracisme et l’égalité homme femme gagneraient à considérer que tous les humains sont égaux en droits avant de vouloir imposer des quotas basés uniquement sur l’appartenance à une minorité plutôt que sur la valeur personnelle. Etc.

Le président élu Donald Trump tiendra-t-il compte de tout cela ? Évitera-t-il l’écueil de l’excès inverse ? J’ai mes doutes. Mais surtout, de façon nettement plus importante pour nous, l’Europe tiendra-t-elle compte de tout cela ? Il y a chez Donald Trump une propension isolationniste qui va obliger les pays de l’Union européenne à se réveiller. Mais là aussi, deux voies possibles. D’un côté, la pente glissante et appauvrissante de la social-démocratie progressiste, faite de taxes et de réglementations économiques, écologiques et sociétales, sur laquelle nous sommes hélas bien engagés (voir entre autres Farm to Fork et le Green New Deal). De l’autre, un retour à l’État de droit, au travail, à l’esprit de responsabilité, à l’innovation et aux initiatives individuelles.

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  • Vous rejoignez un éditorial que j’ai lu dans un journal national, dont l’analyse sur le sujet me semble largement pertinente, la thèse étant qu’un des grands facteurs de la défaite des Démocrates à cette élection a été qu’ils se sont, comme en 2016 et contrairement à 2020, adressés à des catégories segmentées de la population alors que leur concurrent parlait au pays tout entier.
    En creux, j’y vois une critique profonde de la stratégie de la gauche française, le tweet dont vous parlez ici semble montrer que ce n’est pas la compréhension qu’en ont les “têtes pensantes” de ce côté de l’échiquier politique hexagonal. C’est dommage pour eux, ça ne va pas les aider à attraper la queue du Mickey. D’un autre côté, c’est plus confortable de se dire que si les américains ont réélu Trump, c’est parce-qu’ils sont trop idiots et qu’ils n’ont pas été capables de voir toutes les qualités de Harris plutôt que remettre en cause une stratégie défectueuse parce-que fondée sur des prémices fausses. Si le peuple vote mal, surtout ne revoyons pas notre façon de nous adresser à lui, considérons plutôt qu’il faudrait penser à changer de peuple !

  • Les discours en général seraient plus clairs si on différenciait
    “écologue”, personne respectueuse de l’environnement dont l’Humain,
    de
    “écologiste”, personne visant la sauvegarde de Gaïa au mépris de l’Humain, dogme menant inévitablement au totalitarisme.

    • absolument pas un écologue est une personne qui étudie l’ecologie..

      le discours serait plus calit si on se mettait d’accord sur ce qu’est” l’environnement”..

      a défaut c’est ce qui nous environne..

      et par conséquent ce que signifie le proteger… ou le “respecter”..(encore plus obscur)…

      le fait est que proteger les écosystèmes naturels.. c’est au minimum geler le développement humain, population et niveau de vie.. voire les faire reculer.

      dans l’opposistion l’egologiste fait de beaux discours anticonsumméristes..dans la pratique.. son seul recours pour ne pas perdre le soutien populaire est de dire…on va appauvrir les riches …
      ….

      quand on prêche la vertu et qu’on l’assimile à la pauvreté, on la pratique.
      je n’ai pas de leçon de pauvreté à recevoir de sandrine rousseau.

      mais je vous en prie qu’entendez vous p

  • Ce qui a fait gagner TRUMP en plus du rejet du wokisme,c est la MICROECONOMIE .
    Les loyers,prix de l immobilier,taux d intérêts a des niveaux trés élevés,et le souvenir récent de l inflation.
    Aussi le climat anxiogėne avec des guerres un peu partout favorise un candidat de sêxe masculin et de droite.

  • On ne comprend pas ce que cette femme habitant dans le nord fait en tant que députée du 13e arrondissement de Paris. Il y a des lois différentes pour les gauchistes dans ce pays? En tout cas c’est une parfaite représentante de l’extrême gauche française avec ses amalgames calomnieux et ses poncifs gauchistes grotesques. Dire que c’est une universitaire donne une bien mauvaise image de cette profession qui a inventé le wokisme et qui le propage. Pour que ces gens osent affirmer qu’un homme peut tomber enceint parce qu’il a transitionné prouve à quel point ils nient la science et la réalité!

    • De nombreuses personnes (y compris chez les députés) pensent qu’un député représente la circonscription dans laquelle ils ont été élus. C’est faux. Les députés sont les représentants de la Nation toute entière, et la circonscription n’existe, en théorie, que pour permettre l’élection par un nombre à peu près égal d’électeurs. En théorie, toutefois, car en pratique, la circonscription la moins peuplée regroupe 28 fois moins d’habitants que la plus peuplée…

  • La réaction de notre sardine rousseau est bien conforme à tous ses tweets avec sa bonne langue de bois woke
    Lui consacrer un article c est lui donner bien trop d importance……🤣🤣🤣🤣🤣🤣

  • Bon article. Juste une remarque : la réaction de Sandrine Rousseau n’est pas stupéfiante, elle est navrante car on ne pouvait pas s’attendre à autre chose venant de cette personne.

  • Avatar
    L Opium des intellectuels
    14 novembre 2024 at 21 h 12 min

    Il faudrait quand même expliquer à nos progressistes qu’il existe en français le mot “reflux” pour exprimer l’anglais “backlash”…

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