Macron en Suisse : ce que le président pourrait apprendre de la démocratie helvétique

Emmanuel Macron se rend en Suisse, un pays dont la prospérité économique et le modèle démocratique pourraient inspirer le président français.

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Source : Unsplash

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Macron en Suisse : ce que le président pourrait apprendre de la démocratie helvétique

Publié le 16 novembre 2023
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Le président Macron se rend cette semaine en Suisse. La visite officielle démarrera à Berne, avec l’inévitable discours à l’Assemblée fédérale. Devant lui, se tiendront les deux chambres et l’entier du gouvernement (7 ministres) ; ensuite, il ira à Lausanne, parler à l’université ; enfin, jeudi, il tiendra un dernier (?) discours à Genève, au CERN, le grand centre de physique des particules.

Quand le président français se déplace, généralement, il prêche pour un monde meilleur pour la région concernée.

En août 2020, à Beyrouth, il avait haussé le ton pour réclamer « la refondation d’un ordre politique nouveau » ; en octobre 2023, à peine débarqué en Israël, Emmanuel Macron a plaidé pour la création d’une « coalition internationale » inspirée de celle contre Daech, cette fois contre le Hamas.

Mercredi, il sera en Suisse. Que va-t-il ici sortir de son chapeau ?

Sur le plan économique, le pays qui l’accueille se porte mieux que bien. Son PIB est le double de celui de la France, la dette publique sur PIB est sous contrôle, la fiscalité pour les entreprises est basse. Et les départements limitrophes sont les plus riches de France, talonnant Neuilly. Chaque jour, 100 000 frontaliers viennent à Genève pour y travailler dans la restauration, dans les services hospitaliers, chez Rolex ou Givaudan, etc. Avec son salaire médian brut de 6665 francs/mois, la Suisse exerce un tel attrait sur le marché du travail dans la France voisine, que les maires peinent à pourvoir à leurs besoins en personnels.

Donc, en matière de prosélytisme, le président français risque d’être en panne d’inspiration, de même que les plumes mercenaires qui écrivent ses discours.

Dans un tel contexte, et comme il n’est pas interdit de rêver, imaginons un déplacement où, pour une fois, Jupiter serait sincèrement à l’écoute de ce qui se passe autour de lui.

Puisqu’il est question de référendums en France, pourquoi le président ne s’intéresserait-il pas aux votations populaires qui, quatre fois par an, rythment ici la vie politique ?

Il y découvrirait que, par le biais de l’initiative populaire, les citoyens suisses rédigent eux-mêmes leur Constitution, aux niveaux cantonal et fédéral. Que ces mêmes citoyens disposent encore d’un instrument magique leur permettant de s’opposer pacifiquement, dans les urnes, à une loi ou à un règlement voté dans une assemblée élue, tant au niveau fédéral que cantonal et même communal. Que cela s’appelle le référendum facultatif ou abrogatif.

Il verrait encore qu’une modification d’un taux d’imposition ou tout traité diplomatique engageant la Suisse doit être soumis à l’approbation des citoyens. Cela s’appelle le référendum obligatoire. Surtout, notre président observerait que les décisions votées lors de ces votations sont contraignantes, autrement dit que les autorités sont tenues de les exécuter.

En Suisse, c’est le peuple en effet qui, toujours, a le dernier mot.

Qu’il s’agisse de porter l’âge de retraite à 65 ans pour tous, d’entrer dans l’Espace économique européen, d’allonger une ligne de tram, ou encore de construire des minarets, c’est le peuple souverain qui dicte sa volonté. Ici, il n’y a ni monarque tout-puissant, ni président inspiré fixant le cap pour tous, mais un peuple (9 millions d’habitants) qui dit savoir ce qu’il veut, et où il veut aller.

Les étrangers venant en Suisse pour s’y installer sont les bienvenus (25 % d’étrangers), mais ils sont priés de s’intégrer. De s’intégrer, c’est-à-dire de respecter les us et coutumes du pays où ils s’installent, mais non de s’assimiler. Nuance importante : celui qui ne s’assimile pas pourra certes travailler, mais ne deviendra jamais suisse, n’en obtiendra jamais la nationalité, ni lui ni ses enfants d’ailleurs, nés en Suisse. C’est son choix, que les Suisses respectent. Sachez cependant que vos voisins vous supervisent et sont attentifs à ce que vous descendiez vos déchets ménagers dans le local à poubelles, puis que vous les mettiez dans la poubelle ad hoc, et pas ailleurs.

Il y a un mot qui résume ce style de vie. Un mot dont bien peu de Français connaissent le sens : subsidiarité. Autrement dit : tout ce que je peux faire moi-même, je le fais. Ce que je ne parviens pas à faire, je décide de le confier à l’autorité qui me surplombe et qui s’appliquera alors à le faire. Et ainsi de suite, jusqu’au niveau fédéral, dont tout le monde – citoyen, commune, canton – se méfie. L’exercice du pouvoir se fait de bas en haut, tout le temps, tous les jours. Et, pour que vous vous fondiez dans le tout, la pression ne se relâchera jamais.

 

La Suisse est un pays germanique ! Il vaut mieux ne pas l’oublier

Dernier point : Macron ne va s’exprimer qu’en français. Ce ne sera guère un problème car les audiences auxquelles il s’adresse seront toutes trilingues, voire quadrilingues si l’on ajoute l’anglais. Lui, s’imaginera parler à la Suisse. Il a tort.

Pour parler à la Suisse, il lui aurait fallu aller à Zurich, pas à Genève ou à Lausanne.

La Suisse est à 63 % germanophone. Les Suisses-allemands observent poliment, mais avec des moqueries polies, les difficultés dans lesquelles se sont englués tous les gouvernements français depuis trente ans : dette publique incontrôlée, violences urbaines, déficit commercial abyssal. C’est aux Suisses-allemands que Macron auraient dû parler, plus qu’à la minorité francophone, par ailleurs sympathique.

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  • Macron apprendre ? Hi hi, il sait tout, il ne cherche qu’à convaincre qu’il détient la vérité révélée.
    Et l’État est par terre, notre petit coq fait sourire le monde entier, il est le seul à ne pas vouloir le voir…

  • Est ce qu’un chien peut s’inspirer d’un chat. Certes ils leur arrivent de partager de la nourriture et des calins, voire de s’admirer mutuellement mais c’est tout. La Suisse est un pays d’essence fédérale, la France est unitaire. La Suisse s’occupe d’elle même, la France de grandeur. La Suisse travaille, la France se repose sur son génie.

  • Mais ni les Français, ni leurs hommes politiques ne veulent s’inspirer de la Suisse. Les Français veulent être pauvres et avoir des subventions. Les hommes politiques veulent que le peuple soit pauvre pour lui distribuer des subventions. Les riches ne servent à rien aux hommes de gauche pour être réélus. Toucher une subvention est une fierté qui montre à ses voisins qu’on sait profiter du système.
    Tout ça est anti helvétique.

  • Le but de son voyage en Suisse était de s’adresser aux Français en leur infligeant une leçon de morale.
    Il est vrai qu’on pourrait s’inspirer de la démocratie helvète : un ami franco-suisse m’a prêté la brochure de la votation populaire du 13 juin 2021, c’est absolument remarquable !
    Chaque citoyen doit se prononcer sur plusieurs questions en toute connaissance de causes : il connait la recommandation du Conseil fédéral ainsi que celle du comité référendaire.
    Les textes sont rédigés simplement et les arguments énoncés clairement.
    Nous sommes à des années lumière de cette démocratie avancée et nous en éloignons chaque année un peu plus puisque nos dirigeants préfèrent déléguer leur pouvoir à l’UE.

  • « Sachez cependant que vos voisins vous supervisent et sont attentifs à ce que vous descendiez vos déchets ménagers dans le local à poubelles, puis que vous les mettiez dans la poubelle ad hoc, et pas ailleurs. »
    Alors voilà ce que notre libéral de président pourra dire aux Suisses :
    – Abandonnez vos travers collectivistes !

  • 7 ministres et un Code du travail
    qui pèse 150 grammes !! 10 fois moins que le notre !! la différence «  en 🍫 « !!!

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