L’iceberg de l’inflation va éperonner le Titanic de la dette (2)

L’opinion publique est préparée au fait que la Banque centrale européenne ne luttera pas contre l’inflation et la dette.

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Titanic 100 Years on. By: Smabs Sputzer (1956-2017) - CC BY 2.0

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L’iceberg de l’inflation va éperonner le Titanic de la dette (2)

Publié le 12 mars 2022
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Première partie ici.

Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la BCE avait prévu de relever ses taux et de mettre fin à ses rachats de dette tardivement et modestement. Le 7 février, Christine Lagarde déclarait devant la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen :

« Il n’est pas nécessaire de se précipiter vers une conclusion prématurée pour le moment […] Les chances ont augmenté que l’inflation se stabilise à notre objectif (2 %). Rien n’indique que l’inflation sera constamment et significativement supérieure à notre objectif à moyen terme, ce qui nécessiterait un resserrement tangible. »

Depuis, la flambée des prix de l’énergie aggrave la situation. Déjà, l’opinion publique est préparée au fait que la Banque centrale européenne ne luttera pas contre l’inflation.

Selon Patrick Artus, membre du cercle des économistes et conseiller de Natixis :

« La nécessité [est] pour la Banque centrale européenne d’éviter une crise de la dette, comme de 2011 à 2013, dans les pays périphériques de la zone euro. Cette menace pèse aujourd’hui surtout sur l’Italie. […] La Banque centrale européenne sera donc perpétuellement contrainte d’empêcher une hausse excessive des taux d’intérêt de l’Italie, ce qui lui impose aussi d’éviter une hausse excessive des taux d’intérêt de l’Allemagne, de la France ».

Selon le vice-Premier ministre des Pays-Bas, « l’inflation est le prix à payer pour combattre Poutine ».

La BCE devrait à nouveau communiquer sur sa politique monétaire le 10 mars. Se servira-t-elle du prétexte de la guerre pour ne rien faire ?

En attendant, l’or, l’actif monétaire qui n’est pas une dette (et que les banques centrales détiennent toujours en réserve) parle. L’euro baisse contre le dollar mais plus généralement l’ensemble des monnaies fiduciaires baissent contre l’or.

Ce qui reste de marché libre (car le rachat de dettes par les banques centrales n’est pas autre chose que la nationalisation des marchés obligataires) a son opinion : l’euro est moins crédible que le dollar.

Pour illustrer ce point, voici l’évolution simultanée du prix de l’once d’or exprimé dans différentes devises depuis un mois.

 

Évolution du prix de l’or dans différentes devises depuis le 8 février 2022

inflation dette

Source

Ce graphique vous montre que :

Toutes les devises représentées ont perdu du terrain face à l’or :

  • le dollar est la devise qui résiste le mieux alors qu’il a perdu 12,75 % de sa valeur face à l’or,
  • l’euro est la devise la plus faible avec une perte de valeur face à l’or de 18,47 %.

 

Parmi les grandes devises figurant sur ce graphique, c’est donc l’euro qui inspire aujourd’hui le plus de défiance bien que l’inflation de l’Eurozone soit plus faible que celle qui sévit aux États-Unis. Mauvais signe…

 

Ce que vous devez anticiper à court et moyen terme au niveau de l’inflation et de la dette

Tous les banquiers centraux vont laisser filer l’inflation et les rendements réels (taux d’intérêt diminué de l’inflation) seront négatifs.

C’est dans l’Eurozone que l’épargnant se fera le plus laminer ; d’autant plus que pétrole et gaz se payent en dollar et que l’euro baisse contre le dollar.

Nous allons voir se multiplier des opérations « quoi qu’il en coûte » pour éviter le naufrage des pays faibles de l’euro (Grèce, Italie, France, Belgique, Espagne, Portugal).

Nous allons voir se multiplier des mesures de contrôle et blocage de prix (loyers d’habitation notamment).

Nous assisterons en Europe à une fuite en avant vers des projets chimériques de transition énergétique financée par des obligations européennes (eurobonds) creusant encore la dette pour un retour sur investissement nul. Sauf si, dans un sursaut de bon sens, ces investissements concernaient la production d’électricité nucléaire ou l’extraction de gaz de schiste (5000 milliards de m3 en France, soit 125 ans de consommation annuelle).

Source

 

Bien entendu, toutes ces mesures vouées à l’échec ne feront qu’éroder encore plus la confiance des populations dans la monnaie.

Pour comprendre comment vous défendre contre l’inflation (dans une optique de placement boursier), je vous incite à lire cet ouvrage récent : Inflation – 9 vérités pour comprendre et s’adapter.

 

Ce que vous devez anticiper à plus long terme

Il y aura un jubilé, un effacement de dettes qui officialisera la destruction d’une gigantesque masse d’épargne financière. Tout simplement parce que la dette émise dépasse les capacités de remboursement des populations, exactement comme du temps des Sumériens ou des Hébreux. Dans mon livre Du sumérien au bitcoin : dettes et crises monétaire, j’explique comment cela pourrait se dérouler de nos jours et je donne quelques pistes patrimoniales très simples pour que chacun puisse limiter le désastre à son niveau.

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  • Oh la piste patrimoniale est très simple. Pour ceux qui le peuvent, vendre sa voiture, acheter un petit bout de terre, implanter une petite maison préfabriquée, privilégier le chauffage au bois et un chauffe eau solaire, faire son jardin, élever quelques poules, jeter son portable, lire, acheter un fusil et attendre que ça passe.

  • Simone Wapler, c’est l’horloge qui est arrêtée et qui donne l’heure exacte deux fois par jour. Depuis que je lis Contrepoints (et ça fait un bail !), je ne l’ai jamais lu annoncer autre chose que des catastrophes. Elle aura forcément raison un jour. En attendant, on fait quoi ?

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