De la pénurie de baleines à l’essor de l’automobile

La raison pour laquelle nous roulons en voiture à essence provient d’une pénurie de baleines.

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De la pénurie de baleines à l’essor de l’automobile

Publié le 24 septembre 2023
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Article disponible en vidéo ici.

L’innovation ne peut guère être planifiée, encore moins par un État. Par exemple, la raison pour laquelle nous roulons en voiture à essence provient d’une pénurie de baleine.

 

Pétrole, un éternel remède

L’humanité utilise le pétrole depuis l’Antiquité. Son mode d’extraction est particulièrement laborieux. Comme son origine grecque l’indique, pétrole signifie « huile de roche ». Certaines roches transpirent cette mystérieuse huile, ce qui donne des boues bitumineuses.

Le pétrole est donc un produit de luxe compliqué à trouver. En 1860 aux États-Unis, il est surtout à l’origine de nombreux remèdes vendus par des charlatans, promettant 95 % d’efficacité…

Les humains préfèrent utiliser l’huile de baleine pour alimenter leurs lampes, et notamment les phares.

Problème : la surpêche de baleines a raréfié le cétacé. La pénurie guette.

C’est alors qu’un certain Edwin Drake décida de forer le pétrole en Pennsylvanie. Il eut l’intuition que le pétrole se trouvait dessous, prêt à jaillir. Le 27 août 1859, il fora son premier puits de pétrole. L’or noir jaillit de la terre. Avec son seul puits, il venait de multiplier par deux la production mondiale de pétrole.

Cette ressource a permis à toute la région de s’enrichir, excepté Drake. N’ayant mis ni son forage ni son derrick sous brevet, la concurrence le mit sur la paille.

 

Un moteur pour cette énergie bon marché

Autour du charbon, James Watt a conçu la première machine à vapeur. De tels moteurs ont permis la fabrication des locomotives et le début du chemin de fer.

Le charbon demande beaucoup de main-d’œuvre, aussi bien pour l’extraire de la terre, le transporter, jusqu’aux cheminots qui devaient régulièrement alimenter la locomotive durant le trajet.

On s’est intéressé au gaz de ville. Étienne Lenoir a créé le premier moteur à explosion en 1860. Contrairement aux moteurs à vapeur, l’explosion permet une grande variabilité du régime moteur, on peut changer la puissance facilement.

Ensuite Alphone Eugène Beau a théorisé le moteur à 4 temps. Puis, l’ingénieur allemand Nikolaus Otto réussit à perfectionner la machine et à l’industrialiser.

Le gaz reste dangereux. Son stockage et son transport peuvent provoquer des explosions.

Il faut attendre Gottlieb Daimler pour concevoir un moteur 4 temps à explosion fonctionnant au pétrole. Cette énergie sort d’elle-même de terre comme le gaz, mais nécessite peu de main-d’œuvre comme le charbon.

Daimler ne s’est pas trompé. Passer du gaz au pétrole permet de monter les moteurs sur des engins autonomes et mobiles. L’essor de la voiture pouvait commencer.

Il n’y a pas d’État ni de grand commissaire au plan pour concevoir la voiture. La montée du prix de l’huile de baleine a poussé la recherche d’un substituant. La baisse drastique du pétrole a poussé des ingénieurs à adapter leurs moteurs pour cette nouvelle énergie.

Les avantages des nouveaux moteurs à essence à explosion ont permis de nouveaux usages comme la voiture.

Voir les commentaires (17)

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Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • De la pénurie de baleines à l’essor de l’automobile…. à la future l’interdiction de l’automobile en occident qui sombre dans le totalitarisme vert

  • Lu je ne sais plus où que beaucoup d’automobiles dans les premiers temps de l’automobile individuelle étaient à moteur électrique. Avec, comme encore de nos jours, la faible autonomie et les longs temps de recharge, inconvénients qui ont fait abandonner ce mode de motorisation au profit du moteur thermique.

    • Exact. La cause principale de l’abandon fut un problème non pas technique mais physique : le mauvais rapport masse/énergie de l’électricité comparé au pétrole. Son impact était à l’époque fortement atténué par le très mauvais rendement des moteurs thermiques alors que les moteurs électriques étaient déjà très performants. La physique ne change pas : malgré un siècle de recherches acharnées pour l’améliorer ce ratio n’a guère était réduit que de moitié alors que, très vite, le rendement des moteurs thermiques a été considérablement amélioré.

      • Oui. Et ce problème n’est pas prêt d’être résolu.

      • @xc et Mecki
        Merci beaucoup pour ce rappel historique et ces explications, je ne savais pas.

      • mauvais…plutôt moins bon..et sur le plan économique. pour un service rendu equivalent…
        notez que ne pas émettre de gaz d’échappement est PARFOIS necessaire.. il y a des véhicules électriques depuis le création de l’autmobile. en gros à chaque fois que les gaz d’echappements ou le bruie importent vraiment..

  • «La montée du prix de l’huile de baleine a poussé la recherche d’un substituant. La baisse drastique du pétrole a poussé des ingénieurs à adapter leurs moteurs pour cette nouvelle énergie.»

    C’est relation directe est fausse ! Les substituants à l’huile de baleine existaient et pas seulement pour des raisons de prix. Drake, un peu par hasard, s’est associé avec deux types qui voulaient extraire plus de pétrole pour le marché des huiles médicinales, bien que l’idée d’un débouché pour l’éclairage traînait dans un coin de leur tête. Les deux événements, rareté d’un côté et découverte de l’autre étaient donc relativement indépendant. En revanche, l’air du temps prédisposait à ce type de rapprochement.
    De même l’essor du moteur à explosion à pétrole par la seule disponibilté de cette énergie est faux. Le parcours moteur à explosion / pétrole est bien plus chaotique.

    • La véritable moralité de cette histoire de baleines n’est pas celle qu’on nous conte ici.
      La voici :
      – Même dans un monde fini, nos ressources peuvent être (quasi) infinies.
      Car il ne faut jamais croire que l’huile de baleine – ou son équivalent moderne – est un horizon indépassable. Et que lorsque la dernière baleine aura été tuée, l’humanité replongera dans le noir.

      • La morale est de ne pas inventer de liens simples entre des événements pour servir une cause.
        En pratique nous sommes en effet intelligents et créatifs mais façon puzzle.

    • Et en effet.
      Il faut rendre à Gesner ce qui appartient à Gesner.
      Et les gens qui publient dans Contrepoints devraient toujours lire les gens qui publient dans Contrepoints.
      https://www.contrepoints.org/2017/02/15/281018-lindustrie-petrole-a-sauve-baleines

  • « La raison pour laquelle nous roulons en voiture à essence provient d’une pénurie de baleines. »

    non…Une raison.. mais bon… le fait que le pétrole existe par exemple, exploitable en quantité suffisante..etc etc…
    et par ailleurs « nous » ne roulons pas en voiture à essence.
    certes if faut être parfois court..

    • il ne faut pas confondre la description et l’explication… »la pluie a causé l’accident »…
      mais bon, on le fait usuellement…

      sauf que …pourquoi chassez vous la baleine? mais pour rouler en kangoo voyons…

  • Merci à l’auteur pour ces précisions historiques.

  • Les transitions énergétiques ont pris leur temps en même temps que les révolutions/évolutions technologiques. Aujourd’hui la transition énergétique n’est pas préparée, il faut passer du fossile à l’électrique, sans la ressource suffisante préalable de la seconde. Seul l’homme politique est capable d’une telle magie.
    Ce qui m’étonne c’est le nombre incalculable d’hommes/femmes politiques a être magiciens

  • Très intéressant compte-rendu. Merci !

  • bon…une histoire souvent racontée..mais pourquoi..

    en partie pour dire qu’il faut faire confiance au génie humain et à l’innovation.. ce qui à mon opinion est une mauvaise réponse à ceux qui , prédisant des catastrophes à venir voient comme solution , d’interdire… mais surtout u de leur donner le pouvoir et d’accepter leur tyrannie..

    ce qui importe du point de vue libéral est la liberté d’innover non pas innover.. l’innovation entraine des changements qu’on a le droit le plus strict de ne pas voir comme un « progrès »…

    ce qui est en péril est la liberté individuelle…

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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