Cuba : décès du Général López-Calleja, l’économie dans la tourmente

La mort du général Luis Alberto Rodríguez López-Calleja plonge l’économie de Cuba dans la stupeur.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Cuba : décès du Général López-Calleja, l’économie dans la tourmente

Publié le 9 juillet 2022
- A +

Par Michel Faure.
Un article de Conflits

La mort du général Luis Alberto Rodríguez López-Calleja plonge l’économie de Cuba dans la stupeur. Celui qui dirigeait Gaesa tenait entre ses mains l’économie de l’île. Avec sa mort, c’est un avenir encore plus incertain qui se dessine pour la dictature communiste des Caraïbes.

Cuba, depuis la révolution de 1959, a survécu à de nombreuses avanies, dont l’incurie et la violence de ses dirigeants. Mais là, soudain, l’île est au bord du gouffre, car un homme est mort vendredi qui n’était pas très connu, mais qui tenait les clés de l’économie de l’île. Il s’agit du général de division Luis Alberto Rodríguez López-Calleja, patron de Gaesa (Grupo de Administración Empresarial, SA), une holding dépendante du ministère des Forces armées révolutionnaires (MINFAR) regroupant des hôtels de luxe, des magasins d’État vendant leurs produits en devises convertibles, en passant par les douanes, les ports et marinas, les stations d’essence, les agences de location de voitures, le port franc de Mariel, sans oublier la quasi-totalité des négoces du centre de la vieille Havane. Selon le quotidien espagnol El Mundo, Gaesa représente entre 60 et 80 % des recettes du pays1.

Il s’agit d’une entreprise au statut baroque pour être tout à fait capitaliste au cœur d’un régime communiste, et par-dessus le marché – si j’ose dire – ces capitalistes de Gaesa sont des militaires soi-disant « révolutionnaires » qui collectent l’ensemble des sources légales, mais aussi illégales, de devises étrangères. Le Organised Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), une organisation de journalistes d’investigation basée au Maryland avait, en 2016, placé  López-Calleja sur la liste des hommes les plus corrompus du monde. Il figurait également sur la liste noire du Trésor américain depuis 2020.

 

Lié au clan Castro

López-Calleja était un homme discret, mais très influent. Il avait épousé Débora, la fille aînée de Raúl Castro, dont il s’est séparé sans remettre en cause ses liens avec le frère de Fidel. Son fils, Raúl Guillermo Rodriguez Castro, était devenu le petit-fils préféré de Raúl qu’il accompagnait dans tous ses déplacements. Ces liens familiaux ont porté López-Calleja au plus haut de la hiérarchie politique locale pour être membre du bureau politique du Comité central du parti communiste cubain, et député de l’Assemblée nationale « du pouvoir populaire » sans même y avoir été élu.

On ne sait encore rien de la mort subite de cet homme de 62 ans victime, annonce Granma, d’un « arrêt cardiorespiratoire ». Le site Panampost.com remarque qu’avec lui ce sont désormais vingt-deux hauts fonctionnaires cubains qui sont morts depuis les émeutes populaires du 11 juillet 2021.

Ce que l’on sait, c’est que López-Calleja était considéré par ce qui reste des militants et des responsables castristes comme la principale alternative au président Miguel Diaz-Canel. Lequel a exprimé sa « profonde douleur » dans un communiqué convenu qui cache sans doute la satisfaction de voir un puissant challenger disparaître.

Reste à savoir ce que va devenir Cuba sans l’action du « tsar » de l’économie cubaine. Nous approchons le premier anniversaire de l’émeute du 11 juillet dernier, moment politique très délicat, alors que Cuba est par ailleurs engloutie par la crise énergétique mondiale et la baisse du tourisme. Qui peut remplacer López-Calleja ? Vu l’état de décrépitude du pouvoir politique et l’impopularité de Diaz-Canel, un militaire, sans doute. Encore faudrait-il qu’il soit appuyé par l’armée qui elle aussi s’inquiète. L’hypothèse, bien sûr incertaine, d’un coup d’état militaire n’est pas à exclure si la population se révolte à nouveau tandis que l’économie déraille.

Sur le web

  1. El Mundo, 02/07/2022
Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • « Reste à savoir ce que va devenir Cuba sans l’action du tsar de l’économie  » : mais Cuba va rester ce qu’il est actuellement ! Rien ne va changer si ce n’est une promotion pour le remplacer. Ce n’est pas parce qu’un parrain mafieux meurt que le business s’arrête ! Ce n’est pas parce que Staline, Kroutchev… sont morts que le stalinisme est mort. Pour tuer la bête, il a fallut une révolution (et la bête n’est pas encore morte comme indiqué le voit encore en Ukraine).
    Cuba va donc rester Cuba.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

C’est la réflexion d'un haut fonctionnaire de la Commission européenne chargé du dossier de la Grèce, à propos de la grave crise financière qui avait affecté ce pays, en 1989. Aujourd'hui, cette réflexion s’applique à la France, au moment où le Nouveau front populaire déploie tous ses efforts pour parvenir au pouvoir.

Ces trois propositions phare :

Porter le SMIC à 1600 euros Taxer très fortement les riches Abaisser l’âge de la retraite à 60 ans

 

Avec un tel programme, le Nouveau front populaire recueille des voix... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Par Gérard Minart. Un article de l'Institut Coppet

 

De tous les économistes libéraux qui ont vivement critiqué les idées de Keynes, Jacques Rueff est le premier à avoir affronté l’économiste anglais en un combat singulier, véritable duel intellectuel de grande qualité et de haute tenue, et cela bien avant la parution de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, le livre principal de Keynes.

Cela se passait en juin 1929, à Genève, à l’époque où Rueff était attaché financier auprès de la Société... Poursuivre la lecture

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont signé en septembre 2023 la Charte créant l’Alliance des États du Sahel (AES). Ces trois pays ont annoncé leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) le 28 janvier 2024.

Un article de Marc Raffinot, Économie du développement, Université Paris Dauphine – PSL et François Giovalucchi, Conseil Scientifique, Faculté des Sciences Sociales, Université Catholique de Madagascar (UCM).

Le général Tiani, chef de la junte nigérienne, a fait part le 11 février 20... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles