Jeux Olympiques de Pékin : les leçons à tirer d’un spectacle lamentable

Les jeux olympiques de Pékin nous donnent un aperçu du monde si nous renonçons à défendre la liberté.

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Jeux Olympiques de Pékin : les leçons à tirer d’un spectacle lamentable

Publié le 8 février 2022
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Il est maintenant trop tard pour appeler au boycott diplomatique des Jeux Olympiques de Pékin, et de toute façon, le gouvernement français a fait son choix depuis longtemps. Contrairement aux États-Unis, à la Grande-Bretagne, au Canada et à l’Australie, la France par l’intermédiaire d’Emmanuel Macron a préféré mettre en sourdine ses critiques à l’endroit du régime autoritaire chinois. Conciliant avec Poutine et silencieux face Xi Jinping, la « diplomatie des droits de l’Homme » ne semble s’appliquer que quand il s’agit de donner des leçons à la Hongrie.

Peu importe la démocratie, la persécution des Ouighours, la répression de Hong Kong, ou encore l’État de surveillance généralisée, les athlètes français se prêtent au coup de comm’ du régime chinois. Seulement en matière de communication, les autorités chinoises sont loin d’avoir touché leur cible.

Les coulisses des JO nous donnent en effet depuis le début de l’événement une bonne idée de la nature d’un régime brutal qui prétend être un modèle pour le monde.

Avant les Jeux Olympiques de Pékin 2022, les JO de 2008

Avant 2022, il y a eu la préparation des jeux de Pékin de 2008. Comme le rappelle le dissident Teng Biao dans The Washington Post, afin de construire les infrastructures olympiques et de « nettoyer la ville », des milliers de Pékinois ont été expropriés par bulldozers. Ceux qui ont eu le malheur de protester ont été envoyés en prison, quand ils n’ont pas été torturés.

Les journalistes qui ont dit la vérité ont été condamnés. Teng Biao lui-même a perdu la licence lui permettant d’exercer le droit, son passeport a été confisqué et la police l’a enlevé pour le torturer. On imagine que l’activisme de l’État bureaucratique chinois n’a pas beaucoup changé entre 2008 et 2022.

La liberté d’expression en berne

Aujourd’hui, les athlètes olympiques sont priés de se taire pour ne pas se retrouver derrière les barreaux. Durant une conférence de presse le 18 janvier dernier, Yang Shu, le directeur adjoint du comité d’organisation de Pékin pour le volet international, a déclaré que tout propos critique de l’esprit olympique ou des lois chinoises pourrait être puni :

« Lors des cérémonies de remise des médailles, ils ne peuvent pas émettre leurs opinions, mais lors des conférences de presse ou des interviews, les athlètes sont libres d’exprimer leurs opinions. Mais les athlètes doivent être responsables de ce qu’ils disent. »

Les autorités américaines ainsi que certaines organisations de défense des droits de l’Homme ont manifesté leur inquiétude après ces déclarations ambiguës.

La dystopie du village olympique

Mais encore faut-il pouvoir entrer dans le village olympique, lui-même sous haute surveillance sanitaire et militaire. Les médias occidentaux ont découvert médusés une ville sous surveillance zéro covid qui n’a rien à envier aux pires dystopies hygiénistes imaginées par Hollywood. Des militaires qui quadrillent le village, des tests et des check points sanitaires partout, des quarantaines et des isolements, des hommes en combinaison et des robots pour achever toute trace d’humanité sur place.

Pour Ilya Somin de Reason magazine, des leçons peuvent être tirées de ce spectacle lamentable, qui selon lui aurait mérité bien plus que le boycott diplomatique.

Premièrement, les jeux ne devraient recevoir aucune subvention publique, à l’image des JO de 1984 à Los Angeles, où seuls ceux qui voulaient les voir ont été mis à contribution.

Deuxièmement, les jeux ne devraient pas entraîner de déplacements de population forcés.

Troisièmement, il ne devrait pas y avoir de droits d’hébergement pour les puissances autoritaires qui violent les droits de l’Homme.

Quatrièmement, la liberté d’expression devrait être totale dans le village olympique.

Enfin cinquièmement, il ne devrait pas y avoir de mesures de « santé publique » bloquant l’interaction humaine normale entre les athlètes, les membres des médias et les habitants de la ville hôte. Construire une telle bulle va à l’encontre de l’esprit cosmopolite de la communauté olympique (en plus d’être très discutable sur le plan sanitaire).

Ajoutons que le spectacle offert offre une bonne idée de ce qu’un monde sous la férule de l’État chinois pourrait être, c’est-à-dire un monde où la liberté individuelle a totalement disparu au profit de la seule propagande politique.

Voir les commentaires (14)

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Créer un compte Tous les commentaires (14)
  • Je me demande ce que je fais encore sur Contrepoints ! Appeler au boycott, ou à des jeux qui ne se dérouleraient que dans des conditions et des pays libéraux, c’est priver les Chinois d’un aperçu du monde dont ils pourraient à l’avenir copier les pratiques, aussi maigre que soit cet aperçu. Réduire les échanges avec la Chine, désigner ce pays comme un enfer absolu plutôt que d’avoir la subtilité de laisser les Chinois tirer eux-mêmes leurs conclusions de ce qu’ils peuvent voir et comparer à ces occasions, c’est les prendre pour des imbéciles et nous prendre, nous, pour des parangons de vertu qui devraient être suivis aveuglément. Rappelez-nous comment les Chinois sont sortis de l’enfer dans les années 90. Rappelez-nous la diplomatie du ping-pong. Même si une bonne partie du travail est aujourd’hui à refaire, les méthodes qui ont marché doivent être reprises, et celles du Mur de la Honte écartées.

    • ça se discute…

      • le pari c’est une chine plus prospère n’ecoutera pas la propagande communiste..
        mais on ne peut ignorer que le pc chinois ne réussisse pour se maintenir au pouvoir à utiliser un nationalisme exacerbé.. qui puisse même conduire à des conflits…

        quand on a un ennemi extérieur ce n’est pas le moment de changer de chef…

        il faut être ferme sur l’expansionnsime chinois.. qui ne vient pas des chinois mais de ses dirigeants.. mais lui opposer non pas tel ou tel gendarme du monde mais les institutions internationales..

        on a un problème les usa mais aussi lue aiment AUSSI avoir des ennemis..

        • Le PC chinois est condamné à terme. Pour l’unique raison, mortelle pour tout régime communiste : l’enrichissement prôné par le gouvernement conduira inéluctablement à l’émergence d’une classe moyenne, encore peu existante. Lorsqu’elle sera suffisamment nombreuse, ce sera la fin du communisme chinois qui, comme tout communisme, n’admet que deux classe ; la nomenklature et l’armée des esclaves chargée de la servir.
          Il suffit d’attendre, sachant par ailleurs que cet écroulement ne se fera pas sans dégâts.

          • Vous revez. les meilleurs soutiens du PCC sont justement cette classe moyenne qui credite le PCC de son enrichissement (a raison)
            Quand vous leur parlez, ils vous disent que quand ils etaient jeune, un chinois riche etait un chinois avec un velo et une radio. Maintenant, ils ont une voiture, peuvent voyager, ont un appartement climatisé ….
            et bien sur on va vous citer le contre ex de l ex URSS ou le PC a laisse la main et ou le pays s est effondré

    • Avatar
      LasciatemiCantare
      8 février 2022 at 19 h 21 min

      Je me demande quel « aperçu du monde » il peut y avoir dans une manifestation sportive à huit-clos, aux mesures « sanitaires » délirantes, quasiment sans spectateurs, avec un pays hôte qui profère des menaces à peine voilées d’emprisonnement de leurs sportifs et journalistes contre les nations participantes si ceux-ci ouvrent un peu trop la bouche, au risque de créer un incident diplomatique.

      On n’a jamais vu de telles « conditions » dans l’histoire des JO. Les imbéciles sont peut-être tous les pays qui ont accepté d’envoyer leurs athlètes participer à cette mascarade.

    • Clairement l’objectif est justement qu’il n’y ait aucune interaction avec des gens « normaux » du pays hôte. Les seules interactions avec des chinois le seront avec des robots chinois et des vidéos censurées. Cela me semble pire que la Corée du Nord, où si même si officiellement les touristes n’avaient pas le droit de parler avec les locaux, on pouvait le faire en restant raisonnable (avant le covid bien sûr…). Les chinois sont surtout sortis de l’enfer grâce à la mort de Mao sans descendance. Espérons que Xi et toute sa clique passent l’arme à gauche, un accident est si vite arrivé dans ces pays.

      • Les Chinois sont sortis de l’enfer pour avoir réfléchi à ce qu’ils voyaient, et rendu la continuation suicidaire pour leurs dirigeants. C’est très flatteur pour les Occidentaux de croire que c’est à coup de slogans qu’ils ont convaincu les Chinois, mais si les slogans marchaient pour changer les choses, ça se saurait.

    • On se pose aussi la question

  • Avatar
    Laurent Lenormand
    8 février 2022 at 15 h 06 min

    Je viens d’être censuré sur Twitter pour avoir dit que les JO de Pékin étaient une manifestation de merde, à boycotter. La liberté d’expression sous contrôle, ce n’est pas seulement au village olympique…

  • « la France par l’intermédiaire d’Emmanuel Macron a préféré mettre en sourdine ses critiques à l’endroit du régime autoritaire chinois. »

    Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, il y a dans 2 mois un appel à l’opinion des français et dans 2 ans des JO à Paris. Dans ces conditions, on peut se demander si la politique internationale frrrançaise se base sur des considérations à long terme.

  • Heureusement que le village olympique est dans une bulle, ca permet au reste de la population de vivre normalement sans mettre de masque et sans être vacciné.
    Oui, oui je ne suis pas vacciné a Canton, ni ma famille, et je n’est pas besoin de passe sanitaire ou vaccinale pour aller faire mes courses.

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